Élections au Japon : Shinzo Abe va continuer à échouer

Au lieu de s’atteler aux vrais problèmes du Japon, Shinzo Abe va faire plus de tout ce qui n’a pas marché et multiplier la monnaie de singe.

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Shinzo Abe Premier ministre du Japon by NATO(CC BY-NC-ND 2.0)

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Élections au Japon : Shinzo Abe va continuer à échouer

Publié le 30 octobre 2017
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Par Bill Bonner.

Au Japon, Shinzo Abe a gagné une nouvelle « Super Majorité ». Vous savez ce que cela signifie ? Plus de rires.

Oui, le monde entier intensifie les politiques musclées qui ne fonctionnent pas. Tout du moins pas pour créer une richesse honnête. Elles fonctionnent parfaitement pour servir une élite mondiale prédatrice, dont les accords gagnant-perdant ralentissent la croissance et transfèrent la richesse des gens qui la gagnent vers cette même élite.

Aux États-Unis, les dieux anciens – budget équilibré et petit gouvernement discret – ont disparu. Aux dernières nouvelles, la dette américaine grossit à un rythme de 2 milliards de dollars par jour sous l’effet de Donald Trump… Le zèle employé pour baisser les impôts a compromis le dernier vestige républicain de rigueur budgétaire. Son tweet récent est un « NON » à tous leurs espoirs de financer les réductions d’impôts en « fermant des niches fiscales ».

En Europe « Super » Mario Draghi continue de faire « tout son possible » pour maintenir le nouveau régime de finance-fantastique du Vieux Monde… cet endroit merveilleux où les obligations d’entreprises les plus risquées rapportent moins que le crédit le plus sûr au monde.

Désormais, au Japon, Shinzo Abe déclare qu’il va continuer cette épatante politique au succès si flagrant jusqu’à maintenant…

Shinzo Abe est arrivé au pouvoir il y a cinq ans en promettant de remettre l’économie japonaise sur pied. À cette fin, il utiliserait « trois flèches ».

  • Une politique monétaire ultra-laxiste.
  • La politique budgétaire qui favoriserait des déficits béants.
  • Des réformes fondamentales qui corrigeraient les problèmes créés par les programmes des gouvernements précédents.

La flèche brisée de Shinzo Abe

L’essentiel du plan, au Japon comme ailleurs, était d’utiliser les vieilles recettes habituelles : créer de la fausse-monnaie, la prêter à des taux très bas, augmenter l’inflation et ainsi inciter le public à dépenser et investir.

Quel est imbécile qui a eu l’idée qu’on pouvait améliorer une économie de marché à coup de fausse monnaie ? Un cheval galopera-t-il plus vite si vous lui donnez de l’avoine contrefaite ? Est-il possible de gagner quelques kilomètres sur son plein d’essence en la diluant avec de l’eau ?

Le monde réel a de véritables défis. Ils sont faits de chair et de sang, d’énergie, de temps, de limites. L’économie est concrète, constituée de choses réelles et régie par des lois universelles.

On ne peut pas tricher avec le temps par exemple. Vous ne pouvez pas en créer davantage. Le temps passe. Les actifs s’épuisent. Les gens vieillissent puis meurent.

Les taux d’intérêt relient le temps, l’argent et l’économie réelle. Avec des taux à 10%, vous serez remboursé du capital que vous prêtez dans les 10 ans. Mais à 1%, il faudra attendre 100 ans pour que le prêteur obtienne son dû en totalité.

Un monde financier qui a vaincu la mort ?

Le taux directeur de la Banque du Japon est à zéro. À ce taux, l’enfer se couvrira de glace avant que vous ne soyez remboursé. Un d’intérêt nul implique que le temps s’arrête, que l’avenir ne vienne pas… tout reste statique à jamais. Oui, le lien entre le temps et l’argent a été brisé. Le Japon est dans un monde imaginaire qui prétend même avoir vaincu la mort.

Mais il n’a rien conquis.

Les trois flèches de Shinzo Abe ont-elles atteint leurs cibles ? Bien sûr que non. Elles ne les ont même pas effleurées.

Shinzo Abe visait une inflation à 2% (pourquoi tous les grands planificateurs pensent-ils avoir besoin d’une inflation à 2% ? Pourquoi pas 3% et se montrer original ?). Au lieu de cela, les prix à la consommation du Japon augmentent à près de 1%… Exactement comme il y a cinq ans.

Il visait une croissance de 3% mais la croissance se situe aux alentours de 1,5%… comme avant. Ses flèches firent en réalité du Japon la maison de retraite la plus endettée du monde avec une dette publique représentant 239% du PIB.

Quant à la mort, elle reste un problème. Déjà, un quart des Japonais ont plus de 65 ans. Ils vieillissent de jour en jour. Et il en meurt tous les jours.

En 2014, par exemple, 1 200 000 Japonais sont morts mais seulement 1 000 000 sont nés. Le taux de natalité est d’1,3 enfant par femme. C’est loin du taux de remplacement.

Les Japonais disparaissent, ce qui pose de banales questions :

Qui va acheter les maisons japonaises ? Qui va acheter les actions et obligations japonaises ? Et qui va payer les impôts nécessaires au soutien d’un pays peuplé de personnes âgées ?

Qui va endiguer la panique lorsque les gens se rendront finalement compte que leurs économies ont été aspirées dans un piège à rat du gouvernement ? Que les autorités japonaises ne peuvent pas honorer leurs promesses à leurs vieux ? Que leurs bons du trésor sont sans valeur ?

Au lieu d’affronter ces problèmes, Shinzo Abe et ses sbires économistes agitent de la monnaie de singe.

Que la fête commence !

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  • Les japonais misent sur la robotisation pour s’en sortir. Ils ont raison. La robotisation va permettre à terme de régler le problème du vieillissement de population. C’est le pari du Japon (bien plus intelligent que de miser sur l’immigration).

    • Sauf que miser sur la robotisation n’apporte rien de plus dans un pays sans imagination que dans le pays lambda qui, France exceptée, ne va pas négliger la robotisation au prétexte qu’il a plus de dynamisme.

    • Probablement que si la gouvernement français prenait la voie de a robotisation, il vous pondrait des robots musulmans.

  • La dette japonaise est détenue très majoritairement par des japonais ce qui signifie que le problème est bien moins grand que l’on croit

    • @ Jacquessvd
      D’abord, la robotisation n’exclut pas l’immigration avec son effet sur le vieillissement de la population, pour payer les retraites!
      De plus que les détenteurs de dette d’un pays soient des nationaux (futures victimes) est bien sûr un « problème aussi grand » mais moins grave face au marché international des capitaux!

      L’inflation est clairement l’aide qui permet de rembourser « moins cher » le capital emprunté 5, 10 ou 20 ans avant! Si c’est à taux 0, c’est tout bénéf!

  • Ahurissant d’arrogance : j’aimerais bien que la France « échoue » comme le Japon !

    Il n’y a aucun argument dans ce billet, juste des énormités et de la manipulation et là on frise le grand n’importe quoi : « Un d’intérêt nul implique que le temps s’arrête, que l’avenir ne vienne pas… tout reste statique à jamais. » Je me demande encore ce que veut dire cette phrase !

    • J’ai comme vous les plus grandes réserves sur les mécanismes décrits dans l’article. Il n’empêche que même s’il y a erreur sur les mécanismes, il n’y a pas erreur sur les résultats. D’une certaine manière, la France et le Japon échouent pour les mêmes raisons, une société figée où les réussites fulgurantes sont impossibles, par tradition hiérarchique au Japon, par redistribution obligatoire et haine de l’enrichissement en France. Les taux zéro y ont leur part de responsabilité, mais secondaire, ce sont un peu comme l’absence de sélection dans le système éducatif français, des facteurs de nivellement par le bas.

      • @ MichelO
        Il y a évidemment un effet pervers à emprunter à taux 0% (ce qui est anormal, surtout si en plus, l’inflation n’est pas nulle!).

        La conséquence boursière est évidemment un déplacement de l’investissement vers le marché d’actions en une bulle supplémentaire artificielle! Une remontée des taux, telle que prédite et décidée par M.Draghi risque donc bien de crever la bulle en « spoliant » les acheteurs actuels d’un grand coup sec!

        • Tout juste : les taux nuls se traduisent pas la valorisation d’actifs déjà existants et non par la création de richesses. En même temps, ça permet à des entreprises de détruire la concurrence.

          • On ne peut absolument rien dire des taux absolus – un taux à 7% en 1980 avec une inflation à 13,6% est clairement plus « négatif » qu’un taux à 0% avec une inflation à 0,3% – d’ailleurs le taux directeur au Japon est passé négatif alors que l’inflation était négative

            • Je suis un peu d’accord … tant qu’ils sont positifs. Un taux négatif est en lui-même une aberration, puisqu’il signifie qu’il faut payer pour confier son argent alors que ça ne coûte rien de le conserver par devers soi. En fait, le taux affiché concerne tant les prêteurs que les emprunteurs, et il intègre les possibilités d’évolution de l’inflation et des taux des 5 ou 10 ans à venir.

              • Ce sont des taux directeurs absolument pas des taux effectifs – ce ne sont pas les épargnants qui « paient » mais les banques. Ce qui signifie que les banques ont plus intérêt à garder leurs fonds propres plutôt que de boursicoter avec leurs congénères. Je trouve cela très sain au contraire.

                • Les prêteurs autres que les banques n’obtiennent pas de taux plus positifs. A priori, la banque se posera en concurrent de votre prêt privé si vous pouvez en obtenir un meilleur rendement que ce taux directeur, et idem un taux plus faible pour un emprunt.
                  Quant à vouloir définir ce que les banques devraient faire pour que ce soit « sain », ça n’a pas de sens. Les banques comme les individus optimisent leurs actes en fonction du ratio rendement/risque. Quand vous prétendez leur interdire telle ou telle activité, ou les obliger à telle ou telle autre (genre prêter à des ménages bien qu’ils soient subprime pour qu’ils achètent un logement), vous prétendez que leur évaluation de ce ratio est mauvaise et que la vôtre est meilleure. Quelle prétention !

                  • « Les prêteurs autres que les banques n’obtiennent pas de taux plus positifs.  » C’est faux, le « plancher » des taux de prêts immobiliers a été de 1,31% en moyenne, 0,8% pour le plus bas. Et ça n’a absolument aucun sens : aucune activité économique fiable ne produit un intérêt négatif, aucune entreprise ne distribue de dividende négatif.

                    « Les banques comme les individus optimisent leurs actes en fonction du ratio rendement/risque.  » Encore faux, vous mélangez assurance et placement, ce qui n’a absolument rien à voir avec les échanges interbancaires sur lesquels les taux directeurs ont un impact.

                    Vous renversez le problème : il n’a jamais été question d’interdire ou d’obliger les banques, mais de réguler l’inflation. La seule question est de savoir si une inflation lente et faible agit où non sur l’économie. L’inflation « naturelle » du à l’extraction d’or n’ayant plus lieu et cette inflation s’étant toujours produite, on en est réduit à des conjecture sur la « meilleure » inflation.

        • L’effet pervers dont on parle à emprunter à 0% n’est rien par rapport à l’effet pervers qu’on passe sous silence de ne percevoir que 0% moins les frais et les risques quand on prête.

          • Vous en connaissez beaucoup de prêts à 0% accessibles au « privé » (ménages, entreprises ..) si c’est le cas, je suis preneur !

      • Je ne crois pas du tout que le Japon « échoue » – à l’inverse de la France

        • Ca fait 20 ans que le Japon a échoué. Il est passé de première puissance régionale à satellite commercial de la Chine. Il a de beaux restes, mais ça s’arrête là.

          • Complète désinformation. Sortez des chiffres au lieu de répéter bêtement les commentaires cocorico de Radio Pravda -PIB/h Chine 8 000 USD – Japon 39 000 USD

            • La puissance se mesure en PIB total. En 1990, la Chine représentait la moitié du Japon, en 2016 4 fois le Japon. Même par habitant, je suis allé au début des années 90 en Chine et au Japon, et il n’y a pas de différence notable entre le niveau de vie du Japonais à l’époque et celui qui est le sien aujourd’hui. Comme pour la France, le Japon a stagné, c’est d’autant plus frappant que son voisin chinois a eu une progression explosive, mais l’important est que c’est un pays en déclin. Pardon, France et Japon sont des pays en déclin.

              • C’est complètement ridicule – la chine des années 90 sortait à peine de l’enfer maoïste et l’histoire des « frontières » pour délimiter une économie est clairement pas très libéral comme analyse (mais bien mercantiliste) – seul l’individu a un sens.

    • Un banquier vous refusera un crédit de 10 000 pour créer une entreprise et vous prêtera sans broncher 50 000 pour le dernier 4×4 à la mode. Devinez pourquoi ?

      Les keynésiens sont bien incapables d’expliquer pourquoi, à un moment donné, quand on manipule les taux d’intérêt, des milliers d’entreprises font faillite en même temps.

      Les pays qui refusent le prix du temps sont condamnés à la stagnation économique et au déclin.

      • Les Keynésiens affirme qu’il faut s’endetter pour soutenir la croissance ici et maintenant car à long terme, nous seront tous mort.
        Saut que la première génération de Keynésiens est morte mais pas la dette qu’ils nous ont laissé.

  • Les commentaires sont fermés.

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