Par Alexis Vintray.
Free-floating : un concept intéressant
Sur le papier, ces nouveaux vélos sont pleins d’avantages intéressants : ainsi, oubliés les soucis pour reposer votre Velib si comme moi vous devez régulièrement vous rendre dans des quartiers sans aucune place aux bornes. Repérez un endroit pour poser le vélo, sans gêner le passage évidemment, et en 10 secondes le tour est joué. Avec Velib, vous êtes régulièrement bons pour faire le tour du quartier jusqu’à trouver une place.
Ensuite, contrairement à Velib et à son déficit annuel de 16 millions d’euros à la charge du contribuable parisien, ces systèmes privés sont autofinancés et ne reposent pas sur la subvention publique pour exister. Nul ne sait encore si ces systèmes sont ou quand ils seront profitables, mais au pire c’est l’argent des actionnaires qui est perdu, pas le mien ou le vôtre.
Cette meilleure réussite financière, à confirmer dans le temps bien sûr, est rendue possible, entre autres, par l’absence de bornes physiques aux coûts exorbitants, mais aussi probablement par une gestion financière plus saine grâce à de biens meilleures motivations, davantage financières que politiques.
Enfin, ces nouveaux acteurs vont introduire un peu de concurrence dans un marché monopolistique, où le service des clients pouvait sembler secondaire face aux considérations politiques. Ce sang neuf pourra stimuler positivement les acteurs existants et forcer à l’amélioration l’acteur historique à Paris, dont la migration vers un autre concessionnaire est très loin de se faire sans heurts, avec un tiers de stations fermées en ce moment.
De mauvaises objections sans fondement
Les partisans de la solution quasi publique (Velib, Velo’v, etc.) ne manqueront pas de souligner des objections évidentes à ces nouveaux types de vélo : les incivilités tout d’abord, avec des vols de ces vélos qui ne sont pas attachés, mais seulement verrouillés par un cadenas électronique.
Mais, d’une part, ces vols débouchent déjà sur des condamnations et, d’autre part, les quelques vols recensés ne suffisent pas à rendre très coûteuse cette solution, structurellement plus économique que les Velib (Paris) et autres Velo’v (Lyon). Geoffroy Marticou, responsable de Gobee Bike en France, confirmait une quinzaine de vols ainsi à Lille et déclarait à La Voix du Nord :
On s’y attendait. Cela reste marginal par rapport aux centaines de vélos en circulation.
Pour rappel, un Velib à Paris coûte environ 4000 euros par an…
De même pour la possibilité, théorique, pour les clients de ces vélos de privatiser le vélo en le garant, par exemple, dans une cour intérieure. Mais là encore, les chiffres semblent faibles et surtout, le comportement est facilement identifiable. Le même représentant de Gobee Bike d’ajouter ainsi : « On les repère grâce à un algorithme. Ce n’est pas toujours de la mauvaise volonté, certains ont parfois mal compris le système. On appelle les personnes en leur réexpliquant les règles du jeu. »
Mais de vraies objections de fond
Néanmoins, si les critiques les plus fréquentes manquent totalement ou partiellement leurs cibles, ces vélos posent de vrais problèmes qui entraveront significativement leur développement.
D’une part, et c’est le plus gênant, les vélos actuellement déployés par les différentes entreprises ont tous en commun d’être complètement inadaptés : avec une seule vitesse (sauf Ofo), ridiculement facile, (contre trois sur les Velib), ils vous donneront l’impression de pédaler sur un vélo pour enfant, et vous épuiseront en pédalant à fond pour avancer d’un mètre. Impossible en outre de régler la selle, oubliez votre confort si vous ne faites pas la taille moyenne… Vous l’aurez compris, si vous êtes un individu normalement constitué, utiliser ces vélos vous sera vite insupportable tant vous aurez l’impression de ne pas avancer.
Ensuite, leur mode de facturation (50 cents la demi-heure) découragera tout utilisateur un tant soit peu régulier, pour qui le Velib à Paris coûte 50 centimes… la semaine. Tout cela confirme que le public visé est l’utilisateur occasionnel, voire le touriste, mais que ces sociétés se privent de l’essentiel du marché, les utilisateurs quotidiens. On notera amèrement que ce problème de facturation découle probablement de la subvention massive accordée à Velib à Paris ou à ses équivalents en province…
Enfin, toutes les sociétés concernées semblent n’avoir toujours pas réussi à gérer le défi de base : assurer une bonne distribution des vélos dans la ville pour que les clients en trouvent quand et où ils veulent en utiliser. Un problème qui s’illustre en image :
@GoBeeBikeFR a débarqué à Lille en octobre avec 1000 vélos. 2 mois plus tard il en reste moins d’une dizaine disponibles sur l’appli. Que s’est-il passé ? Avez-vous prévu de remettre des vélos en circulation ? pic.twitter.com/DDXjJPHcDN
— Mathieu Chassignet (@M_Chassignet) 7 décembre 2017
Cherchez un Gobee Bike, Ofo ou autre Obike quand vous en avez vraiment besoin, bon courage…
À terme, le concept de ces nouveaux vélos en free floating reste intéressant. La pratique est pourtant très loin d’être parfaite et il faudra très vite corriger ces problèmes lourds pour espérer voir ce concept se développer durablement.
Article initialement publié en décembre 2017.
Mais comment est-ce possible d’imaginer un tel système dans un pays comme la France ,le pays le plus bordélique du monde où l’incivilité et l’irresponsabilité des gens est plus qu’une légende ?
Et puis il y a la pratique , comment est il possible de faire du vélo sans vitesse , sans possibilité d’adapter la hauteur de selle et de guidon ni avoir la selle adaptée à son postérieur…le bobo serait il une espèce uniforme ou un être aimant se torturer des le matin avec cette chose hideuse malgré sa couleur flashy ?
Très juste, il faut être stupide comme l’âne Hidalgo pour introduire cela. Ces vélos vont être laissés n’importe où, volés, dégradés, etc… Bref ce sera une vraie catastrophe!
L’incivilité n’est pas nécessairement un problème, on le voit bien ici. Les différentes sociétés ne remontent pas ce problème.
http://gobeebike.fr/fr/goodbye-fr/
Visiblement vous n’avez pas préparé votre sujet 🙂
Bonjour
C’est comme les transports en commun, des auto entrepreneurs (taxico) pourraient faire une offre de concurrence, mais l’usager ne paie pas le vrai prix du service monopolistique. Il est même des villes où les transports en commun sont ‘gratuits’.
je ne pensais pas Contrepoint le défenseur de la subvention publique . Très déçu! Il faut au contraire encourager la concurrence et décourager les solutions subventionnées . Meme si le démarrage des solution libres est sans doute poussif….
Une subvention consiste à faire payer tout le monde pour un service rendu à quelques uns…..mais des fois cela profite indirectement à tout le monde…le vélo,si cela empêche la personne de participer aux embouteillages et à la pollution de l’air….
@ reactitude
Je suis d’accord avec vous (mais je ne parle pas de Paris où c’est « un problème »), il faut être plus nuancé: désengorger la ville de voitures trop nombreuses et diminuer les gaz d’échappement + offrir un complément aux « transports en commun » ou aux touristes de passage, c’est positif.
Si l’initiative vient de la municipalité (niveau politique le plus « démocratique »), pourquoi pas?
La bonne gestion, c’est un autre problème: celui du concessionnaire selon cahier des charges!
Et historiquement, le public fut pionnier!
La concurrence, c’est très bien, à condition de ne pas abandonner le moins rentable au public pour conserver le plus rémunérateur au privé, sinon la fiscalité augmente forcément!
Je vous invite à relire l’article…
Ce n’est pas une défense des subventions mais simplement le constat en valeur absolue que d’une part les vélos sont trop mauvais et que d’autre part le service est trop cher pour une utilisation autre qu’occasionnelle.
Pour Gobee que j’ai essayé, on peut egalement ajouter que l’application est completement à la ramasse.Je ne sais pas pour les autres.
Cela ne constitue pas une defense de velib et de ses 4000euros annuels.
Ensuite, leur mode de facturation (50 centimes € la demi-heure) découragera tout utilisateur un tant soit peu régulier, pour qui le Velib à Paris coûte 50 centimes… la semaine.
Parfaite illustration de la concurrence déloyale exercée par un « service public » au détriment des services privés concurrents. Le service public peut baisser ses prix quasiment sans contrainte puisque le déficit est épongé par le contribuable…
Déficit ? Quel déficit ils se sont battus pour ce service.
La mairie paie pour ce service qu’on lui rend ,il ne s’agit pas de subventions ! Reste à savoir si ce service est utile….on supprime le métro ?
La mairie impose au prestataire un tarif de vente au public qui ne permet pas pas de couvrir les coûts de fonctionnement. La différence est donc bien payée par la mairie, sinon le prestataire aurait déjà mis la clef sous la porte. Si ce n’est pas une subvention d’exploitation, ça y ressemble furieusement.
Le « service » est en réalité fort couteux pour la mairie. Un vélib coute 4000 € par an. Elle pourrait en offrir aux parisiens des vélos pour ce prix-là, multiplié par le nombre de vélib en circulation.
Et le service est en passe de devenir encore plus couteux pour les contribuables, puisque les pertes du système seront épongés, au delà d’un certain seuil, par le contribuable…
Ah le fantasme romantique des maoïstes qui rêvent les larmes aux yeux de millions de petits Français se déplaçant en vélos comme les chinois au bon vieux temps de la révolution culturelle, faisant ainsi un pied de nez au monstre capitaliste et à ses automobiles, symbole honni du bourgeois matérialiste et frimeur et de la réussite industrielle occidentale destructrice de l’environnement
Le vélo : populaire et égalitaire. Et donc : comme Churchill, et par principe : no bike !
Rassurons-nous. L’ânesse va réussir à torpiller ces machins qui font de l’ombre aux petits vélos de ses copains. L’argument nous est déjà sorti depuis quelques temps : ces vélos, qu’on « gare » n’importe où, ça fout un tel bordel, qu’il faut leur faire payer l’occupation de l’espace public, devenu pour certains le Lebensraum…
Déjà, on commence à vouloir payer le stationnement aux 2RM en région parisienne.
De la sorte, seules les solutions proposées clés en main et au tarif exigé par les pouvoirs locaux auront droit de cité.
PS : de toutes façons, faut vraiment être taré pour louer un vélo « privé » ou « public » alors que l’engin lui-même coûte si peu cher ; un vélo d’occase se trouve à 50 euros (soit le prix d’un abonnement annuel plus 20 heures de pédalage)…
Bonjour,
Peut-être les personnes commentant cet article ont-elles des problèmes de vue : on parle ici d’initiatives privées, rien à voir avec Anne Hidalgo donc.
Et puis on parle aussi et surtout de Lille ville de laquelle Madame Hidalgo n’est pas en charge.
En outre historiquement la réduction de la place de la voiture à Paris date de Jacques Chirac, et le premier « plan vélo » était celui de Jean Tibéri. Les successeurs n’ont fait que poursuivre une politique de longue haleine.
Bonne nuit
Après quatre mois, le bilan est lourd. En France, ce sont près de 3 200 vélos dégradés, plus d’un millier de vélos volés ou privatisés, 280 dépôts de plainte enregistrés auprès des services de Police et près de 6 500 interventions réalisées par nos agents de terrain et nos partenaires de réparation.
Il nous a été difficile d’admettre qu’une génération d’individus pouvait mettre à mal ce projet si prometteur. Aujourd’hui, cette situation critique ne nous permet pas de poursuivre notre activité, et nous sommes donc contraints de mettre fin à notre service au niveau national.
http://gobeebike.fr/fr/goodbye-fr/
c’est quand meme bien le vol et le vandalisme le facteur numero 1, n’en deplaise a l’auteur.
En bref, que s’est-il passé ?
Nous avons démarré nos activités le 5 octobre 2017 à Lille. Par la suite, nous avons lancé notre service dans sept autres villes d’Europe. En quatre mois, 60% de notre flotte a été détruite, volée ou privatisée. L’ensemble du projet européen n’était donc plus viable.
C’etais évident qu’ils allaient couler, en Chine cela fonctionne bien, mais y’a pas de population qui brulent les voitures et les poubelles.
Tous les ans y’a plus de 1000 voitures qui brulent a la nouvelle année en france, et la police ne peux strictement rien faire, et même s’ils choppent les gars, ils seront relâchés par les juges. Donc si on ne peut rien faire pour les voitures, les vélos n’en parlons pas.
Le pays est foutu.
Relâchés par les juges : les juges ne font qu’appliquer la loi.
Si ça vous gêne, c’est aux députés et aux ministres qui décident ces lois qu’il faut se plaindre.
Les juges en ont marre, comme les policiers, de voir les mêmes individus encore et encore, leur faire perdre leur temps. Mais il n’y a pas de places en prison…
Voila bien un sujet pour lequel je serai prêt à payer des impôts, construire quelques prisons supplémentaires….