Européennes : l’antilibéralisme comme programme commun aux partis

Européennes : du copié-collé dans les propositions économiques des partis français ! Leur programme se résume à l’antilibéralisme durable.

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Européennes : l’antilibéralisme comme programme commun aux partis

Publié le 23 mai 2019
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Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe

Il y a quelques jours, un conseiller régional mélenchoniste qui avait participé à la campagne présidentielle du leader des Insoumis en 2017 annonçait son soutien à la liste du RN (Rassemblement National), « la seule liste souverainiste qui met en avant l’indépendance de la France », selon lui, tout en précisant que seule Marine Le Pen l’avait « rassuré » sur les « questions sociales ».

Surprenante pour certains, cette prise de position n’est en réalité nullement étonnante tant les programmes et les propositions de ces deux partis se ressemblent. L’anti-libéralisme est leur ADN, d’où leur haine envers l’Europe, l’Amérique, la mondialisation et le libre-échange qui seraient les causes du malaise français.

Le libéralisme, drôle de coupable dans un pays qui est champion du monde des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires ! Les similitudes entre les deux partis vont au-delà des prétendues « origines de nos malheurs économiques ». Leurs programmes pour les élections européennes visent la « justice », fiscale et sociale. La France est forcément la victime des autres qui auraient forcément mal agi : le terme de « justice » sous-entend une action injuste et incorrecte de la part des autres.

Le RN par exemple propose que le « juste-échange » remplace le libre-échange. Selon ce parti, « La multiplication des accords de libre-échange de l’Union européenne avec tous les pays de la planète fait subir à notre économie une concurrence déloyale qui a déjà quasiment tué notre industrie et tuera demain notre agriculture ».

Il faudrait « rétablir des protections douanières aux frontières de l’Europe », c’est-à-dire taxes, quotas et contingentement : des propositions qui ne feraient qu’achever ce qui reste de nos producteurs et autres viticulteurs dont le chiffre d’affaires est largement dépendant des exportations.

Pour ce qui est de l’industrie, c’est bien l’État français, ses propres impôts, taxes et charges, sans oublier les syndicats, qui l’ont tuée ! Bizarrement, le RN se prononce en faveur d’une « baisse des impôts pour les Français » et contre une « harmonisation sociale européenne » afin de « préserver notre pouvoir d’achat ». Incongru alors que ce parti ne cesse de dénoncer le « dumping fiscal et social » et la baisse du pouvoir d’achat en France.

Pour la FI, La France insoumise, il faut « mettre au pas la finance, en finir avec le dumping social et fiscal », « mettre fin au dumping et imposer l’harmonisation sociale par le haut grâce à une clause de non-régression des droits sociaux dans les pays les plus protecteurs » et « accorder la primauté au droit du travail sur le droit de la concurrence en cas de conflit y compris entre un droit du travail national et le droit de la concurrence européen. »

Toujours les mêmes soucis de protectionnisme, en mettant « en place des écluses douanières dans l’UE par groupes de pays pour stopper les délocalisations internes à l’UE et obliger à l’égalisation sociale. » Comme le RN, ce parti veut « assurer la souveraineté alimentaire et le refus du modèle d’agro-business tourné vers l’export hors de l’UE ».

Tout cela dans un grand souci écologique : pour le RN, « le libre-échange dérégulé est profondément anti-écologique », et pour la France Insoumise, il faut « mettre en place une planification écologique européenne » et sans attendre, dire « Stop au libre-échange, vive le protectionnisme solidaire ! ».

« L’humain au cœur du combat communiste » ! Il faut oser

D’ailleurs, les mêmes soucis de « justice » se retrouvent dans les programmes du PCF et du PS. Ce dernier veut « défendre la construction d’un modèle social européen face à la mondialisation déloyale », « lutter contre les inégalités et réussir la transformation écologique ».

Comme il va de soi, « les investissements seront massifs grâce à un budget de la zone euro » et la priorité sera accordée à l’industrie nationale. Pour le PCF, « l’écologie et l’humain sont au cœur du combat communiste » ! On pourrait en rire si ce slogan n’était pas une insulte et du mépris à l’égard des dizaines de millions de victimes du communisme

Le PCF demande de « rompre avec l’Europe de la concurrence, de l’austérité et du chômage. L’Union européenne doit investir dans la réponse aux besoins humains et écologiques. Au lieu de faire du dumping social, il faut une harmonisation des salaires entre les travailleur.ses européen.nes (sic) et entre les femmes et les hommes, harmonisation des droits sociaux par le haut en prenant comme référence le pays où le droit est le plus favorable. Il faut des mesures drastiques contre les délocalisations et un investissement dans les secteurs industriels stratégiques pour développer l’emploi et engager sérieusement la transition écologique. »

Vive le « procureur commercial européen » !

La liste Renaissance de LREM se veut en faveur de l’Europe, mais une Europe qui « protège dans la mondialisation ». Pour ce qui est de l’économie, les similitudes aves les autres partis sautent aux yeux : « Il faut créer un budget pour la zone euro avec trois fonctions (investissements d’avenir, assistance financière d’urgence et réponse aux crises économiques). »

L’accès à ce budget sera conditionné au respect de règles communes en matière fiscale et sociale (pour éviter le dumping au sein de la zone euro). Il faut une « concurrence mondiale équitable, qui protège les entreprises européennes et le renforcement des instruments anti-dumping, qui doivent être plus dissuasifs et plus réactifs ».

De même, il est question d’un « Buy European Act » qui n’ouvrirait les marchés publics européens qu’aux seules entreprises localisant au moins la moitié de leur production en Europe. Il y aurait même un « procureur commercial européen » ! Bien entendu, tout cela afin de créer une « Europe du développement durable et de l’écologie ».

« Des barrières écologiques » et un « Haut Commissaire au Climat »

Nobles projets qu’on retrouve aussi dans le programme des Républicains : une « Europe qui protège face à la mondialisation ». Pour la droite française, il faut « instaurer une barrière écologique, grâce à la mise en œuvre de droits de douane anti-pollution sur les produits importés de pays qui ne respectent pas nos normes environnementales ou sociales » et même « mettre en œuvre un Plan européen pour le climat, piloté par un Haut-Commissaire européen pour le climat et la biodiversité » !

Il faut aussi une « Europe qui défend nos entreprises, nos emplois et nos intérêts face aux géants de la mondialisation, une Europe qui renoue avec la préférence européenne et française pour nos entreprises (un Buy European Act, bien entendu !) », sans oublier de « faire cesser le dumping social au sein de l’UE ». Les taxes ne sont pas oubliées : il faut « mettre en place une taxe d’égalisation des géants extra-européens du numérique (dits « GAFAM » pour Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), pour financer l’investissement public européen dans la recherche et l’innovation, notamment dans l’intelligence artificielle » et le budget européen de l’agriculture doit être pérennisé.

Les programmes économiques pour l’Europe des partis français, c’est pratiquement du copié-collé ! Ils ne pensent qu’à protéger, quand outre-Atlantique ou en Asie on cherche surtout à innover et entreprendre. La question vient presque naturellement, d’ailleurs : pourquoi tous ces partis ne s’unissent-ils pas pour constituer une liste commune intitulée : Le Parti de la France antilibérale durable, équitable et bio à l’assaut de l’Europe !

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  • Les programmes des partis sont à l’image de la population, vive le gosplan!

    Tout comme les dernières présidentielles où il n’y avait que des candidats socialistes ou communistes.

    Les français raffolent de l’économie planifiée et administrée
    Il vénèrent l’Etat Dieu, il crèveront par l’état.

    CPEF

  • bah , il faut bien que certaines organisations profitent de la richesse créée par d’autres, par ailleurs ce sont ls détenteurs de capitaux privés , là ce sont les détenteurs du pouvoir fiscal que leur confère un électorat au QI a 2 chiffres..qui pensent que çà va leur profiter et se retrouvent a pole emploi

  • On dit souvent qu’on a les politiciens qu’on mérite et par là même les programmes qu’on mérite. Je suis en revanche moins convaincu par l’idée que ces hommes politiques et leur programmes bolcheviques représentent vraiment la France.

    Ces programmes représentent la catégorie de personnes qui font des carrières politiques intégrales sans avoir pratiquement jamais mis les pieds dans une entreprise sauf peut être dans une grande banque ou dans les méandre administratifs du management d’une entreprise du cac 40.
    Les politicards sont des profs dans l’âme. Souvent des fonctionnaires (souvent des profs pas que dans l’âme), et la plupart du temps des carriéristes. A part leur petit monde de vieux, de fonctionnaires de carriéristes et de médias ils ne représentent pas grand chose. Mais pouquoi n’a t’on que ces étrons intellectuels comem têtes de liste: Parce que les gens qui bossent n’aiment pas faire les clowns devant des médias malhonnêtes, parce qu’ils gagnent leur fric et que ça leur prend du temps.
    Par opposition, les carriéristes politiques sont payés grassement pour justement dépenser le fric des autres à la place de gagner le leur. Ils ont le temps: Le marché ne les force pas à faire de la qualité à faire du chiffre à devoir mériter leur salaire. Ils le touchent qu’ils soient bons ou pas: Ils ont des rentes de position.

    Or la politique est un « métier » de rentier. Les entrepreneurs ne sont pas des rentiers. Les travailleurs non plus. Le peuple n’est pas rentier. Les élus ont des rentes: Leur paye est assurée pendant tout leur mandat. La banqueroute ne les contraint pas à s’occuper de leurs affaires. Ils n’ont donc que ça à foutre que de s’occuper des vôtres.
    N’est ce pas un peu ça l’essence du socialisme: Passer son temps à se mêler des affaires des autres? Pourquoi croyez vous que les « plus grands penseurs » du socialisme sont quasi systématiquement des gosses de riches et que les enragés gauchistes qui viennent du bas finissent soit oubliés soit dictateurs sanguinaires? C’est un sport de riche ou d’acharnés monomaniaque la politique. c’est pas pour les gens normaux qui respectent leur prochain et ont des valeurs de respect d’autrui.

  • Ah la planification à la soviétique, à commencer par l’extermination de pans entiers de la population. Avec les socialistes, les camps ne sont jamais loin.

  • Pour déterminer son choix, il faut savoir à quel parti européen va adhérer le parti français pour qui on vote. Il me semble que le PPE est encore le parti européen le moins antilibéral. Or LR va adhérer au PPE (alors que LREM va adhérer à l’ALDE).

    • Le libéralisme suppose le libre-échange, mais aussi la subsidiarité et donc, des décisions au plus près du terrain. La construction européenne est, de ce point de vue, non libérale et non démocratique.
      Et le PPE a toujours soutenu cette construction avec les sociaux democrates.

  • Après le plombier polonais, les gauchistes s’en prennent au saisonnier equatorien. Le nationalisme est consubstantiel au socialisme des lors que ses clients sont menacés.

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