Macron devrait-il écouter le général Pierre de Villiers ?

Qu’énonce donc le général Pierre de Villiers qui soit si bouleversant d’originalité pour être ainsi loué par l’opinion publique ? OPINION.

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U.S. Air Force Gen. Paul J. Selva, Vice Chairman of the Joint Chiefs of Staff, and French Gen. Pierre de Villier by Chairman of the Joint C

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Macron devrait-il écouter le général Pierre de Villiers ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 décembre 2018
- A +

Par Philippe Bilger.

Daniel Cohn-Bendit avait, par plaisanterie, souligné qu’en Mai 68, on voulait faire partir un militaire alors que les manifestants d’aujourd’hui voulaient en installer un au pouvoir.

Il faisait référence au général Pierre de Villiers qui, depuis le traitement humiliant et injuste que lui avait infligé, le 13 juillet 2018, le président de la République face à l’ensemble de la hiérarchie militaire, elle-même choquée, était devenu une sorte de recours, un modèle à imiter (Le Monde, extraits d’un livre par Nathalie Guibert).

Certains Gilets jaunes n’ont pas hésité à réclamer sa nomination comme Premier ministre, ce qui, pour être absurde sur le plan politique, ne révélait pas moins, de la part d’un pays en crise, un désir d’autorité et une aspiration à un nouveau mode de gouvernement (Le Figaro).

On peut considérer, sans lui porter offense, que la focalisation sur le général de Villiers est exagérée et due surtout au mépris public dont il a été accablé alors que non seulement il ne le méritait pas mais qu’il traduisait surtout de la part d’Emmanuel Macron le complexe que celui-ci éprouvait dans sa confrontation avec un univers qu’il maîtrisait mal et sentait méfiant. Comme souvent, par compensation, la maladresse arrogante a servi de déplorable remède.

Il n’empêche que depuis sa démission fracassante le 19 juillet, il n’est pas une parole ou un écrit de Pierre de Villiers – notamment son dernier livre Qu’est-ce qu’un chef ? – qui ne soit approuvé et même porté au pinacle, avec une manière d’évidence, comme si avec sa vision de la vie, du rapport avec autrui, du commandement, il exprimait ce que beaucoup attendaient confusément ou explicitement. Il y a dans cette adhésion quasi inconditionnelle, même de la part de ceux plutôt étrangers à la chose militaire et à ses vertus un signal qui ne doit pas manquer de nous alerter et justifierait qu’il soit clairement intégré par le pouvoir dans sa réflexion et sa pratique.

Qu’énonce donc le général Pierre de Villiers qui soit si bouleversant d’originalité pour être ainsi loué ?

« Il faut aussi aimer les gens qu’on commande… Le chef doit être un absorbeur d’inquiétude et un diffuseur de confiance… Il doit également avoir l’humilité de comprendre que les gens doivent pouvoir décider sans lui » (Le Point).

En réalité, on le constate, rien de singulier dans ces propos mais au contraire une simplicité, une rectitude, presque une banalité signifiante qu’on n’est plus habitué à entendre, avec le rappel fort de l’exigence d’autorité et du courage qu’elle implique, l’accent mis sur la considération d’autrui, dans un univers notamment politique qui est plus friand des privilèges qu’on s’octroie que des devoirs qu’on s’impose.

Ce que Pierre de Villiers met en lumière est le désir profond de la France. Derrière les foucades, le désordre, l’effervescence, les révoltes débridées, le pays rêve de solidité, de respect, de morale, de cohérence et d’égalité. Surtout d’exemplarité. Rien ne l’indigne plus que cette fracture cultivée avec complaisance entre des élites seulement définies par leurs privilèges et un peuple réduit à son minimalisme et à son cri dans un désert (pour lui) démocratique.

Le général de Villiers ne veut pas être un sauveur. Tout au plus un éclaireur, et c’est déjà beaucoup. La politique, il l’affirme, n’est pas son métier et il n’a pas « vocation à rejoindre ceux qui le pratiquent » et à l’égard desquels il éprouve du respect. Contre la dérive grave qui incite à les tourner en dérision collectivement.

Il est facile, derrière la roideur urbaine de l’analyse, de percevoir le portrait en creux, et à rebours, du président de la République qui à l’évidence lui apparaît désaccordé avec sa conception du chef et aux antipodes de lui-même.

Emmanuel Macron, qui lit beaucoup, aura peut-être l’envie de réviser certains de ses comportements. Il n’y a pas que les Gilets jaunes à écouter.

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  •  » aimer les gens , humilité , compréhension « …..c’est raté , because la haut on n’a tout le contraire ,  » indifférence , arrogance , incompréhension totale du quotidien des autres……

  • il n’écoute personne , sûr de ses convictions , entourés de ses conseillés qui sont sourds et malvoyants , dans leur tour d’ivoire , qui n’ont aucune connaissance de la vie de son peuple !! pris dans un tourbillon de nullité , formaté de leur conviction erronée ..hé reveillez-vous !! nous sommes dans le réel..La France n’est pas un mot mais une réalité qui ne peut accepter votre médiocrité !.

  • que fait donc un militaire si ce n’est dépenser de l’argent public?
    degaulle a meme installé les communistes aux commandes ,
    non les militaires au pouvoir , c’et bon pour le Venezuela.; quoi que peut etre que

    • De Gaulle a quand même équilibré le budget de la France…

    • Un militaire maintient la sécurité, et ça n’a guère d’importance que ça dépense de l’argent public, parce qu’il faudrait au privé en dépenser bien plus pour atteindre le même résultat. Un militaire sait faire marcher une structure complexe, composée pourtant de gens normaux, pour atteindre les objectifs qu’on lui a assignés. Il a un jeu de valeurs qu’il respecte, et fait respecter (même si certains spectateurs en préféreraient parfois d’autres). C’est énorme, et nous devrions tous en prendre des leçons.
      Qui auriez-vous préféré à De Gaulle, dans le contexte de l’époque ?

      • c’est vrai que l’armée française à de si nombreux faits de guerre glorieux qu’on peut aisément dire que ça se respecte..n’importe quoi …et avec la dissuasion nucléaire quel intérêt? mis à part aller se friter dans des pays à la con pour des intérêts non pas français mais des intérêts de particuliers..c’est tellement normal d’encenser des gens qui ont pour but premier de tuer, il n’y a aucun honneur dans la guerre, sauf pour les gradés bien évidemment.

  • des chefs , l’histoire en a vu passer des tas..leur seul point commun est d’avoir été aux commandes..

    clairement des tas de chefs n’ont pas aimé les gens qu’ils commandaient, etc…
    écrire un livre intitulé qu’est ce qu’un chef…et qui décrit en fait ‘ idée d’un « bon » chef selon l’auteur me pose question…

    évidemment dans l’esprit de de Villiers il fut un bon chef des armées…la seule chose dont je sois certain est qu’il fut un chef des armées… Je ne le connais pas …on peut sans doute peut on dire gentil, humain rigolo, soucieux de ses homme etc..mais peut être pas un bon chef de guerre…
    premiere question faut il un chef ?

  • J’ai été sidéré par son passage chez Ruquier, compte tenu du profil je m’attendai à une mise en pièce par la meute de bobos. Que nenni, Ruqier lui à servi à force de grands ronds de jambe la soupe, c’est sidéré que j’ai assisté à un cirage de pompes médiatique, ou la bande à tout mis en oeuvre pour faire passer une image « populaire » de ce technocrate Saint Cyrien qui n’a fait que côtoyer les hautes sphères ministérielles militaires, tout comme ses collègues Énarques avec la haute administration. J’ai coupé au moment ou d’accord avec Ruquier il à déclaré « je ne veux pas entendre parler d’économie ». Les français ne veules plus du centre gauche, et souhaitent de l’ordre alors, lançons les médiats sur un profile docile, surtout que rien ne change. De Villiers est un produit médiatique de substitution on nous fait acheter ce que l’on à envie de nous vendre comme avec un certain Macron.

  • Villiers c’est Macron avec un képi. Il n’y a aucune différence idéologique fondamentale, simplement une différence de forme. La brouille entre les deux ne portait d’ailleurs que sur une question budgétaire. Les gens de droite aiment s’extasier dès qu’ils semblent percevoir de l’autorité.

  • D’après Philippe Bilger « Emmanuel Macron, qui lit beaucoup, aura peut être l’envie de réviser certains de ses comportements. Il n’y a pas que les gilets jaunes à écouter ».
    Que ce soit Emmanuel ou Brigitte qui lisent beaucoup, peu importe, car le problème n’est pas à ce niveau d’intellect; nous en sommes arrivés à un problème de gouvernance d’un pays en voie de déliquescence avancée.
    La situation actuelle est une incitation à remettre en cause de cadre institutionnel de notre Pays.
    Nous n’avons que faire de coups de menton et de tentatives de mise au pas cadencé d’une époque Napoléonienne révolue; la seule planche de salut consiste à revoir totalement la sphère d’intervention du pouvoir Étatique dans le sens d’un cantonnement impératif aux pouvoirs régaliens nécessaires.
    Il est urgent de remettre à plat, dans le sens de la baisse et de la simplification, toutes les règles des prélèvements contraints.
    De même, qu’il est urgent de mettre un terme à toute cette immigration illégale qui va en s’amplifient sans même qu’aucun médiat n’ose le dénoncer.
    De même encore, qu’il est urgent de mettre un terme à l’implication politique de la magistrature dans l’exercice de ses compétences professionnelles.

  • Ayant lu le condensé de son livre il précise bien qu’il ne faut pas confondre « Autorité » et « Autoritarisme ». Mais que viendrait faire cet « Homme Exceptionnel »Probe et Intègre au milieu de ce monde de Requins ripailleurs des deniers publics et gaspilleurs de l’argent des autres, celui des Contribuables Français

  • Apparemment Macron lit peut être beaucoup, mais ne comprend pas ce qu’il lit, comme beaucoup de jeunes contemporains!

    • Il y a les lecteurs qui croient tout comprendre au premier coup d’œil et tiennent à le faire savoir, et à l’opposé ceux qui ont des doutes, décortiquent les moindres subtilités et aiment en débattre avec plus qualifiés qu’eux-mêmes.

  • Philippe de VILLIERS Président de la République et son frère le général Ministre de l’intérieur. « Cela aurait de la gueule ».
    Mais quant au premier Ministre?
    Qui?

  • Les français aimeraient un militaire, parce que cette personne sert la France, plutôt qu’un polytocard, qui lui, se sert de la France.
    Ils veulent un chef, un vrai, pas un qui quantiquement est à la fois là et ici quand cela l’arrange.

  • Réclamer « l’ordre public » (sous forme d’un général au manette), c’est nier qu’il y a un problème.

  • Il y a aussi une opposition de généraux à la retraite contre macron , les paroles se libèrent… A genoux les hommes debout les officiers …C’est aussi une Caste !!! comme les Enarques …Et suivant leur penchant politique Droite ou Gauche est l’avenir de leur avancement . Certains stagnent d’autres vont vers le sommet !!!!

  • Pour traiter l’obésité, la solution n’est pas la suralimentation.
    Mettre un grand chef est le contraire de ce qu’il convient de faire: il faut décentraliser, créer des régions qui s’autogèrent sous contrôle des citoyens, diminuer l’emprise de l’Etat…

  • @Gada , une bonne partie de loi europeenne a mettre en route sur 5 a 10 ans , si nous continuons l’Europe la France deviendra une des régions de l’Europe , en plus rajouter la liberté aux regions Francaise , déjà L’ÉTAT n’arrive pas a contrôler sa gestion financière
    surtout le budget de la dépense publique..
    c’est déjà compliqué mais pourquoi pas ..le pouvoir central ne l’acceptera pas !!! Ne veut pas perdre son pouvoir et ses obligés !!

  • Il est bon de noter que sa conception du commandement est assez proche de celle qui prévalait dans la première moitié du 20 ème siècle dans les milieux militaires allemands malgré l’aspect rigide et ordonnateur qui paraissait pour beaucoup le signe d’un autoritarisme incontestable et intangible .

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