Législatives : Macron veut réaliser la triangulation du vide

Non, Mélenchon n’est pas une vraie menace pour la majorité parlementaire de Macron. À long terme et pour le pays, c’est moins sûr.

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Screenshot 2022-02-21 at 13-36-03 Mélenchon à « La France dans les yeux » sur BFMTV - Replay - YouTube https://www.youtube.com/watch?v=J5-VjTRGGe0

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Législatives : Macron veut réaliser la triangulation du vide

Publié le 6 mai 2022
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Dans un contexte national et international particulièrement mouvementé dont les principales turbulences ont été habilement gommées par des médias parfaitement nuls, les élections législatives se rapprochent donc dans un choc émotionnel équivalent à la rencontre inopinée d’un escargot avec une limace.

Tout semble écrit : on comprend déjà qu’il y aura une large victoire de l’extrême-centre, appellation jadis moqueuse mais à présent étiquette très représentative de cette grosse amibe invertébrée qui sert de parti politique à un Président assez représentatif du suicide français. C’est dit. Pas la peine de discuter.

Cependant, à en croire la presse qui fait ses choux gras des petits bruits chuintés dans les couloirs de nos institutions, ce qui fut la République en Marche et qui vient de devenir Renaissance – ce qui est particulièrement comique pour un parti massivement voté par le troisième âge – semble craindre une trop grande prise d’importance de Mélenchon dans le prochain scrutin. L’idée flotte même d’une majorité dont il serait le chef, devenant un Premier ministre encombrant d’un Macron désemparé.

L’hypothèse est très hardie et serait, à en croire ces bruits, ce qui motiverait l’actuel chef de l’exécutif français à se démener pour à la fois trouver un Premier ministre crédible pour la campagne électorale qui s’ouvre actuellement et de solides députés pour garantir une belle majorité bien comme il faut.

Pour le Premier ministre, les affaires semblent assez mal engagées. Apparemment, aucun bourricot ne semble vouloir servir de prochain punching-ball républicain. Il faut dire que la conjoncture politique, économique et sociale dans laquelle la France est plongée ne donne qu’assez peu envie. Gageons que Macron trouvera quand même, quitte à diminuer progressivement ses exigences (dit autrement : on va écoper d’un boulet comme jamais).

Maintenant, pour sa belle majorité parlementaire, que craint vraiment Macron avec ce pétulant Mélenchon ?

Craint-il réellement une perte de pouvoir ? Probablement pas. Craint-il une opposition si féroce ? Tout indique qu’elle ne sera pas si nombreuse… À bien y réfléchir, il semble surtout que le Président craigne surtout la nécessité de devoir produire des idées, des propositions un peu plus substantielles que le castorisme confortable que lui offrait l’opposition avec Marine Le Pen : si construire des barrages a marché deux semaines entre le premier et le second tour, il est probable que les Français ne se satisferont pas des mêmes ficelles grossières pendant les cinq années à venir.

Il va donc falloir manœuvrer finement pour en même temps avoir des députés obéissants, le doigt sur la couture et en même temps capables de fournir des idées crédibles capables de concurrencer Mélenchon et sa gauche fourre-tout. Défi pas simple d’autant que depuis cinq ans, les Français ont bien compris que le produit Macron, c’est du vide sur du vide sur du vide…

MélenchonCertes, la concurrence de cette gauche tutti-frutti n’est pas si violente ; l’effet de loupe des médias joue beaucoup qui, actuellement, multiplient les petits bisous langoureux en direction du Chef des Soumis et fournissent une large tribune, sur toutes les ondes et sur toutes les rotatives, aux audacieux bricolages démagogiques qu’il propose dans un programme que tout le monde devrait lire attentivement.

Au passage, on ne sera pas surpris que les mêmes médias s’accommodent fort bien des double-standards évidents des uns et des autres qui, il y a encore quelques semaines, s’époumonaient sur une Le Pen soi-disant inféodée à Poutine et la Russie, et qui trouvent les positions mélencholiques à ce sujet parfaitement compatibles avec leur conception de la République et des petits plaisirs de la vie. Comme d’habitude, lorsque des individus bien en cour, et notamment des politiciens, invoquent la morale dans le débat politique, la moindre des choses est immédiatement de prendre ses distances et de faire preuve du plus grand scepticisme…

On le comprend : à court terme et pour les élections qui arrivent, Macron n’a probablement pas trop à s’en faire. Il aura son Assemblée-Godillots de députés servant de passe-plats aux lobbies et aux capitalistes de connivence, et personne n’y trouvera à redire.

En revanche, sur le plus long terme, il existe un vrai risque que Mélenchon finisse par occuper progressivement tout l’espace politique sur la gauche et y impose une franche recomposition, précisément parce que le petit Marquis de l’Élysée n’a pas de réelle substance, ni à droite, ni à gauche, ni au milieu.

Et comme, dans ses dernières manœuvres, Macron a fort bien réussi à dynamiter tous les partis de droite, que l’extrême droite ne représente pas et n’a en réalité jamais représenté une force politique capable de prendre le pouvoir, c’est bien de cette gauche que viendra son prochain combat, et qu’il sera bien plus compliqué à mener que contre une Marine Le Pen dont les objectifs n’ont jamais dépassé ceux d’une gérante de PME.

En somme, Macron fait de Mélenchon le nouvel épouvantail médiatique pour mobiliser ses électeurs peu motivés pour les législatives, tout comme il a utilisé Marine Le Pen pour la présidentielle. Utilisant encore une stratégie de la vacuité, il n’y a pour Macron rien d’autre qu’une nouvelle manœuvre : « on ne pense rien, on n’a pas de programme (qui pourrait résumer les 5 principaux points du programme macronnien de 2022, pour rire ?), mais élisez nous parce qu’on est moins catastrophiques qu’en face. »

Alors que la France empile les défis à relever et les problèmes graves à l’horizon, on assiste à une fuite en avant et dans cette fuite, la Macronie offre du vide de combat.

Et on vient d’en prendre pour 5 ans. Au moins.

Assemblée : CPEF
—-
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  • « grosse amibe invertébrée qui sert de parti politique à un Président assez représentatif du suicide français. »
    « Défi pas simple d’autant que depuis cinq ans, les Français ont bien compris que le produit Macron, c’est du vide sur du vide sur du vide… » (Hélas pas assez l’ont compris car il a été ré-élu.)
    « Alors que la France empile les défis à relever et les problèmes graves à l’horizon, on assiste à une fuite en avant et dans cette fuite, la Macronie offre du vide de combat. »
    Je bois du petit lait tant tout cela est, hélas, réaliste cependant l’enveloppe d’humour n’ôte pas un arrière goût amer…
    Un grand merci H16 car vous êtes une éclaircie dans un ciel bien noir.

    12
  • Je trouve ça plutôt futé de laisser Mélenchon occuper de plus en place à gauche.
    D’une part, avant de voir une gauche vraiment unie, il y a encore de la marge : les élections (et le cirque des associations pour les législatives à venir) ont montré que l’égo démesuré de certains les rendent incapables de se mettre en retrait et de laisser le meilleur candidat se présenter.
    D’autre part, Mélenchon a 70 ans : aux prochaines élections, il en aura 75 (voire 77…), est-ce qu’il sera encore aussi combatif, sera-t-il encore capable de fédérer les plus jeunes électeurs ? Ce n’est pas gagné.
    Et globalement, il n’est pas sûr qu’un troisième duel avec Marine tourne encore en la faveur du royal méprisant : ce serait probablement moins risqué de débattre contre un vieillissant râleur nostalgique de Trotski.

  • Le Renaissance est un paquebot de luxe français construit par les chantiers du Havre et mis en service en 2022. En 2027, il est revendu à un armateur grec qui le rebaptise Homeric Renaissance, puis il devient en 2032 le Avanies Dream du groupe Avanies Croisières. En avril 2037, il est vendu à la compagnie Royale Hollande Croisières et reprend le nom de World Renaissance (il a porté ce nom lors d’un affrètement par Coûteuses Croisières en 2028). En avril 2045, il est vendu aux enchères à la compagnie Palarusse Maritime et devient le Grande Victoire Désarmé à Bienessore fin 2049 à cause des nouvelles règles imposées par le SOLAS 2050, il est vendu en janvier 2050 à la casse. Il arrive à Hiroshima sous le nom de Maestria le 6 août 2060 et est déconstruit.

  • Finalement Macron a bien joue. il s est fait reelire alors que son bilan n etait pas flatteur et il a reussi a evacuer le debat sur celui ci. il va gagner les legislatives sans aucun projet et sans avoir debattu des messures necessaire pour faire face a l orage qui vient (inflation, ukraine voire changement climatique ….)
    Dans 5 ans, Melanchon sera trop vieux et son alliance de circonstance aura explosé depuis longtemps (ils sont d accord sur rien et en plus leurs ambitions perso ne permettront pas un accord)
    Donc a moins d un miracle, Marine sera de nouveau candidate et se prendra une tole supplementaire (la encore Marion ne semble pas capable de deboulonner tata et Zemmour a loupe son putsch)

  • Avatar
    jacques lemiere
    7 mai 2022 at 7 h 07 min

    dans mon pays on appelle ces gens des » métou de poules à couer » des gens qui mettent les poules à couver…

    le simple fait qu’ils trouvent du temps pour changer le nom de leur parti, qu’ils y accordent de l’importance..

  • LFI a effectivement de beaux jours . Ils ont tout intérêt d’ailleurs à ne pas figurer au gouvernement (tout en hurlant de ne pas y avoir été conviés) . Le temps et la démographie jouent pour eux. Les difficultés économiques aussi d’ailleurs . Nous allons droit vers une chavezisation , heureusement sans pétrole .

    • S’il s’agit de défendre la révolution camarade, je pense qu’il sera de notre devoir d’exploiter le gaz de schiste s’il le faut.

  • Le souci pour moi est que tout le monde a bien compris que l’extrême droite est une voie qui a donné naissance aux régimes parmi les plus monstrueux que la terre ait portés. Et pour ceux qui n’auraient pas bien compris, l’arsenal législatif se fait un devoir de le rappeler en criminalisant tout discours plus ou moins complaisant avec ses thèses. Par contre l’extrême gauche, tout aussi criminelle, ne bénéficie pas du même rejet ni du même traitement législatif. J’entendais encore hier un collègue dire que Mélenchon n’était pas communiste (pourquoi pas, on peut toujours jouer sur les mots) et garder un silence gêné quand je lui ai dit que mon épouse avait connu ce système à l’est et que des membres de sa famille en avaient souffert dans leur chair. Il n’a quand même pas osé faire l’article devant moi. Par contre, un des enseignants de mon fils, à qui il racontait les malheurs subis par ses arrière grand-parents, paysans ni modestes ni aisés, ayant gagné leur bien par leur travail et ayant vu leurs terres confisquées sous la menace lors de la collectivisation, les a pratiquement traités d’exploiteurs du peuple.

    Le communisme n’est pas considéré comme le fléau qu’il est dans les pays occidentaux, et ce sera le souci de Macron et des autres, très sourcilleux sur les méfaits de l’extrême droite mais bizarrement si peu critiques vis-à-vis de l’extrême gauche. C’est pourquoi l’extrême gauche sera bien plus difficile à combattre que Le Pen & Cie.

    11
    • Tout à fait d’accord Oscar . Le communisme a toujours bénéficié chez nous d’une bienveillance , quand ce n’était pas carrément un vif soutien de toute l’intelligentsia autoproclamée . Comme disent des amis tchèques « c’etait facile d’être communiste à l’Ouest » . Quant à une cousine vénézuélienne revenue en France, elle hallucine et enrage quand elle entend un mélenchoniste.

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