Corée du Nord, Iran, Russie, USA : vers une troisième guerre mondiale ?

Les alertes géopolitiques se multiplient ces dernières semaines. Faut-il craindre une 3e Guerre mondiale ?

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guerre credits Prescott Pym (licence creative commons)

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Corée du Nord, Iran, Russie, USA : vers une troisième guerre mondiale ?

Publié le 12 mai 2018
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Par Yves Montenay.

La guerre ? Elle est déjà là. Mondiale ? Ça se discute tous les jours. Au début de l’année, j’avais envisagé une troisième guerre mondiale. Beaucoup d’événements ont eu lieu depuis. Voyons si cette guerre se rapproche.

 

La Corée du Nord est moins belliqueuse pour l’instant

Le ton est monté très haut entre Washington et Pyongyang, Donald Trump n’acceptant pas que les États-Unis puissent être à portée des missiles atomiques nord-coréens.

Mais le président de la Corée du Sud a dégonflé, au moins provisoirement, le conflit. Ce que l’on soupçonnait est devenu public : Kim Jong-Un cherche une garantie pour son régime qu’il échangerait contre sa dénucléarisation.

Mais quelles garanties donner de part et d’autre ?

Les États-Unis viennent de montrer avec le dossier iranien qu’ils peuvent revenir sur leur signature. Sans parler d’un soulèvement du peuple nord-coréen, très improbable actuellement, mais demain ? Et comment contrôler le désarmement nucléaire de Pyongyang ? Un accrochage sur les mesures concrètes peut relancer le conflit à tout moment.

 

Au Moyen-Orient, les guerres s’ajoutent les unes aux autres

L’État islamique est en principe vaincu, mais les dernières poches n’ont pas été éradiquées, et il est probable que, même quand elles le seront, il gardera une présence militaire partiellement clandestine. Mais sa survie a une autre conséquence : laisser un prétexte aux forces spéciales américaines et françaises de demeurer sur place pour appuyer les Kurdes. Contre l’État islamique en principe, mais en pratique contre l’armée turque, voire celle de Bachar el-Assad. S’il n’y a plus le prétexte de l’État islamique, le départ des Français et des Américains seraient un abandon des Kurdes, qui ont été des alliés efficaces.

Depuis le 1er janvier, l’armée de Bachar a accru le territoire qu’elle contrôle, au prix de nouveaux massacres. Dont l’un au gaz, ce qui entraîné la riposte américaine, française et britannique avec l’envoi de missiles sur les stocks de gaz de l’armée syrienne… stocks qui, officiellement, n’existent pas. À cette occasion, on a noté une bonne coopération entre les Occidentaux et les Russes qui auraient dû normalement protester, voire riposter. Donc, jusqu’à présent, la rivalité parfois aiguë entre Russes et Occidentaux est bien gérée.

Par ailleurs la guerre au Yémen continue. Je vous épargne les divisions de chaque camp, mais vu d’Europe on a d’un côté les Houtis chiites soutenus par Téhéran qui envoient quelques missiles sur l’Arabie saoudite, et de l’autre une coalition de l’Arabie et des Émirats appuyée par les Américains. L’organisation locale d’Al Qaïda est en embuscade.

Le fait nouveau est qu’Israël intervient de plus en plus en Syrie contre les forces iraniennes. Ces dernières semblent bâtir un réseau continu de bases de l’Irak à la frontière syro–israélienne, juste à côté la partie du Liban tenue par le Hebzbollah chiite, « client » lui aussi de l’Iran.

Dans la nuit du 9 au 10 mai, l’Iran a riposté à un raid israélien d’il y a quelques jours, et Israël a contre-riposté immédiatement. Les capitales européennes et Moscou ont demandé une désescalade, mais, malgré des alliances contradictoires, Israël et l’Iran se décideront en toute indépendance.

Les deux gouvernements estiment d’ailleurs avoir intérêt à faire monter la pression pour des raisons de politique intérieure. En Iran, une partie de la population conteste le pouvoir religieux et sa politique coûteuse d’intervention militaire à l’étranger, en Israël le Premier ministre se débat contre les accusations de corruption. Un conflit est l’occasion d’appeler à l’unité nationale contre l’ennemi, mais de nombreux précédents montrent que ça peut mener loin.

 

Les premières conséquences du retrait américain de l’accord avec l’Iran

Donald Trump vient de tirer un trait sur l’accord nucléaire iranien (voir Le Journal du Dimanche du 8 mai).

Ce retrait a libéré à la fois Israël et l’Iran. Le premier se retrouve en phase avec son allié américain pour toute action contre l’armée iranienne et le second n’a rien à perdre puisque les sanctions économiques vont reprendre. Bref, voilà de l’huile sur le feu !

L’Iran et l’Europe essaient actuellement de continuer à coopérer économiquement, mais leurs entreprises sont menacées par « l’exterritorialité » du pouvoir judiciaire américain : le simple fait pour une banque européenne d’avoir un compte dans une banque américaine ou d’utiliser le dollar suffit pour déclencher les sanctions. Bref, il y a une guerre de plus, celle de l’Amérique contre les entreprises européennes.

Les françaises sont engagées en Iran pour une dizaine de milliards de dollars… sans parler des éventuelles sanctions américaines dont l’expérience montre qu’elles se chiffrent également en milliards de dollars. L’amende de 8,9 milliards de dollars infligée en 2014 par les États-Unis à BNP Paribas pour avoir violé l’embargo contre l’Iran, Cuba et le Soudan est dans toutes les mémoires…

 

Et le reste du monde ne se calme pas

La guerre s’intensifie au Sahel, où l’armée française fait ce qu’elle peut, mal soutenue par la coalition africaine qu’elle s’est efforcée de monter pour ne pas se trouver accusée d’être une « armée coloniale », alors qu’elle défend directement des populations locales victimes de violences « ethno-islamistes », et indirectement l’ensemble de l’Europe.

Au Nigéria, Boko Aram, qui était sur le recul, est repassé à l’offensive, tandis que le président du pays, élu sur sa réputation de militaire énergique, est de plus en plus malade. Et ne parlons pas de la Somalie et du Soudan du Sud où seule l’absence d’observateurs permet d’ignorer l’amplitude de la famine et des massacres.

Je vous épargne l’Amérique du Sud, où la population du Venezuela ne se laissera pas mourir de faim sans troubles et où, en Colombie, des guérillas dissidentes des FARC continuent d’empoisonner la vie de plusieurs provinces et même des pays voisins.

Les allumettes d’une déflagration générale sont pour l’instant isolées les unes des autres par les efforts européens et russes. Mais l’abstention américaine et l’intérêt de la Chine de voir les Occidentaux se dévaloriser fragilisent l’ensemble. Nous sommes plus que jamais à la merci du coup de menton d’un dirigeant inconscient ou démagogue.


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  • Il ne manque qu’une chose dans votre analyse : qui a la volonté d’éradiquer l’autre ? Qui veut faire taire qui par les armes ? Il n’y a plus de guerre de conquête. Alors quoi ? Il n’y aura que des échauffourées qui nous ferons peur et la peur, ça n’évite pas le danger.

    Il est toujours plus facile pour un humain de prévoir le pire que d’apercevoir le meilleur.

    Faites du commerce pas la guerre.

    • La menace guerrière est devenue un facteur essentiel pour influencer le commerce. D’un côté, ça ne peut marcher que tant que ça reste une menace, de l’autre, une menace qui ne se réalise jamais finit par perdre toute crédibilité, mais nous n’en sommes pas là.

    • Pour l’instant, la majorité des acteurs sont plutôt en position défensive et non pas « éradicatrice », sauf la Turquie envers «ses » Kurdes (nationaux et syriens). Par exemple Kim cherche d’abord à défendre son régime.
      L’Iran est dans une position plus « expansionniste » (ce qui est déjà un problème) que « éradicatrice »

  • « le simple fait (…) d’utiliser le dollar suffit pour déclencher les sanctions. »
    Alors il faut aussi nous expliquer comment s’y prend l’oncle Sam pour nous obliger à commercer en passant par sa [fausse] monnaie.

    • Chaque virement en dollar que vous émettez est obligé de passer par une banque Américaine. Là se fait le contrôle.
      Il y a possibilité de payer en €, cependant elle n’est pas la devise du commerce international.

      • Ma question est pourquoi les échanges internationaux ne se font-ils pas dans la monnaie qui convient aux deux parties ?

        • J’ai quasiment pas « bourlingué », cependant le dollar est une devise planétaire.
          Au même titre qu’il vous faut une référence horaire commune pour pouvoir animer correctement des acteurs ferroviaires, une monnaie de référence s’est imposée pour le business international.
          C’est peut-être étriqué comme vision mais je le vois comme ça.

    • Il ne nous oblige pas, mais c’est un usage commode. Maintenant que cela se sait, beaucoup d’entreprises vont tenter de l’éviter, au bénéfice de l’ €, puis peut-être du yuan chinois, mais ce dernier a des problèmes actuellement du fait d’un contrôle du parti sur des transactions.

  • L’aurteur de cet article est dépourvu des connaissances géopolitiques et militaires suffisante pour une analyse pertinente! Il n’y a aucune chance de 3e guerre mondiale. C’est encore une invention de journalistes ignorants, comme le réchauffement anthropique!

    • Vous remarquerez que l’article est interrogatif et se termine par le rappel que pour l’instant la concertation évite les réactions en chaîne.

      Cela dit, si vous êtes prophète, je vous écouterai avec intérêt

  • svp arrêtez les âneries qui consistent a dire qu »Assad utilise des armes chimiques, ça nous reposerait le bulbe:-),

  • L’homme n’a pas d’autre prédateur que lui-même. Tôt ou tard, il y aura suffisamment de guerre pour limiter l’accroissement de la population.

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