Par Simone Wapler.
Donald Trump a popularisé les fake news mais il y a beaucoup à dire aussi sur les statistiques, ou « données macroéconomiques », pour reprendre le style guilleret de l’INSEE. Il y a plus de fake statistics que de fake news.
J’ai déjà abordé la question de notre pouvoir d’achat, de nos revenus et des statistiques.
Quelle ne fut pas ma surprise de lire dans l’étude de l’OFCE la phrase suivante :
Ce sont surtout les revenus réels du capital par ménage (qui intègre les loyers ‘fictifs’ des ménages occupant le logement dont ils sont propriétaires) qui ont connu une forte hausse sur cette période, augmentant deux fois plus vite (1,7% en moyenne par an) que les revenus réels du travail
Une fois que vous êtes propriétaire de votre logement, les statisticiens considèrent que vous avez un revenu du capital (le loyer que vous ne payez pas). Les revenus des propriétaires sont donc artificiellement gonflés et vous remarquerez qu’ils augmentent davantage que les « revenus réels » du travail. À ce propos, je me suis demandé ce qu’étaient les « revenus irréels » du travail, mais je n’ai pas creusé cette question. À chaque jour suffit sa peine…
Si, après avoir consenti à un sacrifice, nous sommes riches de ce que nous ne payons pas, voilà qui arrange bien le tableau économique.
Ne nous étonnons donc pas d’un décalage croissant entre ce que nous vivons au quotidien et les « vérités statistiques » dont les gouvernements nous bombardent pour nous démontrer qu’ils agissent au mieux de nos intérêts.
Ces statistiques ne nous empêchent pas de constater notre perte de pouvoir d’achat et une augmentation continue de nos dépenses contraintes, obligatoires. Pratiquement, nous perdons la main sur notre liberté financière. Ne nous étonnons pas dans ces conditions des votes « populistes » qu’on pourrait aussi bien qualifier de sceptiques.
Lorsque vous payez très cher de l’immobilier en contractant un crédit, le secteur financier obtient une rente, l’État obtient des rentrées fiscales (droit de mutation, taxe foncière, taxe d’habitation, plus-value) et on vous fait croire que vous êtes riche d’un loyer fictif !
L’os à ronger du « pouvoir d’achat arbitrable »
Face à ce croissant « décalage de ressenti », l’INSEE a accouché de deux nouvelles mesures : celui de « revenu disponible arbitrable » et de « consommation finale pré-engagée ». Le tout débouchant sur un « pouvoir d’achat arbitrable ».
Nos statisticiens d’État quantifient ce qui nous reste vraiment, l’os qu’on nous laisse à ronger après avoir fait face à toutes nos obligations.
Voici ce que cela donne. Sur ce graphique, l’évolution (en %) de l’os à ronger est en rouge. Lorsque le rouge est sous l’horizontale, l’os est diminué ; lorsque le rouge est au-dessus de l’horizontale, l’os grossit un peu.
Vous constatez que depuis 1979, en moyenne, ce « revenu arbitrable » progresse de moins en moins. C’est certainement une coïncidence, mais depuis cette date, la mainmise de l’État sur notre économie ne cesse de croire. Elle est passée de 45% à 57%.
Et encore, ces jolis graphiques de statisticiens ne disent pas tout.
Prenons un exemple :
En 2011, le revenu baisse de 0,5%. Vous aviez 100, il vous reste 99,5.
En 2012, le revenu baisse de 3%. Vous aviez 99,5, il vous reste 96.
En 2013, le revenu baisse de 2,2%. Vous aviez 96, il vous reste 93,3.
En 2014, le revenu progresse de 0,6%. Il vous reste 93,9.
En 2015, le revenu progresse de 1,3%. Il vous reste 95,1.
Pour simplement récupérer votre niveau de 2011, il faudrait en 2016 une progression de 5,15%. Du jamais vu depuis… 1978 !
Comment votre pouvoir d’achat arbitrable se rétrécit comme une peau de chagrin
Oui, nous sommes volés de nos gains de productivité depuis des années. Ces gains de productivité, l’économie réelle les conquiert face à une concurrence, souvent mondiale. Mais cet argent est allé arroser le sable des subventions et du capitalisme de copinage.
Car c’est bien le but de ces normes, règlements, subventions : vous contraindre à dépenser là où l’État pense que c’est bien. Et l’État pense mieux et plus que vous.
Récemment, le gouvernement a ainsi pensé que les copropriétaires étaient incapables de planifier leurs travaux. Pourtant, en constatant le délabrement de certains bâtiments publics, vous auriez tendance à penser que c’est l’État lui-même qui a du mal à planifier ses travaux d’entretien et ne devrait pas nous donner de leçons, mais revenons à notre sujet…
Le législateur, dans sa grande bonté, a voulu protéger contre eux-mêmes les propriétaires imprévoyants. Depuis le 1er janvier 2017, une loi contraint les copropriétaires à bloquer au moins 5% du budget de dépenses d’une copropriété dans un compte spécial.
Évidemment, cette loi fait le bonheur des syndics de copropriété et des banques dépositaires.
Bien sûr, cette loi ampute aussi votre « pouvoir d’achat arbitrable » 2017 qui va encore en prendre un coup.
On attend le jour où sera adoptée la taxe sur le compte de provisions pour travaux (parce que les riches copropriétaires peuvent payer) ou encore l’intégration dans notre revenu imposable de la rémunération du compte de provisions pour travaux… À moins qu’un lobby quelconque, en mal de commandes et de clients captifs, ne décide qu’il faille imposer des travaux de mise aux normes des fenêtres pour empêcher les occupants de se défénestrer, ou de faire parler les chaudières comme les ascenseurs.
Ne vous inquiétez pas : l’imagination de la Parasitocratie pour capter notre argent est sans limite.
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Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici.
C’est assurément l’augmentation des dépenses contraintes ( décidées par l’état comme celles que nous nous imposons : ex smartphone)
Par contre, il est juste de considérer que le propriétaire libéré de la charge d’emprunt, dispose d’un pouvoir d’achat amélioré jusqu’à un tiers…
Il ne faut pas confondre la mesure… et l’usage à craindre de la part d’un état obèse et vorace.
(À noter que les aides ou réductions fiscale accordées pour l’acquisition d’un bien, pourraient légitimement être considérées comme une avance remboursable…et utiliser son remboursement pour aider d’autres à devenir proprio)
La liste des titres des livres de Madame Wapler m’impressionne par son côté catastrophiste continu, ce qui peut relever d’une constance dans l’alerte, ou d’un parti pris. Ne les ayant pas lus je n’ai pas d’avis à leur sujet. Par contre j’en ai un au sujet des statistiques qu’elle évoque : on fait dire aux chiffres ce qu’on veut quand on est malintentionné.
Il est des domaines où, pour être crédible, il faut faire preuve d’honnêteté intellectuelle.
D’
Vous devriez donc commencer par vous même, car vous êtes malintentionné en mettant en doute les informations de Me Wapler. Les chiffres sont parlants, puisque les dépenses de l’état sont passées de 32% lors des trente glorieuses, où la croissance était de 5%, à 57% en 2015 avec une croissance de 1,2%. Cela est incontestable et on ne fait pas dire aux chiffres ce qu’on veut.
Bonjour
Pour bien comprendre l’emprise de l’état sur notre vie, il suffit de calculer les dépenses de l’état par habitant soit 20 000 euros par français par an (48 000 euros par actif).
@gillib
Bonjour,
Dans un autre registre, pour voir l’emprise de l’Etat, je noterai ceci :
en 1980 le smic était à 2313F, les charges salariales à 12.8%, il restait au smicard 2016F pour vivre. En 2014, le smic était de 1445€, les charges salariales à 21.91% il restait au smicard 1128€ .
En 2000 la baguette était à un franc, on pouvait en acheter 7087 avec un smic à 7087,1F (smic en € : 1082 ; en francs : 1082×6,55=7087,1). En mai 2017, je paye ma baguette 0.95€, le smic est à 1480€ , je peux acheter 1557 baguettes. Même avec la promo “3 achetées la 4 ème offerte”, à 2.90€ je ne peux avoir que 2041 baguettes avec mon smic, comparées aux 7087. Personnellement, je ne vois pas où “nous” sommes censés être plus riches.
Edit :
En mai 2017, le SMIC est à 1480€, les charges salariales à 22%, il reste au smicard 1150€.
Pour avoir le même rapport SMIC/prix de baguette qu’en 2000, il faudrait un SMIC à 7087€ mensuel. avec une baguette à un euro, ou à 6732,65€ pour une baguette à 0,95€.
En 2000 je commençais à m’acheter mes baguettes et il me semble qu’elles tournaient plutôt autour de 5F pour une baguette “250g”. Il est vrai que je les achetais en boulangerie, pas en grande surface.
D’après ce site, le prix moyen était de 4,19F en 2000 : http://france-inflation.com/prix_du_pain_depuis_1900_en_france.php. On reste très loin du 1F (symbolique…?) indiqué plus haut…
Mea Culpa.
Jai pris une mauvaise donnée, non officielle de surcroît.
Année 2000 : SMIC 7087F, baguette à 4.19F donne 1691 baguettes avec un SMIC.
Année 2017 : SMIC 1480€, baguette à 0,95 € donne 1557 baguettes.
exellent article : des maths et de la logique ……
Je ne croie a statistique que quand je les aie bidouillées moi même.
Le propre de TOUS les régimes socialistes est de falsifier les statistiques pour abuser les citoyens! Le nôtre cherche à nous voler le plus d’argent possible, et il y arrive très bien grâce à des gens comme Macron!