Crise des migrants : premier bilan depuis 2015

Dans le cadre de la crise migratoire actuelle, la France s’est vue attribuer un quota de 19 700 personnes, et moins de 5000 ont été placées.

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Migrants en bateau by Coast Guard News(CC BY-NC-ND 2.0)

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Crise des migrants : premier bilan depuis 2015

Publié le 3 novembre 2017
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Un article de Trop Libre

Le 26 septembre 2017 a pris fin le programme de relocalisation, au sein des 28 pays de l’Union européenne, des migrants arrivés massivement sur les côtes grecques et italiennes depuis 2015 (en 2016 par exemple, 362 753 personnes ont traversé la mer Méditerranée, dont 5022 sont disparues en mer). Une part importante de ces migrants vient de Syrie, d’Irak, d’Erythrée ou encore d’Afghanistan : ils fuient la guerre et l’extrémisme islamiste.

Cette politique de quotas avait pour but de répartir 160 000 demandeurs d’asile (seuil baissé par la suite au nombre de 100 000 personnes). À ce jour, l’UE a placé 28 239 réfugiés, soit 29 % de l’objectif prévu. Les migrants arrivés après l’accord entre l’UE et la Turquie n’ont pas été comptabilisés dans le plan et seraient au nombre de 14 000, à l’est de la mer Egée – ils seront soit renvoyés en Turquie, ou demandeurs d’asile en Grèce.

Le choix des termes (migrants ou réfugiés) est important : il renvoie à des situations juridiques différentes. La situation des migrants est régie par les lois nationales. Ils sont définis par l’UNESCO comme des personnes vivant à court ou long terme dans un pays dans lequel elles ne sont pas nées, et qui ont d’importants liens sociaux avec ce pays. La migration peut être légale ou illégale dans le pays d’arrivée. Ses motivations sont économiques, familiales, relatives au travail et aux conflits.

Le traitement des réfugiés est encadré par le droit international. La Convention de Genève, ratifiée par 145 membres des Nations unies, leur défend d’éloigner les réfugiés vers un pays où leur vie serait menacée. Le demandeur d’asile dépose ainsi formellement une demande de protection internationale.

La personne réfugiée est considérée comme risquant la persécution en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, qui n’est pas dans le pays dont elle a la nationalité, et dont la protection par ce pays n’est pas possible. Le statut de réfugié est obtenu lorsque la demande d’asile a été acceptée.

 

L’UE cherche une politique d’accueil équitable pour les États

Le règlement de Dublin régit l’asile en Europe (« Dublin III », en vigueur en 19 juillet 2013). Une demande d’asile est examinée par un seul pays européen, souvent le pays d’arrivée, pour plus de rapidité. À cause de la pression migratoire et politique exercée sur la Grèce et l’Italie, le Parlement européen souhaite réformer ce règlement, en renforçant les frontières extérieures de ces États, en identifiant les réfugiés et migrants irréguliers.

Les politiques d’immigration s’appliquent selon le principe de solidarité et de partage équitable des responsabilités entre les États membres, y compris sur le plan financier (article 80 du traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne).

Dans le cadre de la crise migratoire actuelle, la France s’est vue attribuer un quota de 19 700 personnes, et moins de 5000 ont été placées. Malte est le premier pays à avoir respecté ses engagements, suivi de la Lettonie.

L’écart entre les quotas attribués et le placement effectif est aussi moins important en Finlande, Lituanie, Suède et au Luxembourg, tout comme dans les autres pays de l’Union européenne.

Les pays européens de l’Est sont en désaccord avec la politique migratoire européenne. La République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie ont ainsi voté contre les quotas. Un recours devant Cour de justice de l’UE a même été intenté par Slovaquie et la Hongrie pour ne pas devoir accueillir de réfugiés. La Pologne refuse également d’en recevoir.

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a clairement exprimé son refus d’une immigration vue comme menaçant la chrétienté. Par une décision du 6 septembre 2017 la Cour de Justice de l’UE a néanmoins réaffirmé le principe de solidarité, et rejeté les recours des deux États.

Contrairement à l’Europe occidentale qui accueille depuis un demi-siècle des migrants venant des anciennes colonies d’Afrique et du monde arabe, les pays d’Europe centrale sont restés relativement homogènes : leur protectionnisme témoigne du rejet du multiculturalisme présent à l’ouest (Étude « Où va la démocratie », sous la direction de Dominique Reynié, octobre 2017).

 

Une coopération des pays d’origine des migrants pour réguler les départs

La baisse du nombre de noyades des migrants depuis 2016 est vue comme un résultat de l’accord passé entre l’Union européenne et la Turquie en mars 2016. Selon cet accord, les arrivées irrégulières en Grèce, sans demande d’asile ou bien qui furent refusées, doivent transiter vers la Turquie.

En échange de la prise en charge des migrants du Proche-Orient, l’UE accorde une aide à la Turquie d’un montant de six milliards d’euros ; elle a également promis une libéralisation des visas pour les citoyens turcs.

L’ONU et les organisations de défense des droits de l’Homme en Europe ont dénoncé la violation des engagements par la Turquie, et en particulier les conditions de vie réservées aux enfants.

Certains États européens travaillent étroitement avec les pays de départ des migrants en Afrique, à l’instar du Nigéria, du Niger et du Mali. Probable résultat de cette coopération, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a enregistré ces derniers mois une baisse du nombre de migrants qui transitent par le Niger et Libye. Le Niger compte investir dans la lutte contre le trafic de migrants, s’organisant dans la zone du désert du Sahel ; en se focalisant sur la sécurité ainsi que sur le développement économique et social.

 

Des missions de protection

Emmanuel Macron a proposé en octobre 2017 de créer des centres hotspots, ou « missions de protection ». Ces zones recevront les personnes voulant émigrer vers l’Europe et prendront les décisions relatives aux demandes d’asile, afin d’éviter les traversées dramatiques dans le désert et en Méditerranée.

Seraient concernées les villes comme Agadez, au nord du Niger et près du désert du Sahel, ou encore au Tchad. Mais les États africains soulèvent le risque d’un surpeuplement de ces zones, qui ne sont pas toujours les régions d’origine des migrants.

Ils s’inquiètent aussi du sort des personnes refoulées : certaines voudront continuer une migration risquée. Au total, ce sont des défis énormes qui se posent pour les États concernés : le Niger, par exemple, est membre de la Cedeao, qui favorise la libre circulation des personnes.

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  • tout pays qui ne régule pas l’immigration ..voyer la France..d’ailleurs très difficile d’en avoir un chiffre de la depense.que cela représente.. ..est voué à l’échec et créer le populisme dangereux…
    certains pays ont fait un choix d’une immigration choisie et raisonnable…
    la France aurait dû réfléchir à l’invasion de la Lybie. ..en France réfléchir. ..ded conséquences. ..vaste sujet !!!

    • Faites un tour un matin dans une sous préfecture – pour que ça soit rigolo faites-le plutôt dans une grande ville ou en région parisienne, vous verrez si la France ne régule pas son immigration. Et peut-être que vous arrêterez de dire des bêtises.
      Pour avoir accompagné ma femme (chinoise) lors de ses démarches de renouvellement de papiers je sais assez bien comment ça se passe. Et si certaines préfectures / sous préfectures font du bon travail, d’autres ont su me donner honte de mon pays.

      • Le choix français est de rendre les démarches difficiles pour ceux qui sont légitimes, en pensant que ça va décourager les illégitimes, lesquels se moquent pourtant évidemment des démarches…

        • @ MichelO

          La France n’est certes pas « accueillante » pour les migrants. Je ne vais pas en expliquer les raisons, vicieuses mais logiques même si à l’opposé du discours officiel!

          Mais les migrants s’agglutinant à vos frontières (à traverser) en dit long sur leur faible désir de rester en France! L’administration rarement pressée, ne fait que contribuer « à cette plus qu’impression »!

          Pourtant, ils ne sont pas une menace: à ceux qui en doute, cette référence pourra ouvrir les yeux:

          • L’administration française est ultra-pointilleuse avec le doctorant béninois, et ultra-laxiste avec le squatter migrant « qui souhaite conserver l’anonymat et ne pas dévoiler son véritable pays d’origine ». La différence, c’est que le premier s’efforce de faire correctement toutes les démarches, et que le second est représenté par un collectif largement subventionné et ne fait aucune démarche lui-même.

            • @ MichelO

              Que voulez-vous? On pratique l’administration comme on la connait, pour en sortir le plus possible! C’est de bonne guerre!

  • aider les migrants , il faudra en passer par là ; éviter autant que faire se peut , de laisser rentrer n’importe qui ; généralement , ça se retourne contre les citoyens qui prennent de plein fouet les conneries et décisions qui sont faites par les élites ;

  • Bonjour

    Arrêter ce droit à, droit d’asile en particulier, d’assistance (20 Milliards par an pour la RFA).
    Liberté d’aller et venir, de travailler, qu’ils se prennent en charge et ne pourrissent pas la vie des riverains.
    Apres que les occidentaux ne viennent pas faire la guerre en Libye, Syrie, Irak, Afghanistan, Mali etc.. et pleurnicher des conséquences des dégâts en culpabilisant les Français de ne pas être assez généreux.

    • Tous les « droits de », aucun « droit à », et les immigrants légitimes viendront sans problème.

    • c’est ça : liberté de venir travailler chez nous, et pas de « droit à » pour ceux qui n’en sont pas capables.
      Ce qui inclut aussi : arrêter d’empêcher ceux qui veulent travailler et s’en sortir de le faire par toutes sortes de tracasseries administratives.

  • Reguler l’immigration ?? c’est de l’idéologie et ça ne sert à rien !! il suffit juste, comme un pays libéral le ferais, de supprimer toutes les aides sociales débiles et infantilisantes, et pour tout le monde, les natifs comme les migrants. Et vous verrez, que l’immigration se régulera d’elle même!!

  • Tout cela est futile! On discute du sexe des anges, comme à Byzance lors du siège Ottoman en 1453. Allez donc consulter le registre de naissances de votre ville, moyenne ou grande, et vous comprendrez ce qui est en train de se passer. Au passage l’Afrique comptera 2.5 milliards d’habitants en 2050… L’Occident a signé son arrêt de mort dans les années 60-70 (et cela inclue l’une de ses plus belles créations, la philosophie libérale). Sachons disparaître dignement et avec élégance.

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