Looking for Lenin, de Niels Ackermann et Sébastien Gobert

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Looking for Lenin, de Niels Ackermann et Sébastien Gobert

Publié le 16 juin 2017
- A +

Par Francis Richard.

Un photographe, Niels Ackermann, et un journaliste, Sébastien Gobert, apprennent, le 8 décembre 2013, que la statue de Vladimir Illitch Lénine de la place Bessarabska à Kiev a été jetée à terre par une poignée de manifestants, pour la plupart liés au parti nationaliste Svoboda.

L’un se trouve à Kiev – Niels est en train de manger une pizza -, l’autre à Barcelone, sur une plage : dès le lendemain, [Sébastien] est dans l’avion de retour pour Kiev. Un jour, ces deux Occidentaux fascinés par l’Ukraine discutent et décident de partir à la chasse à cette statue de Lénine disparue.

Chasse au Lénine

Après des mois d’enquête, début 2016, ils sont à bout touchant et ont généralisé la chasse au Lénine de Bessarabska à tous les Lénine d’Ukraine. Dans la préface du livre qu’ils ont réalisé ensemble, Looking for Lenin, Myroslava Hartmond écrit :

Avec 5 500 statues de Lénine – contre 7 000 en Russie, 600 en Biélorussie, 500 au Kazakhstan et seulement 300 pour la région transcaucasienne et l’Asie centrale -, la densité de monuments au kilomètre carré était plus élevée en Ukraine que dans toute autre république de l’ancienne URSS.

Le livre de Niels et Sébastien comprend 45 lieux dans lesquels ils se sont rendus à travers tout le pays. La carte de la page 17 montre que les Lénine qu’ils ont chassés sont concentrés le long du Dniepr, qu’il y en a davantage dans la partie orientale que dans la partie occidentale du pays.

Témoignages et photos

Ce livre est illustré de 70 photographies capturant des Lénine (mis à bas, décapités, défigurés, découpés en morceaux etc.), prises dans des endroits divers (jardins, musées, entrepôts, décharges, bois etc.). Il est rempli de témoignages recueillis sur place et qui sont rien moins qu’unanimes sur le Leninopad.

Le Leninopad, explique Myroslava Hartmond, c’est la destruction des monuments à la mémoire du dirigeant communiste par des militants qui, dans les mois qui suivirent les manifestations de l’Euromaïdan de 2013-2014, réclamaient une intégration plus étroite dans l’Europe et la fin du régime pro-Kremlin.

La décommunisation

En fait il y a eu d’autres vagues de destruction : à partir de 1990, avant la dissolution de l’Union soviétique ; après la révolution orange de 2004 ; à partir d’avril 2015, avec le processus de  décommunisation et ses lois, dont celle sur la condamnation des régimes totalitaires communiste et national-socialiste…

Sur la décommunisation en cours, chacun peut être, comme le synthétise Sébastien Gobert, pour, contre, indifférent, nostalgique, vindicatif… : chacun a une façon bien particulière de vivre sa chute, et de comprendre la décommunisation de l’Ukraine. Ce processus en devient simplement illisible.

Des Lénine dans le jardin

L’un dit que le régime s’est normalisé puisqu’il s’est étalé sur tant d’années ; un autre, qui a des Lénine dans son jardin, que nous pouvons réfléchir au sort d’un empire, qui finit toujours par être absorbé par la nature ; un autre encore, qu’en vendant un Lénine, ce dernier servira pour une fois à quelque chose.

Le processus de décommunisation est donc complexe. C’est pourquoi, dans ce contexte, Sébastien Gobert et, avec lui, Niels Ackermann, en conclusion, s’interrogent sur l’avenir de l’Ukraine, pays en profonde mutation, à l’histoire tourmentée :

Quel sens les Ukrainiens vont-ils donner à leur histoire ? En quoi la décommunisation peut-elle influencer leur idée d’appartenance nationale ? Quel impact a-t-elle sur les transformations actuelles ?

En tout cas, curieuse façon de décommuniser que d’adopter des lois pour y parvenir…

Niels Ackermann et Sébastien Gobert, Looking for Lenin, édition Noir sur Blanc, juin 2017.

Sur le web

Voir les commentaires (0)

Laisser un commentaire

Créer un compte

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Le réalisateur tchèque Jiri Madl s’est emparé de la période passionnante où des journalistes de la radio officielle tchécoslovaque ont résisté contre le régime socialiste du pays, alors sous tutelle russe. Entre suspense, tension et lumière, ce film est assurément une belle œuvre cinématographique.

 Juste avant l’arrivée des troupes du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie, la censure et la propagande rongent la liberté d’expression, comme la vie des citoyens. Subversion d’un pays soumis à Moscou. L’année 1968 est un symbole de liberté partou... Poursuivre la lecture

Le candidat démocrate à la vice-présidence, Tim Walz, est entré sur la scène nationale avec un soutien passif-agressif à la gestion étatique de l'activité économique. « Le socialisme des uns est le bon voisinage (neighborliness) des autres », a ironisé le gouverneur du Minnesota. Article original de Katya Sedgwick paru dans l'Acton Institute. 

 

Il est facile pour Walz de parler ainsi, car il vit dans un pays où les marchés permettent une accumulation sans précédent de richesses, où la nourriture est abondante et où les cit... Poursuivre la lecture

Igor Rostislavovich Shafarevich a montré que le socialisme était fondamentalement anti-individualiste. Igor Rostislavovich Shafarevich n'est pas un nom très connu, mais cet homme mérite amplement qu'on se souvienne de lui plus d'un siècle après sa naissance, et sept ans après sa mort. Il est né le 3 juin 1923 à Zhytomyr, en Ukraine, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Kiev. Il est décédé en 2017 à l'âge de 93 ans, laissant derrière lui des contributions remarquables aux mathématiques, et un puissant réquisitoire contre la calamité connu... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles