Iran : à Pasargades, Cyrus le Grand effraie les mollahs

Cette année, les activistes iraniens sur les réseaux sociaux ont appelé à une grande manifestation le 29 octobre à Pasargades, où se trouve la tombe de Cyrus le Grand. Cela n’a pas plu aux autorités.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Iran : à Pasargades, Cyrus le Grand effraie les mollahs

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 7 novembre 2017
- A +

Par Hamid Enayat.

Pasargades

L’an dernier, le 29 octobre 2016, une foule immense a manifesté contre le pouvoir en place à Pasargades, au Mausolée de Cyrus le Grand (Photo archive)

Selon les historiens, le 29 octobre, en 539 avant J.-C., Cyrus le Grand, Roi de Perse, a déclaré, à Babylone, la première Charte des droits de l’Homme dans le monde, aussi connu comme le Cylindre de Cyrus. Cette journée a été désignée comme journée internationale de Cyrus le Grand.

L’inscription sur le cylindre parle de la promotion de la liberté religieuse, raciale et linguistique par Cyrus et de son autorisation à ceux déportés de retourner à leur terre natale, une libération du peuple juif contraint à l’exil en Mésopotamie. Dans le même texte, le fondateur de l’Empire achéménide déclare illégale, toute forme d’oppression :

Je ne laisserai jamais quelqu’un opprimer les autres, et si cela se produit, je sanctionnerai l’oppresseur.

Cyrus proclame aussi la liberté de tout un chacun de choisir un emploi. En un mot, tout ce qui existait dans l’Empire perse du VIe siècle avant J.-C. fait partie des rêves de la population actuelle de l’Iran, gouvernée par un clergé despotique.

C’est pourquoi, la déclaration des droits de l’homme reste une référence pour la jeunesse iranienne. L’an dernier, à cette même occasion, une foule immense s’est rassemblée à Pasargades, une cité antique dans la province de Fars (sud) qui abrité le Mausolée de Cyrus le Grand, pour reprendre des mots d’ordre contre le pouvoir en place.

Cette année, les activistes iraniens sur les réseaux sociaux ont appelé à une nouvelle grande manifestation à l’occasion du 29 octobre, à Pasargades où se trouve la tombe.

Effrayé à l’idée d’une nouvelle manifestation populaire, le régime iranien a mobilisé ses forces pour empêcher cette fois tout rassemblement.

Citant un « responsable de la sécurité », le 26 octobre, l’agence de presse officielle Mehr s’alarme d’un projet des Moudjahidine du peuple (principale organisation d’opposition au pouvoir en place) « pour créer la confusion et le chaos la semaine prochaine à l’occasion de la commémoration de Cyrus ».

« Durant cette journée, les groupes contre-révolutionnaires ont l’intention d’encourager leurs sympathisants à assister à cette célébration, à affronter les forces de sécurité et à filmer et photographier la manifestation pour les publier dans les médias des Moudjahidine, ainsi qu’à provoquer des morts dans les affrontements », précise la même dépêche.

Depuis un mois, les organes répressifs du régime ont installé des clôtures sur un rayon de trois kilomètres du Mausolée de Cyrus et sur un trajet de huit kilomètres. Des obstacles ont également été érigés pour empêcher l’accès des véhicules à Pasargades. Des caméras de surveillance ont été installées tous les 50 mètres sur ce même trajet.

Par ailleurs, le pouvoir en place a intensifié l’atmosphère militaire des lieux, notamment en y organisant une manœuvre militaire d’un bataillon de la milice Bassidj, le jour même de la date anniversaire de la proclamation de la Charte des droits de l’Homme par Cyrus.

En même temps, des sms ont été envoyés par les services secrets sur le téléphone portable de tous ceux soupçonnés de vouloir participer à la manif du 29 octobre, particulièrement ceux identifiés lors de la manifestation de 2016. « La participation préplanifiée à ce rassemblement est en violation de l’Article 610 du Code pénal islamique et les contrevenants devront faire face à des actions juridiques et judiciaires », menaçait ce sms.

Le jour J, les Gardiens de la Révolution et les forces de police ont été mobilisés pour empêcher quiconque de se rapprocher des lieux. Un couvre-feu a été instauré de facto à Pasargades et dans les villes environnantes. Toutes les routes menant au Mausolée, même les routes rurales, ont été bloquées. La garde anti-émeute vêtue de noir effectuait des patrouilles, vérifiant toute personne ou véhicule suspects. Elle enlevait et emmenait avec elle les plaques d’immatriculation de voitures qui se trouvent sur les chemins menant à Pasargades, sur un rayon de 20 km. Des patrouilles en hélicoptère continuaient de manière ininterrompue.

En dépit de toutes ces mesures persuasives, un très grand nombre de personnes ont tenté de joindre Pasargades en voiture ou à pied, par divers itinéraires. Un embouteillage monstre a été provoqué sur toutes les routes de cette zone. L’entrée de la ville de Chiraz (chef-lieu de la province de Fars, la ville la plus proche du Mausolée) et les parcs de cette ville étaient pleins à craquer de gens qui voulaient aller à Pasargades. La police déployait de grands efforts pour disperser la foule. Dans les parcs, les policiers effectuaient des fouilles et ont même confisqué ou cassé à plusieurs reprises les téléphones mobiles des personnes rassemblées.

Ces mesures ont constitué un signe de faiblesse d’un pouvoir en mal de popularité et en proie à de graves crises sociales et économiques, qui craint la moindre manifestation d’opposition.

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Malheureux Iraniens risquant très gros face à ces mollahs obscurantistes, terroristes et génocidaires.
    En pays totalitaire, la résistance est courageuse, contrairement à ce qui se passe en démocratie, où les prétendus  » antifas  » se contentent de brutaliser, incendier et piller.

  • Il est réconfortant d’apprendre que de nombreux Perses n’oublient pas que leur histoire ne commence pas avec l’Islam, lequel n’est qu’un des épisodes de cette grande civilisation : bien sûr, intolérante comme toute religion du Livre qui n’a pas appris à vivre dans un monde démocratique et pluraliste, l’islam des mollahs ne supporte pas cette attitude… surtout quand les manifestants ont le  » toupet  » de rappeler l’ouverture d’esprit de Cyrus le Grand : cruelle est la comparaison avec ces barbus bornés zélateurs d’une foi nécrosée et mortifère…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le mouvement yéménite a-t-il l’autonomie et le pouvoir d’amorcer une crise internationale de grande ampleur, ou bien l’Iran est-il le véritable parrain de cette crise ? La priorité consiste à identifier les racines de cette situation, puis le déroulement des attaques récentes en mer Rouge. Enfin, vers quelles perspectives, l’intervention militaire des États-Unis, et diplomatique de la Chine, vont-elles faire évoluer cette situation ?

Le mouvement Houthi n’est nullement le résultat d’une génération spontanée, il est le produit d’un proc... Poursuivre la lecture

Ces deux dernières années ont été marquées par des agissements coordonnés de la Russie dans la bande saharo-sahélienne, au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Mais ces avancées politiques, militaires et économiques russes, au détriment de la France, ne sont pas isolées. Elles sont accompagnées par une démarche géographiquement identique de la République islamique d’Iran. Une troisième stratégie est également à l’œuvre, à travers l’apparition de candidats populistes aux élections dans d’autres pays francophones. La France et l’Union européenne ... Poursuivre la lecture

Bien que le récent rapport choquant d'Amnesty International sur les tortures sexuelles infligées aux détenus de la révolte de 2022 en Iran ait mis en lumière la cruauté du pouvoir clérical en Iran, rares sont ceux qui, dans ce pays, aient échappé à cette violence d’État venue du fond des âges.

La première confrontation des combattants de la liberté avec les mollahs remonte à 1980 quand Téhéran et d'autres villes étaient le théâtre d'une lutte pacifique en faveur des libertés et des droits fondamentaux. Lorsque Khomeiny a vu que les fe... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles