Le droit à l’auto-détermination de la Catalogne

La constitution ne devrait pas permettre à l’Espagne de tenir une nation en otage, tout comme aucune constitution ne devrait permettre l’esclavage.

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Le droit à l’auto-détermination de la Catalogne

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 21 octobre 2017
- A +

Par le Minarchiste.

En 2015, j’avais publié un article intitulé « Qu’est-ce qu’un pays » dans lequel j’affirmais que lorsque plusieurs nations cohabitent au sein d’un même pays et que le gouvernement central est trop interventionniste, le risque de sécession, voire même de guerre civile, est augmenté.

La Catalogne, une région d’Espagne dont la capitale est Barcelone, est en train de suivre le chemin de la sécession. Une bonne partie de la population est favorable à l’indépendance du reste de l’Espagne et souhaiterait s’exprimer démocratiquement sur cette question lors d’un référendum.

Pourtant, le gouvernement Espagnol s’y oppose fortement et a même rendu le référendum illégal, emprisonnant les organisateurs politiques impliqués, détruisant les bulletins de vote et les urnes, évinçant avec force les électeurs des bureaux de vote avant de fermer ceux-ci et utilisant la violence pour réprimer des manifestations pacifiques. Bref, cet État se conduit comme une dictature totalitaire.

Des 5.5 millions d’électeurs éligibles, 2.4 millions ont voté dans ce référendum illégal et le résultat fut à 89% en faveur de l’indépendance. Ceux qui étaient contre ont, en grande majorité, boycotté l’événement.

Si on prend comme hypothèse que tous les autres électeurs auraient voté contre et que le taux de participation aurait été de 80%, cela implique un résultat à 49% en faveur de la sécession. On peut donc prétendre que le Oui aurait très bien pu l’emporter.

La Catalogne comprend 15% de la population de l’Espagne, mais génère 20% du PIB. Cette province génère davantage de taxes que de dépenses pour le gouvernement central. Sa sécession aurait donc un impact négatif sur la cote de crédit de l’Espagne et serait un problème significatif pour les grandes banques espagnoles et européennes. C’est en partie pour cela que l’administration Rajoy s’oppose à tout prix au référendum.

L’auto-détermination est un droit fondamental

Le gouvernement espagnol refuse de permettre le référendum affirmant que celui-ci est interdit par la constitution. Pour changer la constitution, il faudrait le support du reste de l’Espagne, ce qui n’arrivera jamais puisque ce n’est pas dans son intérêt. Cette situation est inacceptable.

La constitution ne devrait pas permettre à l’Espagne de tenir une nation en otage, tout comme aucune constitution ne devrait permettre l’esclavage. Le droit à l’auto-détermination est un droit naturel et fondamental qui ne peut être bloqué par aucune constitution.

Les Catalans cherchent à se libérer d’un gouvernement qu’ils jugent oppressif par des moyens démocratiques. C’est leur droit. Des référendums de sécession ont aussi eu lieu au Canada et au Royaume-Uni sans voir un comportement aussi oppressif de la part de l’État.

De plus petits pays plus propices à la liberté individuelle

Il est difficile d’évaluer quel genre de gouvernement émanerait de ce nouveau pays, mais les sécessions sont généralement une bonne chose pour la liberté individuelle. Plus un gouvernement est local et couvre une aire géographique petite, plus il sera à l’écoute des besoins spécifiques de sa population.

Un petit pays ne peut pas être auto-suffisant, donc il doit commercer avec le reste du monde, ce qui le force à favoriser la liberté économique. Plus il y a de petits pays, plus il y a de concurrence.

Finalement, les plus petits pays sont moins enclins à devenir des puissances militaires intervenant avec force à l’extérieur de leurs frontières car ils ne sont pas capable de lever une armée menaçante à l’échelle mondiale (il y a bien sûr l’exception à la règle qu’est la Corée du Nord).

Considérant que les petits pays doivent coopérer avec les autres sur le plan du commerce international, ceux-ci ont forcement tendance à être plus pacifiques (notez que la Corée du Nord ne pratique pas beaucoup le commerce international).

La plupart des dirigeants des pays du G7, y compris ceux du Canada, n’ont pas officiellement reconnu le droit de la Catalogne à voter sur sa souveraineté, ni condamné le gouvernement Espagnol pour son inacceptable répression. Il faut croire que les grands pays de ce monde ne cessent de mettre la démocratie sur un pied d’estale, mais lorsqu’il est question de sécession, leurs ardeurs démocratiques sont fortement atténuées…

Tout politicien craint que son domaine d’influence ne soit rétréci, résultant en une baisse de son prestige et de son budget.

J’encourage les libertariens à supporter le referendum Catalan.

Sources:

http://www.zerohedge.com/news/2017-10-05/everything-you-need-know-about-catalan-independence-referendum

https://www.economist.com/news/europe/21729996-government-mishandles-catalan-defiance-imminent-threat-unity-spain

https://fee.org/articles/secession-is-sweeping-the-world-and-we-should-let-it/

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Voir les commentaires (8)

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  • « la démocratie sur un pied d’estale »

    Il ne reste plus qu’à y mettre une peau de banane et le tour est joué.

  • C’est un point de vue d’outre Atlantique, mais je crains que les informations de Catalogne parvenues au Québec soit un peu déformées.
    D’abord, l’Espagne, contrairement à la France, n’a aucune ambition politique internationale. Ce pays est l’un des plus décentralisé d’Europe.
    Que faire passer le gouvernement espagnol actuel pour une réminiscence de Franco est une ineptie: l’auteur tombe dans le panneau des indépendantistes catalans qui n’ont cesse de violer les lois et manipuler l’opinion (tiens, faire passer l’âge légal du vote à 16 ans par exemple).
    Quant à l’argument des 20% du PIB généré par 15 % de la population, comment expliquer alors que nombre d’entreprises catalanes se soient empressées de changer leur domiciliation hors Catalogne? ce ne sont pas les entreprises qui réclament l’indépendance, elles savent trop ce qu’elles risquent de perdre. Non, ce sont, entre autres le CUD (des anarchistes ), qui ne rêvent pas d’un monde franchement libéral.
    Ce qui intéressent les indépendantistes, c’est le pouvoir et le pognon (et surtout, mettre la main sur la justice car ils ont des casseroles en cours d’instruction).
    Mais ce n’est pas nouveau.

    • @ nevez

      L’Espagne, aucune ambition internationale? La langue espagnole est la plus parlée dans le monde après le Chinois Mandarin et l’Anglais, mais la seconde pour les locuteurs de naissance!

      Bon! L’armée espagnole n’est sans doute pas comme la française, présente sur 13 spots dans le monde! Alors???

      Que les « gauchistes » soient plus des « agitateurs » que la masse des « modérés », c’est connu! Qu’ils invoquent Fr.Franco comme leur « fa » local, rien d’étonnant! N’empêche que Madrid comme Barcelone aient préféré l’affrontement à la négociation a eu pour effet l’illégalité, d’un côté, l’action des forces de l’ordre, de l’autre! Ce n’est pas malin, surtout en dégageant une majorité indépendantiste d’un scrutin illégal, d’abord, partiel, suite aux événements, ensuite, forcément sans garantie de fiabilité, enfin.
      Que les firmes et entreprises choisissent un pays reconnu à un autre qui ne l’est pas, est d’une logique évidente sans même imaginer « une prise de position économique ».
      Bref, c’est un problème typiquement ibérique de tentative de sécession régionale en Espagne qui se passera bien de notre avis!
      Leur offrir l’hospitalité pour négocier en terrain neutre, à distance des lieux des faits, est toute l’aide, sans plus, à leur proposer.

  • Je ne vois pas du tout la sécession catalane comme un moyen d’échapper à une « oppression » ou une exploitation par le reste de l’Espagne. Où avez-vous vu des signes d’une telle situation ? J’y vois au contraire un nationalisme/régionalisme limite mafieux, de petits califes refoulés qui sont loin de se battre pour une Catalogne libre-échangiste et respectueuse de ses minorités, mais pour se construire leur califat sur le refus de tout ce qui n’est pas de leur zone catalane de copinage.
    Il me semble que si la Catalogne est plus riche que le reste de l’Espagne, c’est d’abord parce qu’elle est un lieu d’échanges avec la France (encore plus riche) et la Méditerranée. Est-ce pour lever un frein à ces échanges que les Catalans demandent l’indépendance, ou pour mieux s’en attribuer la taxation et les profits exclusifs ?

  • Tout petit détail : les indépendantistes sont minoritaires. Je sais que c’est un peu puéril mais bon, vieux réflexe démocratique….

    • @ Pemba
      C’est complexe! En fait, aux élections du 27/09/2015, la liste « Junts Pel Si » (« Ensemble pour le OUI ») qui est une coalition a obtenu 62 sièges, le petit parti de gauche radicale, séparatiste, CUP, hors de la sus-dite coalition, 10 sièges. Ensemble, ça ferait 72 sièges sur 135, plus que la majorité absolue (participation record: 77%).

      Ce qui ne veut pas dire que plus de 50% des électeurs (et non des votants) seraient pour l’indépendance; pour cela, un referendum, officiel au plan régional ET national, est nécessaire. La Catalogne a, pour finir, perdu son autonomie régionale, dans cette aventure illégale! Et ça vaut sans doute mieux pour les Catalans quittant un pays reconnu pour une région, sans constitution, interlocutrice de personne, où tout serait à créer dans l’animosité de son état d’origine!

  • Malgré internet les gens ne sont pas mieux informés qu’ il y a 100 ans. Le minarchiste soutient donc des séparatistes qui pour la très grand majorité sont des anti capitalistes voulant faire de la Catalogne le Vénézuela de l’ Europe. Le minarchiste devrait juste s’ interrésser au parti CUP qui est au centre de toutes les manifestations. Voici un article de Libération qui est un journal n’ est pas vraiment un journal de droite…… http://www.liberation.fr/planete/2017/10/11/cup-l-anticapitalisme-au-service-de-l-independance_1602504
    L’ expression « idiot utile » est de Lenine, je vois qu’ elle encore d’ actualité.

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