La bourse ou la banque : comment financer les entreprises françaises ?

Les entreprises peuvent se financer par la bourse ou par les banques. Deux logiques justifiables mais lourdement orientées par une réglementation inadaptée.

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Marchés financier bourse (Crédits : Rafael Matsunaga, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

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La bourse ou la banque : comment financer les entreprises françaises ?

Publié le 31 juillet 2017
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Par Jacques Garello.
Un article de l’Aleps.

Comment financer les crédits dont les acteurs économiques ont besoin ? Si on laisse de côté auto-financement ou financement de proximité (business angels), il existe deux canaux différents mais connectés : trouver en bourse des actionnaires ou obligataires acceptant d’investir dans des entreprises ou des organismes de placement (y compris des banques), ou demander un prêt à une banque. Actuellement un débat très intense se déroule autour de l’évolution de la réglementation financière : trop lourde et mal adaptée disent les uns, encore trop laxiste et détournée disent les autres. Les incidences sur la conjoncture économique sont incertaines.

La règlementation financière en débat

Les profanes entendent facilement le discours qui dénonce la liberté débridée dont jouirait la finance internationale. En réalité, peu d’activités économiques sont aussi contrôlées que la finance. L’étau qui étreint les bourses et les banques s’est fortement resserré avec la crise financière de 2008. Au lieu d’incriminer la politique démagogique de crédit au logement qui avait mis en place le système des subprimes, les leaders politiques du G7 ont conclu à la crise du système : c’étaient les financiers et banquiers, et pas les gouvernants qui devaient être désormais contrôlés. D’où une puissante vague de règlementation, tant au niveau mondial (avec les règles dites de Bâle) qu’aux États-Unis (avec en particulier la loi Dodd-Franck ).

Actuellement la tendance est inversée : on commence à envisager une refonte de la réglementation dans le sens d’une meilleure connexion entre bourses et banques. Trois évènements au moins y ont contribué : le Brexit remet en cause l’importance de la place de Londres, lieu privilégié de la connexion, à Washington la majorité républicaine de la Chambre des représentants vient d’annuler la semaine dernière la loi Dodd-Franck, et les pourparlers se prolongent actuellement en Suède au sein du comité de la BRI (Bâle IV).

Des orientations très opposées

Les oppositions tiennent d’abord à la pratique : les Anglo-Saxons ont une préférence pour les Bourses (les marchés financiers), les Européens pour les banques. Mais elles tiennent aussi à la définition des responsabilités : les erreurs et les risquent viennent-ils des marchés ou des banques, puisque les banques opèrent aussi sur les marchés ? En Europe, on concentre maintenant tous les contrôles sur les banques, auxquelles les règles de Bâle (très renforcées avec Bâle III) ont imposé des ratios drastiques entre crédits accordés et fonds propres. La conséquence a été une recherche effrénée de fonds propres (qu’on ne peut guère trouver que sur les marchés) et un frein des crédits accordés. Pour maintenir malgré tout un niveau de crédits nécessaire à la croissance, mais aussi au service des dettes publiques, les Banques Centrales européennes, elles-mêmes sous la houlette de la BCE, ont distribué des liquidités à profusion. En conclusion, la finance européenne est sous contrôle des banques centrales. Quid si une partie de l’activité boursière de Londres se transporte à Francfort, Paris ou Luxembourg ?

Du côté américain, on veut donner plus de liberté à Wall Street et permettre aux banques d’opérer plus facilement sur les marchés. Si le Sénat suit la Chambre, liberté sera rendue aux teneurs de marchés des banques d’opérer en bourse avec l’argent de la banque (règle Volcker) moyennant un ratio de fonds propres.

Retrouver la logique financière ?

En fait, toute la réglementation financière veut se substituer à la responsabilité financière. Le métier de financier a reposé pendant des siècles sur la mutuelle confiance du créditeur et du débiteur : finance vient de fides. Mais la confiance ne peut être affaire que de relations personnelles et d’informations sincères (qui vont de pair). La confiance ne se contrôle pas par décret, comme le croient les titulaires du pouvoir, eux-mêmes piètres débiteurs. Le marché sanctionne les imprudences et les corruptions par l’élimination des financiers concernés : la faillite bancaire a été le vrai policier pendant des siècles, et elle n’a pas été aussi fréquente qu’on le dit. Avec les règles actuelles, on court deux risques : l’un est celui de la paralysie de la croissance, l’autre celui d’une croissance organisée par les pouvoirs publics, inéluctablement porteuse de gaspillages des fonds prêtables.


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  • Que ce soit avec l’aide de la Bourse insensée (dont peu de Français savent qu’elle n’est plus localisée dans le Palais Brongniart) ou des banques hyper-fragiles et folles, produire non-éthico-écolo- défendable est insensé, égoïste et nuisible aux générations futures, sauf peut-être les enfants de riches.

    Après moi le déluge ?

  • Le financement par les marchés boursiers a le gros avantage d’un grand nombre d’intervenants qui vont logiquement privilégier ce qui est porteur. S’il n’y avait que le marché pour financer l’investissement, il n’y aurait que très peu de création monétaire (hormis les prêts de court terme pour la consommation ou la trésorerie des entreprises). La croissance se traduirait alors par une envolée de la valeur de la monnaie, ce qui freinerait ainsi la croissance puisque le détenteur de monnaie pourrit s’enrichir en dormant. Pour stabiliser la monnaie et inciter ses détenteurs à ne pas la laisser dormir, provoquer une légère inflation par le crédit bancaire est donc utile. L’objectif BCE de 2% me semble contestable mais pourquoi pas 1% ou une fraction de % ?

    Le problème du financement par le crédit bancaire est qu’il y a peu de décideurs et qu’ils peuvent être soupçonnés de connivence avec les pouvoirs en place (nos inspecteurs des finances naviguent joyeusement entre la haute fonction publique, la politique et le sommet des banques). Les pouvoirs s’arrangent de plus pour largement orienter l’action des banquiers vers ce qui les intéresse (acheter la dette publique par exemple).

    La bonne solution est surement un mix de marché et de crédit bancaire mais il faudrait responsabiliser les banquiers en permettant que des faillites bancaires se produisent de temps en temps. En dernier ressort la masse monétaire peut être ajustée par la banque centrale mais il faudrait lui interdire néanmoins d’acheter ou de prendre en garantie autre chose que ce qui correspond à de véritables investissements. Les dettes publiques (qui sont bien plus du fonctionnement que de l’investissement) ne devraient pas avoir leur place dans le bilan des banques centrales.

    • J’ajoute que dans le sens de la responsabilisation des banques « ordinaires », il me semble que la BCE devrait se limiter à des prets aux banques en échange de garanties. Elle ne devrait surtout pas accepter le transfert des patates chaudes par leur achat. Si la garantie se déprécie, c’est la banque « ordinaire » qui doit en faire son affaire.

      • @ JCB

        Je ne comprends pas tout dans votre commentaire parfois imagé!
        La BCE, me semble-t-il ne « donne » pas aux banques de la monnaie imprimée la nuit précédente contre rien. Cela se résume à des jeux d’écritures, d’abord, et consiste en un crédit au bénéfice de la banque commerciale contre une reconnaissance de dette d’un pays-membre (éventuellement, mais je n’en suis pas sûr, d’une reconnaissance de dette d’un organisme privé). Clairement, la banque commerciale « achète » (par échange) de l’argent à prêter contre de la dette officielle.

        Il est clair que ce manège à 3, banque commerciale, BCE, et dettes d’état, est tout de même un mélange des genres où une chatte ne retrouverait pas ses jeunes … ou son pognon!

        J’adore les commentateurs qui souhaitent la faillite d’une banque, de temps en temps, alors que plusieurs sont effectivement déjà « en péril »et qu’au prochain coup, les états ne soutiendront plus les banques commerciales en faillite. Par contre (directive européenne ou loi de plusieurs états), les états garantiront une « assurance » à tout client d’une banque (ou de plusieurs: effet « dominos ») en faillite de récupérer son dépôt (moins ses crédits, je présume) à hauteur de 100 000 €, maximum, PAR PERSONNE, tous comptes confondus dans une ou plusieurs banques!
        Par « personne », entendez « physique » ou « morale ». Les 100 000 € déposés sur un livret A, c’est déjà une aberration pour un particulier: donc la plupart des clients qui possèdent cette somme, préfèrent en distraire une partie vers des actions ou obligations au rendement au moins supérieur à l’inflation ou, tant qu’à faire, préfèreront prêter la somme à un enfant, à taux 0 ou faible, pour l’aider à acheter ou construire sa maison!

        Par contre, c’est une somme qui me paraît ridicule pour une trésorerie de moyenne entreprise, entre salaires à payer, achats de « matières premières » (ou articles) et « vente du produit transformé » à facturer.

        Pas concerné, je ne suis pas au faîte de la règlementation. Mais il ne doit s’agir que de jeux d’écritures aussi, mêlant « trésor de guerre » et emprunts multiples, tant que les taux sont proches de 0 (ce qui est malsain et ne pourra sans doute plus durer!).

        De toute façon les réserves bancaires devraient quand même atteindre 10% des sommes prêtées. Et l’idée de scincider les banques en ne mélangeant plus la partie strictement bancaire de la partie spéculative, donc boursière pourrait rendre à ces banques un minimum de confiance de leurs clients, à ce jour, absente!

    • « …mais il faudrait responsabiliser les banquiers en permettant que des faillites bancaires se produisent de temps en temps. »

      C’est surtout les clients qu’il faudrait responsabiliser en supprimant cette garantie de 100,000€ : la garantie universelle mène à la non-qualité, c’est vrai dans la santé par exemple.

      Si vous étiez assuré d’avoir une garantie d’état sur tout ce que vous achetez, vous ne sélectionneriez votre fournisseur que par le prix.
      Avant c’était écrit Breveté SGDG sur des produits : Sans Garantie Du Gouvernement

  • – Comme par hasard ; les coups de jarnac de la Finance se déroulent toujours pendant les vacances …
    https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2017/07/30/ue-projet-gel-preventif-depots-panique-bancaire/
    – J’aimerais rajouter à propos de l’UE, que la Commission européenne envisage vient de préparer 1 nouvelle directive – fin programmée du cash pour 2018 – en loudecé bien sûr, afin de nous mettre devant le fait accompli !
    Promenez-vous sur YouTube et vous verrez que ce n’est pas du vent ! Leur excuse est la lutte contre l’argent sale, l’argent du terrorisme mais cela cache surtout 1 mainmise inavouée des économies des épargnants dont ils auraient le contrôle absolu. Les Suédois et les Danois se sont laissés faire et bientôt les Norvégiens et les Suisses seront aussi sollicités vers l’argent numérique. Visa contrôle près de 50% de nos paiement par carte, moyennant 1 taxe à 2%, et pousse les commerçants à refuser tout paiement en liquide. Des taux d’intérêt négatifs nous seraient 1 impôt déguisé à notre détriment…pour palier à leur mauvaise gestion ou à leurs coups foireux en bourse mais gare au krak que vous ne pourriez parer ! Une pétition circule chez nous, les Suisses résistent à leur BCE ( banque nat. Suisse)…
    https://petitions.le-vaillant-petit-economiste.com/contre-disparition-de-largent-liquide/
    https://lilianeheldkhawam.com/2016/03/08/non-a-la-suppression-du-cash-dossier/Mais en France peu de médias en parlent et la plupart des gens l’ignore encore.. donc il faut informer… il ne faut pas arrêter de battre monnaie sinon il en va de notre indépendance financière : tous nos achats seraient fichés et nous avec ! La relation client/banque est basée sur la confiance comme pour la monnaie scripturale .. or ce ne serait plus le cas : ce serait du totalitarisme par les banques qui ne sont guère honnêtes !

    https://www.youtube.com/watch?v=SqI0J2bm_tE&t=16s

    https://www.youtube.com/watch?v=uoFHmCoLahg&t=1226s

    https://www.youtube.com/watch?v=4r8-0KehBbE
    – La seule échappatoire qu’il nous reste, est prendre des alternatives pour diversifier vos placements en dehors des banques ( métaux précieux, l’immobilier mais les risques existent là aussi, posséder 1 peu de monnaie sûre (franc suisse, £, couronne norvégienne), ouvrir 1 compte Nickel chez votre buraliste…).

    https://www.youtube.com/watch?v=hITwX6AGqPE&t=11s

    https://www.youtube.com/watch?v=erKqaB-5Pq8&t=65s

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