Par Isidore Kwandja Ngembo.
Nul n’ignore que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est un instrument d’influence au service de la diplomatie française sur la scène internationale. C’est depuis toujours que la France exerce son influence considérable à tous les niveaux : en amont, par une forte pression sur les décideurs politiques africains notamment ; en aval, par sa contribution substantielle à la réalisation des objectifs et missions prioritaires que cette organisation s’est assignée, en dictant le choix des domaines prioritaires qui servent ses intérêts et lui permettent d’étendre son influence politique au reste du monde.
Mais la France l’a toujours fait en restant un peu discrète et en donnant l’impression que les décisions se prenaient par consensus dans cette organisation, alors qu’en réalité elles sont souvent imposées par la volonté de certains États influents. Avec Emmanuel Macron, les masques tombent peu à peu et l’on voit clairement que c’est la France qui dicte ce qu’elle entend faire de cette organisation, quelles sont les missions qu’elle devrait accomplir ou non, au mépris des dispositions de la Charte de la Francophonie.
Il convient de souligner néanmoins les efforts louables réalisées par l’OIF pour promouvoir la démocratie, l’État de droit, le respect des droits de la personne, la dignité humaine, ainsi que la liberté d’expression, plus spécialement les missions d’accompagnement, d’observation et de suivi des élections, qui marquent un pas important dans le processus de démocratisation et jouent un rôle considérable dans la réduction des conflits avant, pendant et après les élections, surtout dans le continent africain marqué fréquemment par de graves violations flagrantes des droits de la personne en période électorale notamment.
En effet, contrairement au Commonwealth qui rassemble essentiellement d’anciens territoires britanniques, excepté le Rwanda, l’OIF, elle, s’est ouverte à tous les pays qui n’étaient forcément pas d’anciennes colonies françaises, mais qui partagent les valeurs communes fondées sur les droits de la personne, la démocratie, l’État de droit et la liberté d’expression, comme des valeurs essentielles, en plus de promouvoir la langue française et la diversité culturelle.
Une chose est sûre et qu’on doit se dire est que tous ces pays, comme l’Arabie saoudite et bien d’autres encore, qui espèrent un jour pouvoir rejoindre la famille francophone et ceux qui l’ont déjà intégrée comme membres associés ou observateurs, n’ont pas en commun la langue française et ce n’est pas non plus la langue qui les attire. Ce qui les attirent davantage, c’est plutôt la force de cohésion et de rassemblement que l’espace francophone leur offre, les perspectives d’ouverture à un marché potentiel à moyen terme et pour l’avenir ; ce sont des liens de coopération et de solidarité qui unissent les États membres, particulièrement dans le contexte actuel marqué par des préoccupations sécuritaires accrues, pour agir collectivement et efficacement face aux défis réels auxquels le monde est confronté, dont notamment le terrorisme, l’extrémisme, l’intolérance, le racisme, la xénophobie et le cercle vicieux de la pauvreté.
Emmanuel Macron signe un chèque en blanc à Louise Mushikiwabo
Monsieur le Président français Emmanuel Macron, nous savons tous bien que la démocratie est un modèle qui n’est jamais atteint, mais il est celui dont on doit s’approcher : fondé sur la primauté du droit, la justice sociale, les droits de la personne, la démocratie, l’État de droit et la liberté d’expression. Ce sont les valeurs essentielles que l’OIF a eu pour mandat de promouvoir.
Aujourd’hui, la démocratie est le seul système qui soit capable de solutionner l’épineuse question du cercle vicieux de la pauvreté qui produit une désespérance chez les jeunes Africains. C’est aussi le système démocratique qui peut préserver et promouvoir les droits fondamentaux de l’individu, assurer la justice sociale et la dignité humaine, garantir une culture de traitement juste et équitable des citoyens, le respect des droits de tout un chacun et, par-dessus tout, favoriser le développement économique et social des citoyens.
Ces jeunes Africains ont besoin de stabilité et de démocratie dans leur continent pour étudier en toute quiétude et acquérir des compétences nécessaires pour participer pleinement au développement de leur continent, en général et de leurs pays respectifs, en particulier, s’épanouir du point de vue socio-économique et même politique. Mais dans presque tout le continent, ils ont du mal à trouver un travail leur procurant un niveau de vie décent. Ils fuient la misère de leur pays dans l’espoir de trouver une vie meilleure en Europe où les portes sont, de plus en plus, hermétiquement fermées.
La Déclaration de Bamako, adoptée en novembre 2000, a scellé un pacte majeur pour le renforcement de la démocratie et des droits de l’homme dans l’espace francophone. Nous sommes de ceux qui pensent, monsieur le Président, que par votre soutien ferme et sans faille à une candidature du numéro deux d’un régime peu démocratique qui ne respecte pas la liberté de la presse et commet des violations graves et systématiques des droits de la personne, un pays qui présente un pire bilan en matière de droits de la personne, vous n’êtes pas en train d’adresser un message en faveur de la paix et de la démocratie en Afrique, bien au contraire. Par votre soutien à Louise Mushikiwabo, vous foulez aux pieds toutes les valeurs fondamentales prônées par l’OIF.
Les Africains savent bien que Louise Mushikiwabo n’est pas la candidate de l’Afrique, mais bien celle d’Emmanuel Macron imposée aux chefs d’État africains.
Hier on disait encore que la Francophonie et la démocratie étaient indissociables, mais demain on dira peut-être que la Francophonie n’a pas de leçons à donner en matière de démocratie et du respect des droits de la personne à qui que ce soit.
Toujours la même campagne de dénigrement d’une personne qui a des intérêts dans cette élection pour un organisme qui pompe du pognon pour des trucs absolument pas libéraux (voir tous les article de ce « journaliste »)
Sérieusement, Contrepoints, pourquoi relayez vous cela?
Je me moque de l’appartenance du journaliste à ceci ou cela, et sa conclusion m’inspire simplement une chose : ça n’est pas à Macron de soutenir une personne, mais ce ne serait pas mal si la France soutenait une utilisation de la francophonie qui serve à sortir plus de gens de la misère plutôt qu’à Macron pour montrer combien il est bon dans les hommages aux chanteurs disparus.
Parler la même langue qu’autrui donne à la coopération une force extraordinaire, je l’ai expérimenté à chaque instant de mes relations internationales. La Francophonie, telle qu’elle est conduite aujourd’hui, est un oubli insensé de cette force au profit de connivences entre puissants ou aspirants à le devenir. Je ne sais pas si c’était cela le sens de l’article, mais c’est ce qu’il m’inspire, et je lui suis reconnaissant pour cette piqûre de rappel.
Il faut suivre l’ensemble des articles de Isidore Kwandja Ngembo relayés depuis quelques mois sur Contrepoints, 2 candidates se disputent le poste :
– Michaelle Jean, l’actuelle titulaire et amie du « journaliste ».
– Louise Mushikiwabo qui est effectivement poussée par Macron.
Les 2 candidates ont des forces et des tares mais le parti pris martelé par notre auteur est malsain pour se faire une idée de la situation réelle.
Pour le reste, la francophonie telle que gérée actuellement par l’OIF fonctionne par ponctions, défendant des projets opaques, sert de fond l’enrichissement personnel de plusieurs personnes et définit un champ d’action douteux.
Bref, totalement libéral!
macron , comme ces prédécesseurs se fout royalement de l’avenir de l’Afrique ; il préfère sans doute voir arriver en Europe donc en France tout un tas de gens corvéables à merci qui partiront de leur pays ou règne la misère ;
Le petit Bonaparte a encore frappé. Il n’y a pas une seule nomination dont il ne se mêle pas et impose son candidat. Un vrai dictateur!
Louise Mushikiwabo n’est pas encore élue, il me semble. Just wait and see. L’article de Isidore Kwandja Ngembo est le bienvenu.
la francophonie, en voilà bien un concept bidon. A la limite si c’était une organisation entièrement privé, les gens ont le droits de cramer leur pognons dans les lubies de leur choix. Mais là c’est clairement une pompe a fric pour fonctionnaire à recycler, une vaste gabegie organisée comme la France sait en entretenir par millier.
@Laurent
La francophonie devrait effectivement relever d’une organisation privée financée par les dons et les cotisations librement consentis par les francophones. Ce ne serait pas une lubie mais un engagement pour élargir les frontières d’un pays trop étriqué, étiolé, atrophié où les gens menacés d’asphyxie n’osent plus bouger.
La conscience de la francophonie donnerait aux Français un air renouvelé pour respirer et retrouver la capacité de bouger. Cette conscience est étouffée par des pouvoirs publics qui privent la population de cet élargissement de son horizon.
La francophonie technocratique, se passant d’adhésion populaire, voue le français à devenir une langue morte à force d’appauvrir sa capacité d’expression.
Je n’aime pas trop le mélange des genres qui politise la langue comme le défend l’article. La démocratie peut être une conséquence naturelle de la francophonie mais ce ne peut pas être son but affiché car c’est trop réducteur.