Éducation nationale : l’inclusivité augmente et le niveau baisse

À mesure que l'Education Nationale se fait plus inclusive, le niveau des élèves s'effondre. Coïncidence ? Pas vraiment ...
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Jean Michel Blanquer By: MyScienceWork - CC BY 2.0

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Éducation nationale : l’inclusivité augmente et le niveau baisse

Publié le 23 octobre 2019
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Par h16

À mesure que se multiplient les affaires terroristes, celles portant sur le burkini, le voile et autres chiffons devenus politico-religieux par la force médiatique, force est de constater que la France souffre manifestement d’un petit souci de vivrensemble.

Le vivrensemble, c’est selon ses vendeurs – toujours effervescents lorsqu’il s’agit d’en fourguer des caisses entières – cette pâte miraculeuse un peu gluante qui servirait à colmater tous les trous sociétaux et coller ensemble toutes les briques nécessaires à la construction solide et fiable d’une civilisation à la fois respectueuse de tous, éco-consciente, apaisée, forte et surtout soluble dans la démocratie.

Malheureusement, à chaque affaire de tissu politisé, à chaque couteau déséquilibré, à chaque voiture folle, ce vivrensemble semble une nouvelle fois remis en cause. Et si l’on peut gloser de longues heures sur les motivations des uns et des autres à agir comme ils le font, on ne doit pas s’épargner de noter que tous, autant qu’ils sont, sont passés par l’école française, celle qui n’a eu comme but, surtout ces 30 dernières années, d’être toujours plus ouverte, inclusive et respectueuse à la culture de l’autre.

Une question s’impose alors : tous ces Français qui s’affichent résolument contre ce vivrensemble et refusent de façon de plus en plus marquée cette inclusivité gourmande, ont-ils séché les cours ? Sauf à considérer que l’ensemble du corps enseignant s’est systématiquement abstenu de faire son travail, et aurait refusé, des décennies durant, de ripoliner tous les programmes scolaires avec le gros rouleau de la société inclusive, on ne peut que conclure à un échec complet de la démarche : enseigner le vivrensemble, l’inclusivité et tout le tremblement, ça ne marche pas du tout, du tout, du tout.

En fait, tout se passe même comme si c’était exactement l’inverse : plus nos élites et une partie de la société bien-pensante décident d’accroître la quantité d’inclusivité, de vivrensemble et de sujets choupinous du même ordre, enseignés à l’école, et plus la société semble se cabrer, renâcler pour en arriver à un rejet maintenant aussi manifeste que violent de ces valeurs dégoulinantes.

L’hypothèse est hardie, mais elle mérite d’être étudiée : sur les 10, 20, 30 dernières années, le volume horaire des cours destinés à aborder ces sujets, ou plus exactement, leur insertion au forceps dans à peu près tous les domaines d’étude n’a effectivement cessé de croître. Cela déborde un peu partout, jusque dans l’éducation des professeurs eux-mêmes qu’on va syntoniser à grands coups de formations inclusives via des exercices parfaitement débiles qui ne débouchent bien évidemment sur rien d’opérationnel.

Il est de plus en plus loin le temps où l’école semblait se cantonner (avec succès, pourtant) à apprendre aux gamins à lire, écrire et compter correctement, et à fournir aux adolescents puis aux futurs adultes les bases d’un esprit critique apte à leur donner une colonne vertébrale culturelle et intellectuelle. Sans elle, difficile de faire des individus réellement autonomes et assez peu perméables aux idées extrémistes de tous bords.

À force d’inclusivité, de vivrensemble, de bonne conscience et de respect de tous et surtout de n’importe quoi, n’importe qui, n’importe quand dans une grande soupe relativiste tiède, on a abandonné tout espoir de former des personnes sinon intelligentes au moins raisonnables, espoir qui ne se concrétise qu’en passant du temps à étudier le français et l’argumentation, les mathématiques, les sciences, l’économie… Et pas en étudiant des sujets « à la mode » du moment.

Et cet échec se traduit très concrètement par une dégringolade du niveau global.

Certes, cette chute est devenue un véritable marronnier tant elle est à la fois connue de tous et niée avec véhémence par toute un partie de nos dirigeants.

Malheureusement, ce négationnisme politiquement correct ne tient guère devant les statistiques, précises et disponibles en provenance directe du ministère de l’Éducation nationale lui-même, notamment au travers de ses études pour différentes années (2007, 2017), qui permettent de faire une analyse des tendances depuis 1987. On pourra regarder les dernières de 2019, par exemple mars ici, ou septembre là, et le constat est sans appel : c’est un désastre.

Quant à l’explication (fameuse, récurrente et indépassable) du manque de moyen, on se permettra d’en rire grassement :

Cette baisse inquiétante provient en fait d’un mélange de facteurs depuis, par exemple, la hausse du temps passé par les élèves sur des écrans, en passant par une baisse des exigences tant du côté des parents que du côté de l’institution, jusqu’à l’inadaptation aux prérequis de base de plus en plus grande des programmes empilant les contraintes et les bidulotrons pédagogoliques qui font le bonheur d’une élite complètement déconnectée.

S’y ajoute le problème patent de la formation des professeurs, issus d’une génération qui a subi de plein fouet les réformes les plus néfastes (à commencer par l’introduction de la méthode globale), auquel on peut adjoindre les effets catastrophiques des dernières expérimentations loufoques à la Belkacem dont on commence déjà à percevoir les conséquences.

Décidément, l’école inclusive, le vivrensemble républicain, de plus en plus enseignés, partout, dans chaque classe, chaque établissement, ça marche moyen pour le dire gentiment : à force de ne surtout pas vouloir discriminer, de ne plus imposer d’exigence, à force de viser toujours plus bas pour être certain de ne jamais laisser personne derrière, on n’exige plus rien de personne, et chacun se retrouve progressivement poussé au niveau le plus bas. Et alors même qu’on constate que la mixité sociale dans les grandes écoles s’effondre et que la reproduction sociale n’a jamais été aussi forte, il ne semble pas y avoir la moindre prise de conscience au plus haut niveau, sauf pour lancer encore plus d’inclusivité et de vivrensemble.

Pire : non seulement, ça n’inclut pas des masses, ça vivrensemble de moins en moins, mais ça tourne au vinaigre de plus en plus souvent, à raison de 20 à 30 incidents graves en milieu scolairepar jour.

Décidément, l’école du vivrensemble, c’est bien mignon sur le papier, mais en réalité, ça ressemble beaucoup à une déroute complète. Pour les générations futures (celles dont se gargarisent parfois nos élus), il est grand temps de revenir aux fondamentaux.

De toute façon, pour les générations courantes, ce pays est foutu.
—-
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  • Foutu aujourd’hui mais moins que demain. Comment imaginer que notre futur puisse s’améliorer en sachant que nos élus détruisent méticuleusement le présent ? Il n’y a pas de prise en compte du réel et des dégâts qu’ils font subir au pays et aux habitants. L’on peut donc en toute logique dire que l’on devra reproduire le schéma des anciens pays communistes. Il faudra aller vers le pire, d’où l’on ne sort pas facilement. Même après 3 ou 4 générations de travail intensif. En actant dés aujourd’hui…sinon l’on repousse la reconstruction d’autant.

    • Comment imaginer que notre futur puisse s’améliorer ?

      Parce qu’il reste encore des gens qui ont envie de le construire. Des ingénieurs, des artisans, des ouvriers, et autres, qui s’en fichent des élus et comptent bien faire leur boulot malgré les élus.

  • Quand on ne veut plus « faire des individus réellement autonomes et assez peu perméables aux idées extrémistes de tous bords », il ne faut pas s’étonner qu’ils suivent ensuite le premier extrémiste venu.
    La pensée autonome, assise sur une bonne culture générale est le meilleur antidote aux aux idéologies. Toutes les idéologies.

  • La baisse de niveau touche plus ou moins la plupart des pays occidentaux et ce n’est pas un hasard.
    La France a juste appliqué avec un zèle particulier les consignes de l’OCDE, (zèle dû en partie aux idéologues staliniens de l’EN).
    « Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment a un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population. » (Christian Morisson, cahier d’économie politique OCDE n°13).
    Le pire, c’est qu’on n’a même pas diminué les dépenses!

    • « La baisse de niveau touche plus ou moins la plupart des pays occidentaux  » source ????

      • Le niveau a baissé car les exigences sont moindres du point de vue de la culture. Sous l’influence des Anglo-Saxons, une vision utilitariste de l’éducation a peu à peu prévalu.

        • Ça doit être pour ça que l’immense majorité des universités de prestige se trouvent dans le monde anglo-saxon, universités qui fournissent également la plupart des prix Nobel…

    • « aux idéologues staliniens de l’EN »
      En quoi sont-ils staliniens ? A mon humble avis, le petit père des peuples devait au contraire être très exigent sur la qualité de l’enseignement des bases…

      • Ils sont staliniens dans la mesure où ils détiennent la vérité et qualifient tous ceux qui ne pensent pas comme eux de déviants. Bref le débat est impossible avec les pédagauchistes…

    • En somme, la technique de la grenouille et de l’eau bouillante, mais inversée.

  • Et comme par hasard l’IS reprend du service

  • Mais qu’attendre de gens pour qui les taux d’intérêts négatifs sont positifs pour l’économie ❓

    • La réponse est assez simple. Certains riches en profitent, les autres perdent leurs économies. Cela renforce le pouvoir et les liens des individus qui gravitent autour. C’est un moyen pour extraire du jus d’un citron sec. L’économie étant morte, la croissance également, nos génies achètent du temps avec notre épargne. Je vous assure que c’est entièrement sous contrôle, ils savent exactement où ils vont. Ils ont un avantage énorme sur nous: le temps efface tout, surtout quand vous êtes à terre acculé de dettes et en pleine déprime. Dans ces cas là vous vous tournez vers l’Etat et vous réclamez plus.

  • allez hop tout le monde dehors on ferme , on fait le chèque éducation et chacun se démerde

    • Je vois d’ici la contre attaque : « Oh là bas, regardez, une école coranique payée par les merveilleux chèques éducation de la République !!! »

      (et en plus à ce qui parait l’école porte le voile)

  • « Si on veut des esclaves, il faudrait être fou pour leur donner une éducation de maîtres » Nietzsche. Ben oui..

    • L’intelligence est un poids en France. C’est un fardeau qu’il faut éviter de porter. Sinon vous partez à l’étranger directement. Rien que les voix de la Tv sont insupportables. Que dire des réunions entre amis/familles où l’on peut parler 3h à raconter du vide.

  • Il faut en conclure que mettre de l’argent la dedans ne sert plus a rien ou cet argent ne va pas du tout là où il faut et puis est ce vraiment utile cette ecole de la republique pour devenir tous jardinier ou trieur de dechets ?

    • c’est quoi le problème avec les jardiniers? y’a pas de sous métier monsieur..sauf pur les élitistes comme vous on dirait

  • Excellent article, comme à l’accoutumée.

    Le vivre-ensemble est diffusé par toutes les institutions en charge du conditionnement des esprits aux mains de la chienlit progressivement depuis l’après-guerre. L’EN en premier lieu, mais aussi l’université, la culture, les médias, les associations activistes… diffusent cette idéologie délétère. Sans oublié l’état lui-même bien entendu.
    D’autant plus délétère qu’elle ne place pas tous les acteurs dans le même panier. Le vivre-ensemble se fait sur le dos des accueillants accusés de tous les maux et de toutes les responsabilité de l’inévitable fiasco.
    Peut-on en conclure qu’au-delà de la propagande, le modèle (du vivre-ensemble), voulu par les mêmes, est lui-même une immense catastrophe ? Je crois que oui.

  • Déjà, quand ils ont collé « nationale » à « éducation », on aurait dû se méfier de cette appropriation autoritaire supprimant toute concurrence en la matière, favorisant cette dernière pour finalement être seul à imposer ses dogmes dont socialistes. En voici le résultat…
    Ils font pareil d’ailleurs avec la notion d' »intérêt général » à l’origine de toute les spoliations soit-disant légitimes..

  • « prise de conscience au plus haut niveau »
    Au plus haut niveau, on ne veut pas de compétiteurs pour ses enfants de ceux venus des basses couches.
    La prise de conscience au plus haut niveau, c’est la sélection par la géographie : si vous faites déjà partie de l’élite, vous habitez dans les beaux quartiers des grandes villes, là où on trouve les meilleures écoles « publiques ». Il n’y a pas de Lycée Henri IV dans le 9-3…

  •  » Si tu en arrives à une vie misérable et ennuyeuse parce que tu as écouté ta maman, ton papa, ton professeur, ton curé et je ne sais pas quel mec à la télévision qui t’a expliqué comment mener ta barque, c’est que tu le mérites.  »

    Frank Zappa

  • Mettre les choses dans l’ordre:
    Les Voilées nazislamistes n’accompagnent des sorties scolaires, et n’y font participer leurs djihadistes en herbe qu’a la condition de venir entorchonnées et assurer ainsi le prosélytisme totalitaire de l’Islam mortifère.

  • Excellent diagnostic. C’est con que Macron et Edouard Philippe ne sachent pas lire.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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