UE contre la Pologne : la Chine et la Russie en profitent

Face au déclin européen, dont la confrontation entre l’UE et la Pologne est un exemple, la Chine et la Russie semblent déterminées à profiter de la situation.

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Russia-India-China trilateral meeting between Prime Minister, President of Russia Vladimir Putin and President of China Xi Jinping on the sidelines of G20 Summit 2019 in Osaka, Japan (June 28, 2019) by MEAphotogallery (Creative Commons CC BY-NC-ND 2.0)

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UE contre la Pologne : la Chine et la Russie en profitent

Publié le 18 octobre 2021
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Par Alexandre Massaux.

D’un côté, l’UE et la Pologne se font une guerre juridique. De l’autre, la Chine et la Russie déploient le grand jeu géopolitique dans le reste du monde, comme en Afghanistan, où l’Occident semble avoir perdu toute prise et où Pékin et Moscou ont entrepris de mettre le pays sous leur influence.

Les Occidentaux, perdus dans des querelles politiques internes, offrent des opportunités à des pays souhaitant prendre leur revanche sur l’Histoire.

Cette situation est rendue possible par l’abandon d’une vision géopolitique de la part des décideurs européens et occidentaux.

UE contre Pologne : un exemple de l’échec de la puissance normative

Les tensions entre l’Union européenne et la Pologne sont révélatrices de la situation actuelle, de leur opposition juridique sur des questions de compétences et de normes. Certes, celle-ci trahit des divergences politiques en matière de choix de société. Mais la Pologne reste un pays européen au même titre que la France et l’Allemagne.

En clair, ces divisions sont anecdotiques comparées à celles qui secouent le Moyen-Orient ou l’Afrique mais elles révèlent l’échec de la puissance normative qui voulait que l’UE influe sur les relations internationales grâce au droit et aux normes. L’incapacité de ce droit européen de faire consensus sur son propre territoire en dit long sur son succès. Il apparait en effet illusoire d’exporter la norme européenne dans le reste du monde alors qu’elle est rejetée en Europe même.

L’Europe reste dans une logique kantienne de paix éternelle et semble surtout incapable d’en sortir. L’absence d’un discours et d’une mentalité géopolitiques aux plus hauts niveaux de l’UE est de plus en plus problématique et aboutit à des remises en cause interne et externe.

Il est parlant que la Turquie, une puissance régionale, parvienne à imposer ses conditions aux Européens : ces derniers deviennent spectateurs et se contentent de condamner les faits, ce qui ne résout rien et contribue à envenimer la situation.

La Chine et la Russie comblent le vide laissé par les Occidentaux sur la scène internationale

Avec une Europe spectatrice et empêtrée dans ses conflits internes et des États-Unis se recentrant sur des intérêts précis, d’autres acteurs prennent l’initiative dans les affaires internationales.

C’est le cas de la Russie et de la Chine qui font preuve d’un activisme important afin d’étendre leur influence. Ces deux pays n’hésitent pas à combler le vide laissé par l’absence des Occidentaux au Moyen-Orient ou en Afrique. En effet, pour ce dernier continent, Pékin et Moscou n’hésitent pas à déployer le grand jeu.

Les pays en voie de développement sont progressivement placés sous l’influence de la Chine et maintenant de la Russie qui y font des investissements massifs. Par exemple, Pékin achète massivement des terres agricoles en Afrique, tandis que la Russie est devenue le premier marchand d’armes du continent africain.

Ces régions du monde étant en plein développement, ces investissements risquent d’être favorables à la Russie et à la Chine. Le récent épisode des mercenaires russes du groupe Wagner au Mali, pourtant pays sous influence française, montre que cette stratégie porte ses fruits.

Les nombreuses erreurs stratégiques des Européens et des États-Unis au Proche et au Moyen-Orient ont permis à la Russie et la Chine de se déployer politiquement, par exemple en Syrie, en Afghanistan et en Iran. Ce dernier pays pourrait bientôt rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai, le principal forum de coopération sino-russe.

Comment l’UE et les Européens doivent réagir face à la Russie et la Chine ?

Face à cette situation, les Européens auraient tout intérêt à sortir de leur torpeur et leur idéalisme. L’UE, occupée par les problèmes d’État de droit en Europe centrale, laisse la Chine et la Russie remodeler le voisinage européen en leur faveur.

Plutôt que de s’entêter à vouloir une politique centralisée, une approche décentralisée permettrait de calmer les tensions en Europe tout en permettant l’émergence d’initiatives plus concrètes. Mais cela nécessiterait de revenir à une vision plus réaliste et géopolitique.

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  • « Les pays en voie de développement sont progressivement placés sous l’influence de la Chine et maintenant de la Russie qui y font des investissements massifs. Par exemple, Pékin achète massivement des terres agricoles en Afrique, tandis que la Russie est devenue le premier marchand d’armes du continent africain. »

    investir et vendre ;;;AFFREUX

    c’est pire que la France afrique? ou de « convaincre les africains d’utiliser panneaux solaires et autres?

  • L’Occident – et pas seulement l’Europe – sont malades d’une démocratie vieillissante. Le repli sur elle-même de la première puissance mondiale, déclinante et ne faisant plus rêver a laissé l’Europe a ses souvenirs, sans volonté ni désir communs. Par contre, la Russie et la Chine, elles, sont dotées de pouvoirs très peu démocratiques mais relativement constants dans leurs ambitions, dans les deux cas expansionnistes. Les sanctions à l’égard des USA contre ces deux pays ont en outre été un formidable aiguillon pour les décider à s’affranchir au plus vite de l’Occident ( voir par exemple la coopération Chine – Russie dans le domaine aéronautique )

    • Je suis en train de lire « le crépusucule de l’ universel » de Chantal Delsol. Elle cite Daniel Bell un sinologue américain très critique de l’ occident, il reproche à la démocratie de ressembler à de la démagogie à court terme en donnant la parole à des gens incompétents qui ne suivent que leur petits intérêts personnels.

      • Elle n’est pas la seule. Les USA aussi bien que la France démontrent que les lanceurs d’alerte ont raison. Les élites se comportent comme une véritable aristocratie ploutocrate, méprisant le peuple, comme l’a si bien exprimé Hillary Clinton. Celui-ci devant travailler pour fournir le luxe indispensable à l’élite.

      • la démocratie , comme les autre régimes de gouvernement ..n’empeche en rien en effet ni d’élire des incompétents, ni des démagogues, d’où la nécessité de bien contrôler le domaine d’action de l’état..

        • ce n’est pas un défaut spécifique à la démocratie.. c’est un défaut des régimes non libéraux…

          la « compétence » est reconnue par la concurrence.

  • « L’ÉCHEC DE LA PUISSANCE NORMATIVE »

    La « puissance normative » ?!?

    Que voila bien une idée saugrenue de fonctionnaire ou d’Enarque !

    La norme découle de la puissance et non l’inverse. C’est celui qui a la puissance militaire ou économique (client ou entreprise) qui fixe les règles du jeu. A son avantage bien sur.

    Quand des fonctionnaires, des élus ou des activistes prétendent faire la norme mondiale, cela revient à dire : « parce que je le vaux bien » ! Cela passe peut-être dans une pub de cosmétique mais dans d’autres domaines cela fait bien rire : l’Europe s’invente une puissance économique mondiale qu’elle ne possède pas comme justification de cette puissance ?!?

    Non seulement ils ont les idées courtes mais en plus un ego surdimensionné. Au moins la France semble avoir réussi à exporter quelque-chose en Europe.

  • L’Europe est coincée dans ses institutions inapplicables et inextricables à 27. Il n’y a aucune cohésion ni volonté commune; chacun ne regardant que ses petits intérêts minables. Rajoutons à cela les partis minoritaires comme écolos staliniens, le mouvement Woke qui culpabilise la population blanche. On a tout les ingrédients pour que l’Europe disparaisse de la scène politique internationale.
    On notera en passant que si la dictature islamique d’Erdogan impose ses vues à l’Europe c’est encore grâce à l’Allemagne qui ne peut s’en passer pour 2 raisons :
    – tout l’électroménager allemand y est fabriqué, ainsi qu’une grande partie des pièces de l’industrie automobile
    – L’Allemagne pétocharde fait profil bas pour éviter d’affronter sa communauté turque et se retrouver avec des problèmes similaires à ceux de la France.
    S’affranchir de la Turquie est pourtant simple : transférer ces usine en Grèce ou au Portugal ou en Espagne. Sauf que les industriels n’ont visiblement pas confiance non plus en l’Europe.

  • La démocratie occcidentale ressemble de plus en plus à de la démagogie à court terme. Les chinois pensent que le peuple est incompétant pour décider de l’ avenir, franchement ils ont parfois raison.

  • L’Europe s’est auto – détruite politiquement lors des deux guerres mondiales.Elle était un champ de ruines coincé entre la Russie et les USA en 1945. Mais la blessure mortelle est celle de l’identité, des valeurs. L’Europe est spirituellement morte à Auschwitz. Son dépôt de bilan moral ce n’est pas la mort des soldats et les civils, ce sont les 6 millions de Juifs massacrés parce que Juifs… l’Europe des lumières est devenue celle des feux des fours crématoires de Birkenau. Je dis que l’Europe ne s’en remettra jamais et que les oligarques de Bruxelles sont la tête d’un cadavre en décomposition.

    • Sans parler du déclin démographique. En 1900 l’ Europe comptait environ 400 millions d’ habitants contre 150 millions en Afrique……….Aujourd’ hui la population européenne est la même mais vieillissante tandis que l’ Afrique compte 1 milliard et comptera 1,5 milliards en 2050 dont beaucoup de jeunes.

      • Si je peux me permettre, c’est moins notre « déclin » démographique que leur exéburance démographique qui pose problème.

        • à qui ?
          Ce que vous appelez « exéburance démographique », un démographe l’appelle « transition démographique ». C’est cette phase par laquelle l’ensemble des pays de la planète est passée, pendant laquelle les taux de mortalité, surtout infantille, baissent énormément alors que les taux de natalité restent à leur niveau haut.
          En général la natalité s’adapte au bout d’une génération, aidée en cela par l’éducation des filles et l’accès au contrôle des naissances.
          En bref : laissez ces pays se développer, le problème d’exéburance démographique se résoudra de lui-même.

          • Mais c’est exactement ce que suggère : que ceux qui ont un problème de surpopulation le résolvent dans compter sur nous pour absorber leur excédent.

      • Le déclin démographique est un fait (important) qui doit être intégré à la stratégie européenne mais que l’on ne changera évidemment pas.
        L’objectif européen pourrait être de protéger notre minorité démographique. L’Europe saura t’elle protéger les polonais de leur voisin russe? Saura t’elle les rassurer plutôt que les critiquer?

        • Pour le moment elle fait l’inverse, les polonais n’ont aucune confiance (le souvenir de 1939 est vivace) en l’Europe sur ce sujet. C’est pourquoi ils ont adhéré à l’OTAN.

        • la stratégie dans quel but????
          je n’en vois de valable qu’un assurer le bonheur et la liberté de ses habitants..

          on doit tenir compte de la démographie pour des tas de trucs.. connaitre des BESOINS..futurs..

          si vous avez une vision stratégique en général ça signifie que vous aurez AUSSI une politique de controle démographique!!!

  • Les traités de l’union ne précisent nulle part que les pays membres doivent abandonner leur propre droit constitutionnel. Ni de recevoir des migrants. Au contraire il est bien spécifié que chaque pays continue de suivre sa propre constitution. Quand aux immigrés l’accord de Schengen, souvent mis en avant, ne concerne que les membres de l’UE qui peuvent voyager librement dans son espace. Chaque membre doit veiller à protéger ses frontières des autres ressortissants.
    Bruxelles et ses fonctionnaires se livrent à des abus d’autorité illégaux!

    • Le traité de l’UE lui-même, en son article 4/2, affirme «L’Union respecte l’égalité des Etats-membres devant les traités ainsi que leur identité nationale, inhérente à leurs structures fondamentales politiques et constitutionnelles».

  • L’UE ne peut pas tout faire, enfin… Elle a déjà une activité au top pour la transsexualité, le veganisme, l’accueil des migrants par conteneurs entiers et pour la chasse au carbone sous toutes ses formes.

  • Les c***ries sociétales occupent à plein temps les dirigeants européens, trop occupés à contrôler face à leur miroir si leur auréole est suffisamment astiquée. Ils n’ont pas le loisir de s’occuper des vrais dangers, ça ne leur rapporterait aucun bon point de la part des médias.

  • Faute d’avoir une homogénéité de pensée et d’intérêts, l’europe est un « trigounet de papier ». Même si elle était attaquée je crains qu’elle mette au moins 10 jours à décider s’il faut se défendre…ou non, d’autant qu’elle découvrirait alors qu’elle n’a rien pour le faire…heureusement l’ennemi (tout comme le COVID) est loin et n’arrivera pas tout de suite (alors même qu’il est pour une bonne part déjà chez nous).
    Au lieu de respecter la volonté des peuples Hongrois et Polonais (gouvernements élus) et de « faire avec » elle s’adonne au chantage.
    La doxa européenne est que tout gouvernement, même élu démocratiquement, d’un pays doit être au mieux de centre gauche, à défaut de centre droit, en tout cas progressiste, en route vers le wokisme, soumise à la volonté de Gréta, et ne tenant pas compte des « fumeurs de clopes qui roulent en diesel » qui doivent être soumis puisque ne faisant pas partie de l’ « élite »….et, cerise sur le gâteau, dirigiste (il s’agit de soumettre la plèbe au sens large – lire ceux qui ne pensent pas comme eux – et ce n’est pas aisé).
    Dans son interview sur Cnews j’ai été ébahi par la suffisance méprisante de Michel Barnier, ainsi que par sa langue de bois (il est certain que la rééducation de la dite langue après plus de 70 ans d’usage dirigé n’est pas évident).
    L’europe est comme macron : dure avec les siens et les faibles, faible avec les forts (repentance, excuses etc…)
    En conséquence elle n’est plus respectée, ni par son protecteur officiel (USA) ni par des pays « hors valeurs européennes » qui en sont toujours à un raisonnement tel que:
    « Le vatican : combien de divisions ? »
    La Russie et la Chine se renforcent (dans le véritable sens : force) alors que l’europe, dont les fondations cèdent, s’effondre.
    L’europe actuelle est un échec. On envisage pas de mettre les choses à plat (trop compliqué, amoncellement de traités et de normes) et on fait comme dans la fameuse image d’ H16 : je n’ai pas été guéri par un gramme d’aspirine: j’en prend 10…
    Si l’europe ne marche pas c’est qu’il n’y a pas assez d’europe…il faut donc, plus que jamais, dissoudre les nations.

    • La Pologne comme la Hongrie ont souhaité faire partie de l’Europe. Elles doivent donc respecter les règles communes.
      Lors de la signature du traité ces règles sont connues.
      Créer au chantage est un peu facile. On ne veut plus jouer la règle commune alors on prétend être la victime.

  • Les polonais ne quitteront pas l’UE
    5% du PIB versé par la communauté européenne
    Plus de protection fasse à la Russie
    Plus d’accès au marché
    La Pologne peut quitter l’UE, elle n’a jamais joué le jeu.
    Réduire le périmètre aux seuls pays adoptant toutes les règles communes.
    Comment donner du crédit à un pays dirigé par l’extrême droite.

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