Afrique : les secrets de la création de richesses

Les pays africains, et non les gouvernements étrangers, doivent mettre en œuvre des réformes favorables au libre marché.

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Afrique : les secrets de la création de richesses

Publié le 24 février 2018
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Par Daniel Press.
Un article de Libre Afrique

Au cours des dernières décennies, des centaines de millions de personnes sont sorties de la pauvreté pour constituer une classe moyenne mondiale puissante. Cette avancée sans précédent est le résultat d’une plus grande liberté économique. Celle-ci consacre le choix personnel, l’échange volontaire et la protection des droits de propriété. C’est un développement bottom-up (du bas vers le haut) par des individus, pas de haut en bas via l’État.

Liberté économique dans les pays en voie de développement

Au fil des ans, la liberté économique s’est avérée être un déterminant incroyablement robuste de la prospérité actuelle ou future des pays. L’Institut Fraser a constaté que les pays économiquement plus libres ont des niveaux de revenus plus élevés, une croissance économique plus rapide et une réduction plus importante des taux de pauvreté.

Par exemple, en 2015, les pays situés dans le quartile supérieur dans le classement de la liberté économique (de l’Institut Fraser) avaient un PIB moyen par habitant ajusté de plus de 40 000 $, contre environ 5 000 $ pour les pays du quartile inférieur.

La montée de la Chine et de l’Inde est une preuve supplémentaire. Après la libéralisation partielle de leurs marchés – la Chine après 1978 et l’Inde après 1991 – ont commencé à croître de manière exponentielle, de 7 à 12 %, contre 2 % environ auparavant. Bien qu’aucun de ces pays ne soit presque entièrement libre sur le plan économique, même leur modeste amélioration a permis la réduction de la pauvreté absolue la plus spectaculaire que le monde n’ait jamais connue.

Les réformes du marché libre ont ouvert la voie à la prospérité pour des millions de pauvres dans le monde. Mais les gouvernements et les organisations internationales peuvent-ils vraiment planifier d’en haut une économie de marché ? La réponse courte est : Non.

Les institutions libres ne peuvent pas être conçues de haut vers le bas et elles ne peuvent être soutenues par l’aide étrangère. Des milliards de dollars d’aide au développement ont été transférés au cours des 60 dernières années, mais les résultats ont été lamentables.

Les économistes ont souvent constaté que l’aide étrangère n’avait aucune influence sur la croissance économique, alors que d’aucuns ont constaté qu’elle avait même une influence négative. C’est parce que, comme l’a fait valoir l’ancien économiste de la Banque mondiale, William Easterly, il ne s’agit pas de trouver les bonnes personnes ou le bon plan pour résoudre la pauvreté de haut vers le bas. La pauvreté, est à la base le résultat d’une pénurie de droits, de libertés et des institutions de qualité.

Le pouvoir du laisser-faire et la propriété privée

Les institutions de marché sont plus efficaces lorsque les États adoptent une approche non interventionniste. Un bon exemple de cela a été l’augmentation de l’argent « mobile » au Kenya. Il y a un peu plus de 10 ans, la société de télécommunications Safaricom a lancé M-Pesa, un service d’argent mobile au Kenya qui permet aux utilisateurs d’envoyer et de recevoir des paiements numériques. En 2015, Safaricom a indiqué que les paiements M-Pesa représentaient environ 44 % du PIB du pays avec plus de 25 millions de comptes.

La clé du succès de M-Pesa était que l’environnement réglementaire du Kenya était relativement accommodant. Alors que les banques et les institutions financières sont fortement réglementées, M-Pesa, en tant que service de télécommunication, était exempt de nombreuses réglementations contraignantes. Le manque d’accès au financement au Kenya a été résolu grâce à l’innovation.

L’un des plus grands problèmes sur le continent est celui des économies informelles, où les entreprises opèrent en dehors du cadre juridique d’un pays, et représentent environ 50 à 80 % du PIB.

Cette économie souterraine est une réponse naturelle aux restrictions étouffantes que les gouvernements ont imposées aux entreprises et aux entrepreneurs, forçant les gens à quitter l’économie formelle. Le dernier rapport du Doing Business de la Banque mondiale a estimé que l’Afrique était la région la plus difficile au monde pour lancer une entreprise.

Un autre facteur est le manque de droits de propriété sécurisés. Les nations garantissant la plus forte protection de la propriété privée ont un revenu par habitant cinq fois plus élevé que celles qui n’ont que des protections modérées. Sans titres fonciers formels, les individus cravachent pour obtenir des financements, créer des entreprises ou accéder au système judiciaire.

Les nations africaines sont parmi celles où les droits de propriété sont les moins sécurisés au monde. Si les particuliers et les entreprises n’ont pas de titre officiel sur leurs terres ou d’autres biens, comment peuvent-ils être intégrés dans l’économie formelle ?

Comment aider l’Afrique ?

Les pays africains, et non les gouvernements étrangers, doivent mettre en œuvre des réformes favorables au libre marché. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a rien que les pays occidentaux puissent faire pour les aider.

Accueillir le libre-échange et les flux de capitaux : l’un des obstacles les plus importants au développement agricole africain sont les subventions agricoles occidentales. Ainsi, quelques 10 millions de personnes en Afrique de l’Ouest qui dépendent des exportations de coton perdent jusqu’à 250 M$ par an à cause des subventions occidentales. Ce n’est que la pointe de l’iceberg en matière de subventions agricoles, et ce sont des opportunités à portée de main qui profiteront aux économies les plus et les moins développées.

Libéraliser l’immigration : les immigrants sont une ressource fantastique pour les économies occidentales, mais ils représentent aussi une formidable opportunité pour les pays d’immigration eux-mêmes. La facilitation et la flexibilisation des procédures de visas et des permis de travail aideront à améliorer la qualité du capital humain des immigrants qui bénéficiera ensuite à leurs pays d’origine à leur retour.

Arrêtez les interventions destructrices : les pays occidentaux devraient cesser de chercher à obtenir des résultats sociaux grâce à l’aide au développement. C’est un exemple de bonnes intentions entraînant des conséquences inattendues.

Mais peut-être le plus grand problème est que ce genre d’interventions a encouragé un cadre politique hostile au type de liberté économique nécessaire au développement. Tout programme qui contribue à planifier le développement de haut vers le bas bas empêche les pays d’adopter la liberté économique. Ils devraient être fortement repensés.

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  • Il faut apprendre à ceux qui sont au bas de l’échelle à grimper et non pas leur déverser des tombereaux de bonne conscience qui les laissent croupir au lieu de les élever.

  • A propos du manque de droits de propriété sécurisés que vous regrettez, ne vous faites pas trop d’illusions sur les modalités de sécurisation d’un pays comme la France par exemple. Dans ce type de nation, les titres officiels de propriété sont de plus en plus utilisés par l’Etat contre les détenteurs de ces titres pour les grever d’impôts qui finissent par devenir confiscatoires. Outre le fait que des réglementations abusives (ainsi que les droits abusifs tels que ceux accordés aux locataires indélicats) viennent restreindre les droits de propriété au point que les propriétaires se trouvent de plus en plus entravés dans l’usage de leurs biens comme s’ils en étaient expropriés.

    Dans un Etat de droit qui respecte les droits de propriété, les titres fonciers formels sont sécurisés. Sous un régime de despotisme plus ou moins doux ou brutal tel que celui qui sévit en France, les titres fonciers formels présentent une sécurité surtout pour l’Etat et ils facilitent l’exercice de sa prédation. Malgré leurs titres de propriété apparemment sécurisés, les propriétaires sont assignés à l’insécurité par la violence de cette prédation.

    Par conséquent, avant de revendiquer un cadastre à l’occidental qui apporterait une sécurité illusoire en cas de dictature, mieux vaut s’assurer que l’Etat qui aura le pouvoir de s’en servir est bien un Etat de droit et non un despotisme plus ou moins déguisé.

    De plus, il vaudrait mieux que les Africains ne soient pas trop pressés de disposer de titres de propriété formels pour obtenir des financements sous condition d’hypothéquer leurs biens. Car leurs financeurs risqueraient bien d’être assez laxistes pour financer des projets non rentables dans le seul but de les obliger à leur céder leurs terres.

    En d’autres termes, il me semble que les Africains ont besoin de formules innovantes pour sécuriser leurs titres de propriété tout en s’imposant de ne pas hypothéquer leurs terres et de ne pas s’engager dans l’engrenage infernal d’une fiscalité confiscatoire et d’une réglementation abusive qui serait appelée à réaliser, comme en France, une forme d’expropriation.

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