Macron v. Le Pen : encore eux en 2022 ? Grosse déprime

Selon un sondage Ifop-Fiducial publié dimanche 4 octobre dernier, Emmanuel Macron et Marine Le Pen font à nouveau largement et systématiquement la course en tête dans les 11 scénarios examinés.

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Macron v. Le Pen : encore eux en 2022 ? Grosse déprime

Publié le 7 octobre 2020
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Par Nathalie MP Meyer.

De sondage en sondage, on nous explique que 70 à 80 % des Français ne veulent à aucun prix revivre en 2022 le duel Macron vs Le Pen de 2017. Mais de sondage en sondage, il ressort également que dans la perspective où l’élection présidentielle aurait lieu « dimanche prochain », selon la formule consacrée des enquêtes d’opinion, Macron comme Le Pen persistent à dominer très nettement le match, et ceci dans tous les cas de figure envisagés.

Il va sans dire que ces sondages ne nous apportent aucune information définitive sur ce qu’il va effectivement se passer en 2022. Instruits par les rebondissements « complètement dingues » de 2017 (expression de Yannick Jadot), nous savons que tout peut arriver d’ici là.

Même sans aller jusqu’à imaginer une succession de coups de théâtre aussi riche qu’à l’époque, il serait bien étonnant qu’aucune « affaire des diamants de Bokassa » ne vienne perturber la campagne, élection présidentielle oblige.

Mais ils sont néanmoins intéressants car ils donnent une bonne idée des rapports de force politiques au moment où ils sont faits.

Or selon un sondage Ifop-Fiducial publié dimanche 4 octobre dernier, Emmanuel Macron et Marine Le Pen font à nouveau largement et systématiquement la course en tête dans les 11 scénarios examinés par le sondeur :

· cinq scénarios concernent le choix du candidat de droite : Bertrand et Pécresse (qui ont tous deux quitté LR jugé trop à droite), Baroin, Retailleau ou Dati ;
· trois scénarios portent sur le choix du candidat du PS : Hidalgo, Hollande ou Royal au lieu du Premier secrétaire Olivier Faure ;
· et trois autres scénarios examinent une éventuelle union de la gauche autour de trois candidats possibles : Mélenchon de la France insoumise, Hidalgo du PS et Jadot de Europe Écologie Les Verts.

Choix du candidat de droite

  

Choix du candidat du PS
Hypothèse d’union de la gauche

 

On constate ainsi que dans un hypothétique premier tour qui aurait lieu ces jours-ci, Marine Le Pen recueillerait selon les cas entre 24 et 27 % des voix et Emmanuel Macron entre 23 et 26 %.

Le candidat socialiste le mieux placé serait Anne Hidalgo, mais avec seulement 9 % des voix, tandis que Xavier Bertrand devancerait tous ses collègues de droite avec 16 % (soit 4 points de plus que lors d’un précédent sondage du même institut). Il monte même jusqu’à 18 ou 19 % dans le cas d’une candidature d’union à gauche.

EELV ne transformerait nullement en grand succès la « vague verte historique » des municipales en plafonnant aux alentours de 8 %, tandis qu’une très hypothétique union de la gauche entre le PS, la FI et EELV donnerait l’avantage à Jean-Luc Mélenchon (et non à Jadot comme celui-ci aimerait le croire dans l’euphorie post Municipales) mais sans excéder 15 % des voix.

Néanmoins, dans la perspective d’une dynamique jusqu’en 2022, nul doute que Mélenchon pour la gauche et encore plus Xavier Bertrand1 pour la droite se sentent pousser des ailes, d’autant qu’il semble acquis que chez LR, François Baroin ne sera pas sur la ligne de départ.

Mais ce qui reste finalement très étonnant, même aujourd’hui à plus de dix-huit mois de l’échéance électorale préférée des Français, c’est de constater la solide avance et la constance du duo Macron-Le Pen dans les intentions de vote.

Le premier étant « aux affaires », comme aimait à dire François Hollande, il cristallise assez naturellement sur lui tous les mécontentements nés de sa politique et/ou des circonstances et conséquences socio-économiques liées au Coronavirus, comme en témoigne assez clairement la médiocre popularité du couple exécutif.

Pour l’institut Yougov, celle du Président chute de 31 % d’opinions favorables début septembre à 28 % en ce début d’octobre tandis que Jean Castex, le nouveau Premier ministre nommé en juillet pour relancer le quinquennat d’ici 2022, passe de 29 à 28 %. Aujourd’hui, seuls 27 % des Français font confiance au gouvernement pour gérer la pandémie de Covid-19 alors que ce chiffre dépassait les 50 % au tout début du confinement.

Quant à Marine Le Pen, bien qu’elle soit assez peu présente sur la scène politique, elle continue clairement à encaisser les dividendes de ses positions globalement protectionnistes, qu’il s’agisse des biens ou des personnes, et de son attention plus marquée que les autres partis aux questions de sécurité des biens et des personnes. Son souverainisme s’est cependant quelque peu étiolé car depuis 2017, elle a abandonné l’idée de la sortie de l’euro, et le Frexit qui motivait beaucoup ses électeurs n’est plus à l’ordre du jour.

En revanche, du côté économique, rien n’a changé. Fidèle à sa conviction « que le modèle économique ultra-libéral qui nous avait été imposé était mortel pour notre économie », elle propose donc un programme des plus mélenchoniens : rétablissement de l’ISF, patriotisme économique, préférence nationale et retraite à 60 ans2.

Macron comme Le Pen sont évidemment ravis d’être le principal voire le seul adversaire politique l’un de l’autre. Dans ce schéma de second tour, s’il se confirme, le premier pourra compter sur le réflexe bien ancré dans notre vie politique depuis Mitterrand de faire barrage à la droite et l’extrême-droite sans autre nécessité d’expliquer pourquoi il pense être meilleur pour la France que son opposante, tandis que Mme Le Pen se régale déjà d’expliquer combien le Président sortant a englouti la France dans les scandaleuses injustices de l’ultra-libéralisme qui l’anime exclusivement depuis son élection.

C’est précisément là que les libéraux se montrent fort peu emballés par la perspective d’un duel aussi mal défini et aussi peu porteur d’idées nouvelles. Après trois ans de mandat, on devrait pourtant commencer à s’en apercevoir : Macron n’est pas libéral. Qu’on parle Urssaf, Éducation, Retraites, Presse et Information ou Commissariat au plan, il ne conçoit aucune liberté sans la tutelle de l’État providence et stratège.

Le seul débat vraiment intéressant pour l’avenir de la France serait de confronter au sommet les idées de ceux qui veulent maintenir l’emprise de l’État sur les activités des Français voire l’étendre encore et celles de ceux qui pensent qu’au point (qu’on espère culminant mais rien n’est moins sûr) où nous en sommes en chômage, dette, dépenses publiques, impôts et réglementation en tous genres pour des résultats somme toute médiocres, notre prospérité et nos libertés exigent impérativement et urgemment de desserrer l’étau étatique via de sérieuses réformes structurelles.

Mais il y a encore plus déprimant. Remplacez Macron ou Le Pen ou les deux par Bertrand ou Mélenchon et le résultat sera exactement le même. Dans la mesure où Xavier Bertrand prend Emmanuel Macron pour un « libéral anglo-saxon » (tweet ci-dessous), vous voyez à peu près ce que Mélenchon peut en penser…

Il n’y a plus qu’à espérer que l’élection présidentielle de 2022 se révèlera un petit peu « dingue » elle aussi en faisant émerger quelques voix moins imbibées de dirigisme étatique que l’ensemble de notre classe politique. Ce n’est pas gagné.

  1. Il lui faudra d’abord obtenir le soutien de LR qu’il a quitté en 2017 avec l’arrivée de Wauquiez à la tête du parti, sans compter que les résultats des régionales de 2021 pourraient venir perturber ses ambitions : en 2015, il avait accédé à la Présidence de la région Hauts-de-France contre Marine Le Pen suite au désistement du PS décidé par François Hollande au soir du premier tour.
  2. Encore que des voix au sein du Rassemblement national commencent à dire qu’il faudrait peut-être profiter de la crise économique post-Covid pour revenir sur cette mesure extrêmement coûteuse « sans perdre la face », histoire d’attirer des voix de droite. Oui, mais l’électorat populaire, comment réagirait-il ? Dilemme au RN.

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