Pourquoi l’économie mondiale n’a-t-elle pas redémarré après la crise ?

Economie mondiale : qu’est-ce qui ne va pas dans notre système monétaire ?

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Pourquoi l’économie mondiale n’a-t-elle pas redémarré après la crise ?

Publié le 27 mars 2018
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Par Thierry Godefridi.

Dans un remarquable article publié par la revue Politique internationale, l’économiste français Henri Lepage s’interroge sur les raisons pour lesquelles l’économie mondiale ne s’est pas ou si peu redressée à la suite de la crise financière et économique de 2008.

La croissance est, certes, de retour, mais de manière si timide qu’elle n’a plus rien à voir avec le passé : 1,8 % en moyenne ces huit dernières années aux États-Unis au lieu de 3,5 % pendant les vingt années précédentes et ceci, sans même tenir compte de la croissance démographique liée à l’immigration. En Europe, c’est pire : il a fallu neuf ans pour que le PIB retrouve son niveau de 2007 (contre six ans outre-Atlantique).

Comment se fait-il que l’économie soit en panne ? S’agit-il, comme le pense Larry Summers (ancien conseiller économique du Président Clinton) d’une période de stagnation séculaire à la suite de la baisse tendancielle des taux d’intérêt ? Cette tendance-là, estime Henri Lepage, date d’avant la crise de 2008, en fait de la fin des années 1980, et les principales causes en ont été identifiées comme étant le vieillissement de la population et les derniers développements technologiques.

Le postulat de la neutralité monétaire

« Summers, écrit Henri Lepage, est un pur keynésien, adepte du postulat de la neutralité de la monnaie selon lequel finance et monnaie ne sont que des artefacts dissimulant temporairement le jeu des variables réelles (démographie, investissement, épargne, productivité,…) ». S’il est une leçon à retenir de la crise et de ses séquelles, c’est que cette position n’est plus tenable : il faut désormais tenir compte des données financières et monétaires en tant que telles (crédit, endettement, prix des actifs, bilans).

Les dernières recherches des économistes de la BRI (Banque des règlements internationaux), qui ont mis en évidence les conséquences d’une asymétrie systématique dans le comportement des banques centrales (plus promptes à relancer l’économie quand elle est en panne qu’à la freiner quand elle s’emballe), amènent Henri Lepage à considérer que la situation actuelle résulte de l’aveuglement des banques centrales face aux mutations de la monnaie et de l’ordre monétaire international.

Des modèles obsolètes

Pourtant, dès 1976, un économiste de la prestigieuse université de Princeton, parlant de missing money, avait avancé que les modèles économétriques traditionnels étaient obsolètes car de nouveaux instruments financiers (repos, swaps ainsi que produits titrisés, structurés, dérivés) circulaient dans le monde bancaire et financier, généralement libellés en dollars US mais situés hors de l’espace monétaire américain, dont lesdits modèles économétriques ne tenaient pas compte.

Cet économiste parvint à réconcilier le montant de ces nouveaux instruments avec les agrégats traditionnels pour arriver aux prévisions fournies par les modèles économétriques des banques centrales, confirmant par là de manière empirique une hypothèse formulée cinq ans plus tôt par Milton Friedman, à savoir celle d’une création monétaire exogène qui n’apparaît nulle part dans les comptes publics mais qui représente néanmoins de la monnaie dans la mesure où elle constitue un moyen de transaction accepté entre banques et acteurs économiques appartenant à des aires monétaires différentes et ainsi soustraits à tout contrôle d’une quelconque banque centrale. Selon des estimations, 60% des dollars présents sur les marchés du monde seraient des dollars made in the world !

Deux impacts prévisibles

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Les banques centrales se sont ingéniées à relancer la croissance par des rachats massifs d’actifs (quantitative easing). Deux aspects essentiels et concomitants en échappent toutefois à l’analyse, l’impact déflationniste de la réglementation et la pénurie de collatéral.

D’une part, les contraintes nouvelles imposées aux banques et les coûts de ces contraintes pour les banques les ont incitées à réduire leur offre traditionnelle, avec pour effet une destruction massive de monnaie privée et l’incapacité des banques centrales à irriguer l’économie réelle au travers des canaux habituels et à relancer la croissance en raison de ce que, d’après Henri Lepage, les banques centrales ne tiennent qu’incomplètement compte des caractéristiques de la monnaie dans le monde d’aujourd’hui.

D’autre part, la mondialisation de la monnaie a suscité une razzia et une pénurie des actifs sûrs servant à sécuriser les transactions, une pénurie aggravée par les politiques de rachats massifs d’actifs. C’est sans doute la principale raison pour laquelle les taux affichent une tendance longue à la baisse, car une pénurie entraîne une hausse des prix et, en conséquence, une baisse des rendements et des taux.

Il s’ensuivit un repli stratégique de la part des grands groupes bancaires et financiers qui gèrent la global money et qui ne produisent plus assez de monnaie pour permettre à l’économie mondiale de fonctionner normalement. Les circuits de création et de diffusion des liquidités mondiales s’approchent du point de rupture et la moindre étincelle est susceptible de provoquer une faille systémique. « Le système monétaire international est cassé, conclut Henri Lepage, et personne ne le dit. »

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  • Génial, merci !
    Cela est éclairant. En 76 révolution des nouveaux outils financiers. Changement de paradigme.
    2018, re-crise et nouveau changement vers les cryptos.
    Je me demande comment ils vont réussir à asservir le monde des cryptos.
    Mais en fait xrp, xlm, ada sont déjà convergents et permettent de faire la transition.
    Une bonne régulation devrait permettre de maitriser les crises (comprendre que les Etats les aiment les crises et contribuent à les fabriquer)

    • Une bonne réglementation c’est une réglementation qui n’existe pas !

    • « les Etats les aiment les crises » : ou alors le pouvoir, ce fameux pouvoir qui fait briller les yeux de tous les étatistes/socialistes/collectivistes/keynésiens/dictateurs/banquiers centraux, rend stupide et arrogant, ce qui n’arrange rien (principe de simplicité).

      • @ Cavaignac
        Une crise ne l’est pas souvent pour tout le monde, c’est pafois un jeu entre l’avis des plus nombreux (qui vont perdre) et les « anormaux », à contre-courant, qui peuvent y gagner beaucoup.

        On n’est pas obligé de jouer mais bien de faire des choix (risqués) pour vivre!

  • Est-ce que ces changements intervenus dans les années 70 ne sont pas les conséquences de l’abandon de l’étalon or. A terme les cryptomonnaies pourraient-elles jouer ce rôle de monnaie de réserve. On se trouve alors dans une période de transition.

  • @indivisible. Je ne vois pas l’interet immédiat des profiteurs à passer aux cryptos pour l’instant. Mais je suis presque certain qu’ils nous laisseront payer les dettes qu’ils ont fabriqué pour brusquement basculer dans un autre système profitable pour eux.
    Ce moment est bientot là.
    Je pense qu’ils font chuter les cours des cryptos pour en acheter plus.
    Ils nous vident nos comptes bancaires pendant ce temps.
    La bascule va être extrêmement rapide comme au Vénézuela.

    • @ Moldu
      À qui parlez-vous et de qui?
      Qui est « profiteur »?
      Quel détenteur de cryptomonnaie vous laissera ses dettes?
      Quel autre système profitable?
      Faire chuter une cryptomonnaie, à quel prix?
      Comment vident-il vos comptes en banque?
      Et comment connaissez-vous l’avenir?

  • L’économie réelle est fondée sur la disponibilité des matériaux et de l’énergie, pas sur la monnaie. On constate que le ralentissement de l’économie est très bien corrélé au ralentissement progressif de l’augmentation de la production de pétrole. Ne pas oublier que c’est a disponibilité d’une énergie abondante et bon marché qui permet l’augmentation de la productivité du travail.

  • @BMD dans un monde parfait oui.
    J’ai l’impression que l’analyse du problème n’est plus aussi simple. Sinon la France aurait profité de cela pour se réformer ?
    On voit clairement dans la BCE ou même la FED que le bonheur des individus passe après leurs intérets. La matière première c’est le cynisme !

  • La meilleure réponse vient d’Harry Potter:
    Les cinq exceptions aux lois de Gamp sur la métamorphose élémentaire désignent ce qui ne peut pas être créé par la magie « à partir de rien »[g 3]. Quatre de ces exceptions sont mentionnées dans les romans : la nourriture, l’amour, la vie, et l’information. La cinquième et dernière exception est probablement l’argent : Rowling a affirmé dans une interview que les sorciers ne peuvent pas matérialiser de l’argent à partir de rien car cela perturberait gravement le système économique du monde magique[

  • « les principales causes en ont été identifiées comme étant le vieillissement de la population et les derniers développements technologiques. »

    C’est surtout la hausse des dépenses publiques un peu partout dans le monde développé qui explique l’affadissement économique, avec un effet retard de quelques années. Ni le vieillissement ni, encore moins, la technologie ne justifient un ralentissement économique en eux-mêmes. Au contraire, le vieillissement a un effet bénéfique sur la croissance par accumulation d’expérience. La technologie est également extrêmement positive pour la croissance, en permettant de réduire les coûts de transaction.

    En revanche, le fait d’avoir très fréquemment collectivisé les retraites, directement ou indirectement, explique la stagnation. De même, les subventions aux fausses innovations (la folie écologiste) et aux entreprises zombies (certaines banques notamment) qui auraient dû faire faillite pour laisser la place et libérer le potentiel productif de leurs concurrents utiles et bien gérés, contribuent fortement au ralentissement, et bientôt à la récession quand les banques centrales auront épuisé l’encre de leurs imprimantes.

    S’il y a stagnation, ce n’est pas une quelconque fatalité ni un phénomène séculaire qui serait une évolution normale du capitalisme, signant son échec historique, une sorte de revanche de l’histoire des collectivistes suite à l’effondrement du communisme. C’est simplement la conséquence de décisions collectivistes prises au détriment de la liberté au nom d’idéaux dévoyés.

    Par suite, les montagnes de dettes accumulées qu’il faudra bien rembourser demain d’une manière ou d’une autre vont réduire le potentiel de croissance économique à néant pour plusieurs décennies.

  • @miky, je connais l’avenir car cela fait 40 ans que l’humain fait les mêmes conneries.
    Sans être devin ni même intelligent il suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles. Ne posez plus de questions, asseyez vous confortablement dans votre siege en cuir avec un bon whisky au moins ça vous détendera.

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