Dette US : Trump s’en fiche, il ne sera plus là !

« La responsabilité budgétaire, c’est un truc de losers. »

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Trump, Pentagon leaders honor 9/11 victims By: Chairman of the Joint Chiefs of Staff - CC BY 2.0

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Dette US : Trump s’en fiche, il ne sera plus là !

Publié le 11 décembre 2018
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Par Matt Welch.
Un article de Reason.com

Si vous admirez l’ostentation avec laquelle Donald Trump pratique sa politique de dépenses publiques décomplexées, réjouissez-vous car il vient de récidiver de belle façon. Le Daily Beast nous apprend en effet que Trump « a systématiquement écarté avec désinvolture » toute inquiétude sur la dette publique américaine, laquelle est immense et en rapide expansion. « Yep, mais je ne serai plus là » a-t-il répondu lors d’une discussion sur les dangers d’une telle situation dans un futur proche.

Cette attitude n’est pas une surprise pour les politiciens de moins en moins nombreux qui s’inquiètent de la fuite en avant des comptes publics américains. Trump a fait campagne avec succès sur la « préservation » de la sécurité sociale et Medicare, sur l’augmentation des moyens de la défense qui sont déjà énormes et sur la baisse des impôts. Rien au monde ne pouvait faire que ce cocktail réduise les déficits et la dette. Bingo ! C’est justement tout le contraire qui se passe.

Dans cette histoire, la plus grosse surprise reste quand même qu’il se soit trouvé « des consultants et des conseillers » pour « tenter de convaincre [Trump] de l’importance de s’attaquer à la dette US. » Malgré les larmes de crocodile de Paul Ryan, cette préoccupation est devenue pratiquement introuvable dans les principaux partis politiques. Gary Johnson est le seul politicien connu que j’ai vu tirer la sonnette d’alarme à propos de la dette et des déficits lors des Midterms. « Les jeunes sont en train de se faire baiser » a-t-il martelé, et cela lui a valu 15,4 % des voix dans son État du Nouveau Mexique, soit la moitié de ce qu’a récolté son opposant républicain, un parfait inconnu, dans la course pour le Sénat. Quant aux Démocrates, ils n’ont pas retrouvé la majorité au Congrès des États-Unis en promettant de la rigueur budgétaire.

Les Républicains qui prétendaient à une époque se préoccuper de cette affaire ont quatre options :

  • Abandonner la politique (Ryan, Jeff Flake)
  • Faire cavalier seul (Justin Amash, Rand Paul)
  • Ne plus aborder le sujet (la majorité des Républicains du Parlement américain)
  • Se mettre opportunément à croire à la « magie de la croissance », et faire l’expérience concrète du plaisir d’accroître le pouvoir de l’État tout en prétendant faire le contraire.

Ce dernier point est la tactique préférée de Mick Mulvaney, ancien faucon anti-déficit du Congrès devenu aujourd’hui Directeur du budget de la Maison-Blanche. Il a aussi les faveurs de Stephen Moore. Longtemps connu comme le « monsieur marché libre » de Washington, il fut aussi le conseiller économique de Trump lors de sa campagne présidentielle de 2016. Moore confia au Daily Beast que selon lui « lorsque [Trump] fut confronté à ces scénarios de cauchemar sur la dette, il les rejeta parce que si vous faites croître l’économie… vous n’avez pas de problème de dette. »

Dans le monde tel qu’il existe, non seulement la croissance de court terme (plus les réductions d’impôts) n’efface pas la dette comme par magie, mais elle ajoute au fardeau, avec pour effet de contribuer au risque très réel de voir l’accumulation de la dette et le service qui en découle affaiblir… la croissance économique. Et gardez à l’esprit que nous en sommes à la neuvième année de double croissance dans l’économie et à Wall Street ; quand ces bulles vont éclater, les recettes fiscales vont s’effondrer tandis que le recours à l’endettement va augmenter.

Donc, yep, le Président Trump se fiche pas mal de la dette, si ce n’est qu’il faut payer des intérêts, ce qui l’irrite beaucoup (raison pour laquelle il met la pression sur la Réserve fédérale). Si George W. Bush a pu doubler la dette US, si Barack Obama a pu la doubler à nouveau, et si Trump a pu gagner sur un programme dont on estimait qu’il la doublerait une nouvelle fois, vous voyez la bulle de pensée qui se forme au-dessus de sa tête : « La responsabilité budgétaire, c’est un truc de losers. »

Il fut une époque pas si lointaine où l’expression de tels sentiments était considérée comme irresponsable, voire téméraire. Mais ce tabou a sauté vers la fin de 2014 et ne semble pas près de revenir. Les politiciens élus au niveau fédéral ont appris que les électeurs préfèrent les candidats qui ne facturent jamais aux contribuables le coût véritable des politiques menées. Il faudra au moins un désastre économique ou des coupes récurrentes dans les prestations sociales pour enrayer cette dynamique dangereuse.

Traduction Nathalie MP pour Contrepoints.

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  • En attendant, la puissance économique américaine est énorme.
    https://www.lemonde.fr/international/article/2018/10/05/le-chomage-americain-au-plus-bas-depuis-1969_5365425_3210.html
    Et je pense vraiment que Trump, qui a vraiment à coeur son peuple et son pays, lui, et les couilles de le défendre contre les médias gauchos qui, comme en france, dans le fond, DETESTENT le peuple et lepays, s’attaquera à la dette.

    • avez vous lu l article ?
      Comme le dit trump, le jour ou il faudra rembourser, il ne sera plus la et c est son successeur qui devra augmenter les impots ET baisser les depenses (ou faire banqueroute ce qui correspond a ruiner les epargnants du monde entier (pas vraiment un pb pour les USA) mais aussi les retraités US (fond de pension)

      • Mark welsh est un journaliste américain. Comme j’imagine (les chiffres me manquent), mais si je m’en réfère aux médias, il y a 90% de chances qu’il soit démocrate (a part fox news, tout les médias américains sont pro démocrates, socialo gauchistes dans le meilleur des cas, comme CNN dont le présentateur vedette don lemon accuse les hommes blancs d’etre les principaux terroristes daux USA. Je n’ai pas les chiffres, les pourcentages de morts par rapports aux origines ethniques des meurtriers, mais il y a peut etre des recherches a faire. Bref. Déjà, je pense que les 2996 morts des tours jumelles par des arabes mettent la barre assez haute. Bref.) Donc, on peut imaginer que comme tout les journalistes gauchos, son analyse est très fortement biaisée au détriment de TRUMP, parce que, you know, « grab them by the pussy »…

        •  » Mark welsh est un journaliste américain. Comme j’imagine (les chiffres me manquent), mais si je m’en réfère aux médias, il y a 90% de chances qu’il soit démocrate  »

          Matt Welch est le rédacteur en chef de la revue libertarienne. reason. Peut-être se renseigner avant de faire des accusations à l’emporte pièce comme quoi il serait un  » sale gauchiste  » parce que journaliste..

      • Quand j’étais étudiant, le monde s’affolait déjà de cette dette. Mais on se souvenait mieux que maintenant des propos de John Connally en 1971, c’était plus frais : Le dollar, c’est notre monnaie, mais c’est votre problème. Avant que ça coince, nous serons tous morts, pas seulement Trump.
        Cela dit, c’est bien vrai que les USA devraient travailler à réduire leur dette, mais si c’était le seul cas où les mauvaises pratiques sont profitables, ça se saurait ! Alors, entre rembourser leur dette et suivre le bon principe bien ignoré, voire contredit, en France « If it ain’t broke, don’t fix it », ils ont choisi…

  • Voilà un bien joli article tout propret qui évacue les questions qui fâchent.
    Mr Welch, qui a double la dette américaine pendant ses 8 ans de présidence ?
    Vous ne savez pas. C’est un certain Barack Hussein O.

    • Voilà un commentaire bien propret d’un amical commentateur qui n’a pas lu l’article dans lequel il est pourtant expliqué qu’Obama a doublé la dette américaine avant Trump (comme Bush l’avait fait avant lui).

    • Ce que vous soulignez est écrit noir sur blanc dans l’article. Obama n’était pas le seul, Bush Jr avait fait exactement la même chose avant lui. Cela n’excuse pas Obama, mais un peu d’impartialité ne fait pas de mal

  • « Trump « a systématiquement écarté avec désinvolture » toute inquiétude sur la dette publique américaine, laquelle est immense et en rapide expansion. « Yep, mais je ne serai plus là » a-t-il répondu lors d’une discussion sur les dangers d’une telle situation dans un futur proche. »


    Et voilà, une fois n’est pas coutume, c’est moi qui avait raison ! (Désolé de me vanter mais c’est la stricte vérité.) Dans un commentaire posté le 9 Octobre j’avais écrit ceci :

    « Les seules bonnes politiques menée par Trump sont : sa réduction des impôts, ses quelques déréglementations, son septicisme à l’égard des écolos (retrait de l’accord de paris), et sa position initiale au sujet du droit au port d’arme. Toutes les autres politiques de Trump sont de la pure anarque. Cela peut éventuellement marcher à court terme mais à long terme (quand Trump ne sera plus au pouvoir) cela va assurément se fracasser la figure. »

    Le présent article fait exactement le même constat : Trump mène des politiques qui (dans le meilleur des cas) auront du succès tant qu’il sera au pouvoir, mais qui échoueront lamentablement aussitôt qu’il ne sera plus au pouvoir.

    Bref, à tous les pro-Trump parmi les libéraux (coucou Virgile) : réveillez-vous ! Soutenez Trump autant que vous voulez, mais par pitié, ne lui accordez pas une confiance aveugle. N’ayez confiance en aucun politicien. L’intérêt personnel de Trump, ou d’Obama, ou de Macron, ou de n’importe quel autre politicien, coïncide très rarement à vôtre intérêt personnel, quand bien même tous ces beaux parleurs adorent prétendre le contraire.

    • « Cela peut éventuellement marcher à court terme mais à long terme (quand Trump ne sera plus au pouvoir) cela va assurément se fracasser la figure.  »
      Peut-être mais cela reste à prouver.
      Avec Obama, cela n’aurait même pas marché à court terme…

      « mais qui échoueront lamentablement aussitôt qu’il ne sera plus au pouvoir. »
      C’est sûr si c’est un démocrate qui est élu; 🙂
      Aucun libéral ne donne de chèque en blanc à Trump mais le jugement se fait sur les résultats. A la différences des thuriféraires d’Obama qui n’ont pas arrêté de le juger sur les intentions affichées et non sur les résultats obtenus. Attitude bien connue des gauchisants de tout poil d’ailleurs: la théorie prime sur la réalité.

    • Vous oubliez sa politique migratoire. Ca commence à faire beaucoup de bons points. Et peut être que la dette est énorme, mais les résultats sont la. Pas comme en France.

      • Pour un pays qui s’est construit avec les migrants, ça pose question.
        Les secteurs à faible valeur ajoutée commencent à souffrir de la pénurie de travailleurs liée à la politique migratoire actuelle (agriculture, service).

    • @ commando
      Je n’ai confiance en AUCUN politicien! Je défend Trump parce qu’il est la tête de turc de la gauche car j’ai horreur que l’on calomnie quelqu’un! De plus c’est un homme d’affaire et non un politicien.

  • Contrairement à chez nous, un Président qui a l’expérience d’avoir bâti une réussite commerciale doit savoir que tout finit par deux colonnes avec des + et des -. Il y a donc de l’espoir là.

    • Trump etait surtout le fils de son pere et il n a jamais caché qu une bonne partie de sa reussite venait du capitalisme de connivence: c est pas pour rien qu il etait un gros donateur du parti democrate (et de H Clinton).

      Trump n est pas Bill Gates ou Munsk

  • J’ai lu récemment un article qui énoncé le contraire
    disant que maintenant après avoir dérèglementé et assaini l’économie et favorisé l’emploi il s’attaquait à réduire le périmètre de l’état; Donc à suivre.

  • A qui bénéficient vraiment les dettes en termes de pouvoir?

  •  » « Yep, mais je ne serai plus là » »

    Encore un propos non public, rapporté par une source anonyme… (d’autant que le « Yep » sent bien le goût de l’artificiel).

    Cela ressemble tellement à une citation de Keynes, qu’on peut se demande si on n’est pas en face du biais « trop tentant pour savoir si c’est vrai »…

    De toute façon, il y a une statistique montrant que les présidents républicains auraient plutôt tendance à augmenter la dette et les démocrates à la diminuer. Paniers percés ou effet de retard de la politique ? Franchise républicaine ou hypocrisie démocrate ?

  • Avec le recul, je m’aperçois que les USA ont quitté le modèle libéral en même temps que nous.
    Les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique doivent se retourner dans leur tombe.

  • Bonjour,
    Avec le recul, je m’aperçois que les USA ont quitté le modèle libéral en même temps que nous.
    Les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique doivent se retourner dans leur tombe.

    • Très juste, ils sont dans la même situation que nous, avec une gauche intolérante et hystérique, qui rejette la démocratie et interdit la liberté de pensée et d’expression par son politiquement correct! Quand à l’état il devient aussi tentaculaire et réglementaire.
      Les USA ne sont PLUS le pays de la liberté! L’establishment se conduit comme le nôtre et se prend pour l’aristocratie (voir les paroles de Hillary sur le peuple déplorable).

  • Oui mais les intérêts ?
    Que va-t-il se passer quand les taux vont remonter ?
    Nous allons vers un joli défaut !
    Valable aussi pour la France
    http://www.dettepublique.fr/

  • Bonjour,

    Avec le recul, je m’aperçois que les USA ont quitté le modèle libéral en même temps que nous.

    Les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique doivent se retourner dans leur tombe.

  • Bonjour,

    Avec le recul, je m’aperçois que les USA ont quitté le modèle libéral en même temps que nous.
    Les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique doivent se retourner dans leur tombe.

  • J’attends de voir ce qui va se passer quand le reste du monde aura appris à se passer du dollar.

  • Bof, c’est surtout les pays qui achètent de la dette américaine qui peuvent avoir un problème..mais sont pas bêtes , ils ne réclament rien, pour quoi en faire ?
    Ce n’est donc pas un problème pour Trump ni pour personne a part les commentateurs !

  • Les commentaires sont fermés.

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