Énergie : la filière prometteuse est sous la mer

Le génie français est adapté à ces challenges compliqués et multitechniques ; voilà un projet qu’on pourrait lancer.

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Énergie : la filière prometteuse est sous la mer

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 juin 2018
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Par Xavier Fontanet.

Pour se faire entendre aujourd’hui, il faut soit être gros comme la Chine et l’Amérique, soit, si on est petit, être performant économiquement comme la Suisse ou Singapour. Reconnaissons que nous sommes ni l’un ni l’autre, et que le meilleur moyen de se faire entendre est de s’être réformé.

Il est pourtant un terrain où la France peut jouer un rôle important, celui des terres rares. Elles sont en pleine explosion avec la révolution énergétique qui crée une forte demande pour ces minéraux utilisés dans les moteurs électriques, les batteries ou les alternateurs d’éoliennes. Les fans des nouvelles énergies sont très silencieux sur les dégâts que crée, chez les producteurs, l’extraction de ces minerais.

Autre réalité, qui n’est pas un détail, 60 % du marché est aujourd’hui entre les mains des Chinois. Ne nous faisons aucune illusion, ceux-ci, qui ont le sens du long terme, mènent depuis vingt-cinq ans une stratégie très judicieuse tout en payant le prix de grands dommages écologiques dans certaines de leurs régions.

Les nodules polymétalliques

La France a en main une carte maîtresse dont on ne parle pas assez : les nodules polymétalliques, déposés à 6.000 mètres de profondeur, qui ont pour propriété de concentrer ces métaux précieux. La France détient en effet le deuxième territoire maritime mondial qui en recèle d’énormes quantités. Elle pourrait faire d’une pierre trois coups : créer une industrie nouvelle, soulager les douleurs de la terre et d’un grand nombre d’habitants, peser dans le jeu qui s’annonce. Elle dispose, avec Total et Bourbon, de deux entreprises sachant travailler dans les grandes profondeurs ; sans compter ses armements de pêche capable de concevoir les méthodes de chalutage adéquates et le BRGM.

Le génie français est adapté à ces challenges compliqués et multitechniques ; voilà un projet qu’on pourrait lancer. Il ne demandera pas d’argent à l’État, il s’agira simplement pour lui d’assurer un environnement juridique et fiscal favorable au déploiement de cette filière prometteuse.

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  • Deux obstacles majeurs : le droit de l’exploitation de ces zones sous juridiction internationale peut occuper les juristes et l’ONU pendant des siècles, et les écolos peuvent obtenir un soutien populaire infini sur la question de remuer la boue des plaines abyssales. Un obstacle plus mineur, mais qui compte quand-même : aux échelles de temps industrielles, les compétences technologiques françaises en offshore profond sont très largement devenues de l’histoire ancienne.

    • Je précise mon interprétation du statut juridique des zones à nodules françaises : nulle autre nation que la France n’a le droit d’y intervenir, mais cela ne signifie pas que la France puisse y faire ce qu’elle veut…

  • Je veux bien qu’on exploite ces nodules, mais je lis partout que l’extraction et le traitement des terres rares sont très polluants, ce pourquoi la production est majoritairement le fait de la Chine, alors qu’il y en a à peu près partout.
    Qu’en est-il, au juste ?

    • Pour faire court, la pollution peut apparaître dans l’extraction et le traitement, à cause notamment des solvants utilisés, et ceci plus l’exploitation est artisanale. En ce qui concerne les nodules, on devrait parler de collecte ou de ramassage. L’exploitation ultérieure, à terre, n’a aucune raison d’être plus polluante qu’à partir d’une autre source, au contraire, elle bénéficierait de meilleures possibilités de contrôle et probablement de concentrations initiales supérieures.

  • Vous vous faites des illusions. Nos amis écologistes vont considérer qu’il est insupportable de détruire ainsi les fonds marins. Des chercheurs ont déjà trouvé des espèces très rares adaptées à ces grandes profondeurs. Au nom de la protection de la biodiversité et de tous les engagements internationaux signés par notre pays, toute exploitation de ces nodules sera interdite.

  • cela fait des décennies que l’on parle de ces nodules polymétalliques…

  • Ouais, si c’était aussi intéressant que cela nul doute que l’exploitation de ces nodules serait de l’histoire ancienne….

    • L’exploitation à grande profondeur n’est pas chose facile, il faut la technologie nécessaire!

      • La technologie est disponible, mais pas au prix qui en rendrait l’utilisation rentable. Donc dans l’absolu, ce serait une bonne occasion de développer des technologies moins chères…

        • @ MichelO
          Oui, si j’ai bien lu, la source se trouve sous 6 km de la surface terrestre du fond de mer, sans compter la distance jusqu’à la surface où flotte la plateforme d’extraction! Vous n’êtes pas sortis de l’auberge!

          • On n’est pas dans l' »extraction », mais dans la pêche. C’est comme des coquilles St-Jacques ou des langoustines, sauf que c’est profond. S’il n’y avait pas de risques « juridiques » avec les écolos et les autres mauvais coucheurs du droit de la mer, on serait assez proches de la rentabilité, vu que le cours de la langoustine, pardon de la terre rare, a bien augmenté ces dernières années. Mais investir dans des navires de ramassage et des installations de traitement à terre pour se faire saborder par des ONG, ça n’est guère tentant, et ça ne présente pas l’attrait qu’il faudrait pour remplacer la génération, retraitée ou décédée, des pionniers d’il y a 40-50 ans par des jeunes pleins d’idées.

  • Il vaudrait mieux cesser de parler de génie français à l’heure où sa population est retombée dans l’obscurantisme et la superstition. Elle a adopté la religion écologiste avec tous ses dogmes débiles!

  • Après avoir maltraité l’écologie de surface du globe, maintenant on va poursuivre sous les océans.

  • Les commentaires sont fermés.

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