L’Iran joue un rôle destructeur en Irak, en Syrie et dans 12 autres pays

Une étude conjointe de deux organisations non gouvernementales européennes accuse l’Iran de s’immiscer dans les affaires de 14 pays à majorité musulmane du Moyen-Orient et de jouer un rôle destructeur dans les affaires politiques la région.

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Iran Teheran city of lights Arash Razzagh Karimi (CC BY-NC-ND 2.0)

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L’Iran joue un rôle destructeur en Irak, en Syrie et dans 12 autres pays

Publié le 29 mai 2019
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Par Sara Meshkati. 

L’étude de l’European Iraqi Freedom Association (EIFA), dirigée par l’ancien eurodéputé conservateur écossais Struan Stevenson, et de l’International Committee in Search of Justice (ISJ), deux ONG basées à Bruxelles, dresse un tableau désastreux de l’interventionnisme iranien dans la région et accuse le Corps des Gardiens de la Révolution islamique d’Iran (CGRI) d’être directement impliqué.

L’ingérence iranienne dans les affaires d’autres pays de la région est institutionnalisée et les hauts responsables du CGRI ont été directement impliqués. Le rapport critique le CGRI pour avoir entrepris une occupation cachée dans quatre pays, à savoir l’Irak, la Syrie, le Yémen et le Liban.

Dans les quatre cas, le CGRI a une présence militaire directe et considérable, étant précisé que la seule présence de troupes en Syrie représente des dizaines de milliers de troupes de milices affiliées au régime iranien. Cela comprend non seulement les Iraniens, mais aussi les djihadistes chiites sectaires recrutés, formés, financés et contrôlés par le CGRI, originaires d’Irak, d’Afghanistan et d’ailleurs.

Le rapport révèle les sites de 14 camps d’entraînement du CGRI où les recrues sont réparties en fonction de leur pays d’origine et des tâches qui leur sont assignées, qu’il s’agisse de combats au front ou d’activités terroristes internationales.

L’Iran impliqué dans des combats de première ligne

Chaque mois, des centaines de forces irakiennes, syriennes, yéménites, afghanes et libanaises, des pays où le régime iranien est impliqué dans des combats de première ligne, reçoivent un entraînement militaire et sont ensuite envoyées pour combattre ou pour mener des actions terroristes.

Selon les chercheurs à l’origine de cette étude, l’Irak est l’un des pays les plus touchés par l’ingérence et l’interventionnisme iranien. Même l’ambassadeur d’Iran en Irak, le brigadier général Iraj Masjedi, nommé à ce poste en janvier 2017, dirigeait auparavant le bureau irakien du CGRI.

L’Iran est de plus en plus encouragé à agir depuis que l’ancien Président des États-Unis, Barack Obama, a autorisé l’accord sur le nucléaire avec le régime de Téhéran, ont annoncé les ONG.

L’accord visait à limiter les ambitions nucléaires iraniennes qui avaient vraisemblablement pour but l’acquisition d’armes nucléaires en échange d’un allégement des sanctions. Ensuite, les sanctions ont été largement levées au début de l’année 2016 et l’Iran a bénéficié d’une influence financière et économique accrue, par la suite investie non pour son peuple mais pour déstabiliser plus d’une douzaine de pays du Moyen-Orient. La manne financière n’a pourtant point amélioré les finances de l’Iranien de la rue. Par ailleurs, depuis l’arrivée de Donald Trump, la situation a basculé. Le Président américain s’est retiré de l’accord et a rétabli les sanctions contre l’Iran.

Les principaux pays cités dans ce rapport sont les suivants : Arabie saoudite, Irak, Syrie, Yémen, Liban, Bahreïn, Turquie et Palestine. Les experts de la région considèrent cette dernière comme une sorte de campagne de relations publiques pour Téhéran. Une campagne pour renforcer ses références à l’islam en soutenant les Palestiniens contre Israël, tout en aidant les régimes de la région à écraser les communautés de réfugiés palestiniens.

Contre les Palestiniens

Un exemple frappant du soutien de l’Iran à la répression brutale contre les Palestiniens est celui qui a eu lieu en Irak après l’invasion menée par les États-Unis en 2003, où les réfugiés palestiniens étaient perçus par l’Iran et leurs djihadistes chiites comme des pro-Saddam Hussein. Une assistance iranienne visant à tuer des Palestiniens a également été fournie dans le camp de réfugiés de Yarmouk en Syrie, pendant la guerre en cours contre le dictateur Bashar Al-Assad.

Parmi les recommandations figurant dans les conclusions, le rapport indique que le CGRI devrait être désigné comme une organisation terroriste en Europe. Les interventions et le terrorisme du CGRI pendant quatre décennies sont à l’origine de la crise actuelle dans la région. Les ONG ont également recommandé de sanctionner toutes les sources de financement et les sociétés affiliées au CGRI, ainsi que de lancer des efforts internationaux pour dissoudre les groupes paramilitaires et les réseaux terroristes affiliés à la Force Qods du CGRI.

Ces mêmes Gardiens de la Révolution ont été classés comme organisation terroriste par les États-Unis le mois dernier. Une mesure accueillie plutôt favorablement par la population iranienne maudissant cette force corrompue qui accapare l’économie iranienne et est considérée par les Iraniens comme la source du fiasco économique du pays. Plutôt que de se soucier de leurs relations avec le pouvoir iranien, les gouvernements européens devraient avoir une politique favorable à la stabilité de la région et surtout soutenir les Iraniens qui manifestent quotidiennement dans les rues et sont réprimés brutalement par les Pasdarans, l’autre nom donné au CGRI.

 

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  • a ce compte les etats unis font la meme chose, la france egalement , il suffit de constater la presence francaise en afrique par exemple, la repression violente de la police contre la population francaise, a travers les gilets jaunes. encore des ong financees par nos impots qui ne servent a rien

  • L’AS avec ses financements de bigots dogmatiques, ce n’est pas mieux, sans oublier le Quatar, et la Turquie qui sèment aussi leurs grosses merdes.

  • Ces ONG européennes sont-elles objectives? On ne diit pas oublier l’inféodation de l’UE aux Etats-Unis, pays dont la politique étrangère est dominée par les néo-conservateurs favorables à l’hégémonie israélienne dans la région.
    Sur ce registre, tout au long de la guerre en Syrie, ceux qui avaient des sources directes peuvent témoigner de la désinformation qu’ont relayée les médias français, et plus largement, européens.
    Il ne s’agit pas ici de défendre tel ou tel régime, ce qui est un autre sujet.

    • « Etats-Unis, pays dont la politique étrangère est dominée par les néo-conservateurs favorables à l’hégémonie israélienne dans la région »
      Eh beh ce qu’il ne faut pas lire…
      1 : le State Department ne vaut pas mieux que le Quai d’Orsay
      2 : les néo-conservateurs ne sont plus vraiment à la mode, leur délire d’apporter la démocratie à coup de canon ayant explosé au contact du réel (sans parler du fait qu’une bonne partie d’entre eux sont des Never Trumper assumés). Trump est tout sauf un néo-con, il s’est clairement opposé à eux à de nombreuses reprises
      3 : si Israël est « hégémonique » dans la région, c’est tout simplement parce que c’est la seule démocratie libre de ladite région, ses voisins étant un catalogue de ce qu’il ne faut pas faire pour se développer convenablement, et pas parce que « Oncle Sam » en a décidé ainsi

      Sur le sujet de la « désinformation des mé(r)dias français » (et pas que français), sur la Syrie comme sur de nombreux sujets (pour ne pas dire sur pratiquement TOUS les sujets, et ce depuis des lustres) : scoop…

      • 1- complètement d’accord
        2- les nèoconservateurs ne sont plus à la ode, mais il n’empêche que le PNAC (Project for a New American Century) a été concocté par eux. Et les chrétiens évangéliques qui soutiennent Trimp sont sur cette ligne
        3- ça dépend ce qu’on appelle démocratie. Au minimum que tous les citoyens aient les mêmes droits, non?

        • OK, j’ai affaire à un con…

          Pas la peine de se braquer : quelqu’un qui me sort la ritournelle « tous les citoyens ayant les mêmes droits » (ce qui est le cas en Israël : faut-il ENCORE rappeler que des arabes israéliens sont juges à la Cour Suprême, officiers supérieurs dans l’armée, directeurs d’hôpitaux, pharmaciens (70% des pharmaciens de la plus grande chaîne israélienne sont arabes),… et qu’ils ont des partis (représentant moins que leur pourcentage dans le pays, notons en passant qu’une bonne partie d’entre eux votent tout simplement pour des partis israéliens « lambdas ») à la Knesset qui passent leur temps à maudire le pays dont ils sont les représentants ?) et qu’il me donne Slate comme appui argumentaire (il ne faut pourtant pas être une lumière pour comprendre qu’un article prétendant que l’abandon de l’arabe comme langue officielle va « mettre totalement à l’écart » les arabes [genre depuis 70 ans ils ne parlent pas tous l’hébreu… et s’ils ne le parlent pas, c’est LEUR problème, pas celui de l’Etat] est une boufonnerie sans nom écrite à charge), il m’est difficile d’utiliser un autre terme pour le définir. Après tout, ceux qui osent tout, ce qui fait qu’on les reconnait, ce sont… ?

          Enfin, disons que d’autres définitions me passent par la tête (la règle des 3D, par exemple), mais qu’en absence de plus d’éléments, je vais rester généreux.

          PS : Le PNAC est un think tank néoconservateur américain ayant fonctionné de 1997 à 2006. Faudrait penser à actualiser un peu ses « arguments »…

          • Le rapport de ce think tank sur la stratégie impérialiste américaine pour le siècle n’est évidemment pas un texte ponctuel. Il a influencé les orientations du Pentagone suite aux attentats du 11/9

            • Bon. Visiblement vous faites partie de ces critiques systématiques des « laquais de l’impérialisme américain »… Vous m’excuserez mais j’ai connu de très près vos semblables depuis le début des années 60, ça m’a suffit.

              Continuez à soutenir tout ce qui combat les USA et Israël… Vous serez en « bonne » compagnie.

            • Quant â Istaël, on ne peut passer sous silence certaines déclarations de Ben Gourion ou ce genre de témoignage:
              https://arretsurinfo.ch/occupant-israelien-un-ex-militaire-francais-denonce-lhorreur-en-palestine/
              On ne peut pas, à mon avis, se voiler la face en répétant qu’Israël est un Etat démocratique. On ne peut ignorer que nous avons là le germe d’un conflit majeur.

              • Citation de votre lien : « Ce conflit dure depuis 1967 »
                C’est sur que les massacres de juifs à Hébron en 1929, ils datent de 1967…
                Je ne m’attarderai pas plus à commenter ce torchon, rempli de tellement de mensonges que cela en devient un cas d’école. Je ne vais pas perdre plus mon temps avec quelqu’un qui, j’en ai maintenant la certitude, est bien plus qu’un con vu les égouts auxquels il s’abreuve.

  • Article intéressant. Je pense qu’il faudrait sortir du prisme du conflit israélo-palestinienne ou d’un anti américanisme primaire pour comprendre l’objet de cette synthèse. En se mettant à la place du peuple iranien qui souffre sous une dictature fasciste islamiste qui déforme l’islam on peut mieux comprendre les préoccupations présentées par les ONG mentionnées. L’essentiel de l’économie iranienne est accaparé par les Gardiens de la révolution qui participent à la répression et de plus sont une source de guerre et de malheur pour les peuple de la région. Merci d’avoir attiré notre attention sur ce sujet.

  • L’article est rédigé par Madame Sara Mechkati , se déclarant  » avocate en droit des contrats à Paris  » , mais non inscrite à un barreau français ; elle déclare collaborer avec une  » Fondations (sic) d’Etudes pour le Moyen-Orient  » (FEMO) ; elle publie une étude de deux structures, l’ European Iraqi Freedom Association (EIFA), et l’International Committee in Search of Justice (ISJ), deux ONG basées à Bruxelles ; cette étude n’ayant pas été publiée .L’on se souvient : https://www.youtube.com/watch?v=B4GC-3wYGgU
    Ces trois structures ne seraient-elles pas des faux nez de la CIA ?

    • Très bien vu ! On trouve ça et là des experts auto-proclamés, purs nervis pro-américains.

    • Eschyle 49, il y a certes une faute de frappe sur mon nom dans mon portrait en début d’article: Meshkati et non Mechkati. Toutefois, si vous aviez fait preuve de plus de rigueur dans vos recherches, vous auriez vu dans l’annuaire du Barreau de Paris, que je suis bien inscrite à l’Ordre.

      S’agissant des rapports dont vous contestez l’existence, vous trouverez le lien permettant de le consulter ci-dessous:

      http://isjcommittee.com/2017/03/rapport-isj-eifa-le-role-nefaste-des-gardiens-de-la-revolution-cgri-pasdaran-au-moyen-orient/

      Concernant la vidéo à laquelle vous faites référence, je ne vois pas le rapport entre l’Irak de 2003 et la République islamique de 2019!

      Par ailleurs, je ne prétends pas être un « expert », mais en tant qu’avocate franco-iranienne, j’ai une connaissance suffisante de ce grand pays dont je suis l’évolution depuis mon plus jeune âge.

  • Article très interessante et lucide.
    La fin du régime terroriste est proche et et ses jours sont comptés, Il suffit que l’occident cesse sa politique de complaisance et la paix s’installera dans la région.

  • Belle démonstration de la conception américaine de sa politique dans la région !
    Car au fond, appeler à la révolte des Iraniens contre le régime, quels qu’en soient ses défauts et fautes, c’est l’objectif des Etats-Unis.
    Les Etats-Unis, alliés des pays du golfe producteurs de pétrole, ne veulent en aucun cas l’existence d’une puissance régionale comme l’Iran.
    La politique américaine des sanctions économiques contre ce pays, également imposée au monde entier, n’a probablement pas de précédent. Car enfin punir toutes les entreprises dans le monde commerçant en dollar avec un pays, on n’a jamais vu cela.
    Acquiescer aux mesures interdisant à des grandes entreprises comme Peugeot-Citroën de commercer, et les contraindre à se désengager de l’Iran, est totalement contre-productif.
    L’alliance objective entre les USA, Israël et les pays du golfe, sert, au-delà de la question pétrolière, cette politique.
    Résultat ; l’Iran, ostracisé depuis la crise des otages américains à Téhéran de 79/81, et aujourd’hui assiégé économiquement, connaît un très fort sentiment national, voire nationaliste.
    C’est précisément sur ce sentiment que le régime des mollahs, qui aurait pu n’être qu’une expression momentanée de la révolte de la population contre le régime du Shah, a pu se reposer et se maintenir.
    Beaucoup d’Iraniens, en privé, disent souffrir de ce régime religieux, mais aussi l’accepter parce qu’il reste, au fond, le seul ciment de la nation et de l’indépendance du pays.
    L’encerclement international de l’Iran l’a fait se rapprocher progressivement de la Russie et de la Chine ; beau résultat en effet pour les Etats-Unis !
    La recherche délibérée de l’effondrement du régime des mollahs par la politique des sanctions est un pari extrêmement risqué ;
    On sait en effet que l’état iranien, de type républicain, est en réalité structuré en doublon avec le parti islamiste.
    Et sa colonne vertébrale est l’armée.
    Si les Etats-Unis arrivent à détruire le régime à la faveur d’une « révolution de printemps », (pour ne pas dire « printemps arabe » dans un pays qui ne l’est pas), ou encore par les armes, ils détruiront l’état iranien tout entier.
    C’était leur objectif en Syrie. Mais le plan a réussi en Iraq ; la démobilisation massive de l’armée a détruit purement et simplement l’état iraquien. Avec les conséquences que l’on sait…
    Comment donc s’étonner (et s’offusquer) que l’Iran, via les gardiens de la Révolution, veuille combattre tous azimuts son encerclement agressif en exportant le combats dans sa zone d’influence ?

    • Les Etats Unis n’ont aucune raison de soutenir un régime qui a renversé un de leurs anciens alliés, qui les a toujours combattu avec un acharnement maximum (la prise d’otage de Téhéran étant la partie émergée de l’Iceberg de la guerre Iran Irak)
      Quant à moi francais, voir un pays démocratique (les USAs) combattre une théocratie rétrograde (les mollahs à la tête de l’Iran aujourd’hui), j’approuve. Quant aux méthodes utilisées, Les mollahs ne respectant que le langage de la force, ils ne laissent pas le choix.

  • merci pour cette éclairage pertinente.

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