Par Damien Theillier.
Transactions rapides, peu chères et quasi anonymes : tels sont les atouts du Bitcoin par rapport aux monnaies légales depuis sa création. Bien sûr, avec l’augmentation du nombre d’utilisateurs, des limites sont vite apparues.
Pourtant, avec des enjeux financiers aussi importants pour tous, ne peut-on pas espérer que tous les acteurs économiques de cette monnaie (mineurs, échangeurs, utilisateurs) arrivent à s’entendre ?
Eh bien c’est justement ce qui est arrivé ! Au cours du mois de juin, un consensus majoritaire s’est clairement exprimé à New-York lors d’une grande conférence pour faire sauter les limitations actuelles du protocole Bitcoin. C’est d’ailleurs pourquoi des améliorations sont en cours actuellement : la blockchain est en pleine mise à jour jusqu’en novembre 2017.
1. La communauté Bitcoin est-elle en train d’exploser ?
Alors pourquoi avons-nous eu un « Hard Fork », c’est-à-dire une division de la blockchain en deux crypto-monnaies concurrentes : BTC et BCH ?
Certains articles de journaux en ont fait leurs gros titres : « guerre civile dans la crypto » ou bien « La communauté Bitcoin explose »…
Tout cela est mal informé, grossier.
Selon moi, le fait qu’une minorité d’acteurs veuille faire sécession avec la création du Bitcoin Cash (BCH) n’est pas un problème en soi. En effet, Bitcoin n’est ni une démocratie ni une dictature. Si un consensus ne peut être trouvé auprès de certains acteurs, ces derniers ont le droit de « faire sécession » en splittant (ou scindant) la blockchain en deux, ce qui équivaut à créer un nouveau bitcoin en plus de l’existant. Chacun peut ensuite choisir sur quelle blockchain il veut continuer à travailler.
2. Bitcoin, est-ce une monnaie « virtuelle » ?
Parmi les fausses rumeurs entendues le plus souvent, il y a cette idée que la crypto-monnaie n’est qu’une bulle parmi d’autres qui va vite se dégonfler et donc une arnaque de plus dans l’univers de la finance.
D’abord Bitcoin n’est pas de la monnaie « virtuelle ». C’est une monnaie électronique certes, mais avec laquelle on peut faire de vrais achats. Avec UN seul bitcoin, vous pouvez faire beaucoup de choses. Au lieu de vous demander combien coûte une chose en monnaie « virtuelle », demandez-vous ce que vous pourriez acheter avec UN seul bitcoin.
Illustration : avec le cours du bitcoin à 3 000€, et le litre de gazole à 1,12€ (chiffres actuels), vous pouvez vous offrir 3360 litres de carburant. De quoi rouler pendant 56 000 km avec une consommation moyenne en diesel de 6 litres pour 100 kilomètres. Rendez vous compte, vous avez de quoi faire plus d’un tour du monde à l’équateur (40 000 km) !
Donc avec UN bitcoin, vous faites le tour du monde dans votre véhicule diesel !
Prenons un autre exemple : avec UN bitcoin à 3 000€, vous pouvez vous acheter 400 Big Mac Maxi Best Of (au prix en France de 7,5€). Soit plus d’1 par jour pendant 1 an !
Rendez-vous compte : un Big Mac Best Of acheté par jour pendant 1 an avec un seul bitcoin !
3. Est-ce trop tard pour acheter des bitcoins ?
Beaucoup pensent qu’ils ont raté leur chance avec le bitcoin et ont peur qu’il soit trop tard…
C’est faux là aussi. Le potentiel de croissance de cette monnaie numérique est très puissant.
Et je veux vous en donner 3 raisons :
1° Pour la première fois cette année, le cours du bitcoin a dépassé celui de l’once d’or. Bien sûr la capitalisation du Bitcoin est encore toute petite comparée à celle de l’or. En effet, la valeur totale des réserves d’or équivaut à 200 fois la valeur totale des bitcoins en circulation. Mais justement, la croissance du Bitcoin est exponentielle à mesure que les populations partout dans le monde se mettent à l’utiliser. Tandis que la capitalisation de l’or est en baisse. C’est un indice très important.
2° Les États-Unis ont abandonné l’étalon or en 1973. Désormais, c’est le dollar qui est la monnaie de référence. Problème : les gouvernements peuvent facilement diminuer la valeur d’une monnaie en imprimant de plus en plus de billets. En revanche la masse monétaire de bitcoins est limitée mathématiquement à 21 millions d’unités. L’une des règles de base de l’économie est la suivante : lorsqu’il y a un stock limité d’un bien et que la demande augmente, le prix augmente également. Le Bitcoin est comme de l’or numérique. Une excellente réserve de valeur par les temps qui courent.
3° Enfin la protection de la vie privée est incontestablement un droit humain. Mais c’est un droit menacé. Au moment même où les États organisent une surveillance généralisée et obligent les banques à dévoiler toutes les opérations de leurs clients, le Bitcoin permet de retrouver un peu de cette liberté à laquelle tout le monde aspire légitimement.
Bref, nous commençons tout juste à comprendre les bouleversements que cette innovation peut engendrer.
Mais à ceux qui sont encore sceptiques, je veux dire ceci : j’ai vu personnellement des gens acheter du bitcoin très bon marché, pour 20€ il y a quelques années. Aujourd’hui ils ont perdu de l’argent parce qu’ils ont vendu leurs BTC à 40 ou 50€. Tandis que d’autres qui ont acheté du bitcoin à un prix 100 fois plus élevé il y a quelques mois, ont déjà fait un profit spectaculaire, rien que par leur achat, sans chercher à trader.
Donc prenez-en maintenant et attendez. Ou bien faites travailler vos bitcoins. Grâce à Internet, il y a de nombreuses possibilités pour placer et faire fructifier vos bitcoins.
4. La valeur du bitcoin peut-elle augmenter ?
Cette histoire n’est pas inventée, elle est parfaitement véridique. Ronnie Moas travaille depuis des années à Wall Street comme analyste financier et sa réputation n’est plus à faire, il suffit d’aller voir sur youtube. Il est souvent interviewé sur de grandes chaînes de télévision comme Bloomberg ou CNBC, sur laquelle il est régulièrement invité comme spécialiste des valeurs technologique : Apple, Tesla, Amazon (voir encore ici ou ici).
Cet homme n’est pas un professionnel du Bitcoin, il est même a priori très méfiant. Après l’incroyable arnaque financière de Bernard Madoff en 2008, Ronnie Moas s’attend à tout et reste extrêmement vigilant. Mais il décide tout de même d’aller voir de plus près. Et pas seulement par curiosité. Car en tant qu’analyste, il considère comme relevant de sa responsabilité d’essayer de comprendre les nouvelles tendances qui émergent et comment elles pourraient un jour impacter les marchés et toute l’économie.
De plus, il se sentait frustré :
« J’ai vu le Bitcoin depuis le banc de touche pendant des années, comme un voyageur qui arrive trop tard et regarde le train quitter la gare » écrit Moas.
Il se lance alors dans les recherches et passe plusieurs mois à creuser le sujet. Fin juillet 2017, il publie un rapport de 122 pages tout à fait surprenant. La chaîne américaine d’informations CNBC en a même fait une vidéo.
Que dit-il dans ce rapport ? Je vous résume rapidement le propos : le marché du Bitcoin représente 41 milliards de $ et l’ensemble des crypto-monnaies 80 milliards de dollars. Ce qui est absolument minuscule à côté de la masse gigantesque que représente l’ensemble des monnaies et des actifs en circulation, 83 600 millards de dollars.
Mais pour les raisons que j’ai invoquées plus haut, il est convaincu que les cryptomonnaies soutiendront leurs performances et voleront des parts de marché aux autres actifs comme les actions, les obligations, les monnaies fiat et les métaux précieux.
Dans quelques années, dit-il, les graphiques du Bitcoin ressembleront à ceux d’Amazon, Apple, Tesla, Netflix, Google et Facebook aujourd’hui.
Ronnie Moas voit le prix du bitcoin monter à 5000$ en 2018 et à 50 000$ en 10 ans.
Et je lui laisse la conclusion de cet article :
Je pense que nous sommes encore dans la première phase d’un match à quatre temps et que même si j’ai manqué des gains importants entre 2014 et 2016, il n’est pas trop tard pour entrer.
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Je veux bien qu’on me dise que je n’ai rien compris, pourvu que ce soit courtoisement.
Rien n’empêche de créer des crypto-monnaies concurrentes à Bitcoin. Sauf erreur de ma part, il y en a déjà.
Alors, c’est comme si la pierre philosophale avait vraiment été créée, tout le plomb de la planète aurait fini par être transformé en or, lequel ne vaudrait plus grand-chose. Encore que le plomb est en quantité finie et, qu’au fil du temps, on aurait pu espérer que le cours de l’or finisse par remonter. Alors que la capacité de stockage des données informatiques est voisine de l’infini.
Pour l’instant le Bitcoin est la porte d’entrée de quasiment toutes les crypto-monnaies. Si vous voulez acheter du pipoCoin, il vous faudra d’abord acheter du Bitcoin avec votre monnaie fiat, puis ensuite échanger vos Bitcoins contre des pipoCoins.
C’est un peu comme le pétrole qui se vend en dollar US, les crypto-monnaies se vendent en Bitcoin pour l’instant.
Si n’importe qui peut créer une nouvelle cryptomonnaie, cela signifie qu’il n’y a aucune garantie que le total de cryptomonnaies finira par plafonner. Donc l’argument selon lequel les cryptomonnaies sont protégées d’états imprimant sans cesse de la monnaie supplémentaire ne tient pas. Par ailleurs les monnaies basées sur la dette, si elles sont correctement gérées ont l’avantage incomparable qu’à chaque unité de monnaie en circulation correspond une contrepartie dans un coffre de banque (centrale ou ordinaire). Cette contrepartie peut être un titre de propriété donné en garantie, une reconnaissance de dette d’un entrepreneur qui lance un projet considéré comme sérieux par le banquier ou encore une reconnaissance de dette d’un état. En tant que libéral je n’aime pas beaucoup la dernière catégorie mais si l’on s’en tient aux dettes des « grands » états, il est quand même peu probable qu’ils décident tous de ne pas régler leurs dettes (ce serait catastrophique mais pas plus qu’une guerre mondiale qui est malheureusement un évènement que l’on ne peut jamais exclure).
La création de monnaie dette est largement corrélée à l’activité économique car aucun agent économique raisonnable (banques incluses) n’accepte de faire un prêt sans espérer récupérer sa mise (et un peu plus). Il y a donc un frein naturel à la création de monnaie dette. Où est le frein à la création de cryptomonnaie à part la simple promesse (faite par qui et avec quelles sanctions si elle n’est pas tenue) de plafonner la quantité ?
Le possesseur de monnaie dette peut toujours revendiquer en échange un actif réel alors que le possesseur d’une cryptomonnaie s’effondrant (ce qui peut arriver facilement, une fluctuation à la baisse pouvant entrainer un effet boule de neige par perte de confiance) ne peut pas récupérer les miettes d’une mise en faillite d’une entreprise.
Je me suis fait le même raisonnement et continue d’ailleurs à me poser des questions à ce sujet.
Toutefois, j’en suis arrivé à la conclusion que le nombre de crypto-monnaies sur le marché n’était pas important pour garantir le plafonnement d’une crypto en particulier (ici le Bitcoin).
En effet, contrairement à une monnaie issue d’un monopole d’état, je suis suis libre d’utiliser ou non une crypto-monnaie.
Si par exemple, pour moi ce qui est important dans une crypto c’est son plafonnement, le jour ou celui-ci saute, j’ai la possibilité de prendre mes cliques et mes claques et d’aller voir ailleurs.
La scission Bitcoin / Bitcoin Cash en est une bonne illustration, ce dernier ayant vite perdu de la valeur, et a probablement aussi siphonné du capital provenant du Bitcoin. Au final, il n’y a pas eu de création ex-nihilo de richesses.
De même, la création de crypto-monnaies (le minage) ne crée pas de la monnaie à partir du vide. C’est une transformations de ressources existantes (électricité, matériel IT, euros, etc…) vers la crypto-monnaie minée.
Quant à la monnaie-dette et le fait que les agents économiques soient raisonnables, la crise des subprimes a bien démontré le contraire. La patate chaude de prêts risqués s’est passée de mains en mains, jusqu’à en arriver au point de ne plus savoir ce qu’il y avait derrière.
La monnaie dette a ses défauts, malgré tout lorsqu’un bénéficiaire de prêts subprime fait défaut, il reste toujours sa maison à saisir. On ne peut pas comparer les ressources utilisées pour le minage (électricité et temps de calcul) qui sont des ressources détruites lors du processus alors que les garanties pour un prêt (notamment les maisons dans le cas des subprimes) sont pérennes. Il est vrai qu’il y a aussi des prêts accordés parce que le préteur prend un risque en espérant que l’emprunteur réussira son projet mais normalement le taux d’intérêt demandé tient compte du nombre de défauts vraisemblables.
« Par ailleurs les monnaies basées sur la dette, si elles sont correctement gérées ont l’avantage incomparable qu’à chaque unité de monnaie en circulation correspond une contrepartie dans un coffre de banque (centrale ou ordinaire). Cette contrepartie peut être un titre de propriété donné en garantie, une reconnaissance de dette d’un entrepreneur qui lance un projet considéré comme sérieux par le banquier ou encore une reconnaissance de dette d’un état. »
A ma connaissance, un euro ne vous donne droit a rien. La bce n’a pas de coffre. Si la bce, imprime de la monnaie, la valeur de la votre est divisée, et vous n’y pouvez rien. Vous n’avez absolument aucune garantie.
Le bitcoin ne vous donne aucune garantie non plus. La seule garantie qu’il vous donne, c’est que personne n’en créera (au dessus de 21M).
Les deux sont aussi virtuelles l’une que l’autre, mais la dilution de l’une d’entre elle est aux mains d’un politicien, pas celle de l’autre.
pour moi, on ne peut s’offrir que 2 680 litres de gazole.