Inculture scientifique des Français : pourquoi c’est un problème

Sans l’instruction d’un minimum de culture scientifique, l’information à caractère technologique, scientifique et médicale ne peut que rester inaudible pour la grande majorité du public.

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Inculture scientifique des Français : pourquoi c’est un problème

Publié le 11 mars 2018
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Par Jean-Claude Artus, Professeur Émérite.

La notion de risques sanitaires liés à nos environnements est une notion relativement récente que beaucoup associeront à l’épidémie du SIDA du début des années 1980. Elle s’est développée très vite au rythme des multiples applications technologiques des connaissances scientifiques au point qu’aujourd’hui elle est systématiquement associée à des considérations de « responsabilité », refrain de notre quotidien. Il faut donc informer !

Sauf que les informations sur les connaissances de ces risques environnementaux sanitaires, fournies par les scientifiques, apparaissent inacceptables, trop éloignées, trop décalées de ce qu’une partie croissante du public croit être la réalité. Cette distorsion est trop douloureuse pour changer de paradigme. Ou bien le public prend l’auteur du propos pour un menteur, voire pour membre d’un quelconque « complot » et autre « lobby » ou il accepte l’information mais a du mal à admettre ce décalage.

Et pour pouvoir légitimement transmettre ces informations sur les risques sanitaires, tels que ceux des ondes du téléphone portable et de ses relais, de la Wi-Fi, des éoliennes, bien sûr du « nucléaire », de tous types de rayons, des insecticides, des OGM, du Lévothyrox, des vaccins, etc., il faut comprendre les raisons de cette défiance à l’égard des connaissances scientifiques et médicales. Elles sont multifactorielles, globalement sociétales, bien sûr les médias, mais pas que…

Pour cette suspicion maladive du risque, la transparence citoyenne est de règle. Il est devenu intolérable de ne pas tout savoir, tout, et tout de suite. Nous consultons Internet, sans esprit critique, nous baignons dans les réseaux sociaux et leurs opinions pour conforter nos convictions.

Or les informations à caractère technologique, scientifique (ITS) et médicales, sont de plus en plus complexes et difficiles à s’approprier et l’humilité de l’ignorance serait devenue inacceptable… Même si nous n’avons pas les moyens d’assimiler cette ITS nous n’acceptons pas de ne pas savoir.

La connaissance est remplacée par la conviction, l’opinion. La Science ne se démontrerait plus, elle se décréterait. Et ceux qui la déforment, la diffusent dans les médias, lui associant des risques le plus souvent exagérés, pour le moins infondés, n’oublient pas de générer la peur. Peur fédératrice qui donne la preuve de ce que l’on cherche à prouver, conférant ainsi notoriété et influence à ceux qui la produisent. Pour toutes ces raisons, la crainte devenue citoyenne est obligatoire.

Nous sommes bien loin du propos de Marie Curie qui disait :

Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre.

Aussi peut-on redouter que les lueurs du Siècle des Lumières soient en cours d’extinction. La démocratie devient la doxocratie – celle de la doxa. Et par le biais des médias et de ceux qu’ils choisissent pour source de référence, nous sommes dans l’ère de la « doxomédiocratie »1. Doxomédiocratie qui par validation de la perception est devenue source de risque sanitaire, par les comportements qu’elle génère, aux conséquences beaucoup plus importantes que celles du risque lui-même… La caricature fréquente en est l’effet nocebo2.

Mais comment expliquer cette dérive de la perception de l’objectivité de la Science ? Un phénomène objectif, comme les lois physiques de la pesanteur, de la radioactivité, est indépendant de la conscience et des croyances humaines.

Alors que l’aspect subjectif est dû à la perception, à l’opinion, à la conscience, à la croyance humaine. Si cette croyance reste individuelle, qu’elle change n’est pas grave pour la Science… Mais si la considération intersubjective, conscience subjective de plusieurs individus, celle des réseaux d’information, devient majeure, elle est, de ce fait, le moteur de décisions conséquentes devant respecter la paix sociale. (Cf. « La Démocratie des crédules » de G. Bronner.)

Elle peut être liée à des idéologies, des partis politiques, des religions, toujours très dépendante des médias et des réseaux sociaux. Le changement de ce mythe partagé n’est pas facile, il faut lui trouver un ordre imaginaire de substitution, plus puissant. Pour la Science, le progrès ne suffirait plus.

Plusieurs signaux d’alarme sont pourtant lancés mais demeurent inaudibles. Des hommes politiques aux valeurs démocratiques reconnues signent des messages alarmants dans une indifférence effrayante :

Il est indispensable que les scientifiques et ingénieurs puissent s’exprimer et être écoutés dans leur rôle d’expertise. L’existence même de la démocratie est menacée si elle n’est plus capable d’entendre des expertises, même contraires à la pensée dominante. (R. Badinter, A. Juppé, M. Rocca, J.-P. Chevènement, Libération, 15/10/2013)

Des personnalités scientifiques de tout bord dénoncent cette dérive :

Nos élites ignorent la Science, souvent caricaturée, la culture scientifique est exclue du savoir commun. (…) Depuis deux générations les sciences sont absentes de la formation des élites politiques. (E. Klein, philosophe de la Science, Le Point, 27/02/2014.)

En matière de sciences, nos décideurs politiques, sont d’une inculture abyssale. (Propos d’un conseiller scientifique anglais rapporté par Alain Bussard, Libre Opinion, Revue Médecine/Science, 1994)

Ainsi la culture scientifique est totalement délaissée à l’ENA, c’est un constat et pourtant :

La législation a besoin d’un regard scientifique pour prendre de bonnes décisions. (C. Villani, médaille Fields, député, Vice Président de l’OPECST)

Les scientifiques souffrent, n’en peuvent plus de leur mise à l’écart :

Du Devoir de Mauvaise Humeur » à la « Défense du bien Public. (Bréchet, Académie des Sciences -by Revue Progressistes 05/10/2015)

Un simple test est édifiant : dans n’importe quelle assemblée notamment d’élus et à fortiori du public, qui connaît l’existence de l’OPECST (Office Parlementaire des Évaluations et Choix Scientifiques et Technologiques, Loi n° 83-609 du 8 juillet 1983) et de ses nombreux rapports de mise au point sur certains sujets d’actualités : Intelligence artificielle, déchets nucléaires, expositions aux « Essais Nucléaires », etc. ? Très, très peu lèvent le doigt ! Ainsi point de repères, ni de références de qualité ne sont prises en compte par les parlementaires ou les sénateurs.

Et pourtant des philosophes le déclarent :

Je vous le dis, ce qui a le plus changé le Monde depuis deux ou trois siècles… c’est la Science ! (D’Ormesson, Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit, R. Laffont, 2013)

Le niveau scientifique de l’enseignement en France est mauvais. Tout récemment, décembre 2017, la France est au 27ème rang mondial, soit, pour ce classement PISA, 17 places perdues en 17 ans !

Ce constat pitoyable semble laisser l’Éducation nationale de marbre. Nous avons oublié que la révolution scientifique a été la découverte de notre ignorance. Il a fallu abandonner des croyances, des convictions pour les remplacer par l’incertitude de la connaissance scientifique. La révolution scientifique n’est pas une révolution du savoir mais bien une révolution de l’ignorance. C’est l’empressement à admettre l’ignorance qui a donné à la Science un dynamisme, une curiosité longtemps inextinguible de comprendre, de savoir et d’admettre que nos connaissances peuvent n’être que provisoires.

Malheureusement un principe de précaution, légitimement mais spécifiquement édicté pour le risque d’un réchauffement planétaire d’origine anthropique, a été dévoyé de ce champ d’application. Appliqué à d’autres risques qui n’ont plus rien à voir avec celui pour lequel il a été imaginé, il est devenu synonyme du risque 0. L’avoir inscrit dans la constitution est une faute grave par ses conséquences car elles neutralisent la recherche de la compréhension.

Le retour de l’acceptation de l’ignorance serait-il la fin de la révolution scientifique ? C’est ce que prêchent de trop nombreux « notables  médiatiques ». D’autant plus notables et d’autant médiatiques qu’ils assènent des allégations sensationnelles et se conforment aux courants de pensée en vogue tandis que les communautés du savoir et leurs « sachants » sont exclus  des sources de référence.

Malgré ces outrances, restons optimistes, le retour du « balancier de la raison » est proche… Ailleurs, la science ne s’arrête pas. Pour ne pas subir les applications de ces connaissances nouvelles, pour le bien de l’Homme, sachons alors les maîtriser. Car du transhumanisme à la convergence des NBIC (Nanotechnologies, Biologie, Informatique et sciences Cognitives), etc., elles vont indéniablement révolutionner nos modes de vie.

La conclusion de cette réflexion est double. D’une part, sans l’instruction d’un minimum de culture scientifique, l’information à caractère technologique, scientifique et médicale ne peut que rester inaudible pour la grande majorité du public. De ce fait les décisions prises par nos gouvernants resteront inadaptées aux besoins, à la réalité.

D’autre part, même s’ils n’ont pas l’impression d’atteindre leur but, les scientifiques qui persistent à vouloir rendre accessible cette indispensable information à caractère technologique, scientifique au plus grand nombre de citoyens peuvent se consoler :

Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. (Einstein)

  1. Doxomédiocratie : néologisme de l’auteur attribuant la volonté du peuple et des décideurs à la « doxa » (opinions admises) amplifiée et relayée par la médiocrité de certains médias.
  2. Nocebo : effet sanitaire délétère sans cause avérée.
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  • « Une civilisation sans la science, c’est aussi absurde qu’un poisson sans bicyclette »
    ce serait Fucius qui aurait dit ça et il aurait oublié d’être con,
    moi je sais que c’est Desproges et il était loin de l’être.

  • Le pire n’est pas tant l’inculture scientifique que la prétention que ça ne serait pas un problème. A de nombreuses époques, les scientifiquement incultes ont néanmoins montré un grand respect pour la science et la technologie, et une forte conviction qu’ils avaient intérêt à confier leur destin à ceux qui maîtrisaient ces domaines.

    • Tandis que de nos jours c’est l’inverse. Ils nient ce que disent et font les scientifiques, leur opposant la Nature. Alors que la science c’est justement l’étude de la nature, afin de la comprendre!

  • c’est un problème pour qui? ou pour quoi?
    D’abord être chercheur ou expert est un métier donc on en vit et pour en vivre une certaine ignorance ou  » paresse » des clients est requise. Beaucoup de chercheurs profitent de l’image positive de la science et de son aura alors qu’en réalité » être chercheur n’est pas si intellectuellement exigeant que cela, ( être théoricien l’est davantage), l’usage de jargon n’est pas une simple conséquence de la complexité des choses , c’est aussi un moyen d’écarter les suspicieux et d’éviter un audit par le public de la qualité et donc le prix du boulot.
    Et tant que la confiance est là..tout va bien et les chercheurs ne se plaignent pas de l’ignorance du public ( en fait du client)… le jour où la confiance disparaît tout change

    Pour une série de raisons la confiance du public envers non pas la science mais davantage les technologies qui proviennent de ses avancées a été érodée.
    nuage de Tchernobyl, cancers liés à la vie moderne…etc..

    Les scientifiques devraient s’opposer absolument d’être utilisés comme déterminant un choix politique, il est rarissime qu’une avancée technologique soit un progrès absolu, elle a donc des inconvénients. La seule morale des scientifique est le respect de la méthodologie dans la vérification des hypothèses..la science ne recherche pas le bienfait de l’humanité. il s’avère que nos sociétés modernes s’accommodaient très bien de la vérité et du progrès mais il est des temps où la vérité révélée était plus importante et pouvait la supplanter. Nous observons aussi une dérive dans le domaine du droit avec des jugements sans démonstration de culpabilité claire.

    C’est la vérité qui ennuie , elle a toujours dérangé les idéologues.
    les chercheurs « professionnels ne sont absolument pas sans idéologie, dont le premier élément est ne discuter pas mon financement, je vous suis nécessaire m^me si vous ne pouvez pas le comprendre.

    Les idéologues ont aussi compris une chose toutes les sciences ne conduisent pas nécessairement au progrès technologique, elle peut m^me facilement être utilisée comme un obstacle au changement technologique du monde.
    Nous avons des tas de jeunes qui se dirigent vers des sciences descriptives ou environnementales qui leur permet de vivre d’une opposition au progrès technologique …on peut en vivre et à nouveau être admiré comme scientifique « pur »..

    Il suffit de faire basculer l’idée que la recherche conduit au progrès matériel ce qui est historiquement vrai mais faux dans le détail, vers l’idée que la biodiversité est essentielle pour l’humanité…et le tour est joué.

    Mais bon, tout ça reste des idées jetées en vrac, UNE SEULE question d’u point de vue libéral au nom de quoi avez vous le droit de m’interdire de cultiver des ogm avant d’avoir que vous ayez subi le moindre dommage?

    Une des trucs les plus vicieux est qu’une »modification  » de l’environnement
    ( et encore d’un environnement théorique idéalisé) peut être vu comme un dommage ..la théorie du bien commun..quelque chose qui ne vous a rien coûté n’exige aucun travail, vous appartient un peu malgré tout…

    • dans un monde libre, si je suis idéologiquement opposé à la technologie ogm en raison de sa « diabolicité », je m’y oppose a , en ne finançant pas la recherche, en n’en utilisant pas…et bien sur en prêchant et manifestant…

      vous remarquez que quand la recherche est financée sur fonds publics l’etat peut prendre vitre argent pour payer des gens qui agissent pour ce que vous pensez être « mal » ou inutile…ça pose question..

      • Vous représentez bien l’ignorance scientifique. Cela fait 20 ans que des milliards de gens et d’animaux consomment des OGM et rien n’est arrivé. Tous nos aliments sont des OGM, puisque tous génétiquement transformés par rapport à la plante ou l’animal originel. Quand donc cesserez vous votre propagande écolo?

        • Les OGM qui font problème sont ceux qui ont été obtenus par greffe d’un gène d’une autre espèce, pas ceux qui ont évolué naturellement avec juste un « coup de pouce » humain pour ne conserver que les plus intéressants.

        • J’ai bien peur que ce soit toi qui « représente bien l’ignorance scientifique », parce que ça fait plus de 10 ans qu’en micronutrition (tu sais, ces départements qu’on trouve parfois dans des facs de médecine) on connaît les problèmes liés aux OGMs, en particulier les céréales. Et pas que chez l’homme mais aussi chez l’animal (haaa, les volailles nourries au maïs).

          Donc je vais te sortir un peu de ton ignorance sur le sujet :

          que ce soit par génie génétique ou par simple sélection / croisement de variétés, les céréales ont évolué bien plus vite que notre tube digestif. Par exemple le blé moderne est passé de 14 à 42 chromosomes, ce qui a eut pour conséquence de changer la structure des protéines, protéines qui au mieux se contentent de passer la paroi intestinale et de déclencher une réaction immunitaire, au pire détruise la dite paroi (disjonction des jonctions serrées entre les entérocytes).

          C’est bien pour ça qu’il y a (entre autres) une explosion ces dernières années des maladies auto immunes (la bouffe est un facteur de risque identifié depuis longtemps – c’est une des raisons du succès du régime hyptoxique seignalet, qui consiste à faire une éviction quasi complète des céréales) et aussi une explosion des intolérances alimentaires, notamment sur les céréales (maladie coeliaque ou autre réponse immunitaire comme l’intolérance générique au gluten), et comme par hasard les céréales générant le plus d’intolérance sont les céréales « modernes » (blé, orge, seigle, maïs) qui ont été « sélectionnées » (le cas du blé est caractéristique, le blé « moderne » a été « créé » pour avoir un taux de gluten plus important), parce que figure toi que les céréales anciennes (non mutées) elles ne génèrent quasiment jamais d’intolérance : riz, petit épautre, sarrasin..

          Mais pour le savoir, il aurait fallu que tu te renseignes un minimum, ce qui semble hors de portée de ton égo surdimensionné tout juste bon à dénoncer la « propagande écolo » comme tu la nommes si bien.

          • Je préfère quand une opinion est étayée par des références scientifiques détaillées plutôt que des considérations limite insultantes vis à vis de l’interlocuteur.

            • Je vous invite à aller consulter un toubib diplômé en micronutrition (ça coûte autour de 130e la consultation) qui vous confirmera tout ça.

              Il y a même un bouquin « grand public » qui traite de ce sujet : https://livre.fnac.com/a5591394/Julien-Venesson-Gluten-Comment-le-ble-moderne-nous-intoxique

              Jean Seignalet (créateur du régime dit « hypotoxique ») évoquait déjà le sujet en 2003 dans son livre « l’alimentation ou la 3ème médecine » (que vous trouverez en pdf sur le net sans problème », allez je vous donne un coup de pouce : http://sa.penchak.free.fr/seignalet/seignalet.pdf les céréales c’est page 87)

              Le gluten qui provoque l’hyperméabilité intestinale c’est là : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4377866/

              quant au fait que les céréales mutées soient fortement génératrices d’intolérances, c’est la conclusion que j’en ai tiré de :
              – la discussion que j’ai eu avec ma toubib spécialisée dans le domaine qui voit défiler dans son cabinet des gens souffrant de ces problèmes du matin au soir
              – de mes dosages d’anti corps sur les protéines alimentaires.

              Je constate par contre que mon message vous choque, mais le message initial non (« Vous représentez bien l’ignorance scientifique. »)

              • J’ai été voir l’article scientifique que vous indiquez, et il faut une bonne dose d’extrapolation gratuite pour en tirer d’autres conclusions que celles qui y sont indiquées. Ce type d’extrapolation gratuite fait bien partie de ce qu’on peut appeler « l’ignorance scientifique », de même que la recommandation d’aller consulter pour 130€ un prétendu spécialiste dont la spécialité n’est certainement pas d’évaluer la fiabilité statistique de déductions naïves et osées à partir d’études médicales sans lien avec la question posée.
                Un toubib n’est pas un scientifique, c’est un commerçant qui vend un service, et c’est même très souvent une personne en profonde contradiction entre son quotidien qui consiste à maximiser ses revenus et la satisfaction du patient et son serment qui devrait la pousser à soigner et guérir avant tout. Si vos convictions vous permettent de mieux vous porter, tant mieux, mais de grâce n’allez pas en faire un raisonnement scientifique : vous montrez effectivement que vous ne savez pas ce que c’est qu’un tel raisonnement.

                • « Un toubib n’est pas un scientifique » merci pour ce trait d’humour, moi qui pensais qu’un toubib avait un diplôme de « docteur en médecine »

                  mes dosages d’anti corps ne sont pas des « convictions » ce sont des faits, mais je comprends que vous ne fassiez pas la différence.

                  • Docteur en médecine, ça montre simplement qu’on a été capable de suivre certaines études, de beaucoup apprendre par coeur, et de restituer cela le jour de l’examen. Même aujourd’hui où les thèses dans les autres disciplines sont comparables aux travaux de DEA d’il y a quelques lustres, elles sont encore bien supérieures à la thèse de doctorat en médecine. Si vous vous laissez impressionner par un titre de docteur en médecine, vous n’avez aucune notion de ce qu’est la science. Et je peux vous le dire sans crainte, vu mon propre cursus scientifique, qui rend vos jugements à mon égard peu flatteurs pour votre discernement, cette qualité scientifique à la portée de nombreux non-scientifiques mais devenue si rare aujourd’hui comme le déplore l’article.
                    Vos dosages d’anticorps sont des faits, ce que vous en déduisez sont des convictions sans intérêt.

                    • Avez-vous le moindre titre qui vous permettrait de justifier d’une quelconque expertise dans le domaine concerné, à savoir les effets de la nourriture moderne sur la santé ?

                    • Je suis un statisticien et un spécialiste des risques internationalement reconnu. Ca me permet de juger pas mal d’assertions et d’interprétations de données expérimentales. J’ai encadré et décerné des thèses et des prix scientifiques, j’ai été honoré de l’amitié de grands professeurs, j’ai contribué à la réécriture de normes ISO pour rendre plus cohérente la prise en compte d’objectifs de sécurité dans un contexte stochastique. Mais c’est sans importance, si vous ne pouvez pas juger de la compétence scientifique de quelqu’un sans connaître ses titres, vous ne faites que confirmer l’inculture que déplore l’article.

    • Votre argument de départ ne tient pas. Pour vivre d’une compétence, il suffit que le reste du monde juge que vous exercez cette compétence de manière professionnelle et plus efficace qu’il ne le ferait lui-même. Il n’est nullement question de paresse ou d’ignorance, mais de discernement et d’honnêteté. Etre scientifique, c’est faire progresser la vérité, la compréhension et les possibilités d’utilisation profitables, matériellement et intellectuellement, des phénomènes. Et c’est aussi, malheureusement, être impuissant face à ceux qui prennent argument de la complexité des choses pour remettre la vérité en doute pour leur petit profit parfaitement personnel, matériel et intellectuel. Or les chercheurs et les scientifiques n’ont aucune prise sur la manière dont leurs résultats seront pris, acceptés ou déformés. Ceux qui ont ce pouvoir sont des politiciens ou des propagandistes, et c’est comme le dit l’article le peuple censé les contrôlé qui n’exerce pas correctement cette fonction, faute de culture et de discernement.

  • Très bon article. Le public manque d’un minimum de culture scientifique, ainsi que la plupart de ceux qui nous gouvernent et qui doivent (ou devraient) faire appel à l’expertise. Mais ce qui est plus grave, c’est la recherche scientifique elle-même. Elle ne progresse que dans le sens de la pensée dominante (archéologie, climat, etc, etc). Si on s’écarte de cette dernière, pas de subvention pour son labo. Par exemple, il suffit d’inclure une expression comme «lutte contre le réchauffement climatique» dans les premières lignes de son programme de recherche pour recevoir des subventions, au détriment évidemment de programmes plus utiles. Bref, le monde scientifique lui-même n’est pas exempt de défauts.

    • C’est bien pire. Dans toutes les instructions pour effectuer une proposition de projet de recherche, il est aujourd’hui obligatoire (mandatory) de fournir les argumentaires appropriés avec les numéros de paragraphes pré-déterminés sur notamment la manière dont le projet lutte, entre autres, contre le changement climatique et pour l’égalité des genres. C’est tout juste si dans les instructions aux évaluateurs/trices on admet qu’on puisse faire preuve de mansuétude quand , par exemple, on ne trouve pas de femmes prêtes à se les cailler en allant faire des mesures l’arme à la main sur le territoire des ours polaires… Mais ça ce n’est pas le monde scientifique, c’est celui des grosses commissions.

      • Dans les projets scientifiques, il est toujours utile de placer des bons mots, expressions à la mode etc. C’est pour que le projet donne l’impression d’être dans le « vent ». Mais bien souvent l’auteur ou les auteurs ont une idée bien précise de ce qu’il essayent de faire ou de ce qu’ils vont favoriser, mais le présentent d’une manière favorable. Un projet de recherche n’est jamais honnête, c’est un exercice politique où on essaie de noyer le poisson pour avoir les fonds. Comment voudriez vous argumenter sur quelquechose dont vous ne connaissez pas les résultats à l’avance? Et les évaluateurs font de même, en tordant les grilles d’évaluation si nécessaire.

  • S’ils n’étaient ignare qu’en sciences, mais c’est pire en économie!

  • Un des articles sur les problèmes de notre société et les paramètres qui permettent une démocratie éclairée, le plus pertinent et le plus synthétique que j’ai lu depuis des mois, Rien de moins.
    « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre »
    Une société dans laquelle les décideurs n’ont pas les éléments pour comprendre, et le peuple pour juger des propositions qui lui sont faites, a peu de chance d’être apte a assurer sa survie et son avenir.
    Il est urgent de supprimer le principe de précaution pour le remplacer par un principe D’Instruction.
    La peur n’évite pas le danger.

  • Article excellent ; on pourrait aussi ajouter que les Français n’aiment pas les chiffres qui décrivent la réalité .Et pour les sciences jeunes et complexes ( climatologie,…) ou humaines ( économie,….), pour éviter les lunettes idéologiques, il faudrait cultiver « l’intention scientifique »

  • Si l’objectivité scientifique semble remise en cause parfois, pas toujours faut pas exagérer non plus , c’est à cause de certains scientifiques. Du pain béni pour une partie de la foule naturellement inquiète. Avec la puissance de l’information et son accessibilité ils se font facilement entendre et deviennent des figures de proue de certains combats. Parce qu’on peut être scientifique sans avoir l’esprit critique de manière générale comme on peut avoir l’esprit critique sans être scientifique. Je mets ça sur le compte de la contradiction et si parfois elle produit du déchet souvent elle est bénéfique.
    Concernant les politiques le problème donc les conséquences pour la société est plus sérieux. Mais ce n’est pas qu’un problème d’inculture.

  • Une évolution positive que je note ces dernières années est que la recherche elle même (articles, publications, résultats de recherches) sont de plus en plus disponibles librement. Il est donc possible pour tout un chacun d’avoir une opinion objective sur de nombreux sujets touchant à la science. Malheureusement, il faut tout lire, et non pas un résumé ou pire une reprise dans les médias. Et cela demande un effort. Est ce possible de répandre une culture scientifique à la population? Mais le plus préoccupant pour moi comme le dit l’article est l’inculture de nos « élites » (les gouvernants, les décideurs), et leur préférence de la rhétorique au le raisonnement. Peut être faudrait il que les études politiques et managériales soient plus scientifiques et moins littéraires.

  • Vaste débat.
    Ainsi mon épouse me reproche mon manque d’ouverture vis-à-vis de tas de phénomènes inexplicables. J’ai renoncé à lui expliquer qu’elle confond les concepts « d’ouverture » et de « subjectivité ».

  • L’auteur mélange deux choses, à mon sens, dans le but finalement avoué de dénoncer le principe de précaution inscrit dans une constitution. Et fait, à ce dernier, un mauvais procès.
    Commençons d’abord par la fin : le principe de précaution ne trouve pas son origine dans la problématique du réchauffement climatique, bien moins discuté à l’époque qu’aujourd’hui, mais dans un certain nombre de scandales qui ont émaillé l’histoire politico-économico-sanitaire de la France ces dernières décennies, parmi lesquelles les plus emblématiques suivantes : sang contaminé, vache folle, amiante…
    Finissons par le début : c’est un fait que depuis les avions renifleurs jusqu’au 80 km/h sur les routes, l’absence de bagages technico-scientifiques de nos élus/élites peut les amener à décider à peu près n’importe quoi. Et au café du commerce du coin, les discussions menées par des gens qui n’en savent guère plus ne leur permettent pas de se faire une idée bien précise de tout cela.
    Mais le principe de précaution n’a pas grand chose à voir avec ces lacunes scientifiques. Il résulte de la conjonction de deux éléments :
    1. la volonté, légitime, pour la population d’être protégée à l’avenir de technologies, d’outils ou de méthodes potentiellement dangereuses
    2. la méconnaissance scientifique, à un temps T, de l’impact des dits technologies, outils, méthodes…
    Le principe de précaution n’est pas lié à l’inculture scientifique de quelques uns de nos décideurs, mais à l’état de la science à un moment donné de notre histoire, qui tout en faisant redouter les conséquences de certains choix, ne nous permettent pas d’en démontrer la réelle innocuité.

    • Pas du tout, le principe de précaution résulte de deux éléments :
      1. l’incapacité de la quasi-totalité de la population de mesurer et de majorer objectivement les risques, et la facilité avec laquelle on peut la sensibiliser à des risques infimes,
      2. la volonté de personnes habiles et pragmatiques d’exploiter à leur profit cette faiblesse.
      A l’origine, le principe de précaution établissait que si on soupçonne un risque, on doit conduire les études scientifiques qui permettront de réduire le plus vite possible l’incertitude sur le niveau de ce risque, afin de prendre des décisions éclairées en fonction de la position relative de ce risque parmi les autres risques. Pas du tout de prendre des décisions obscurantistes pour se concilier le plus possible des masses manipulées qui ont compris de travers…

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