Par Louis Anders.
L’internet repose sur une infrastructure physique – câbles, antennes, commutateurs, serveurs informatiques. Pour fonctionner, les différentes machines du réseau doivent communiquer entre elles via des protocoles informatiques identiques. Envoyer et recevoir un message électronique entre deux ordinateurs suppose en effet un standard de communication commun entre eux. C’est pourquoi l’internet s’est longtemps développé de manière centralisée, sous l’étroit contrôle des États-Unis, qui avaient créé en 1998 une structure – l’Internet corporation for assigned names and numbers (ICANN) – afin de distribuer les adresses uniques de chaque utilisateur (adresses IP) ainsi que les noms de domaine (sites internet).
Devenue une ONG internationale à part entière, basée en Californie, l’ICANN continue de gérer l’internet que les Européens utilisent au quotidien. Il n’est cependant pas à l’abri de la concurrence, la Chine et la Russie ayant développé des réseaux parallèles avec leurs propres protocoles IP. Mais la structure la plus utilisée dans le monde demeure de loin celle régie par l’ICANN, et le bon fonctionnement du réseau dépend notamment des serveurs informatiques que l’organisation a installés au fil des ans.
Dans un entretien accordé aux Échos le 9 décembre dernier, passé quelque peu inaperçu, le président de l’ICANN Göran Marby révélait que la directive NIS2 en cours de montage à Bruxelles faisait courir un risque inédit au réseau internet :
La Commission propose de réguler les serveurs racines, l’épine dorsale d’internet. Elle veut nous imposer des obligations de reporting, de standardisation… et remettre en cause un modèle multipartite qui implique des milliers de personnes provenant de centaines de pays différents – dont les gouvernements – et qui fonctionne sans problème depuis trente-cinq ans.
L’étau se resserre sur l’échange d’information
Officiellement destinée à renforcer la sécurité en ligne, les initiatives de la Commission européenne ont surtout pour objectif de réguler davantage de secteurs en ciblant notamment celui de l’Information. Ce projet de loi programmatique inquiète Göran Marby, car « les serveurs racines [qui permettent le bon fonctionnement des noms de domaine et des adresses IP] ne sont pas une infrastructure critique pour l’Europe mais pour le monde entier ». C’est pourquoi aucun gouvernement – même les plus autoritaires – n’avait jamais proposé de réguler l’activité de l’ICANN, souligne son président.
Si le Parlement de Strasbourg et le Conseil des chefs d’État pourraient faire évoluer la proposition de l’exécutif européen, ces velléités révèlent au grand jour les ambitions inédites de la Commission. Depuis deux ans, cette dernière multiplie les initiatives visant à contrôler le secteur de l’Information.
Par le « Digital Services Act » en cours de discussions, elle souhaite notamment donner tout pouvoir aux plateformes d’hébergement pour déplacer, supprimer ou modérer des contenus jugés illégitimes, quel que soit leur provenance. Une telle loi pourrait, à terme, considérablement centraliser la censure en concentrant le risque juridique sur ces entreprises spécialisées.
Par le « Media Freedom Act », que le commissaire Thierry Breton souhaite présenter à l’été, la Commission entend s’attaquer à la composition et aux nominations dans les directions des médias publics, ciblant ce qu’elle nomme les « interférences » des gouvernements souverainistes, en particulier en Pologne, en République Tchèque et en Hongrie. Elle prétend aussi régenter les médias privés en établissant des règles contraignantes concernant « l’indépendance éditoriale » ou « la transparence sur les propriétaires ».
À mettre en parallèle avec la Trusted News Initiative, cartel de groupes médiatiques qui s’auto-certifient « fiables » et vise à harmoniser l’information officielle à l’échelle mondiale. L’oligarchie mondialiste a identifié le risque que pose Internet pour son pouvoir et tente de le limiter par le biais de ces réglementations supranationales.
le problème est bien politique et non médiatique..
reste que, en somme, les gens encore “achètent” cette merde..tant politiquement que médiatiquement.
je ne fais pas confiance dans la trust news initiative..aussi simple que cela..
je n’achete pas non plus de produits étiquetés éthique equitable écoresponsables..pour autant..j
Ca fait pitié de voire les libéraux défendre cette €URSS qui veut tuer la liberté d’expression, s’accaparer tous les pouvoirs. L’Europe doit-être organisée comme le réseau internet : une décentralisation maximale, c’est à dire une Europe des nations qui coopèreront selon leurs bon vouloir. La Suisse ne s’en porte pas plus mal. Et les peuples des pays qui ne veulent pas s’inspirer des meilleurs assumer les conséquences de leurs actes.
Rien compris, l’ue est entré les mains des usa donc, ça rime à rien cette histoire de fous et on y est habitué avec cette commission, Internet est américain et le restera.
C’est ainsi que les empires amorcent leur propre décadence.
Le Brexit aurait du servir d’alerte.
Mais non.
Bonjour,
Merci pour votre article qui corrobore d’autres «percées» de l’Union Européenne en d’autres domaines : par exemple dans les mobilités, l’obligation pour les constructeurs dès juillet 2022 d’installer un «mouchard électronique». Des boîtes noires très intrusives par le recueil et le stockage des données (un appareil payé par le consommateur faut-il le souligner) mais toujours pour notre bien.
L’UE a révélé depuis longtemps sa face de méduse, et la crise sanitaire a accéléré (je suis optimiste) cette prise de conscience parmi les populations européennes. Ce n’est pas une organisation libérale mais une technostructure autoritaire post-démocratique. Ce n’est pas un hasard si Walter Hallstein fut le premier président de la Commission européenne, renseignez-vous sur ce personnage, vous en apprendrez énormément sur les origines de l’UE.
Cordialement