Par Daniel Girard.
Maintenant que Trump surveille de près les agissements des deux plateformes à son égard, elles doivent faire preuve de retenue pour éviter la grogne des abonnés et le courroux présidentiel.
Le même instinct qui a mené Donald Trump au pouvoir continue de le servir efficacement, au désespoir de ses détracteurs et même de certains de ses alliés.
Donald Trump s’est inscrit à Twitter en mars 2009. Des milliers d’abonnés l’ont suivi jusqu’à sa présidence. Il en compte maintenant 81,7 millions et il continue d’échanger avec plusieurs d’entre eux sur une base régulière. pic.twitter.com/1tHKe8xEb8
— Daniel Girard (@DanielGGirard) June 4, 2020
Le 28 mai dernier, Donald Trump a publié un décret exécutif qui mènera à la révision du statut des grandes plateformes, Facebook, Twitter, YouTube, et visera à les contraindre à l’impartialité. Cette mesure survient après l’ajout, par Twitter, d’une note de vérification sur deux tweets du président associant le vote par correspondance à la fraude électorale.
There is NO WAY (ZERO!) that Mail-In Ballots will be anything less than substantially fraudulent. Mail boxes will be robbed, ballots will be forged & even illegally printed out & fraudulently signed. The Governor of California is sending Ballots to millions of people, anyone…..
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 26, 2020
….living in the state, no matter who they are or how they got there, will get one. That will be followed up with professionals telling all of these people, many of whom have never even thought of voting before, how, and for whom, to vote. This will be a Rigged Election. No way!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 26, 2020
La note de Twitter invite les usagers à s’informer sur la question en les renvoyant à @CNNPolitics qui contredit l’affirmation du président.
Il était prévisible que l’initiative de Twitter irrite profondément le président. Il a maille à partir avec CNN sur une base régulière depuis son arrivée à la Maison-Blanche.
.@Twitter is now interfering in the 2020 Presidential Election. They are saying my statement on Mail-In Ballots, which will lead to massive corruption and fraud, is incorrect, based on fact-checking by Fake News CNN and the Amazon Washington Post….
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 26, 2020
….Twitter is completely stifling FREE SPEECH, and I, as President, will not allow it to happen!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 26, 2020
Donald Trump a qualifié l’initiative de Twitter d’interférence dans l’élection présidentielle de 2020 et de violation de la liberté d’expression. Il estime que Twitter perd ainsi son statut d’hébergeur, qui le protège des poursuites judiciaires liées au contenu sur sa plateforme. Intervenir dans le contenu des tweets fait de Twitter un éditeur, ce qui le soustrait à la protection de l’article 230 du Communication Decency Act.
Cette loi, adoptée en 1996, fait en sorte que les plateformes ne peuvent pas être tenues responsables des contenus des utilisateurs tant qu’ils ne publient rien d’illicite. Elles ont toute latitude pour édicter leurs règles de modération. Elles évitent ainsi d’être visées pour atteinte à la liberté d’expression. Donald Trump veut éliminer cette protection qui pave la voie, selon lui, à la censure des points de vue conservateurs. D’où le décret présidentiel.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) May 29, 2020
Mais ce décret n’a pas empêché Twitter de poursuivre son examen attentif des publications de Donald Trump en y ajoutant des commentaires. Le 30 mai, alors que les protestations dans la foulée de la mort de George Floyd mènent à de la casse, le président lance un tweet où il dit : quand les pillages commencent, les balles se mettent à fuser. Twitter réagit rapidement en signifiant aux usagers que le tweet glorifie la violence.
Explications de Twitter apposées à un tweet de Donald Trump qui a enfreint les règles relatives à la glorification de la violence. https://t.co/mMpNZLQJQT
— Daniel Girard (@DanielGGirard) June 3, 2020
Après avoir toujours ignoré les publications de Donald Trump, Twitter se place maintenant dans une position précaire par ses interventions.
Twitter ne peut affirmer avec certitude que la fraude lors du vote par correspondance ne pose pas un risque. L’an dernier, en Caroline du Nord, l’élection d’un représentant républicain a été invalidée lorsqu’il a été découvert que des partisans de ce candidat avaient déniché des bulletins de vote par correspondance qu’ils avaient remplis. Ce n’est pas un mensonge d’affirmer qu’une fraude lors d’un vote par correspondance pourrait survenir.
Si Twitter veut examiner en détail de façon crédible les publications des politiciens, il y en a de nombreuses qui méritent d’être analysées soigneusement.
Le 14 janvier, Bernie Sanders a affirmé, sans le démontrer, qu’un régime d’assurance-santé universelle serait plus avantageux que le système actuel pour tous les Américains.
Medicare for All will cost substantially less than the status quo. #DemDebate
— Bernie Sanders (@BernieSanders) January 15, 2020
Le 2 décembre 2018, la représentante Alexandria Ocasio-Cortez a publié que les erreurs de comptabilité du Pentagone auraient permis d’éponger les deux-tiers des dépenses d’un éventuel régime universel d’assurance-santé. Un calcul qui a amusé plusieurs internautes.
PolitiFact | Alexandria Ocasio-Cortez wrong on scale of Pentagon accounting errors https://t.co/exIWAD13hp – again in their usual ASSHOLE evaluation method, parsing “exactitude” to make $8.5 trillion insignificant.
— silvanet? (@silvanet) May 26, 2020
Si Twitter se lance dans l’exercice d’avertir les usagers des inexactitudes politiques, il devra l’accomplir avec rigueur ou risquer le discrédit. C’est d’ailleurs une réalité qui n’a pas échappé à Mark Zuckerberg qui ne s’est pas gêné pour faire la leçon à Jack Dorsey, PDG de Twitter. Mark Zuckerberg estime que les réseaux privés ne devraient pas se donner le rôle d’arbitre de la vérité.
Après que Trump menace les plateformes de médias sociaux, le patron de Facebook donne une entrevue à Fox News dans laquelle il critique Twitter — et assure qu’il n’a pas l’intention de vérifier les informations partagées par le président. https://t.co/PpWsshIW67
— Sébastien Desrosiers (@s_desrosiers) May 28, 2020
Pour Zeynep Tufecki, professeure à l’Université de Caroline du Nord et contributrice à The Atlantic, le coup de semonce de Mark Zuckerberg visait à impressionner Donald Trump. Le PDG de Facebook a tenu à souligner avoir eu un entretien constructif avec le président.
Trump and Zuckerberg just had a phone call “described by both sides as productive.” Meanwhile, Trump’s “shooting/looting” posts remain up on Facebook. Zuckerberg also made sure to go on Fox News to say he disagreed with Twitter putting a warning on them. https://t.co/qVCcGbkJix
— zeynep tufekci (@zeynep) May 31, 2020
Facebook est le principal mastodonte des réseaux sociaux mais c’est chez Twitter que Donald Trump se sent chez lui. Il y compte 81,7 millions d’abonnés comparativement à près de six millions sur Facebook. Maintenant que Facebook réaffirme sa primauté dans l’univers des plateformes médiatiques et s’engage au statu quo dans la gestion des contenus, Twitter n’aura pas d’autre choix que de se demander si cela vaut la peine d’alerter les usagers à chaque fois que Donald Trump publie un tweet comportant des inexactitudes ou des exagérations.
“Mark Zuckerberg estime que les réseaux privés ne devraient pas se donner le rôle d’arbitre de la vérité”
Ils peuvent le faire, mais dans ce cas, comme dit plus haut, ils changent de statut : ce ne sont plus des hébergeurs, et ils perdent de fait leur irresponsabilité pénale !
Car – Trump a vu juste – cette affaire est de nature purement juridique : soit le media est neutre et il est irresponsable pénalement (c’est l’internaute auteur des propos qui est responsable), soit il intervient et il perd son statut de simple hébergeur.
Twitter a voulu le beurre et l’argent du beurre ; ce qui me paraît le plus étrange, c’est que cette boîte, probablement bardée d’avocats en tout genre, n’ait pas vu venir le piège…
Nos médias Français ne seront jamais neutres mais Twitter, FB et Youtube, quand vont-ils arrêter de prendre leurs ordres de censure chez les politiques Français ?
Twitter a tout à perdre . En continuant sa chasse aux sorcières il ne fera que conforter Trump . Il en serait tout autrement s’il avait la même attitude avec les 2 camps, mais c’est très loin d’être le cas . Les réseaux sociaux sont des nids d’activistes et montre aujourd’hui à quel point le parti démocrate s’est gauchisé . La guéguerre FB-Twitter ne présente d’autre intérêt que de mettre en évidence leur puissance de manipulation de l’opinion . C’est une arme à double tranchant, et il n’est pas rare de se brûler en jouant avec e feu
Le patron de Twitter est un gauchiste et quand on l’est on perd toute raison, jusque à contraindre sa boite de censurer les opposants politiques. C’est dans leurs gènes de bannir la liberté d’expression!