Ô vous, soeurs humaines, de Mélanie Chappuis

Dans Ô vous, soeurs humaines, c’est de l’amour de la prochaine qu’il est question.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ô vous, soeurs humaines, de Mélanie Chappuis

Publié le 24 août 2017
- A +

Par Francis Richard

Le livre emprunte son titre à celui du livre d’Albert Cohen, Ô vous, frères humains. Ou plutôt, non, il ne l’emprunte pas, il le décline au féminin. Ce qu’il lui emprunte, par contre, c’est une brève citation, mise en épigraphe, sur une expression biblique : « Je cherche l’amour du prochain, dites, sauriez-vous où est l’amour du prochain ? »

En l’occurrence, dans Ô vous, soeurs humaines, c’est de l’amour de la prochaine qu’il est question, amour qui peut prendre la forme de l’amitié ou celle de l’amour tout court, entre prochaines, mais aussi celle de l’amour que l’auteur a pour ses créatures féminines (inspirées de la vraie vie), qualités et défauts compris.

Ce livre est un recueil de courts récits, mettant en scène des prochaines de tous horizons, de toutes cultures, de toutes conditions et, peut-être même, de tous temps. Elles se parlent. Elles se pensent. La lectrice (ou le lecteur) entre dans leur confidence, ses propres réminiscences la traduisant en signes de reconnaissance.

Mélanie Chappuis a répertorié ses nouvelles en qualités au sens large, c’est-à-dire en manières d’être qu’ont ces soeurs humaines les unes avec les autres, qualités qui ne sont pas forcément exclusives les unes des autres et qui d’ailleurs riment entre elles: rivalités, solidarités, dualités, complicités, fidélités et vanités…

La brièveté des textes a pour corollaire leur efficacité. L’auteur, en effet, dit en peu de mots beaucoup de choses. Quelques exemples, pris hors contexte, extraits de chaque partie du recueil, peuvent en donner un aperçu et mettre en appétence celle (ou celui) pour qui rien d’humaine (ni d’humain) n’est étranger:

Rivalités : « La légitime est alitée, cloîtrée dans sa chambre, elle n’est plus que mère et future mère. C’est elle maintenant, la femme, la favorite du roi, bien mieux que l’officielle. »

Solidarités : « Maintenant que cette femme veille sur elle, elle peut recommencer à aimer ses petits. Elle prie pour recevoir encore, juste ce qu’il faut pour continuer à donner. »

Dualités : « Pauline arrive, sublime comme toujours. Pourvu que Karim ne tombe pas sous le charme. Tiens, Pauline n’a pas l’air d’apprécier qu’elle soit en train de discuter avec Romain. Elle a bien fait de la mettre, cette robe, finalement. »

Complicités : « A mesure que le fard densifie ses paupières, elle sent le regard de sa fille changer, allant du soulagement à l’éblouissement. […] L’enfant lui prend la main, lui murmure qu’elle est jolie, même sans maquillage. Mais surtout avec. »

Fidélités : « Qu’il est bon d’avoir un ennemi commun pour se rapprocher, resserrer les liens ! Mona et Lisa s’aiment bien, bien plus que quand elles le devaient, et leurs mères, unies dans l’adversité, sont plus que jamais soudées par l’ingratitude de ces enfants qu’elles ont pourtant tellement gâtées. »

Vanités : « Elle aimerait ne pas craindre la mort. […] Se convaincre qu’il ne s’agit que d’un passage. Penser que sa famille l’attendra à la sortie du tunnel, dans la lumière blanche. Touchée par la foi, à son âge, quel opportunisme. Tant pis. Dieu lui pardonnera. »

Ô vous, soeurs humaines, de Mélanie Chappuis, 128 pages Slatkine et Cie (sortie le 24 août 2017)

Sur le Web.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

À l'occasion de la nomination de J.D. Vance comme candidat à la vice-présidence de Donald Trump, Contrepoints vous propose la republication de cet article sur son roman autobiographique intitulé Hillbilly Elegy. Ce best-seller est un document exceptionnel qui aide à comprendre la situation actuelle des déclassés de l’Amérique profonde et les raisons de l’élection de Donald Trump en 2016. Avec pour conséquence la perte de confiance à l’égard des institutions, et la nécessité de reconstruire des communautés.

L'Amérique déclassée

Si vous ... Poursuivre la lecture

Dans Woke fiction - Comment l'idéologie change nos films et nos séries, Samuel Fitoussi* élabore une critique libérale du wokisme et de son impact sur le monde du cinéma et de la série. Un entretien réalisé par Baptiste Gauthey, rédacteur en chef de Contrepoints.

Contrepoints : Bonjour Samuel Fitoussi. Dans les dernières années, de nombreux essais politiques ont été publiés sur la question du wokisme. Pourquoi avoir choisi d’écrire sur ce sujet, et qu’est-ce qui fait l’originalité de votre ouvrage ?

Passionné de cinéma,... Poursuivre la lecture

pile de romans
0
Sauvegarder cet article

Un article de Human Progress

 

Le trente-quatrième Centre du progrès est Kyoto pendant la période Heian (qui signifie paix) (794-1185 après J.-C.), un âge d'or de l'histoire japonaise qui a vu l'essor d'une haute culture caractéristique consacrée au raffinement esthétique et à l'émergence de nombreux styles artistiques durables. En tant que siège de la cour impériale, Kyoto était le champ de bataille politique où les familles nobles rivalisaient de prestige en parrainant les meilleurs artistes. Cette compétition courtoise a... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles