« Le privé est politique » expliquait récemment la candidate malheureuse à la primaire des écologistes Sandrine Rousseau au micro du web-magazine féminin-féministe Madmoizelle, « privé » signifiant ici vie privée, vie personnelle. En vertu de quoi elle voudrait voir reconnaître un délit de non-partage des tâches domestiques au sein des couples, écoféminisme de combat oblige.
La nouvelle idée de Sandrine Rousseau
On pourrait évidemment se dire que la propension de Sandrine Rousseau à proférer des âneries pour se faire remarquer la disqualifie complètement et que c’est pure perte de temps que de s’intéresser à ses multiples sorties délirantes.
Quoiqu’économiste et ancienne vice-présidente de l’Université de Lille, ne préfère-t-elle pas « des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR » ? N’a-t-elle pas tenté de se victimiser en tant que femme via la dénonciation d’une altercation sexiste purement imaginaire dont son concurrent de la primaire écologiste Éric Piolle se serait rendu coupable ? Une fois éjectée de l’équipe de campagne du candidat EELV Yannick Jadot qu’elle n’avait cessé de critiquer, n’a-t-elle pas expliqué avec son sens travaillé de la nuance que cela la déprimait « de faire de la politique dans des groupes du Ku Klux Klan », c’est -à-dire au sein de groupes écolos trop blancs à son goût ?
Il faut croire que les hautes instances d’EELV ne lui en veulent pas trop et/ou qu’elles comptent capitaliser sur ses éclats médiatiques à répétition puisqu’elles ont validé sa candidature, ou plutôt son parachutage législatif de juin prochain, dans une circonscription parisienne où les adhérents avaient pourtant déjà exprimé leur choix pour une autre candidate implantée de longue date. C’est fou combien la « politique autrement » des féministes conscientisées ressemble comme deux gouttes d’eau à la politique de toujours…
Mais c’est précisément en raison de ses ambitions législatives qu’il est préférable de prendre conscience de ce qu’elle a à dire, même si sa proposition sur le délit de non-partage des tâches domestiques n’engage pas EELV, comme elle le précise à la fin de l’entretien (vidéo, 58″) :
Faire reconnaître dans un couple un non-partage des tâches domestiques comme on reconnaît les violences au sein des couples ?
C’est la proposition de @sandrousseau. ⬇️https://t.co/Cb6tOkcZrj pic.twitter.com/mHYjSm3oUk
— Madmoizelle (@Madmoizelle) March 21, 2022
Postulat de base : ce sont exclusivement les femmes qui portent toute la « charge mentale » au sein des couples, ainsi que le dessinait Emma (dont je vous ai déjà parlé à propos de la réforme des retraites) dans une BD des plus instructives. Qui planifie tout dans la famille ? Qui pense qu’il va falloir racheter du shampoing, débarrasser la table, lancer une lessive, signer les carnets de correspondance ? Les femmes, toujours les femmes, seulement les femmes ! Encore une criante inégalité homme femme à redresser d’urgence !
Donc voilà : tout comme il est possible de dénoncer pénalement les violences physiques faites aux femmes au sein des couples, il faudrait instaurer un délit de non-partage des tâches ménagères. Autrement dit, le non-partage en question est une forme de violence exercée contre les femmes et à ce titre, il doit subir sa sanction régalienne.
Le privé est politique : un postulat dangereux et inapplicable
On ne sait pas trop comment Sandrine Rousseau envisage la prise en compte de ce délit. Les femmes seront-elles encouragées à se rendre au commissariat le plus proche pour dénoncer leur conjoint pour non-partage des lessives et du repassage ? Une enquête impliquant les témoignages des enfants et des amis ou voisins du couple sera-t-elles diligentée ? Bonjour la délation et l’inquisition.
Ou bien les couples devront-ils à l’avenir déposer une déclaration de partage des tâches en même temps que leur déclaration de revenus – un peu dans la veine de la comptabilité RSE des entreprises – et s’attendre à des contrôles de « bons comportements ménagers » comme il y a des contrôles fiscaux ?
Autre point délicat, qu’appelle-t-on partage des tâches ménagères et quelles tâches incluer exactement ? Une étude de l’Observatoire des inégalités publiée en septembre dernier ne s’intéressait qu’à trois d’entre elles, trois tâches dont on suppose en général qu’elles concernent surtout les femmes : qui prépare le repas du soir, qui fait les courses et qui passe le plus souvent l’aspirateur.
On peut cependant songer à beaucoup d’autres obligations domestiques qui impliquent aussi bien les hommes que les femmes : qui s’occupe du budget, de la paperasse, des impôts et de la sécu ? Qui s’occupe des poubelles, du bricolage, du jardin, de la voiture, des vélos et des ordinateurs ? Qui dépose les enfants à l’école, qui va aux réunions parents-profs, qui accompagne le petit dernier à son entraînement de foot et la grande à son cours de danse ? Qui participe aux déménagements des enfants étudiants ?
Bon courage à Mme Rousseau pour déterminer ce que serait une répartition pure et parfaite. La vie quotidienne au sein des couples est si diversifiée et si changeante au cours du temps en fonction de la composition de la famille, des âges de ses membres, de la présence de grands-parents et du travail ou non-travail des parents, que si elle veut obtenir un partage des tâches conforme à sa vision du monde, elle n’aura d’autre ressource que de tout planifier, donc contraindre, à la minute près.
Exactement comme un Gérard Filoche veut absolument que la semaine de travail comporte 32 heures réparties sur 4 jours et que la journée se décompose en 8 heures de travail, 8 heures de loisir et 8 heures de repos, elle devra établir des emplois du temps pour tous les membres de la famille et les imposer dans je ne sais quel Code de la vie familiale. Des inspecteurs semblables aux inspecteurs du travail viendront faire des contrôles et pourront même être saisis par les membres de la famille mécontents. Bonjour l’autoritarisme, bonjour l’ambiance.
Du reste, l’étude mentionnée plus haut montre que l’équilibrage des tâches au sein des couples progresse – excellente nouvelle qui disqualifie par avance les accès d’autoritarisme de Sandrine Rousseau. Tout comme le souci environnemental a fait son chemin progressivement dans les esprits depuis plusieurs décennies, les rapports homme femme au sein du couple et vis-à-vis des enfants évoluent énormément, comme chacun peut s’en convaincre en observant ses propres enfants adultes et en repensant à ses propres parents ou grands-parents.
Mais surtout, en quoi l’organisation interne d’une famille peut-elle bien concerner Sandrine Rousseau ? Elle raconte partout qu’elle vit avec un homme merveilleusement « déconstruit » ; nous sommes contents pour elle. Mais ses préférences doivent-elles s’imposer universellement ? Les hommes et les femmes sont-ils si complètement idiots qu’ils soient incapables de s’entendre et s’organiser au sein d’un couple et régler les disputes qui pourraient émerger entre eux au sujet du partage des tâches ? Sont-ils si dénués d’aspirations personnelles qu’il faille tout organiser à leur place comme si la vérité dans la recherche du bonheur devait obligatoirement venir d’une autorité autoproclamée supérieure ?
La comparaison l’horrifierait certainement, mais en militant ainsi, Sandrine Rousseau adopte (avec plusieurs longueurs d’avance, il faut bien le dire) un cadre d’action et de réflexion politique que son ennemi juré Éric Zemmour ne renierait pas.
Oh bien sûr, l’un et l’autre ont des conceptions complètement opposées concernant le contenu politique qui doit s’imposer à la sphère privée. Zemmour envisage par exemple de limiter par la loi le choix des parents quant aux prénoms de leurs enfants « pour que la France reste la France ». Ce dont Rousseau se fiche totalement tandis que Zemmour se moque littéralement de l’égalité homme femme.
Mais l’un et l’autre se rejoignent sur le fait que leur conception de l’existence, jugée supérieure à toutes les autres et placée dans les deux cas au rang d’enjeu civilisationnel, doit s’imposer à tous – faute de quoi notre avenir ne sera qu’abîmes et effondrements. De façon très concrète, nous voici face à deux constructivismes, deux approches autoritaires de la politique – l’une de droite, qu’on pourrait qualifier d’identitaire conservatrice, et l’autre de gauche, mélange intersectionnel d’écologie, de féminisme et d’anticapitalisme.
Si « le privé est politique », il en résulte assez directement que l’individu est dépouillé de sa capacité à faire des choix et prendre des décisions informées et autonomes. Sa seule et unique liberté consistera dès lors à se conformer aveuglément à ce que l’autorité politique aura décidé pour lui – ou à devenir hors-la-loi, puni, rejeté de la société. À la chinoise.
Autrement dit, si « le privé est politique », il n’y a plus ni individu ni liberté. On en a déjà une petite idée en France dans le contexte de notre triple État providence, stratège et nounou. Pensons plutôt à élargir la sphère privée.
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«D’une main de fer, nous conduirons l’humanité vers le bonheur» indique l’entrée de la colonie de vacances des Îles Solovki!
Les ±100 000 000 de morts du Communisme ne sont-ils pas éternellement reconnaissants de ce programme?
Il est clair qu’elle appelle de ses vœux « l’homme nouveau », cher à Staline, Mao et Mussolini, sans actes ni pensées contraires à sa doxa.
Et qu’elle est prête à recourir à la coercition pour l’imposer.
Brrrr
Moi j’aime bien la petite BD sur la charge mentale, parce qu’elle réhabilite enfin aux yeux des gauchistes la position du patron et actionnaire que je suis.
et elle ne s’en rend pas compte, pour elle les inégalités entre hommes et femmes sont toutes dues à un mécanisme d’oppression « les femmes » sont opprimées par « les hommes »… ce mécanisme est mystérieux..
il est non dans la loi désormais ou résiduelle ment mais dans les moeurs..et la culture..
Il doit en être de même pour les vaches et les lions.. la non égalités est imposées par les moeurs..
C’est juste une personne qui sait mieux que vous comment le monde doit être..
Sandrine Rousseau n’est pas folle. Elle est juste condescendante. Bien sûr que le privé est politique pour elle. « Ce que vous ne comprenez pas, c’est que vous ne comprenez pas. » pourrait être une phrase qui résume sa pensée. Elle, elle a tout compris mieux que vous et ça inclue la manière dont vous devez vivre. Vous devriez la remercier cette déesse au discernement transcendantal de vous inonder de sa suprême sagesse. Votre privé (pas le sien) est politique parce que vous êtes des demeurés comparé à elle. C’est pourtant pas si dur à comprendre! Mais vous ne comprenez rien! Heureusement qu’elle est là pour vous! Bandes d’ingrats!
il y a un net déficit d’éboueuses et de démineuses dans le monde du travail, j’espère qu’elle postulera pour renforcer l’égalité, surtout comme démineuse, avec un peu de chance.
@Hesistant
Bonjour,
Il y a déficit aussi chez les égoutiers, les maçons, les BTP autant que dans l’érection de moulins à vent.
@Hesistant &STF
Tout à fait. Mais seules les professions et positions jugées « prestigieuses » par « l’élite » sont visées par l’objectif d’égalité statistique du nombre d’individus par « genre » dans chacune d’elles.
Extension du Domaine de la Lutte. Très sexuée pour le coup mais mortifère.
Prochaine étape démago : un flic dans chaque lit pour faire respecter le devoir conjugal…
Et pour éviter les positions où l’un(e) se retrouve sous l’autre, obligation de consommer l’union debout.
De ce fait, l’aspirine ne sera délivrée aux femmes que sur ordonnance médicale
« économiste et ancienne vice-présidente de l’Université de Lille »
Pourrait-on savoir où elle a bien pu décrocher ce titre d’économiste, et par quel miracle elle est arrivée à ce poste?
J’ai bien une petite idée, mais ça serait faire du mauvais esprit!
En attendant, effectivement vu les chances infimes qu’elle a dans la course à la présidence, c’est réellement perdre son temps que de l’écouter débiter ses sornettes!
quel est votre petite idée ?
« Enseignante-chercheuse en sciences économiques, elle mène ses travaux dans les domaines de l’économie de l’environnement, des emplois domestiques et de la responsabilité sociétale des entreprises. Elle a été vice-présidente de l’université de Lille chargée de la vie universitaire jusqu’en 2021. » ( Wikipedia )
Si j’en crois Wiki, ses études et recherches en sciences économiques n’ont pas abordé de sujets particulièrement sensibles. Pour un enseignant-chercheur, la science ne se résume pas aux recherches qui vont dans le sens d’une quelconque sensibilité politique ( ici l’écologie, ou encore le rôle sociétal des entreprises?).
Quant à son poste à l’université, ça sent très fort le copinage et le parachutage de connivence, non? Je sais, j’ai mauvais esprit, mais elle l’a bien cherché!
Elle est complétement à la « bio » masse cette « personne » dégenré 😉
Le privé est politique… Comme dit l’autre, c’est la définition exacte du totalitarisme. Bientôt un « telecran » dans tous les foyers ?
A tout prendre, je préfère largement Zemmour : lui veut expurger de la zone publique l’intime de la religion – en interdisant le voile par exemple. Elle, veut faire entrer le code pénal dans la sphère intime, au delà des vraies agressions.
Zemmour veut pacifier la sphère publique. Rousseau veut conflictualiser la sphère intime.
J’ai la faiblesse de croire que l’une est bien plus dangereuse que l’autre.
Comparé à Rousseau, n’importe qui est un moindre mal. J’ai rien contre Zemmour en particulier lais pour rebondir sur votre post, j’ai l’impression que même Nathalie Arthaud est moins dangereuse que cette abomination de Rousseau. Même Méluche à l’air modéré face à elle. Son mépris n’a pas de limite.
D’une certaine manière, elle me rappelle le féminisme d’une Simone Wapler (*), un feminisme à la marge, à la marge de la folie.
Quasi aveugles aux grands combats du féminisme, comme la position ou la visibilité sociale, l’égalité salariale, combats en grande partie gagnés – sauf dans les « quartiers » où il a régressé sous le poids d’une idéologie débilitante -, ces drôles de dames en viennent à avancer des propositions de l’ordre du détail. Comme si un designer automobile se concentrait sur le dessin du cendrier ou la forme de la poignée de la trappe de la roue de secours.
(*) rappel : pour SW, le combat féministe pouvait se réduire à la parité dans les essais cliniques
@Pierre Ponce
Le seul combat féministe légitime est celui qui vise à la reconnaissance de l’égalité des droits, obtenue depuis plusieurs décennies en Occident. Les autres prétendus combats actuels sont anti féministes dans la mesure où ils prétendent substituer les choix personnels des individus par ceux de ceux qui disposent du pouvoir que confère le privilège de la force. Le vrai féminisme laisse chaque femme libre de ses choix, y compris dans l’exercice de sa féminité. On remarquera que, bien au contraire, les tenants du pseudo féminisme actuels tiennent absolument à singer les pires comportements tradionnellement masculins comme le goût du pouvoir et de la politique. On devrait le nommer masculinisme.
« Quasi aveugles aux grands combats du féminisme, comme la position ou la visibilité sociale, l’égalité salariale »
Mais qu’est ce que c’est que ce propos inique? En quoi est ce que le sexe féminin a quelque chose à faire avec le niveau se salaire? D’où vous vient l’idée saugrenue de connecter les deux? Si la loi est la même pour tout le monde pourquoi prendreiz vous ce critère pour réclamer légalité? Pourquoi ne réclamez vous pas l’égalité salariale entre les chauves et les chevelus par exemple? Pourquoi ne pas réclamer l’égalité salariale entre les jeunes et les vieux? Entre ceux qui ont un gros nez et ceux qui ont un petit nez? Ca sort d’où exactement ce « combat »?
Femme à lunettes femme a… » Par contre, je l’encourage à faire un séjour en Afghanistan avec un mari déconstruit Afgan
« Délit de non-partage des tâches domestiques au sein des couples ».
Et un coup d’pompe dans l’cul, c’est un délit ?
Donc pour Madame Rousseau, dans le couple, comme dans la vie, ce qui n’est même pas majoritaire doit régir l’ensemble.
Zemmour veut mettre la question des prénoms dans un référendum et non pas l’imposer, le choix des prénoms est déjà limité par loi dans quasi tous les pays, il ne reste vraiment plus grand monde pour croire encore à une fin heureuse au « multiculturalisme » à la Française et comme je l’ai dit sur un autre article, l’égalité en droit est acquise depuis les années 80. Tout ce qui s’est passé après est toxique.