Si le vote des Français en France concentre logiquement toute l’attention, celui des Français à l’étranger donne des éléments sur la mentalité des expatriés, émigrés voire des binationaux. Un vote qui peut toutefois avoir une certaine importance.
Le vote des Français à l’étranger a représenté 500 000 votes sur 1,4 million d’inscrits (un taux de participation de 35 %). 45 % ont voté pour Macron et 22 % pour Mélenchon, Zemmour faisant 8 % et Le Pen ne représentant que 5 %.
Ces chiffres méritent d’être étudiés de plus près, car ils montrent des tendances intéressantes.
Une majorité d’abstentionnistes : révélateur d’une prise de distance vis-à-vis de la France
Avec un taux d’abstention de 65 % pour le premier tour 2022, retenons que l’élection n’attire pas le Français à l’étranger. Cette abstention est croissante : elle n’était « que » de 55 % au premier tour de 2017. Une évolution qui montre un désintérêt de plus en plus fort des émigrés.
Cette forte abstention est toutefois logique. Les Français à l’étranger peuvent se sentir moins liés à leur pays d’origine. De plus, le choix de l’expatriation ou de l’émigration peut s’expliquer par une volonté de trouver des opportunités et une mentalité absentes en France, et donc expliquer au mieux un désintérêt voire un rejet de la situation politique française. Enfin, les émigrés sont peut-être plus attentifs à la situation du pays d’accueil que celle de leur pays d’origine.
Macron domine chez les électeurs à l’étranger suivi de Mélenchon
Le score de Macron domine dans le vote à l’étranger. Il est même surreprésenté par rapport à la métropole, ce qui n’a rien de surprenant. Le président sortant étant le représentant du bloc élitaire et urbain qui correspond à la sociologie des Français à l’étranger qui habitent souvent dans les grandes villes.
Plus surprenant est le vote Mélenchon qui arrive en seconde place alors qu’il milite pour un impôt universel et donc payable par les Français vivant à l’étranger. L’émigré serait-il sociologiquement plus progressiste que le reste de la population ?
Ces tendances ne doivent pas être ignorées : dans un contexte où le second tour s’annonce serré, il pourrait faire basculer les élections en faveur de Macron.
Des particularités en fonction des pays
Si les résultats décrits ci-dessus montrent la tendance générale, on constate des particularités dans certains pays.
Ainsi le score d’Éric Zemmour en Israël est de 53 %. Il est en tête des votes en Russie avec 26,85 % des voix, face à Emmanuel Macron avec 23,2 %. Ces deux pays avaient voté largement François Fillon en 2017, ce qui va dans le sens d’une captation de l’électorat de Fillon par le polémiste Zemmour.
Au Québec, c’est Mélenchon qui domine dans les bureaux de vote de Montréal avec 34,88 % face à Macron à 31,85 %. Une inversion par rapport à 2017, où Mélenchon se situait en seconde position autour de 30 % et Macron à 35 %. Une immigration française de plus en plus progressiste au Québec ? Précisons que le taux de participation était faible, soit 35 %.
Enfin, en Hongrie, pays conservateur où le Premier ministre Orban se rapproche davantage idéologiquement de Zemmour voire de Le Pen que de Macron ou Mélenchon, ce sont pourtant les deux derniers qui dominent. Le président sortant fait 36 % et le candidat de la FI 20 % ; Zemmour et Le Pen respectivement 14,5 % et 9,4 %. Avec un taux de participation de 50 %.
Si le vote Macron peut s’expliquer par une volonté pro-européenne (forte à Budapest, la capitale hongroise), plus surprenant est le vote Mélenchon dont le programme est plus à gauche que n’importe quel parti hongrois.
Concernant l’abstention, il y a la distance, il faut aller au consulat. Dans mon cas, c’est 3 heures de route aller-retour. Il y a les procurations, mais il faut trouver quelqu’un avec les mêmes idées, et nous ici savons que ça n’a rien d’évident.
Personnellement, si j’avais fait le choix de partir de France pour ne pas revenir, Mélenchon est le seul dont l’élection aurait mis très rapidement le pays en état de banqueroute et d’effondrement social et économique. Ce ne sont qu’à ces conditions que des réformes profondes du pays pourraient être menées permettant un retour à la prospérité et aux respect des droits et liberté de chacun.
Les menaces de Mélenchon de faire payer les français de l’étranger ne sont que des menaces. La France n’est pas les USA et n’a pas les moyens d’aller chercher les français de l’étranger pour les faire payer. Qui plus est, ces derniers ont tjrs la possibilité de prendre la nationalité du pays d’accueil (ou d’un autre).