Par Francis Lebreton.
Un article d’Emploi 2017
Très curieusement la saga/communication du nouveau président gomme soigneusement son titre si envié d’inspecteur des Finances. Comme si être banquier d’affaires chez Rothschild, assistant de Paul Ricoeur ou acteur de théâtre amateur sous la tutelle de « Brigitte », avait été plus important dans l’ascension remarquable d’Emmanuel Macron. On reconnaît bien dans cette discrétion l’entre-soi des élites françaises, facteur si important de l’impopularité des dirigeants politiques et subséquemment de la fièvre populiste.
Les meilleurs élèves de l’ENA
Un rappel s’impose. Les premiers au classement de sortie de l’ENA choisissent le plus souvent d’entrer dans le corps de l’Inspection des Finances. Tout comme les premiers du classement de sortie de l’École Polytechnique optent pour le Corps des Mines. Ces deux corps rivalisent toujours pour prendre les postes de hauts dirigeants dans le monde des affaires quand ils sont pourvus sur décision ou sous influence du gouvernement. Moins de 20 personnes par an pour les 2 clans. Entrer dans ces clubs si restreints permet d’être crédible pour les postes les plus élevés et d’en connaître personnellement tous les autres membres.
Cette élite – dite républicaine, puisqu’elle est sélectionnée sur concours – est suivie de près par ceux qui la côtoient et s’irritent souvent des prérogatives qu’elle s’arroge. L’attention du public est plus rare. Il faut des grands succès ou de grands échecs pour attirer le regard sur elle.
L’Inspection des finances développe l’excès de confiance en soi
Ghislaine Ottenheimer, excellente journaliste, avait consacré à « l’Inspection » une enquête sans ménagement (Les Intouchables – Albin Michel). C’était en 2004 après une série de catastrophes financières dans des entreprises dirigées par des Inspecteurs : Vivendi, Crédit Lyonnais, France Télécom, Elf, Alstom, Cerus, etc. Elle attribuait pour partie ces échecs à des comportements acquis au sein de l’Inspection, et en particulier un excès de confiance en soi d’où découlaient la sous-estimation des risques, la difficulté à réviser des projets même après les premières mauvaises nouvelles, ainsi que le mépris des avis des collaborateurs non inspecteurs lorsqu’ils empiétaient sur le rôle des décideurs inspecteurs.
On n’est pas impunément choisi comme le meilleur à la fin de ses études. Surtout avant toute expérience professionnelle. Avec la circonstance aggravante que ce classement sera en France déterminant tout au long de la vie ! Et pourra vous porter à la tête d’entreprises concurrencées par des équipes d’experts, pas aussi généralistes que vous, mais autrement pointus.
Votre serviteur a eu le privilège d’être « dirigé » ou contrôlé par un ou des inspecteurs à de multiples reprises. Cela ne lui a valu aucune catastrophe, Dieu merci. Mais il a pu retrouver, dans la vie, des échos du livre de Ghislaine Ottenheimer et des comportements dangereux qu’elle répertoriait. Parfois – derrière les postures apprises – une personnalité sympathique transparaissait… ou bien l’apprenti sorcier comme ceux qu’elle a dénoncés. Mais jamais l’entrepreneur.
Macron sera-t-il une exception ?
Bof ! penserez-vous. Macron n’est pas entrepreneur… il est bien plus que cela ! Un peu trop d’ambition est bienvenue après Hollande. Déjà le président sait corriger des maladresses de langage : il semble qu’on ramène à de justes proportions l’emphase de « la moralisation » de la vie publique. Comme ministre, il avait su mettre la main dans le cambouis et faire voter une loi assez complexe, voire touche-à-tout (comme un rapport de Jacques Attali…). Il s’est entouré de ministres plus compétents que d’habitude. Il dit qu’il va laisser le gouvernement manœuvrer sans télécommande de l’Élysée. Vos craintes, vos préventions, ne sont pas justifiées !
Je souhaite bien sûr que vous ayez raison et que l’Inspection des Finances n’ait été que le marchepied pour un président qui saura aider une équipe talentueuse à mener à bonne fin des projets étudiés collectivement et dont le déroulement sera suivi attentivement par leurs responsables. Comme par nous !
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tout ce que l’on demande à macron , c’est de mettre tout son savoir au service de la france ; et non pas de servir les intérets d’une poignée , dont certains ont mis toute leur force pour le mettre au pouvoir en espérant sans aucun doute un retour d’ascenseur ;
Non, ce qu’on attend d’un président c’est qu’il soit au service des français. Être au service de la France est un mythe qui permet tous les excès, toutes les approximations, qui permet de n’être responsable de ses décisions, de ses actes, de ses choix devant personne.
Alors ce serait encore mieux de dire « au service des gens » ou « de la population ». Dire « Français » alimente déjà ce mythe de la particularité « supérieure » que votre pays n’a pas à entretenir dans l’Europe unie: tous les Européens connaissent l’état actuel de la France, pour peu qu’ils soient informés. Donc tant que vous ne vous aurez pas « redressé » vers du « plus crédible », adoptez plutôt un profil bas! (Le taux de croissance prévu pour mon pays en 2017 est de 4%! Donc grand maximum: 6% de chômeurs!)
Le problème est que « son savoir » si important soit il est par nature inutile voire néfaste. Il est énarque, inspecteur des finances. Donc bureaucrate de l’administration des vols légaux. Pas créateur de richesses ni créateur de savoirs…
@ Franz
Entre sa formation et ce qu’on en fait, il y a plus qu’un abîme, une nuance!
L’avenir n’est pas écrit et la « gouvernance d’E.Macron ne commence qu’aujourd’hui! Laissez lui une chance avant de critiquer: on juge l’arbre à ses fruits!
Le problème c’est qu’il n’en possède pas, comme on peut le constater dans son livre. Il n’a aucune idée comment fonctionne l’économie, formaté qu’il est par Science-Po, l’ENA et l’inspection!
On demande à Macron de s’attaquer aux problèmes: immigration/identité, Etat obèse, économie étouffée. Son passage par l’ENA et son penchant politique à gauche ne le prédisposent sans doute pas à cette tâche. Peut-être nous surprendra-t-il.
@ Jacques Peter
De toute façon, les jeux sont faits!
Président et assemblée nationale sont élus. Maintenant il faut assumer ce choix « démocratique » et, théoriquement, leur donner leur chance.
Sans écouter les prévisionnistes de tout poil, prêcheur de catastrophes complètement incertaines et pas forcément inéluctables: une courbe de constatations sur un diagramme ne vous autorise pas, en politique, d’en poursuivre le tracé dans l’avenir alors que cela dépend de tant de personnes!
Et la vie est, en principe, un combat inverse de celui de l’entropie: chaque nouvelle génération (autre mythe!) apporte sa nouvelle énergie.
L’important n’est pas ce que nous avons mais ce que nous en faisons .
Faudra t-il que je le répète mille fois !!!
Sacrebleu !!