StopCovid, encore un bel échec numérique au palmarès de l’État

Comme prévu, l'application StopCovid va coûter cher, ne pas remplir ses objectifs officiels et en remplir d'autres opposés. Bravo l'Etat numérique !
Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
covid 19 source https://unsplash.com/photos/KcIbA0glVpk

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

StopCovid, encore un bel échec numérique au palmarès de l’État

Publié le 19 juin 2020
- A +

par h16

Décidément, le monde d’après n’est vraiment pas différent du monde d’avant. Dans le monde d’avant, l’État était ce pachyderme obèse tétanisé par les souris numériques ; dans le monde d’après, c’est toujours un pachyderme obèse (il a même encore grossi !) et il est toujours autant tétanisé par les souris.

Pourtant, certains, dans les médias, dans les ministères, voulaient vraiment y croire à cette application mobile de recherche des contacts épidémiques dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 : nombre d’articles étaient donc parus, dans le courant et à la fin du mois de mai, au moment de son lancement officiel, pour en louer les capacités et l’évidente nécessité, ainsi que l’impact évident d’une telle réalisation sur le futur du fier politicien qui porterait cette réalisation.

Interrogé, Cédric O, le secrétaire d’État au Numérique, n’y était d’ailleurs pas allé par quatre chemins en expliquant calmement que l’outil informatique, destiné à un succès fulgurant et 45 millions d’installations fébriles, permettait d’éviter des malades et des morts dès les premiers téléchargements ! Avec un peu de persuasion, le secrétaire d’État aurait probablement pu nous faire la retape de son produit sur le mode « en cliquant sur Stopcovid à chaque repas, vous retrouverez peps et bonne humeur ! »… N’hésitant d’ailleurs pas à se lancer dans l’emphase, le brave Cédric a même déclaré que « l’application fonctionne très correctement ». Pas seulement « bien », « comme prévu » ou « de façon optimale » ni même « super top », mais « très correctement » ce qui se situe entre « ça le fait » et « globalement, on est dans les clous », ce qui correspond au score « pas dégueu-et-demi » sur l’échelle officielle d’Assurance Qualité Des Projets Informatiques Pilotés Avec Brio Par l’État.

Bref, Cédric O et l’État français ont donc lancé une application mobile bien testée sur plein de téléphones différents, bien propre sur elle, qui fonctionne « très correctement », le tout pour un coût général de fonctionnement qui n’a même pas fait de vagues tant on parle de petits montants rikikis.

Nous voilà deux semaines après un lancement en fanfare largement analysé par nos serviles médias : déchargée plus de 600 000 fois en quelques heures, dépassant le million d’installations dans les jours qui suivent, le gouvernement, les autorités de santé et Cédric O peuvent respirer puisque ce n’est pas un four…

Évidemment, passés ces quelques jours où tous ceux qui voulaient l’installer l’ont fait, les frétillements d’aises ministériels se réduisent : non seulement, le nombre d’installations se tasse très vite, mais en plus constate-t-on avec tristesse que ce nombre dépasse à peine les 2 % de la population, loin des chiffres d’autres pays décidément plus enthousiastes dans le pistage du cheptel de la population. Zut alors.

Malheureusement, les déceptions ne s’arrêtent pas là : petit à petit, on découvre que la collecte de données, qu’on promettait aussi minimale et peu intrusive que possible, est nettement plus étendue que prévu.

Alors que, normalement, les interactions sociales des uns et des autres devaient rester privées, un chercheur a découvert que les données de toutes les personnes croisées par les utilisateurs sont collectées par la plateforme : tous les contacts croisés pendant les quatorze derniers jours sont ainsi directement collectés par le serveur ce qui n’a en pratique aucun intérêt sur le plan épidémiologique (mais en a certainement sur d’autres plans, ne vous inquiétez pas).

Deux semaines après son lancement, c’est donc un constat d’échec que s’empressent d’ailleurs de dresser certains médias dont l’épine dorsale, d’une souplesse véritablement légendaire, permet toutes les torsions et tous les retournements les plus prompts : voilà que, par exemple, même France24 feint de confirmer un « échec annoncé »…

Cependant, reconnaissons que si les évidences de maintenant n’apparaissaient guère dans leurs colonnes (ou celles de leurs confrères), il n’y avait pas besoin d’être grand devin pour imaginer le sort funeste de cette nouvelle incursion étatique balourde dans le domaine du numérique.

Certes, ce four-ci nous coûtera moins cher que tous les calamiteux échecs précédents qui comptèrent, je vous le rappelle, celui de Louvois (dont la facture finale doit largement dépasser le demi-milliard d’euros à présent), l’Opérateur National de Paie pour l’Éducation nationale (des centaines de millions d’euros au drain), les aventures de Gide et Genesis pour la Justice (des douzaines de millions d’euros partis en fumée), Faeton, le système de gestion du permis de conduire (nouveau salto arrière double carpé pour les finances publiques) ou celui des cartes grises (bonheur sucré de tous les particuliers tentant de vendre leur véhicule), ou même le magnifique « cloud souverain » qui s’est terminé avec le feu d’artifice financier qu’on connait.

Néanmoins, et compte-tenu de cet historique aussi coûteux que navrant, il était raisonnable d’imaginer qu’une fois encore, l’État allait se gameler avec élan pour cette énième réalisation numérique et cramer une nouvelle piscine olympique de billets en provenance directe de la poche du contribuable. Si l’on évite les dizaines de millions d’euros de gabegie, on devrait malgré tout dépasser le million, sans que cette application puisse prétendre éviter des contaminations.

Parions cependant que la perte ne sera pas totale pour ceux qui récupéreront discrètement les données collectées…

Oui, certes, c’est impossible puisque l’État nous a assuré que cette application était carrée, propre sur elle. Conservons cependant un sain scepticisme, et ce d’autant plus qu’à la suite de cet échec attendu, observé et finalement lamentable, Cédric O, ragaillardi devant le désastre, veut maintenir le système étatique d’identité numérique fourni par l’État (comprenant notamment une reconnaissance faciale, comme en Chine, miam !).

Tout ceci est extrêmement rassurant, ne trouvez-vous pas ?


—-
Sur le web

Voir les commentaires (16)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • Cedric O, c’est un pseudo pour faire je suis le maître du jeu ?
    On est dans l’être du numérique depuis au moins 20 ans , nous sommes les meilleurs en tout, on s’arrache nos informaticiens de génie et malgré tout on n’est pas foutu de pondre un logiciel pas plus complexe qu’un programmateur de cafetière électrique !

  • Même si on peut regretter la poignée d’euros gaspillée à chaque fois , il est quand même rassurant de voir l’état se gameller à chaque fois.
    On se dit que finalement leur incompétence nous protège.

    • Plus fort que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en effet !
      Le dézinguage de la loi Avia par le CC en est un autre bon exemple.
      Et pour le reste, on a les Gilets jaunes.

    • elle nous protège mais nous coûte très cher !

    • On se dit aussi que leur intelligence validée par leur diplôme est une hérésie… Une illusion…

      À brûler au bûcher.

      La vie vient remettre de l’ordre dans tous ça pour rappeler aux hommes qu’il n’y a pas d’intelligence au dessus d’elle.

  • Un bel échec ❓ Du tout : une belle réussite.
    Une réussite dans le gaspillage de pognon gratuit des autres. Ceux qui aiment se faire bousculer par l’état, victimes du syndrome de Paris.

    • Pachyderme obèse : metamammouth ? étatmammouth ? Dinosaure ?
      Toujours plus gros… de quoi être inquiet.

    • En effet, un virage vers le numérique magistral… J’allais dire virage de cuti, on est immunisé à vie contre le numérique francais, le vaccin chirac avec son mulot nous a vacciné, le Minitel et les avions renifleurs ayant mis à mal la santé des français.

  • Dans la lignée de l’informatique à la française ,comme Honeywell dont l’emblème un arbre ….parce que cela se plante.

  • Pas de surprises, c’est les mêmes pieds nickelés que d’habitude : Inria, Capgemini, Dassault systemes, Accenture, Atos, SopraSteria, Thales…

  • même si ça nous coûte encore de l’argent , je suis bien contente que l’état se soit pris une grosse baffe avec leur  » stopcovid  » ; c’est carrément jouissif ;

    • Ce n’est vraiment pas gentil de me dire que je me suis pris une grosse baffe !!! En tant que contribuable, je représente 1/66 000 000 de l’état !!! De plus, je jouis chaque mois quand cet état me vole « à la source » !!! LOL

  • Toujours la même histoire les énarques annoncent des plansde ceci ,de cela et des milliards d’aides . Quelques copains de bonnes familles lancent leurs start up et les fonds sont perdus. Innombrables cas : velib , autolib, trotinettes lib etc etc Peut-être airbus de la batterie dans les mois à venir. Les accapreurs de fonds publics veillent.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Bernard Perbal.

La protection des données de santé constitue depuis plusieurs années le terrain d’enjeux dont les tenants et aboutissants sont loin d’être connus du grand public. Certains nous diront que la masse qui n’est pas assez intelligente pour comprendre les décisions prises au sommet n’a pas à réfléchir.

Les politiques et hauts fonctionnaires qui grouillent à tous les niveaux du millefeuilles de la pyramide du pouvoir sont là pour imposer subrepticement les fruits i... Poursuivre la lecture

Par Yannick Chatelain.

Face à la forte dégradation de la situation sanitaire en France depuis plus de deux semaines et le placement en confinement de 19 départements de l'Hexagone, le président de la République a déclaré le 25 mars assumer les décisions prises, n’avoir ni remords ni mea culpa à faire :

Je peux vous affirmer que je n'ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d'échec.

Un satisfecit de la gestion de crise qui n’a pas manqué de faire « bondir l’opposition ». Pour autant, c’est une posture à laq... Poursuivre la lecture

data
0
Sauvegarder cet article

Par Yannick Chatelain.

L’état d’urgence sanitaire sous lequel a été placé la France permet à l’exécutif de prendre des décisions lors de conseils de défense, des décisions contraignant la population, et ce pour notre bien collectif.

Notre vie est désormais rythmée par des décrets qui tombent en cadence. Ces derniers servent la mise en place d’un contrôle social inédit, jugé nécessaire, allant jusqu’à encadrer et limiter le droit d’aller et venir, en passant par des préconisations surréalistes d’acteur-gestionnaire de cette crise... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles