Bitcoin en pleine fièvre !

De la même façon qu’internet a représenté une révolution humaine comparable à celle de l’imprimerie, les monnaies numériques – dont Bitcoin est le premier avatar – introduisent un bouleversement aussi fondamental dans l’économie.

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Bitcoin en pleine fièvre !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 11 mai 2017
- A +

Par H16.

La France se retrouve à présent dans cette période un peu délicate où son ancien président n’est pas encore parti, son nouveau n’est pas encore arrivé, le gouvernement sortant n’est pas encore sorti et le gouvernement entrant n’existe même pas encore.

Avec, de surcroît, des législatives particulièrement pleines de rebondissements, la presse française se retrouve ensevelie sous les sujets politiques, qu’elle traitera avec le brio qu’on imagine. Pourtant, le monde continue d’avancer, obstinément, et notamment celui des cryptomonnaies.

Une évolution économique décisive

Et comme cela faisait un petit moment que je n’avais plus abordé ce sujet, je pense utile d’y revenir dans cette période où tout le monde se polarise un peu trop sur les actions politiques alors que, sur le plan économique, se jouent sans doute des heures décisives.

Je n’exagère pas et je l’ai déjà dit : de la même façon qu’internet a représenté une révolution humaine comparable à celle de l’imprimerie, les monnaies numériques – dont Bitcoin est le premier avatar – introduisent un bouleversement aussi fondamental dans l’économie, en annulant complètement le besoin d’un tiers de confiance (comme les banques) et en s’affranchissant intégralement et par construction des contraintes étatiques.

Le Bitcoin ne cesse de grimper

Or, de nouveaux chapitres sont actuellement écrits avec fébrilité et une bonne partie de l’Europe ne doit sa complète ignorance en la matière qu’à l’actualité particulièrement chargée sur le plan politique qui parvient à complètement occulter ce mouvement de fond (et de fonds) pourtant décisif.

Il y a bien sûr le simple cours du Bitcoin dont la valorisation journalière ne cesse de grimper. Atteignant actuellement plus de 1700 dollars (1580 euros), la cryptomonnaie bénéficie toujours de son positionnement de premier arrivant dans le monde des monnaies numériques. Mais pas seulement : sur les six derniers mois, plusieurs nouvelles renforcent l’attrait que les investisseurs en particulier et le public en général peuvent montrer pour cette technologie.

Le Bitcoin va durer

D’une part, les régulateurs de différents pays commencent à comprendre que cette technologie est là pour durer. S’il y a encore débat pour savoir si, dans cinq ou dix ans (et a fortiori plus loin dans le futur), ce sera toujours Bitcoin qui représentera la plus grosse capitalisation (atuellement supérieure à 28 milliards de dollars), il n’y en a plus en ce qui concerne la blockchain, technologie sous-jacente de la monnaie reine : non seulement, un nombre croissant de banques a adopté celle-ci pour effectuer leurs opérations internes, comme je le mentionnais dans un précédent billet, mais encore trouve-t-on de nombreux exemples de cette technologie appliquée à d’autres domaines – signalons par exemple Tezos dont le fondateur, Arthur Breitman, avait répondu à un entretien pour Contrepoints il y a quelques mois et dont la société vient de lever des fonds auprès de Tim Draper, un milliardaire enthousiaste au sujet des cryptomonnaies.

Les investisseurs de plus en plus intéressés

Cette tendance des cryptomonnaies (et en particulier Bitcoin) à intéresser un groupe de moins en moins marginal d’investisseurs se vérifie de plus en plus à mesure que l’importance de la révolution en cours touche un nombre croissant de personnes.

Si l’on doit garder son calme devant les prévisions parfois hardies de certains d’entre eux sur le cours futur de la cryptomonnaie, il n’en reste pas moins que le mouvement global d’investissement semble enclenché, d’autant que les fondamentaux qui favorisent l’expansion de l’usage et de la valeur de ces monnaies sont raisonnables : non seulement la croissance naturelle du nombre d’utilisateurs pousse à l’augmentation des prix, mais la valeur stockée par chaque utilisateur dans les monnaies cryptographiques ne cesse d’augmenter, poussant toujours plus de nouveaux entrants à s’ajouter à la foule de ceux qui viennent d’arriver.

Assouplissement des régulateurs

D’autre part, on constate ces derniers mois une tendance à l’assouplissement de la part des régulateurs des pays les plus en pointe dans le domaine technologique. Ces dernières semaines, notons le cas du Mexique dont le ministère des Finances entend bien réguler les acheteurs et les vendeurs de la monnaie, sans toutefois réguler la monnaie elle-même.

De l’autre côté de la planète, le Japon vient lui aussi d’assouplir sa position vis-à-vis de la monnaie, en l’acceptant comme forme légale de paiement. Pour certains médias, ce serait même la raison principale derrière la récente hausse du cours du Bitcoin. Du reste, cet assouplissement s’est directement traduit par une augmentation notable (et assez inattendue) de l’utilisation de Bitcoin pour les paiements effectués dans l’Île.

S’affranchir de la tutelle étatique

Le même engouement est d’ailleurs remarqué en Australie où un système de paiement local par Bitcoin, « Living Room of Satoshi », annonce avoir permis de payer des factures à hauteur de plus de 4 millions de dollars en 16 mois.

En somme, le régulateur étatique est maintenant plus souple et semble un peu mieux comprendre les principes de monnaie cryptographique ; si cela ne change rien pour celui qui veut s’affranchir de la tutelle étatique (ce dernier profitant alors de la latitude disponible par construction dans le procédé de blockchain), cela aide en revanche les individus qui, précautionneux, souhaitent conserver un pied dans les deux systèmes, celui de la cryptomonnaie d’un côté et celui de la monnaie fiat étatique de l’autre, d’autant qu’à mesure que la valeur de Bitcoin monte, le nombre de participants augmente, rendant le système plus intéressant pour chacun.

Attaques contre le Bitcoin

Cet assouplissement du régulateur est particulièrement intéressant à mettre en rapport avec ce qui se passe dans certains pays où ce dernier, justement, tente absolument tout pour faire disparaître Bitcoin.

C’est typiquement le cas du Venezuela où la cryptomonnaie sert de moyen d’échange particulièrement efficace et solide face à une monnaie locale gérée n’importe comment par le pouvoir en place et depuis complètement dévaluée ; j’en faisais mention dans un précédent article qui détaillait différentes façons que les citoyens vénézuéliens ont trouvées d’utiliser Bitcoin pour contourner les restrictions et autres pénuries que provoque le régime socialiste de Maduro.

Enfin, la hausse quasi-continue des cryptomonnaies et du Bitcoin en particulier profite aussi de l’élargissement continu du marché aux individus lambdas. Si, il y a quelques années, il était relativement compliqué pour ne pas dire presque impossible d’acheter des bitcoins en ligne avec une simple carte de crédit, ce n’est plus le cas depuis un moment.

Vers la démocratisation du Bitcoin

Évolution discrète mais réelle, de plus en plus de places de marché et de sites proposent maintenant l’achat de cryptomonnaies directement, ce qui ouvre ces marchés spécifiques bien au-delà du public d’avertis voire de spécialistes informatiques de la question.

Pour illustrer, citons différents sites qui offrent précisément cette facilité, comme Kraken ou Bitstamp sur lesquels il faudra s’enregistrer en fournissant plus ou moins de données en fonction des volumes qu’on souhaite acheter ou Localbitcoins qui permet d’acheter directement à des particuliers ou via virement SEPA (banque à banque). On trouve même à présent des sites qui permettent de faire fructifier ses bitcoins en utilisant différents mécanismes de trading (Usi-Tech par exemple).

Ces cryptomonnaies anonymes

Si l’on ajoute à ce tableau le développement et le lancement de cryptomonnaies vraiment anonymes (i.e. qui garantissent l’anonymat des transactions au contraire de Bitcoin qui, lui, en garantit la publication complètement ouverte) comme Monero ou Zcash, qu’on factorise le fait qu’à présent, « l’industrie Bitcoin » crée de l’emploi et génère plus de deux milliards de dollars en deux ans, on comprend que cette récente poussée de fièvre de ces nouvelles technologies monétaires ne doit rien au hasard.

Certes, la rapidité et la violence de l’envolée justifient amplement qu’on puisse parler de bulle spéculative et il est possible, probable même, que ces cryptomonnaies continueront de connaître des trous d’air dans les semaines et les mois qui viennent. Néanmoins, cela ne change rien aux fondamentaux qui installent progressivement et durablement ces cryptomonnaies dans le paysage financier mondial.

Sur le web

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  • À quand un article sur ETH ?

  • Certes, il existe une réelle fièvre du bitcoin, étant proche du milieu, je le confirme. Ceci dit, en l’état actuel des choses, bitcoin n’est pas prêt à être utilisé par les masses, il est donc opportun que les Etats n’assouplissent leurs règles que très lentement.

    Bitcoin, c’est une technologie, donc du code, et des limites codées en dur. Cette partie codée en dure ne peut être mise à jour que si une vaste majorité des parties prenantes l’accepte. Aujourd’hui Bitcoin, il faut le dire, arrive à ses limite, et son système de transactions est engorgé. une mise à jour s’impose, et l’histoire de bitcoin nous montre que ses parties prenantes ont les plus grandes difficultés pour se mettre d’accords.

    Aujourd’hui, nous profitons encore via bitcoin de transactions effectuées en 10 minutes, mais si rien ne change, ce temps d’attente va aller croissant. Il est arrivé récemment qu’il faille attendre plusieurs heures pour valider une transaction. Pas évident pour acheter sa baguette le dimanche.

  • Quelque chose m’échappe:
    « Bitcoin est le premier avatar » (des monnaies numériques)
    Il y en a d’autres, me semble-t-il, et il y en aura encore d’autres. Si quelqu’un a pu créer Bitcoin, il peut y avoir quelqu’un d’autre pour créer une autre monnaie numérique. Ce n’est pas comme transformer le plomb en or…
    A long terme, ne va-t-on pas vers une dépréciation de ces monnaies par excès de l’offre par rapport à la demande ?

    • Il existe déjà des centaines de cryptomonnaies. Certaines ont pour but pur et simple d’être une monnaie, comme l’euro ou le dollar. D’autres interviennent uniquement dans un cadre précis, comme Ethereum et ses smart contracts. Pour vous donner un aperçu du champ d’action actuel des projets blockchains, nous avons : location de puissance de calcul des Pc (Golem), journal libre (Steem), Location d’espace disque dur (MAID), Marché de prédiction/Paris en ligne (Gnosis/Augur), Marché financier décentralisé (BitShares), Monnaie démocratique (Decred), Stocker des données sur la blockchain, pour les rendre immutables et disponibles partout (Factom), rémunération de joueurs de jeux videos (FirstBlood), Cloud storage (Sia), Réseau sociaux (Matchpool), etc.

      « Monnaie » est à prendre avec des pincettes et à comprendre au sens très large. Une consolidation des projets va certainement voir le jour, entrainant de facto une diminution d’entre eux. Mais pour le moment, nous profitons du foisonnement d’idées, bonnes ou mauvaises, exploitant la technologie blockchain.

    • @xc:
      C’est en effet un des deux points faibles du Bitcoin.
      1- Alors que les lois de la physique n’autorisent qu’une demi-douzaine de métaux précieux en quantité bornée, les mathématiques n’empêchent en rien d’inventer autant de cryptomonnaies distinctes qu’on le veut, obligées à terme de se partager le magot.
      D’ailleurs la saturation du Bitcoin rend déjà inévitable la création d’un successeur qui lui fera concurrence.
      2- Un autre point faible du Bitcoin est que tout le processus de validation des transactions via la blockchain repose sur le consensus de ses utilisateurs. Il suffirait donc d’une coalition contrôlant la moitié du volume des transactions pour annihiler le système. Il suffirait de dépenser aujourd’hui 14G$ pour y parvenir, une broutille pour des banques ou des états qui ont tout à gagner à la disparition de ce concurrent.

      • @mc2
        En effet, ceci dit:
        1 – Des solutions pour désengorger le trafic bitcoin existent, SegWit étant l’une d’elles.

        2 – Les cryptomonnaies rendent possible la notion de fork. De facto une coin ayant été parasité peut être copié, et le code corrigé.

  • Merci pour cet excellent billet, on pourrait y ajouter des projets comme celui du programme alimentaire mondial (WFP) qui a récemment utilisé la blockchain Ethereum au Pakistan, en janvier 2017 http://innovation.wfp.org/blog/blockchain-crypto-assistance-wfp, avec un premier retour positif et un développement actuel du projet pilote.

    C’est assez intéressant car on s’éloigne notoirement de l’aspect « dark web » auquel ces technologies sont, hélas, souvent associées et montre que les applications sont de nature à bouleverser complètement les transactions entre humains, h16 l’explique bien d’ailleurs…

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