La fonction publique : premier exploiteur capitaliste de France

Plus de 53 % des fonctionnaires estiment être exploités.

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La fonction publique : premier exploiteur capitaliste de France

Publié le 29 mai 2017
- A +

Par Guillaume Nicoulaud.

Je suppose que le lecteur, ayant probablement fait ses études en France, est parfaitement au fait du principe de l’exploitation capitaliste.

 

Les travailleurs exploités par les capitalistes

Si ce n’est pas le cas, voici un bref résumé : puisque la valeur d’une marchandise ou d’un service découle de la quantité de travail nécessaire à le produire1, il va de soi que ce sont les travailleurs et eux seuls qui créent de la richesse.

Dès lors, puisque les capitalistes réalisent des profits, il est évident qu’ils spolient les travailleurs d’une part de la richesse qui leur revient de droit. C’est le fondement même de l’idée selon laquelle les patrons exploitent leurs salariés.

En suivant Marx et ses nombreux disciples, on peut donc établir une règle simple : tout salarié d’une entreprise privée est nécessairement exploité tandis que celui de la fonction publique — qui, par définition, n’a pas vocation à réaliser de profits2 — ne l’est pas. Si nos compatriotes et en particulier ceux qui se disent anticapitalistes avaient une vision un tant soit peu logique des choses, tous les salariés du privé devraient se considérer comme exploités et, symétriquement, aucun salarié de la fonction publique ne devrait se plaindre de l’être.

 

Les fonctionnaires se sentent exploités ?

Par le plus grand des hasards, je suis tombé sur une enquête réalisée par la Dares auprès des salariés de France métropolitaine en 2013.

Elle est très instructive dans son ensemble, mais c’est sur un des résultats en particulier que je souhaite ici attirer votre attention. Il se trouve page 89, dans le tableau 12.9 : on a demandé aux salariés du secteur privé (c’est-à-dire « marchand ou associatif »), et à ceux des trois fonctions publiques (de l’État, territoriale et hospitalière3) s’ils avaient, toujours, souvent, parfois ou jamais, le sentiment d’être exploités.

Voici les résultats :

Voilà des résultats intéressants. Si pas moins de 43,3 % des salariés du privé n’ont jamais le sentiment d’être exploités — ce qu’un bon marxiste mettra sans doute sur le compte de l’abrutissement des masses laborieuses ou de la trahison de classe — il est tout de même assez extraordinaire de constater que jusqu’à 53,6 % des employés de la fonction publique estiment être victimes, au moins de temps en temps, de l’exploitation capitaliste à laquelle ils échappent pourtant par définition. J’ai beau essayer d’interpréter ce résultat à l’aune des canons de l’extrême gauche, j’avoue ne pas parvenir à la moindre explication satisfaisante.

Je laisserai donc les exégètes insoumis nous expliquer comment un tel miracle est possible et me contenterai de noter que, si l’on s’appuie sur les réponses des salariés concernés, la fonction publique prise dans son ensemble est, de loin4, le premier exploiteur du prolétariat. À moins, bien sûr, que ces braves gens disent n’importe quoi.


Sur le web

  1. Marx n’a rien inventé : il emprunte cette conception de la valeur-travail à Adam Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776) sans savoir que, la même année, Étienne Bonnot de Condillac (Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776) avait compris et expliqué en quoi elle est erronée.
  2. Et, de fait, n’en réalise pas puisqu’elle accumule des pertes abyssales depuis des décennies.
  3. Afin de comparer plus aisément le sentiment de la fonction publique dans son ensemble à celui du privé, j’ai regroupé les trois branches en pondérant par les effectifs annoncés par le ministère de la fonction publique.
  4. Mine de rien, en comptant ceux qui s’estiment toujours, souvent ou parfois exploités, cela fait plus de 29 millions de salariés exploités !
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  • non attendez …exploités pas qui?

  • les fonctionnaires devraient remercier le ciel d’avoir la sureté de l’emploi et donc de leur salaire ; hé ben non ! ça ne leur suffit pas ; ils veulent rester aux 35 heures et veulent une augmentation de salaire ;
    savent t’ils seulement qu’ils sont payés avec l’argent des contribuables ? se rendent t’ils compte , qu’à l’heure actuelle , ils sont presque les plus chanceux  » dans leur grand malheur » ?

    • « L’argent du contribuable » qui est utilisé certes pour rémunérer un fonctionnaire qui a une « rémunération normale », c’est normal aussi.
      Ce qui est moins normal c’est que cet argent est également utilisé pour financer les clubs sportifs professionnels avec les salaires aberrants de certains sportifs et des infrastructures d’utilisation très occasionnelle et surtout pas par la communauté.
      Comment ce fait-il, par exemple, que deux communes faisant partie de la même communauté de communes aient et entretiennent chacune une équipe professionnelle du même sport ? C’est vrai les communautés de communes n’ont pas été créées pour ça mais seulement pour employer quelques fonctionnaires de plus (même chose pour l’échelon départements/région d’ailleurs).

  • Blague à part, « exploité » pour le travailleur signifie probablement autre chose que l’exploitation au sens marxiste.
    Il est possible qu’une partie des fonctionnaires qui s’estiment « exploités » soient des adeptes de la semaine de 25h (et encore), mais je suis à peu près certain qu’une partie des fonctionnaires est effectivement « exploitée ». Quel employeur peut se permettre d’envoyer sans vergogne ses employés à 100km de chez eux exercer des boulots pourris dont personne ne veut, sinon l’éducation nationale? Où trouve-t-on le plus de « petits chefs » d’autant plus abusifs qu’ils sont inexpugnables de par leur statut d’employé à vie et/ou d’encarté politique? Etc.

  • Une seule explication possible : c’est le travail lui même qui est une exploitation de l’homme par l’homme. Il faut donc militer pour l’abolition du travail.

  • J’ai une solution pour qu’un fonctionnaire « EXPLOITÉ » ne le soit plus… Il a qu’à démissionner de la fonction publique. Mis à part ceux qui sont dans la police ou les hôpitaux ; les autres n’ont pas trop à se plaindre.
    Lire le livre « Absolument dé-bor-dée » de Zoé Shépar (qui as eu un blâme suite à la parution de son bouquin).

  • Et pour « récupérer » cette exploitation, beaucoup sont passés de 35h à 32h sans perte de salaires, et sans le dire aux clients ou à l’opinion publique. Ce qui fait que TOUS les jeunes, 73% suivant un sondage non secret, rèvent de devenir « fonctionnaires ». Elle est pas belle la vie au service de ses compatriotes?. Comment voulez vous « redresser » un pays ou les 3/4 des jeunes gens voudraient se sentir « exploités »?.

    • Dans une formation pour les jeunes diplômés demandeurs d’emploi où j’étais instructeur, j’en ai eu deux qui ont abandonné les cours pour aller passer une concours de facteurs dans une autre ville de province. Il me semble que La Poste n’est plus la « fonction publique » mais quand même BAC+5 chimiste pour devenir facteur, ce n’est pas vraiment sérieux ou encore avoir des licenciés en mathématiques à la caisse d’un supermarché !
      N’est-ce pas le problème de l’Éducation Nationale qui forme (et continue à former) dans des spécialités où il n’y a pas (ou pas suffisamment) de débouchés. Faut-il :
      * Que l’Enseignement Supérieur soit financé et piloté par l’industrie et l’entreprise ?
      * Que les formations supérieures enseignées soient limitées en nombre en fonction des statistiques PôleEmploi/APEC ?
      * Faut-il revaloriser les diplômes et afficher moins de réussite au BEPC et au BAC et surtout valoriser les diplômes professionnels et la formation continue (Ingénieurs CESI ou CNAM) ? Donc, plus généralement, arrêter de créer des directeurs et des chefs de service qui n’ont aucune expérience de la vrai vie et de l’entreprise !

  • Effet de l’enseignement marxiste par l’Education Nationale! Lisez les livres scolaires de nos chères têtes blondes, c’est instructif.

  • Les commentaires sont fermés.

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