Île-de-France et ordinateurs « gratuits » : comme prévu, l’intendance n’a pas suivi

Pécresse distribue du PC « gratuit » et veut, sans succès, aider les lycéens alors que la région croule sous d’autres problèmes plus importants.

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Île-de-France et ordinateurs « gratuits » : comme prévu, l’intendance n’a pas suivi

Publié le 15 janvier 2021
- A +

par h16

Suite à un « effort sans précédent et inédit en France par sa rapidité de déploiement », l’État a décidé de vacciner tout le moOoups on me dit dans l’oreillette que ce n’est pas du tout ce dont il s’agit mais bien de l’idée courageuse, volontariste et forcément bon marché d’informatiser les têtes blondes d’Île-de-France. Et fort bizarrement, c’est le drame.

Enfin je dis bizarrement, mais les habitués de ces colonnes savent que l’historique de l’État en matière d’informatique commande la plus ferme lucidité et que cette dernière impose un triste constat : dès qu’il y met les doigts, tout le bras y passe et c’est toujours une catastrophe.

Et non, je n’exagère pas : pour s’en convaincre, il suffira de se souvenir, comme je le faisais dans certains précédents billets, du Plan calcul, du Plan Informatique pour tous, ou plus proche de notre trépidant présent, les frétillantes réussites que furent Louvois, Chorus, l’Opérateur National de Paie, la gestion informatisée des cartes grises automobiles, le cloucloud souverain et tant d’autres tentatives qui ont depuis donné à la French Tech son délicieux parfum d’échec retentissant, avec des centaines de millions voire des milliards d’euros jetés par les fenêtres puis brûlés et éparpillés depuis des hélicoptères républicains carburant au Dom Perignon.

Et dernièrement, c’est donc l’opération francilienne de distribution d’ordinateurs aux lycéens qui semble vouloir récupérer le prix de nouvelle catastrophe informatique étatique. Si, pour une catastrophe d’ampleur biblique, il nous aurait fallu une Ségolène survitaminée, on se contentera pour celle-ci, d’ampleur régionale, d’une Valérie Pécresse absolument décidée à dépenser l’argent gratuit du contribuable francilien dans cette distribution de machines qui n’ont manifestement pas réussi à trouver grâce auprès de leurs destinataires : distribution gérée comme les masques, les tests et les vaccins, des problèmes avec le réseau wifi (ceux des établissements n’étant bizarrement pas conçus pour la charge induite), manuels électroniques trop lourds pour les performances des ordinateurs achetés, jugées trop faibles, service après-vente débordé ou mal géré par des établissements et une région désorganisés, défauts de formation des professeurs autant que des élèves, il n’a pas fallu longtemps pour que l’ensemble de l’opération soit tristement qualifié de buggé par une presse sans tendresse.

Bien sûr, l’analyse détaillée montre que les machines ne sont pas aussi éloignées de ce qu’on aurait pû attendre, mais à 180 millions d’euros de facture totale, les cris et les grincements de dents sont finalement un peu trop audibles. Pour 340 000 machines distribuées, soit plus de 500 euros par « machine gratuite », on pouvait s’attendre à mieux…

En réalité et comme je le mentionnais dans les premiers paragraphes, la propension naturelle de la bureaucratie française à se planter mollement en cramant des sommes folles, notamment lorsqu’il s’agit d’informatique, laissait clairement entrevoir le problème avant même que l’opération soit lancée.

Pour la région Île-De-France, il était donc couru d’avance que l’aventure tentée par Pécresse allait tourner au coûteux vinaigre. À titre de consolation, on pourra noter que n’ayant pas toute la puissance délirante de l’État derrière soi, on dépense un peu moins, ce qui limite le dérapage en dessous du milliard.

À ce point de l’observation, on ne peut que se demander, alors que la France traverse gentiment une nouvelle bordée d’heures de plus en plus sombres de son Histoire, littéralement et métaphoriquement, pourquoi une autorité politique s’est encore une fois lancée dans une dépense somptueuse.

Ici nous explique-t-on, les zotorités voulaient vaillamment réduire une fracture numérique qui existe d’autant plus que les biens technologiques sont de plus en plus inabordables pour les classes modestes, justement ponctionnées qu’elles sont par l’État et ses engeances pour subvenir à toutes les lubies qui passent par la tête de toutes les Pécresses de nos régions, et avec ce fumet de foutage de gueule lorsque la solution imposée ne résout rien.

En effet, tout indique qu’à cause de l’inhérente et indécrottable centralisation franco-franchouille, le matériel et ses inévitables petits soucis de démarrage et de maintenance sont impossibles à gérer efficacement.

Peut-on en être surpris, alors que, même à supposer que la dépense était réellement indispensable, la mise à disposition d’un « chèque informatique », cantonné à l’achat d’un ordinateur répondant à quelques caractéristiques génériques, chez n’importe quel fabricant, aurait résolu ce problème : cela aurait quelque peu responsabilisé l’acheteur, stimulé la concurrence des différents fabricants voire des assembleurs locaux, proches des lycéens, en répartissant le service après-vente sur plusieurs d’entre eux en fonction des choix de chaque élève ; bref, on aurait laissé le marché gérer ce qu’il fait du reste fort bien pour les dizaines de millions de machines déjà réparties sur tout le territoire français et on aurait déchargé les régions et les établissements scolaires de cette encombrante responsabilité.

Peut-on de même s’étonner que les professeurs ne soient pas à jour pour la gestion des matériels informatiques ainsi distribués ? Est-ce vraiment le rôle de M. Chombier, prof d’Histoire en seconde B au Lycée Pablo Nerruda de Vitry-Sur-Seine de faire de l’administration système sur ces coucous, sérieusement ?

Mais plus profondément, on doit se demander ce qui pousse ainsi les politiciens en général et Pécresse en particulier à vouloir ainsi intervenir avec des solutions éculées, maintes fois battues en brèche, pour résoudre un problème qui n’est en dernière analyse pas de leur ressort.

En fait, la réponse vient de la bouche de Pécresse elle-même lorsqu’elle déclare : « Nous sommes prêts à aider, laissez-nous faire ! »

Même s’il s’agit d’un sujet différent, la réponse s’impose d’elle-même, évidente : non, surtout pas. Ni au niveau de la région, ni au niveau de l’État !

Sacrebleu, il faut l’écrire, le dire et le répéter : vous, les politiciens, vous êtes tous nuls.

Pour distribuer du vaccin, des masques, des tests ou des ordinateurs, pour la logistique comme pour la distribution, la maintenance et le suivi de quoi que ce soit, pour la gestion budgétaire à votre niveau qu’il soit national, local ou régional, ou, pire encore, pour la création de richesse, vous êtes nuls. Pas médiocres, non. Nuls. Catastrophiques. À valeur ajoutée strictement négative. Vraiment. À chier.

La seule légitimité, le seul domaine dans lequel le citoyen peut encore vous prêter une compétence, c’est dans ce régalien dont plus aucun d’entre vous, politiciens, ne semble vouloir s’occuper et qui reste en jachère. Vous êtes nuls dans tous les domaines avec ce brio et ce panache qui caractérisent les cuistres, les imbéciles, les incompétents et les parasites, et vous êtes à présent complètement à la ramasse dans le seul domaine où on vous attend vraiment.

En réalité, n’en jetez plus. Arrêtez d’aider ! Toute la France est mortellement « aidée » par toute cette encombrante classe de parasites politiques et bureaucratiques, car pour aider, ils ponctionnent (toujours plus) et s’organisent (toujours plus), se réunissent (toujours plus), se paient (toujours plus) et redistribuent, toujours à plus de gens, qui reçoivent donc toujours moins.

En définitive, le pays crève de cette cataracte de ces « aides » qui l’asphyxient, depuis les ordinateurs jusqu’au système de soins qui ne tient plus debout et paralyse le pays pour s’assurer qu’il mourra en bonne santé.

Ce pays est foutu. Arrêtez de nous aider.


—-
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Voir les commentaires (19)

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  • Une opération hallucinante, j’ai lu ça hier, des portables sans marques donc sans Sav , connectés en WiFi, c’est à se demander si ils pensent.. Y a du cap gemini dans l’air ou pire un pote a hidalgo ou à pecresse.
    Gérer un parc de pc est déjà difficile en entreprise mais, à l’école c’est impossible… Et bonjours la casse, ça tombe ces trucs l 1à !

  • vous, les politiciens, vous êtes tous nuls.

    Oh, c’est même pire : « vous, les politiciens, vous êtes tous toxiques » !

  • Par curiosité, j’ai cherché ce qu’étaient ces machines. Un descriptif hallucinant:
    -Une pub pour Pécresse à chaque démarrage!
    -Impossibilité d’installer un logiciel
    -Impossibilité d’ouvrir une session administrateur
    -La machine reste officiellement propriété de l’état
    On est plus proche d’un minitel, ou une télé avec une seule chaine, celle de l’éducation nationale…

    • vache… à 500 balles la bécane… ce genre de bouse ne doit pas couter plus de 300 eur en étant gentil. la question est donc, ou sont passés les 200 eur de différence?
      Qui Bono?

      • Moins de 100 euros le même genre de bécanes android (sur Amazon, marque YOTOPT, avec en plus un modem cellulaire et le double de mémoire).
        La boite qui distribue ce truc a pignon sur rue depuis Hollande (Plan Numérique pour l’Éducation), elle déclare 60 personnes et est présentée par le figaro par « Unowhy fait face à Apple avec ses tablettes Sqool ». Donc, du bullshit extra-pur.

    • Il y a vraisemblablement une méconnaissance totale des coûts du matériel, du logiciel, de l’infrastructure et de la formation.

      Si les 500 euros comprenaient l’ensemble des coûts, ce serait très bon marché.

      Après les moulins à vent, voici venu le temps des moulins à bits.

    • J’aurais bien aimé essayer une de ces machines, pour tenter de les jailbreak: un projet comme celui ci ne devrait pas avoir beaucoup de budget sécurité.

      Notamment si le disque n’est pas chiffré, il est possible d’ajouter des comptes admins en remplaçant l’accessibilité par cmd. Une autre idée est d’avoir deux systèmes en dual boot.

      Bien sûr tout ça à des fins purement éducatives, sans aucune malice.

  • Ca me fait penser à la chute de ce sketch ^^

  • je dirais « seul l’affichage compte ».

  • La chute est magnifique, on ne peut que la partager…
    Pour ce qui est de ce projet, on notera qu’il contient un fort volet quantitatif dont les arrivistes sont tous friands, la réponse de Pécresse au Point est d’ailleurs principalement chiffrée, ses sbires se sont régalés, il y a des promotions dans l’air.
    Evidemment, si on ne peut pas avoir de session administrateur…
    On imagine aussi le Conseil Régional récupérant ses machines, avec le personnel afférent, et l’état de ces dernières, après quelques années.
    Pour la formation, il est malhonnête par contre de la part des syndicats enseignants de toujours mettre sur la table un manque de formation des enseignants, ces derniers ont vécu dans l’univers de PC depuis les années 1985, il y a 35 ans, ceux qui ont choisi de les méconnaître sont des vieux cons de naissance…

    • @Propone : +100
      « Pour la formation, il est malhonnête par contre de la part des syndicats enseignants de toujours mettre sur la table un manque de formation des enseignants, ces derniers ont vécu dans l’univers de PC depuis les années 1985, il y a 35 ans, ceux qui ont choisi de les méconnaître sont des vieux cons de naissance… »

      Exactement !

  • tout ces politiciens n’étant plus utiles à grand chose , ils se trouvent une occupation dans leur corde : claquer bêtement l’argent des contribuables ;

  • L’expérience de la distribution gratuite d’ordinateurs portables avait commencé ailleurs, il y a bien des années. Dans ma région « Occitanie » notamment. On sait le pognon que cela nous a coûté, on a eu le temps de connaître les résultats : appareils servant de jouets, dans le meilleurs des cas.
    Pourquoi Valérie Pécresse a-t-elle eu à cœur de rééditer cette gabegie ? Pour faire mieux que nos socialos ? Ou parce qu’elle n’a pas encore évolué depuis ses con..ries lorsqu’elle était cadre à l’UMP ?
    Comme dit @casuffit, « On se fout du résultat, seule la méthode importe » et « N’a d’intérêt que ce qui en jette le plus dans la présentation d’un bilan, tout le reste est foutaise ».
    Je suis pleinement d’accord avec vous, cher h16 « Arrêtez d’aider ! ».

  • c’est la « solution » de quel problème au fait?

  • « La seule légitimité, le seul domaine dans lequel le citoyen peut encore vous prêter une compétence, c’est dans ce régalien … »

    Qui prête sans garantie de remboursement ?

    En fait, le régalien comme toute chose devient un vaste projet de déploiement informatique. Ce que l’état est et a toujours été incapable de maîtriser.

    On n’a plus qu’à sous-traiter le régalien à gogol. On est mal patron, on est mal !

  • Ne seraient-ce pas les pc gratuits qui ont fini sur le Boncoin une fois perçus ?

    500 euro la pièce ! la vache ! C’est plus que mon pc actuel acheté près de 100 euro de moins cet été.

    Les ordis sont donc français.
     » «  Les caractéristiques des ordinateurs sont adaptés à de l’usage scolaire et personnel. C’est sûr qu’ils ne pourront pas faire de montage vidéo professionnel avec, mais ils peuvent quand même aller sur les réseaux sociaux, jouer à certains jeux.. C’est le meilleur rapport qualité prix ces machines-là  », explique Jean-Yves Hepp
     »
    Sur les 30 Go restants, les élèves peuvent stocker leurs devoirs et c’est déjà pas mal. Si ce n’est pas assez, ils peuvent brancher une carte SD et avoir plus de place. » – Jean-Yves Hepp, patron de Unowhy, la boîte qui fabrique et distribue ces pc.
    500 euro pièce pour avoir 64Go de mémoire, moins les 30Go de Windows, et « Même le navigateur Google Chrome sera lent sur ces machines » d’après Clément Grandjean de Frandroid. C’est du rapport qualité/prix de m…e. Le portable que j’utilise là vaut moins de 400 euro, pour 1To de mémoire, 4G de Ram, écran de 15 pouces, je peux installer les logiciels qui me siéent, Chrome et YT ne rament pas.
    Mon portable précédent avait 750Go de mémoire, 4 Go de ram, un écran de 15 pouces, et m’a tenu 8 ans.

  • Bah, de toutes façons le Wifi ne marche pas dans mon bahut.

  • Les commentaires sont fermés.

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