Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ? (8)

Une série destinée à faire découvrir ou redécouvrir l’œuvre de l’auteur autrichien Stefan Zweig. Aujourd’hui, « La pitié dangereuse » et « Le voyage dans le passé », deux romans chargés de sentiments confus et douloureux pour les personnages.

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Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ? (8)

Publié le 12 juillet 2017
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Par Johan Rivalland.

La pitié dangereuse

Peut-on confondre Amour et Pitié ? Comment peut-on ainsi se laisser sombrer corps et âme dans une telle confusion ? Telles sont les questions qu’aurait dû bien soupeser ce jeune officier, avant de s’engager dans une telle aventure et que sa vie ne vire au cauchemar.

On ne peut s’engager à la légère, même sous le coup de l’émotion et des principes généreux, et il l’apprend à ses dépens.

340 pages (éditions Grasset – Les cahiers rouges) de cauchemar angoissant. Un malaise terrible qui se dégage.

Comme toujours, une finesse dans l’écriture et l’analyse des sentiments par un Stefan Zweig toujours aussi exceptionnel.

Du très grand roman. Marquant. Durablement marquant.

Le voyage dans le passé

J’ai découvert ce livre par hasard, en 2008, sur le comptoir d’une petite librairie, alors que j’étais à la caisse. Je l’ai acheté aussitôt, sans me poser de question.
Ce fut pour moi aussi un voyage dans le passé, alors que je n’avais plus lu cet auteur depuis de nombreuses années. Un inédit, du moins un roman de Stefan Zweig dont je n’avais pas entendu parler.

J’ai donc entrepris la lecture. Et là, tout est revenu. Le style unique de l’auteur, sa sensibilité particulière, son écriture envoûtante.

Du toujours aussi grand Stefan Zweig, le maître de la psychologie et de la description sublime des sentiments des personnages, que l’on parvient à ressentir parfaitement.
Une plongée dans l’atmosphère d’une autre époque que celle d’aujourd’hui avec ses technologies de l’information.

Un retour à l’authenticité, à la simplicité, dans le monde d’hier, qui ne tardera toutefois pas à devenir malheureusement inquiétant, avec l’arrivée des deux grandes guerres (on sait la fin tragique qu’a choisi de connaître le grand auteur).

L’histoire forte d’un amour refoulé, puis contrarié, le couple à peine formé. Après avoir vécu deux années proches l’un de l’autre sans oser s’avouer leur amour, ils se trouvent séparés par les circonstances, qui vont s’aggraver avec la guerre, puisqu’un océan va les séparer.

De sorte qu’ils ne se verront plus pendant neuf très longues années, au lieu des deux prévues initialement, déjà interminables. Deux années durant lesquelles le personnage principal s’enfermera dans un labeur acharné destiné à occuper ses pensées pour mieux supporter la douloureuse séparation.

Neuf années qui vont tout changer. Car les sentiments peuvent-ils rester intacts durant tout ce temps ? C’est la question au centre de ce roman, traitée avec toute la subtilité et l’authenticité qui caractérise l’auteur.

Un vrai retour dans le passé, qui m’a donné l’envie de retourner aux lectures qui ont bercé mes années 1990. Le livre se lit intensément et d’une seule traite. Impossible de s’en détacher ; on est comme emporté.

(À noter que le roman est très court, puisqu’il ne fait en réalité que moins de 100 pages, la deuxième partie du volume étant l’original en allemand. Avis aux amateurs ou étudiants en langue allemande).

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  • merci pour vos articles sur stefan sweig, je sens déja pointer ma future ” commande”…. auteur découvert strictement par hasard un jour ( par ” fouché” dont je garde des années aprés un souvenir ” ébloui”, tant l’écriture était ciselée ). Pourquoi on n’en entends jamais parler ( à part sur contre point ) est un mystére total.

  • Il y a quelques mois, j’ai mis alerte Google “Stefan Zweig”…

    J’ai découvert “La pitié dangereuse” à l’âge de 16 ans, et j’ai alors proposé, avec succès, à mon prof de français que l’on travaille sur cet extrait du livre cité en introduction du roman :

    “Il y a deux sortes de pitié. L’une, molle et sentimentale, qui n’ est en réalité que l’ impatience du coeur de se débarrasser le plus vite de la pénible émotion qui vous étreint devant la souffrance d’autrui, qui n’ est pas du tout la compassion, mais un mouvement instinctif de défense de l’âme contre la souffrance étrangère. Et l’autre, la seule qui compte, la pitié non sentimentale mais créatrice, qui sait ce qu’elle veut et est décidée à persévérer jusqu’ à l’ extrême limite des forces humaines.”

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