Par Johan Rivalland.
Rien que les titres de ce qui, au départ, devait être une trilogie mais est désormais complété au moins d’un quatrième opus, sont magnifiques. Comme le sont les couvertures, qui laissent tout aussi rêveur…
L’Ombre du vent
Je suis toujours à la recherche des livres… qui se passent dans l’univers des livres.
Cette série au nom énigmatique, « Le Cimetière des Livres Oubliés » ne pouvait donc qu’attirer mon attention. Le titre de ce premier volume aussi, L’ombre du vent, qui n’a cessé de me laisser rêveur, et continue régulièrement de me trotter en tête de manière lancinante et agréable, moi qui n’ai pourtant pas l’âme d’un poète.
Et, lorsque je me suis lancé dans cette lecture, j’ai aussitôt été captivé. À n’en plus lâcher le roman.
Quatrième de couverture : Dans la Barcelone de l’après-guerre civile, “ville des prodiges” marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon – Daniel Sempere, le narrateur – dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L’enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d’occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y ” adopter ” un volume parmi des centaines de milliers. Là , il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l’entraîner dans un labyrinthe d’aventures et de secrets ” enterrés dans l’âme de la ville ” : L’Ombre du vent.
Un livre bien écrit, avec le véritable talent de plume de Ruiz Zafon, dont le style est très agréable. Nous voilà embarqués dans une histoire mi-historique, mi-fantastique. Tous les ingrédients idéals pour captiver complètement le lecteur. De la bonne littérature, comme on en redemande.
- Carlos Ruiz Zafon, L’ombre du vent, Grasset, avril 2004, 524 pages.
Le jeu de l’ange
Retour dans le Cimetière des livres, mais à une époque antérieure.
Sous un beau titre en bonne harmonie avec le précédent (et une toujours aussi belle couverture), nous voilà embarqués dans une nouvelle histoire, mais qui a quelques points communs avec la précédente, à commencer par l’univers des livres et le personnage principal de l’écrivain, de même que la librairie Sempere.
Dans une langue soignée et agréable à lire, Carlos Ruiz Zafon parvient une nouvelle fois à nous captiver, entretenir l’angoisse, à travers un scénario à mi-chemin entre intrigue semi-policière et semi-fantastique. En conservant jusqu’au bout une part de mystère qui parvient parfaitement à tenir le lecteur en haleine.
Les livres sont bien au centre de l’intrigue, de même que le talent de l’écrivain maudit. Dans un scénario riche et accompli, qui vous entraîne dans les affres de l’inconnu et un univers maléfique dont, accompagné du personnage principal, on a peine à s’extraire, comme au milieu d’un étau qui se referme lentement mais inexorablement.
Pourquoi ce jeune écrivain talentueux, mais pauvre, dont il est question, est-il condamné à écrire des sortes de romans de gare pas de son niveau ? Comment peut-il continuer à se faire rouler par ces deux éditeurs peu scrupuleux qui le manipulent de manière évidente et semblent exercer sur lui une sorte de chantage insidieux ? Et qui est ce mystérieux homme qui lui offre une somme inouïe pour écrire un livre dont le thème et les finalités apparaissent bien étranges ?
C’est une succession d’événements plus surprenants les uns que les autres qui vont conduire petit à petit, mais de manière accélérée, notre écrivain à réagir et tenter de trouver la voix de son affranchissement et de la liberté. Pas facile lorsque les événements semblent vous rattraper et vous dépasser de manière infernale.
- Carlos Ruiz Zafon, Le jeu de l’ange, Robert Laffont, août 2009, 536 pages.
Le prisonnier du ciel
Envoûtant, ce troisième volet du Cimetière des Livres Oubliés l’est autant que les précédents. Difficile de s’arracher à sa lecture pour dormir car il est bien tard, ou pour se consacrer à une autre activité.
Une fois de plus, Carlos Ruiz Zafon parvient à nous fasciner et à nous captiver à la lecture de son roman. Prisonnier du livre, on ne parvient à s’en échapper tant l’histoire se révèle palpitante, intrigante, stimulante. On est comme emporté par les événements qui nous transportent dans les terribles années de plomb de la guerre civile sous Franco, avec leur lot de compromissions et de despotisme destructeur.
Après un début d’histoire qui se situe au Noël 1957, où l’on retrouve non sans surprise les personnages que l’on avait quittés à la fin du tome 1, un retour dans le passé dix-huit ans en arrière nous fait remonter au personnage central du tome 2. Et tout le talent de l’auteur va consister à reconstruire habilement le puzzle qui va réunir les personnages des deux tomes, de manière inattendue. Plongeant le lecteur dans un état de curiosité insatiable.
Je ne puis, bien entendu, rien dévoiler de l’intrigue, mais elle s’avère à la fois forte, angoissante et très efficace. Elle permet aussi de mieux ressentir les terribles maux de la société espagnole, à travers la Barcelone de l’époque, et des souffrances engendrées.
Ce qui devait, semble-t-il, se présenter comme une trilogie, ne prend nullement fin puisqu’une suite est finalement sortie en mai 2018, sous le nom de Le labyrinthe des esprits. Qui ne sera peut-être pas, qui sait, le dernier volume de la série. À suivre, donc, la suite de cette passionnante saga du Cimetière des livres oubliés…
Carlos Ruiz Zafon, Le prisonnier du ciel, Robert Laffont, novembre 2012, 352 pages.
Je les ai tous lus! Non! dévorés!!!! certains livres vous marquent, d’autres vous distraient, ceux-ci vous emportent… parmi ces derniers, je me permets de citer “Le Clan des Otori” de Lian Hearn est une série de romans écrits par Lian Hearn se déroulant dans un Japon féodal imaginaire. Les cinq romans (Le Silence du rossignol, 2002 ; Les Neiges de l’exil, 2003 ; La Clarté de la lune, 2004 ; Le Vol du héron, 2007 ; Le Fil du destin, 2007) le composent; ensuite, évidemment, chacun ses goûts…
Dommage de faire un paragraphe pour chacun de ces livres afin de stipuler qu’ils sont bons.
Cela nuit même à l’image de la revue : trop de mélioratif rend le mélioratif douteux…
L’ombre du vent.
Voilà un livre que j’ai adoré et dont j’ai offert plusieurs exemplaires à des amis, c’est vous dire que je ne veux en dire du mal.
Pourtant quelque chose m’a incommodé au fil des pages, que j’ai eu beaucoup de mal à cerner car seul mon inconscient relevait ce détail.
Il m’est tout a coup apparu clairement ce qui à mon avis ne colle pas : le déroulement du temps !
Dans certains chapitres, le héros se déplace dans la ville l’après midi pour visiter un lieu, rentre le soir en tram, puis se rend à un autre endroit pour finir par une visite dans ‘maison des vieux’ ( je ne sais au juste, l’ayant lu il y a longtemps) à une heure impossible.
Et mon horloge interne qui avait situé cette visite vers 2 h du matin refusait le déroulement imposé par l’auteur, d’où le malaise.
D’autres lecteurs, quand j’en ais parlé, ont confirmé ce sentiment, alors que d’autres non.
Comme quoi…