Jirô Taniguchi : (16) Sky Hawk / (17) L’homme de la toundra

Retour sur une œuvre atypique et originale, hors des sentiers battus. Par le maître et poète du manga japonais, Jirô Taniguchi : (16) Sky Hawk / (17) L’homme de la toundra.

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Jirô Taniguchi : (16) Sky Hawk / (17) L’homme de la toundra

Publié le 30 août 2019
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Par Johan Rivalland.

Suite de notre série, à travers deux autres œuvres de Jirô Taniguchi. Toujours l’évasion et la diversité des sujets et situations. Une première évocation, se déroulant lors de la période de la conquête de l’Amérique, la seconde nous plongeant dans l’enfer du Grand Nord.

Sky Hawk

L’idée m’a paru de prime abord étrange et, pour tout avouer ne m’a pas pleinement convaincu. Mais Jirô Taniguchi s’en explique à la fin de l’ouvrage. Une quarantaine de Japonais du clan Aizu ayant perdu la guerre de Boshin ont authentiquement migré vers San Francisco en 1869. Pourquoi, donc, ne pas imaginer cette histoire de deux samouraïs traversant les États-Unis d’Amérique à l’époque de la conquête de l’Ouest ?
Jirô Taniguchi rêvait depuis vingt ans de créer sa propre BD de western, mais ne semblait avoir aucune chance dans son pays de séduire un quelconque public. D’où l’idée de laisser place à l’imagination et puiser dans cette source d’inspiration pour accomplir ainsi son rêve et partir de ce prétexte (qui a d’ailleurs tout à fait sa part de séduction) pour s’appuyer ensuite sur les faits historiques et conter des pages glorieuses ou ici moins glorieuses de l’histoire des États-Unis ?

À travers leurs escapades, les deux hommes vont se trouver confrontés à une situation inattendue : l’accouchement en pleine nature d’une jeune Indienne qui s’est échappée de la propriété d’un riche cow-boy à qui elle appartenait désormais. De quoi leur apporter de très gros problèmes… Mais pouvaient-ils ainsi passer leur chemin et laisser cette femme et son enfant seuls dans le froid et sans défense ?
C’est le début d’une très longue aventure qui va nous mener sur pas loin de 300 pages dans la tribu indienne de Crazy Horse.
Une page importante de l’histoire des États-Unis s’ouvre donc devant nous, faite d’affrontements entre des peuples à qui appartenaient ces territoires depuis des temps immémoriaux et des hommes blancs avides de puissance (certains plus que d’autres) et prêts pour cela à renier leur parole, alors qu’un traité avait été signé, engageant le gouvernement américain à épargner les peuples indiens et les laisser disposer librement de certaines terres sacrées.

Certes, cette histoire n’est pas tout à fait, peut-on penser, dans le style habituel de Jirô Taniguchi et la sensibilité qui le caractérise, mais je trouve pour ma part au contraire que c’est force que de savoir se renouveler et diversifier ses créations.
On peut donc apprécier à sa juste mesure cette intéressante évocation des luttes entre peuples indiens d’une part, au nom de leur liberté, et peuple américain d’autre part, qui a soif de conquête et est désireux de s’emparer des territoires pour y faire passer sa superbe machine à vapeur, au mépris du respect de l’autre et de ses droits les plus fondamentaux. Sujet primordial.

Peu importe, donc, cette présence assez improbable de deux samouraïs parmi les indiens d’Amérique. Comme tous les Taniguchi, je n’ai pas lâché le livre sauf lorsque je n’en avais pas le choix et l’ai savouré pleinement.

Jirô Taniguchi, Sky HawkCasterman, octobre 2009, 283 pages.

L’homme de la toundra

Les nouvelles développées dans ce recueil sont d’intérêt inégal.
On peut, en effet, regretter la présence de deux d’entre elles (Kaïyosé-Jima, l’île où accostent les coquillages, et surtout Les appartements Shôkarô), qui n’ont aucun rapport avec le Grand Nord et ce qui constitue le charme et l’intérêt des quatre autres.

Cependant, la force et la qualité des quatre autres histoires (surtout les trois premières), inscrivent ce recueil dans le droit fil des grands chefs-d’œuvre de Jirô Taniguchi.

L’homme de la toundra est un superbe hommage à Jack London et aux peuples du Nord qui vivent dans les conditions terribles de la nature hostile et dangereuse. Une très belle évocation, aussi, de l’époque de la ruée vers l’or et de cet appât du gain qui peut faire perdre raison, à toute époque, à certains hommes.

Le grand ouest blanc est le point culminant de ce recueil, un moment d’intense suspense et d’angoisse, plongé dans l’univers du froid extrême, de l’absence de nourriture et d’une meute de loups affamés qui suivent sans relâche deux hommes et leurs chiens de traîneaux à travers des paysages déserts, silencieux et glacés. Frissons garantis…

Nos montagnes relate le duel qui va opposer un vieil homme et un ours, à travers les montagnes du Grand Nord, pour des raisons dramatiques que vous connaîtrez bientôt.

Retour à la mer, en fin de volume, s’inspire d’un livre intitulé L’île où retournent les baleines de Akinobi Bôgetsu. En profonde harmonie avec la nature…

Jirô Taniguchi, L’homme de la toundraCasterman, février 2006, 242 pages.

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