Sans la liberté, le capitalisme peut être très nocif

Si les marchés ne sont pas libres, le capitalisme peut être aussi nocif — et même peut être plus nocif — que les systèmes collectivistes.

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Enjoy Capitalism (Crédits : Bureaucrash, image libre de droits)

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Sans la liberté, le capitalisme peut être très nocif

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Publié le 5 juillet 2017
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Par Guillaume Nicoulaud.

Mal nommer les choses, écrivait Camus, c’est ajouter au malheur du monde. Que la définition d’un terme puisse évoluer dans le temps est chose acceptable mais, à un point du temps donné et dans une langue donnée, il est souhaitable que nous nous entendions sur le sens des mots — surtout quand ils sont largement utilisés dans le débat public. Je l’avais déjà fait, il y a quelques temps, avec le communisme ; je vous propose de remettre ça pour la distinction entre capitalisme et libéralisme économique.

Par capitalisme, on entend en général un système économique fondé sur la propriété privée des moyens de production. Concrètement, cela signifie que les entreprises appartiennent à des personnes physiques qui y investissent des capitaux en espérant en tirer des profits.

Le capitalisme contre la propriété collective

Le capitalisme s’oppose aux différentes formes de propriété collective des moyens de production (socialisme, communisme…) dans lesquelles les entreprises appartiennent, du moins en principe, à tout le monde.

Par libéralisme économique, on entend normalement un système capitaliste fondé sur la liberté des marchés. Cette distinction est essentielle : un système économique peut parfaitement être capitaliste tout en restreignant plus ou moins sévèrement la liberté des marchés — auquel cas, il n’est pas libéral.

C’est ce qui arriverait si, par exemple, vous étiez légalement propriétaire de votre entreprise mais que l’État vous garantissait un monopole légal, fixait par la loi le prix de vos produits ou forçait vos clients à les acheter.

Free market capitalism

C’est pour cette raison que les anglo-saxons parlent volontiers de free-market capitalism ou de laissez-faire capitalism. Pour celles et ceux qui, comme moi, défendent cette option, le capitalisme est le meilleur des systèmes connus si et seulement si il s’accompagne de marchés libres (liberté d’entreprendre, liberté des prix, absence de monopoles légaux, absence de consommations forcées…). Dans le cas contraire, si les marchés ne sont pas libres, le capitalisme peut être aussi nocif — et même peut être plus nocif — que les systèmes collectivistes.

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  • Le capitalisme privé ou celui d’état peut être nocif sans la liberté.
    C’est me semble-t-il un truisme. C’est remettre les clefs du pouvoir à une personne ou à un groupe de personne. Mafia ou parti unique, cela ne fait pas grande différence. Mais il n’est pas sûr que l’un soit plus dangereux que l’autre et que les raisons idéologiques (à la base des grands génocides) soient moins dangereuses que les raisons mafieuses et le racket.
    La privation de liberté des individus est bel et bien nocive ! La Liberté est bien un droit naturel de l’individu.

  • Bonjour,

    Votre article est salutaire, car les anti libéraux nous attaquent sur le capitalisme et ses présupposés dégâts.

    Je ne suis pas pro business ni pro capitalisme, je suis pour la liberté de choix, vivre en coopérative ou vivre en free lance.

    Il faut rappeler que l’on peut vivre dans un environnement collectiviste dans un système libéral, mais que l’inverse est impossible.

  • Pour s’y retrouver : le capitalisme est un mode d’appropriation des moyens de production. L’économie de marché est un mode de régulation des activités économiques. Il existe deux modes d’appropriation des moyens de production, la propriété privée, ie le capitalisme, la propriété collective, ie le socialisme réel. Et deux modes de régulation, le marché et le plan.
    Un système économique est la combinaison d’un mode d’appropriation des biens de production ET d’un mode de régulation des activités économiques.
    Il y a donc quatre systèmes économiques possibles :
    – Le capitalisme de marché (propriété privée des moyens de production ET économie de marché, ie liberté des prix).
    – Le socialisme planifié (propriété collective des moyens de production ET économie planifiée, ie plan central impératif).
    – Le capitalisme planifié (propriété privée des biens de production, entreprises et terre, ET plan central impératif), ex. L’Allemagne nazie.
    – Le socialisme de marché (propriété collective des moyens de production ET économie de marché, liberté des prix, pas de plan central), ex. La Yougoslavie de Tito, la Chine de Deng Xiaoping, dans les années 1980-1990, avant que la propriété privée des entreprises (ie le capitalisme) soit introduite.

    • Dans votre classification en 4 catégories où classez vous la Chine d’aujourd’hui ?
      Entendu que chaque classification s’appose sur une réalité sans réelle frontière; en continnuum.

    • le capitalisme est un mode d’appropriation des moyens de production

      Ah ?
      Et a quel ouvrier les investisseurs de SOMFY, auraient-ils volés les machines-outils de l’entreprise ?

    • /* Et deux modes de régulation, le marché et le plan. */

      Il serait de bon goût d’ajouter quelques adjectifs. Cela donnerait :

      /* Et deux modes de régulation, le marché qui permet de coordonner les interactions libres entre individus consentants, et le plan qui impose à tous les choix arbitraires d’une classe autoritaire. */

      Sinon on pourrait croire que vous considérez les “deux modes de régulation” comme équivalents sur le plan éthique (sans même parler de leur efficacité sur le plan pragmatique).

  • Le capitalisme est une invention … des antilibéraux (cf Michel Leter) qui repose sur la régulation par l’Etat de la propriété et de son usage.

    En fait, toute les sociétés modernes sont un agrégat de capitalisme, de socialisme et de communisme, à des divers pourcentages de chaque, suivant la part de propriété privée ou publique dans chaque activité.

    Le libéralisme économique ne repose pas sur la propriété, mais sur la liberté.

    La notion de propriété qui définit le capitalisme (et le socialisme, et le communisme) est un droit positif, très différent du droit naturel de propriété.

    Ainsi la propriété, droit positif définit l’exercice légal (usus, abusus, fructus) qu’une personne (propriétaire) peut exercer sur un bien (propriété).

    Alors que la propriété, droit naturel indique simplement que par nature l’homme est libre de s’approprier des choses et donc que cette appropriation est soumise à responsabilités : partage, conservation, gestion … et respect des propriétés d’autrui (comme toute liberté est soumise à responsabilité)

    Comme le souligne l’auteur, le marché libre tempère le capitalisme, qui n’est qu’une appropriation socialiste (étatique, positive) du droit naturel de propriété.

    • Certains auteurs allant jusqu’à définir un empilement de propriétés : l’exploitant (usus) ayant une vision plus axée sur le court terme qui peut être conflictuelle avec la conservation (abusus), en particulier pour les biens “réduits”. La propriété droit naturel n’est pas exclusive, mais inclusive.

      Ce qui disqualifie totalement la notion de “propriété commune” qui est définie en opposition à la propriété privée.

      cf HH Hoppe.

  • Je ne vois pas de compatibilité entre le capitalisme et l’absence de liberté. Liberté d’entreprendre et liberté tout court sont liées. Dans un pays comme la Chine, à la fois communiste, politiquement, et capitaliste, économiquement, la liberté est sous condition. Celle de ne pas se mêler de politique. Et, en cas de débordement capitaliste la peine de mort est une limite.

  • Le capitalisme sans la liberté se prénomme corporatisme. C’est le socialisme de la droite conservatrice, et en poussant le curseur à fond, (roulement de tambour) le fascisme.
    Lecture de chevet : Hans-Hermann Hoppe, https://mises.org/library/theory-socialism-and-capitalism-0

  • Merci pour les deux définitions, et maintenant, peut-on savoir en quoi le capitalisme peut être plus nocif que le collectivisme ?

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