Pourquoi les salaires ne doivent pas dépendre du mérite, selon Hayek (Vidéo)

S’il est impossible de déterminer objectivement le mérite de quelqu’un, a-t-on le droit de mettre en place un système qui déterminerait comment chacun doit être payé en fonction de ce qu’il fait ?

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Pourquoi les salaires ne doivent pas dépendre du mérite, selon Hayek (Vidéo)

Publié le 10 février 2019
- A +

Par Corentin de Salle.

Imaginons une rock star qui gagne 1 000 fois plus d’argent que le violoniste qui a remporté un concours international de musique classique. On peut soutenir que, économiquement parlant, il comble 1 000 fois plus de demandes dans le public que ne le fait le violoniste lauréat.

Mais, dans l’absolu, il n’est pas possible de s’entendre de manière unanime sur l’identité du plus « méritant » des deux.

S’il est impossible de déterminer objectivement le mérite de quelqu’un, a-t-on le droit de mettre en place un système qui déterminerait comment chacun doit être payé en fonction de ce qu’il fait ? Corentin de Salle analyse ici la position de Hayek sur cette question importante.

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  • On ne peut qu’être d’accord avec l’idée de Hayek que l’objectif de récompenser chaque membre de la société au prorata de son mérite personnel est inatteignable,
    – parce que c’est un objectif qui suppose que les gens sont d’accord sur ce qu’est un plus grand ou un plus petit mérite, alors qu’ils ne le sont pas,
    – parce que, pour poursuivre un tel objectif, il faudrait un inspecteur derrière chaque personne, chargé d’évaluer les efforts qui sont réalisés et les difficultés qui sont surmontées par la personne, ce qui est un projet, non seulement de mégalomane totalitaire, mais destiné à échouer nécessairement puisque l’on ne peut pas évaluer et comparer entre elles des choses aussi subjectives.

    Hayek n’a, en revanche, jamais répondu (à ma connaissance) à cet autre type d’argument : l’existence de l’héritage renforce l’absence de méritocratie dans une société, au sens où elle décorrèle encore davantage le patrimoine détenu par une personne des efforts qu’elle a fournis. Quand les saint-simoniens défendaient la méritocratie avec leur slogan “à chacun selon sa capacité, à chaque capacité selon ses œuvres”, ils ajoutaient “plus d’héritage !”. C’était la vraie doctrine de Saint-Simon, que Hayek connaissait très bien. Pourtant il n’a jamais répondu à la fin de ce slogan, qui appelle un tout autre type de contre-argument, puisque la taxation de l’héritage
    – ne nécessite aucun accord entre les citoyens sur ce qu’est un plus grand ou un plus petit mérite,
    – ne nécessite pas l’emploi de méthodes totalitaires,
    tout simplement parce qu’elle ne vise pas du tout à réaliser une société méritocratique à 100 %, mais simplement une société un peu moins éloignée de la méritocratie.

    À ce sujet, il est remarquable que James M. Buchanan ait prôné une forte taxation de l’héritage en dépit de convictions libérales très proches de celles de Hayek.

    Merci pour cette vidéo très intéressante.
    Cordialement.

    • L’héritage est un don. Un simple don, qui se produit à la mort du donneur, au profit du donnataire.
      Lorsque vous donnez de l’argent à une oeuvre, cette oeuvre n’est pas rentière, pour autant. Choisir à qui va son argent après sa mort n’est pas plus immoral qu’un don à l’église, à la science, à un orphelinat etc…
      Pourquoi le fait que l’héritage reste souvent en famille est il choquant? Je ne suis pas certain mais je pense qu’il s’agit d’une bête jalousie.

    • L’essentiel de l’héritage est d’un autre ordre que l’aspect strictement matériel.

      Transmettre un héritage est au cœur de la nature humaine, au cœur du rôle de parent. Les enfants héritiers sont ce que sont leurs parents. Leurs mérites propres s’ajoutent ensuite. Pour les héritiers, l’héritage est d’abord un devoir avant d’être un droit, le devoir de transmettre à leurs propres enfants ce qu’ils ont reçu en héritage. Taxer ou même supprimer l’héritage est un processus de nature totalitaire en ce qu’il implique la négation ou la destruction de la nature humaine. Ce n’est pas un hasard si tous les totalitarismes cherchent à séparer les enfants de leurs parents et veulent la destruction de la famille.

      A propos de Buchanan et de l’héritage, on vous conseille une fructueuse lecture qui remet les pendules à l’heure : « James Buchanan on inheritance: a critique », de Walter Block.

      « One motivation, certainly an important one, likely to be felt by most entrepreneurs, is to leave a bequest upon demise, so that one’s heirs and loved ones may share in the fruits of one’s entrepreneurial activities. »

    • La taxation de l’héritage est une injustice entre héritiers : il y a ceux qui pourront payer les droits de succession avec les donations reçues précédemment ou grâce au fruit de leur propre travail, et ceux qui devront vendre pour payer ces droits. Puis il y a ceux qui héritent d’une assurance-vie permettant de payer les obsèques du parent défunt.
      Vous oubliez aussi un paramètre : l’âge au moment d’hériter. L’héritier a peut-être déjà prouvé sa valeur au moment d’hériter. Ou bien, le fait que ses parents aient acquis une certaine « fortune » lui a permis de réaliser quelque chose de plus grand que ce qu’il aurait fait sans cet apport.
      En clair : c’est compliqué ! Mais la justice reste de dire que les parents ont déjà payé des impôts sur ce qu’ils ont mis de côté et qu’il est injuste de taxer une 2e fois.
      Enfin, ne vaut-il pas mieux, pour la société dans son ensemble, des familles ayant « amassé » une certaine fortune, et donc parfaitement autonomes financièrement, que des familles à la limite d’avoir besoin des aides de l’Etat ? Quand on veut réduire l’omniprésence de l’Etat, la réponse s’impose.

      • @ RaphSud
        Toute taxation d’un défunt peut être considéré, à tort, comme un vol à la personne décédée et, d’ailleurs, cela n’est pas taxé.
        Par contre, ce qui est taxé, c’est en fait, la transmission « d’argent » (cas habituel) d’une personne à une autre: appelons ça transaction.
        Donc l’idéal (en social-démocratie européenne), c’est qu’une personne soit taxée sur les transactions (mais pas sur les capitaux).
        Le marché n’existe que par les transactions: la TVA nous le rappelle et toute somme passant d’une main à l’autre est donc taxable.
        Un bien immobilier est taxé sur l’usage présumé qui en est fait par le propriétaire: taxe foncière, mais le capital n’a pas à l’être, comme on ne taxe pas les actions mais les dividendes.
        Donc on ne taxe pas le bien du défunt mais la transmission aux héritiers (transaction).
        Les taux appliqués, c’est autre chose.

        • La TVA nous rappel juste que nous sommes dirigé par une mafia qui a recours à tout les moyens possible pour voler la population asservie.

        • Un héritage n’entre pas dans le cadre de l’échange volontaire à l’origine de toute création de richesse. Il s’agit d’une simple transmission d’un stock de capitaux laissés en l’état par le défunt. L’héritier prenant la place du défunt, il devient l’équivalent du défunt. Le défunt, du fait de son état, ne pouvant rien recevoir au titre d’un échange quelconque, l’héritage ne peut être confondu avec un échange volontaire entre deux parties.

          Un héritage est strictement équivalent au fait de passer un billet de votre poche gauche à votre poche droite. De manière identique, faire le cadeau d’une pièce à son enfant pour qu’il s’achète des bonbons n’est pas une transaction. Il n’y a pas d’échange volontaire. Ce n’est pas une transaction.

          Avec l’héritage, il n’y a aucune valeur ajoutée, pas de création de richesse, pas de revenu, aucun flux nouveau. Il n’y a donc aucun revenu à taxer. C’est bien le capital qui est taxé et littéralement détruit par les droits de succession. Seuls d’éventuels frais d’enregistrement sont justifiés, uniquement pour leur coût forfaitaire, au prix de l’enregistrement d’une ligne dans une base de données.

          Les pays les plus avancés suppriment progressivement les droits de succession (après avoir supprimé l’ISF). Les pays sous-développés ou en voie de sous-développement les maintiennent à des taux élevés : leurs gouvernants n’ont toujours rien compris aux principes économiques les plus élémentaires et, du fait de leur incompétence crasse, ruinent leurs pays.

  • « S’il est impossible de déterminer objectivement le mérite de quelqu’un, a-t-on le droit de mettre en place un système qui déterminerait comment chacun doit être payé en fonction de ce qu’il fait  »

    c’est simple les gens sont payés en fonction de ce qu’ils rapportent. Point.
    un pousseur de ballon rapporte des millions , il gagne des millions..
    un chirurgien sauve des vies , il touche un salaire point..

    bienvenue dans la vie réelle

    • Ce qui est difficile, voire impossible, c’est d’évaluer la valeur des vies sauvées par le chirurgien. De là à chercher à évaluer ce que rapporte un chirurgien, bon courage! On risquerait d’en arriver à ce que le chirurgien exerce ses compétences selon les règles d’un marché? Et là on en revient à la perception du mérite, à savoir l’utilité des compétences du chirurgien au bénéfice de la société.

    • @ claude henry de chasne
      Bon, tous les chirurgiens ne sont pas salariés, heureusement!

  • Très bon exposé. Merci.
    Le mérite n’est pas la valeur.

  • Entièrement d’accord avec cette vidéo. Ce n’était pas gagné au départ, parce que le titre et le sous-titre m’ont rebutée : « Pourquoi le salaire ne doit pas dépendre du mérite » et « s’il est impossible de déterminer objectivement le mérite de quelqu’un etc». Or dans la vidéo, l’auteur nuance ces propos : oui les salaires dépendent du mérite dans les entreprises et oui on peut objectivement déterminer le mérite de chacun au sein d’une entreprise. En revanche, on ne peut pas comparer les salaires entre des domaines différents (le footballeur et le musicien ou le philosophe). Et surtout, le cas des fonctionnaires est à traiter à part, car dans le cas des entreprises privées le marché régule les salaires (l’entreprise ne peut pas non plus verser plus que ne rapportent ses produits) ce qui n’est pas le cas dans le public, où les salaires sont payés par ponction sur les revenus des con-tribuables (dont plus de la moitié sont exonérés….).

    • Je nuance mon propos : effectivement mérite et valeur ne sont pas des synonymes. C’est d’ailleurs pourquoi le dogme « à travail égal salaire égal » est injuste car 2 salariés faisant le même boulot mais ne s’impliquant pas de la même manière peuvent logiquement avoir un salaire différent…

      • Concernant le dogme en question, tout dépend de la définition qu’on donne au travail.
        Si c’est juste l’intitulé du poste, alors oui c’est injuste.
        Mais si on inclut le travail réel, l’implication, l’amélioration du travailleur, là ça devient beaucoup plus juste.

  • sujet typiquement absurde: qui est capable de définir un salaire ex-abrupto ? personne. Rien n’est juste ou injuste, simplement certaines activités créent davantage de richesse que d’autres à un moment donné, et le rapport de force pour prendre sa part de richesse définit la rémunération… Sinon c’est du communisme bisounours pour intellectuels débiles qui stoppe la créativité humaine…

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