Une France entre la tentation du pire et le risque d’immobilisme

Avec Mélenchon, Fillon, Le Pen et Macron, la France se trouve maintenant à la croisée entre la tentation du pire létal et le risque mortel de l'immobilisme.
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Vote élection (présidentielle 2007 en France) (Crédits : Rama, licence Creative Commons)

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Une France entre la tentation du pire et le risque d’immobilisme

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 20 avril 2017
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Il y a quelques jours, j’estimais que cette élection prenait des tours quasiment comiques devant la brochette de clowns qu’on nous présente (certains, plus aimables, parlent simplement d’acteurs, mais le côté saltimbanque / intermittent du spectacle s’affirme décidément). Cependant, plus le temps passe, plus je dois me ranger à l’évidence : le côté comique s’est estompé à mesure que prend place le côté inquiétant.

Il suffit de lire quelques titres pour le comprendre : le match qu’on annonçait joué d’avance il y a quatre mois, avec Fillon contre Marine Le Pen, est devenu illisible puisque tous les cas de figure sont maintenant possibles entre Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon qui se tiennent, tous les quatre, dans les 20% par tête de pipe et compte-tenu des marges d’erreurs de ces sondages dont tout le monde s’accorde à dire qu’ils nous ont bien foiré leurs prévisions sur les trois ou quatre scrutins précédents.

Le pire d’un second tour Mélenchon-Le Pen ?

Bref, l’inquiétude règne d’autant plus que prend corps le spectre d’un second tour opposant Marine Le Pen avec Jean-Luc Mélenchon.

Malgré tout, la présence du Petit Perd Des Pauvres après le premier tour, si elle reste pour le moment improbable, n’est ni fondamentalement impossible, ni une véritable surprise dans le contexte de cette élection. Dans ce cadre, Jean-Luc Mélenchon bénéficie d’une dynamique particulière.

D’une part, lorsqu’on regarde tous les candidats en présence, aucun n’est réellement surprenant : tous tiennent des discours déjà vus, déjà lus, déjà entendus, dans d’autres cadres autant que dans celui d’une élection. Tous sont issus, d’une façon ou d’une autre, d’un terreau politique parfaitement balisé (de l’ENA en passant par les coulisses de partis politiques ou syndicaux). Aucun ne peut prétendre, sans déclencher l’hilarité, être en lutte contre le système médiatico-politique dans lequel tous se sont retrouvés, à un moment ou un autre. Foutu pour foutu, autant piocher dans les tribuns : au moins nous amusent-ils, pourrait-on dire.

D’autre part, tout le monde sent intuitivement un besoin de réformes du pays, repoussées depuis trop longtemps (au moins depuis Chirac en 1995, soit plus de 20 ans). Or, aux besoins criants de réformes, les Français ont, dans leur Histoire, régulièrement répondu par des révolutions et des changements de régimes rapides. La présence possible de deux extrêmes au second tour ne serait qu’une traduction claire de cette tendance et enverrait un message fort, celui qu’on veut « renverser la table ».

En outre, Mélenchon comme Le Pen incarnent tous deux cette volonté palpable depuis des siècles dans ce pays de tout centraliser, tout régenter, tout diriger ; à ce titre, le peuple français parvient à incarner ce paradoxe d’être fondamentalement régicide tout en voulant un centralisme typiquement monarchique.

Enfin, on ne pourra pas non plus passer sous silence l’inculture économique française abyssale qui donne un boulevard aux calembredaines économiques de l’un et de l’autre. Les fumets du collectivisme enivrent les petits Français dès le berceau, depuis les bancs de l’école jusqu’à la fac où ils apprennent religieusement que la liberté emprisonne, que l’égalité libère et que le partage obligatoire et méticuleusement mesuré par l’administration d’État est la seule voie de rédemption au péché, voire à la maladie mentale que constitue forcément tout enrichissement.

Mais on joue à se faire peur

Bref, Jean-Luc ou Marine au second tour ne devrait pas surprendre, même si, en réalité, on se doute bien que ni l’un, ni l’autre n’ont de chance d’être élus : Mélenchon atteint en effet les plus hauts plateaux électoraux qu’une plateforme essentiellement collectiviste permet de toucher dans ce contexte ultra-favorable aux extrêmes ; sa place au second tour est finalement peu probable. Quant à Marine Le Pen, elle ne parviendra pas à rassembler 15 à 18 millions d’électeurs sur son nom, ce nombre d’électeurs étant le niveau habituel pour pouvoir l’emporter dans une présidentielle en France.

En réalité, on joue surtout à se faire peur alors que se profile essentiellement une issue nettement moins renversante : soit Macron sera élu, soit ce sera Fillon. Et cette perspective, tout compte fait, n’en est pas pour autant réjouissante puisqu’en définitive, elle signifie tant pour l’un que pour l’autre qu’on va devoir rejouer une partition déjà connue.

Un Fillon bloqué

Pour Fillon, on a déjà eu une idée assez précise de l’étoffe dont est faite le costume bonhomme, pendant les cinq années qu’il fut Premier ministre. Il y a peu d’espoir qu’il se découvre subitement réformateur et suffisamment courageux pour entreprendre les chantiers véritablement babylonesques qu’il faudra mettre en route pour relever le pays. Avec une opinion assez peu favorable (pour le dire gentiment) et même avec une majorité dont on sent qu’elle sera fragile, tout porte à croire que rien ne sera épargné à Fillon, s’il l’emporte. Il devra faire preuve d’une formidable résistance aux critiques, aux mouvements syndicaux, à la rue et à l’agitation médiatique qui sera entretenue contre lui. Vu le rabotage du programme auquel on a assisté aux dernières semaines de la campagne, on peut s’attendre à beaucoup de bruit pour rien ou presque. En somme, il va devoir lutter pour une majorité, et s’il l’obtient, il ne pourra pas faire grand chose avec.

Un Macron coincé

Pour Macron, son passage dans les couloirs de la République n’a pas marqué par son aspect décisif, loin s’en faut. Son positionnement, à mi-chemin subtil entre la chèvre et le chou, ne permet en rien de trouver un peu d’espoir sur un cap ferme. Tout comme son mentor Hollande dont il semble essentiellement une copie un peu plus jeune, Macron nous propose un « changement maintenant » qui fleure bon la continuité, les petits compromis, les résolutions vagues et une mollesse synthétique calculée. Les « réformes » tentées par l’ex-ministre ont largement prouvé leur innocuité, ce qui laisse songeur au moment où la France et une partie de son peuple réclament justement du changement, voire du changement brutal à voir les intentions de vote pour les extrêmes. Et là encore s’ajoute l’incertitude massive sur une majorité parlementaire qui a tout d’un serpent de mer : sans majorité, les nuages cotonneux de projets vagues du petit Macron s’évaporeront en rase campagne.

Autrement dit, le risque le plus fort, de loin, n’est donc pas un second tour d’extrêmes bien gras voyant se jouer un débat entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (ou son hologramme, histoire de ne pas se salir à proximité de la présidente frontiste), mais bien celui de l’élection d’un énième avatar de la mollesse institutionnelle, du petit arrangement entre amis, du compromis sympatoche et de la continuité sur la lancée, avec blocage institutionnel plus ou moins fort en prime.

Le risque, c’est qu’on se tape à nouveau cinq années de procrastination délétère, de bouillasse idéologique informe, de médias et de politiciens déchaînés à raconter n’importe quoi, à débiter des âneries collectivistes ou interventionnistes pour tenter de plaire à tout le monde, d’accroissement des lois, décrets et autres réglementations farfelues ou iniques pour scléroser encore un peu plus le pays.

En somme, la France se trouve maintenant à la croisée entre la tentation du pire létal et le risque mortel de l’immobilisme.

Réjouissant, non ?

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  • immobilisme ou tentation du pire, c’est exactement ça.

  • D accord avec vous surtout sur les 11clowns, qualifies par des elus qui ne représentent qu eux meme, mais il me semble que le vrai PB, au delà de notre institution qui n est plus du tout adaptée a la situation, est celui des médias qui jouent leur partition alors qu ils devraient permettre l expression du peuple. Bref, il est urgent de changer mais ceux qui peuvent le faire ne le feront pas…

    • @Ed31
      « le vrai PB »

      Le vrai problème sont les français qui demeurent dans l’ignorance, qui ne font pas d’effort pour améliorer cet état de fait, qui continuent de penser de manière irrationnelle. Ils font ainsi le jeu des politiques qui les manipulent et de tous les parasites qui se sont greffés sur ce système (médias en faisant partie).
      On a pas de résultat sans produire effort. Lutter contre ce concept mène à la ruine. Et pourtant, depuis plusieurs décennies, nous nous évertuons à croire que nous pouvons rester les bras croisés en regardant un autre faire cet effort.

      • C’est tout à fait cela. Les Français s’imaginent qu’ils vont vivre d’une ressource de l’Etat qui n’existe pas en dehors des prédations de ce derniers sur ceux qui travaillent. Ils sont devenus allergiques à tout ce qui est en bleu (le travail)

      • Est-ce réellement de la faute des français eux mêmes, ou de notre éducation qui se dégrade d’année en année ?
        Nos chers politiciens ne sont-ils pas plus à l’aise avec des moutons abrutis aptes à voter ce qu’on leur dit, plutot qu’avec des gens libres pensant par eux mêmes ?

        • @AxS

          « Est-ce réellement de la faute des français eux mêmes, ou de notre éducation qui se dégrade d’année en année ? »

          Beaucoup se sont tournés vers l’éducation dans le privé. Ils n’ont pas attendu les politiques ni les médias.
          Ces derniers finiront néanmoins par faire main basse sur l’éducation privée.
          Beaucoup ont déjà anticipé cela en s’exilant tout simplement.

          Certaines choses ne peuvent être assainies que par le vide.

    • @Ed31
      « le vrai PB »
      Le vrai problème c’est que les Français sont persuadés que c’est à l’état de faire quelque chose alors que c’est précisément l’état qui est le problème.

      • C est bien ce que j écris les français n ont d Info que celle qu on veut bien leur donner. Si l’on retrouvait des médias libres et militants, on retrouverait une Info qui ne serait pas nivelée par le bas…

        • @Ed31

          Il y a l’info qu’on veut bien nous donner officiellement. Et il y a aussi l’info que l’on peut prendre ailleurs.

          Il y a longtemps, j’ai jeté ma télévision. Je sentais quelque chose qui n’était pas bon dans ce faisceau lumineux mais c’est surtout la contribution audiovisuel qui m’a décidé. Que voulez-vous? Je n’ai jamais apprécié payer pour un service qui ne me donne pas satisfaction.
          A partir de là, un lent éveil s’est opéré où j’ai regardé le monde différemment. Rien que le fait de trouver l’information sur internet, je pense, m’a permis de voir au-delà de la pression sociale. Néanmoins, il m’arrive encore souvent de reconnaître en moi des vestiges d’idées liées à l’endoctrinement social et éducatif, quand il ne s’agit pas des préceptes familiaux eux-mêmes soumis aux deux précédents. J’ai alors remarqué que c’est en m’exprimant que je pouvais éventuellement sentir si mon raisonnement sonnait faux ou s’il était incomplet.

  • Mélenchon a quelques chances d’arriver au second. peu probable qu’il soit élu, surtout face à Macron, le grand danseur d’En Marche, le Monnwalk francisé.
    Quand vous avez un voisin très gentil qui va vous dire qu’il va probablement voter Mélenchon, que dire ❓

    2022, 2 à 4% de déficit, dette officielle à 110%, le FMI prête à la France. C’est la seule institution qui pourra éviter le désastre, l’UE étant le complice silencieux de cette sinistre farce.

  • Bien decrit !
    Le risque en cas d’élection de Macron ou Fillon, c’est bien l’immobilisme relatif qui s’en suivra.
    Non pas que l’immobilisme soit un risque. Mais que cette potentielle période de calme et de non-réforme laissera 5 années de plus à MLP pour parachever sa conquête du pouvoir.
    Elle a essayé en 2012, en vain. Pour voir.
    Elle a essayé aux régionales : les scores y étaient, mais le système en place à clairement illustré que son expression UMPS puis LRPS était réelle !
    Elle essaie en 2017, avec patience, avec calme, laissant les médias écharper Fillon et encenser Macron, tout en permettant à Mélanchon de venir compléter le tour de table.
    Résultat : 4 candidats équiprobables au premier tour, et pour elle un risque renouvelé de « front républicain » pour lui faire barrage. Démontrant une fois de plus l’insanité de notre reste de démocratie.
    Non élue en mai 2017, elle aura beau jeu pour préparer sa conquête en 2022 et remporter le titre.
    Donc, comme il se dit ici assez souvent, ce qui nous attend est soit l’effondrement immédiat si elle (ou JLM) passe en mai, ou l’effondrement en 2012.
    Réjouissant, n’est-il pas ?

    • Il peut se passer beaucoup de choses d’ici à 2022. Une remontée des taux d’intérêt, par exemple. Alors l’effondrement immédiat, non merci.

      Par ailleurs, y a tout de même quelques différences notables entre Fillon et Macron. Sur la dépense publique par exemple (pour les détails, voir le lien ci-dessous). A chacun de choisir sa version préférée de l’immobilisme!

      http://www.ifrap.org/budget-et-fiscalite/depenses-et-recettes-ce-que-nous-proposent-le-quatuor-de-tete

    • Si JLM/MLP sont au second tour dimanche soir, il sera trop tard pour sauver … ce qui peut encore l’être. Dès Lundi matin .. beaucoup en France et en Europe se réveilleront « groggi ».
      Si EM/FJ : l’un ou l’autre, passe, on aura senti le boulet passer très .. très près.. Nous aurons un répit de quelques années,de continuation de la courbe de décadence molle, pour préparer ses arrières..
      Et alors en 2022.. Adieu vat!

    • Le programme économique de MLP c’est celui de JLM on est mondialisé cela veut dire que nous vendons à l’étranger et que nous achetons à l’étranger. Avec une bémol de taille c’est nos importations sont très supérieures à nos exportations (cf. budget 2016)
      Tous les programmes de la ribambelle des candidats sont des pitreries, cela va mal se terminer quelque soit l’élu(e)

  • « le peuple français parvient à incarner ce paradoxe d’être fondamentalement régicide tout en voulant un centralisme typiquement monarchique. »
    Nous décapitons nos rois, certes, mais nous adulons nos empereurs.
    Les rois ont abusé de leur position héréditaire, au détriment du peuple.
    Nos empereurs ont bati une France nouvelle, l’ont restructurée, réformée en profondeur, même géographiquement : les routes napoléoniennes, les boulevards à la Hausmann sous Napoleon III.

    Et si c’était pas là la solution ? Un « vrai » Empereur des français, qui se préoccupe du peuple avant tout, et de la grandeur de la France
    ? D’un vrai batisseur, réformateur charismatique ?

    Bon ok je ne vois pas de Napoléon IV sur les listes électorales…

    • La solution ne vient jamais de l’état ❗

    • « les routes napoléoniennes »
      les autoroutes hitlériennes

      « Un « vrai » Empereur des français, qui se préoccupe du peuple avant tout »
      LOL
      Trêve de pitrerie, même en admettant l’existence d’un tel être dévoué, honnête, travailleur, équitable, QI de 167, blablabla, entouré d’une équipe du même métal, il manquera toujours la capacité à l’intérieur de leurs petites têtes de gérer d’en haut les complexités infinies et l’imprévisibilité intrinsèque d’un système composé de millions d’individus.
      Le positivisme comtien est totalement inadéquat aux sciences sociales.

      http://themindunleashed.com/2016/12/society-complex-government.html

      La centralisation c’est bien pour les termites.

  • On pourrait faire le parallèle avec la Syrie qui avait une politique socialiste généreuse. Avec la baisse des ressources de l’état, avec l’aide de paysmalbienveillants, le pays a explosé.

    On comprend mieux pourquoi machin doit se barrer : c’est pour faire encenser notre merveilleux paradis ❗

  • Le problème, ce n’est pas le candidat, c’est l’électeur. Donc la solution, c’est l’électeur. En votant Fillon, chacun de ses électeurs prend un engagement, celui de faire feu de tout bois pour sortir de l’immobilisme qui résulte de pouvoirs publics abusifs. Si Fillon est élu, ce ne sera pas à Fillon de faire le travail, mais à ses électeurs. En cas d’immobilisme, la responsabilité en incombera aux électeurs de Fillon qui n’auront pas tenu leurs promesses. Dans une élection, il n’y a pas que le candidat qui s’engage, il y a aussi les électeurs. Le succès de Fillon peut venir de la qualité d’un électorat capable de tenir ses promesses en cas d’élection de son candidat.

  • Pour Fillon, je ne suis pas trop d’accord, son mandat de premier ministre fut globalement réussi, dans la mesure où il est possible d’exister à côté du monarque solaire Sarkozy. Ce qui est une gageure, convenons en.
    D’autre part, il y a une différence notable dans le paysage politique français dont tout le monde semble se foutre: la CGT n’a plus de pouvoir de blocage! C’est la première fois depuis plus d’un siècle et ça peut changer beaucoup de chose au climat social. La CFDT n’est pas la CGT.

  • Si l’article confirme vos extraordinaires talents de satiriste dont je me régale à chaque fois que je vous lis, pour une fois, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous.
    1) Le bilan de François Fillon en tant que premier ministre est plutôt honorable. Après 5 ans passés au pouvoir, il avait réussi à conserver une telle côte de popularité auprès des Français que, s’il s’était présenté à la place de Sarkozy, il aurait probablement été élu, ce qui nous aurait épargné les 5 ans de progression vers le socialisme réel que nous venons de vivre. Si Fillon était resté populaire, ce n’était pas par hasard. De son quinquennat, je n’ai pas oublié la réforme TEPA, qui, bien que mal ficelée, allait enfin dans le sens de l’affirmation du principe qu’il y a une limite à la prédation fiscale et qu’il est injuste que plus on travaille (et donc plus ont sert déjà la « collectivité ») plus on doivent payer encore plus d’impôts et de charges sociales. Je n’ai pas oublié non plus la réforme des retraites, menée jusqu’au bout malgré toutes les oppositions qu’elle a suscité. Une première vers la fin des privilèges des fonctionnaires en la matière depuis au moins 1993. Fillon a tenu bon, ce qui est encourageant pour l’avenir.
    2) Comme l’a souligné un autre commentateur (Virgin), c’est aussi aux électeurs à la fois d’œuvrer pour l’amélioration du programme des candidats qui sont les plus proches de leurs idées, puis pour que les engagements soient tenus. Il est trop facile de se décharger sur les politiques. Mis à part sur Contrepoints, où as-t-on lu ou entendu qui que ce soit demander à Fillon ou à son parti d’aller beaucoup plus loin vers un vrai libéralisme ? Rappelons tout de même ici que Fillon est le seul à avoir mis la liberté au cœur de son programme, même si, comme l’a justement fait remarqué Nathalie MP, il n’en n’a pas compris toutes les implications. Entre un candidat qui se réclame de la liberté et tous les autres qui se déclarent plus ou moins ouvertement, voire radicalement, pour le collectivisme, c’est à dire pour la misère et l’oppression, le choix devrait s’imposer. L’orientation idéologique du candidat est aussi importante que son programme car ce sont les idées qui gouvernent le monde.
    3) Ce qui m’amène au 3e point qui est celui de la défense du pluralisme et de la liberté d’expression, sans lesquels les idées libérales, déjà inaudibles dans le discours « public », risquent de se voir carrément interdites. Toutes les lois liberticides votées depuis 37 ans l’ont été par la gauche. Ayant déjà mis la main sur les syndicats, la sécurité sociale (dès 1945), « l’éducation nationale » (1968), les associations, les médias, la justice, celle-ci a bénéficié d’un nouvel atout dans son acharnement à réduire au silence toute opposition grâce au passage par la présidence de la république de l’un des siens. L’affaire Fillon l’a confirmé.
    Sur le plan de la préservation de la liberté d’expression, je fais bien plus confiance à n’importe quelle droite, fut-elle nationale, qu’à n’importe quelle gauche. Car l’intolérance est au cœur de l’idéologie qui gouverne la gauche, et ce, pour au moins deux raisons :
    – Comme vous le soulignez si souvent à juste titre : la gauche, c’est le « camp du bien ». Or le « bien » (surtout quand il accouche invariablement du mal) ne peut bien évidemment pas être critiqué.
    – Les politiques de gauche mènent invariablement à l’inverse de ce qu’elles promettent. Devant leurs inévitables échecs, il est donc vital de préserver l’idéologie socialiste par tous les moyens (c’est, entre autres, la fonction de l’extrême gauche), de réduire au silence toute tentative d’explication rationnelle des souffrances des gens et de briser toute tentative d’émergence de mouvements collectifs susceptible de fédérer les victimes.
    4) Ce qui m’amène au 4e point qui est celui de la défense de la justice, valeur commune aux droites. Sans justice digne de ce nom, pas de liberté.
    Il y a donc bien un vrai choix à faire et il est loin d’être anodin.

  • – Le pire est tombé ce soir.. et quand on voit les ralliements qui ont eu lieu ce soir au LR/PS, partis en croisade contre le FN ; est-ce pour sauver « leur république » ou leurs gamelles ? Aude Ancelin s’indigne contre les moeurs d’1 certaine politicaillerie comme du putch de Macron avec la complicité de certains médias, ce soir : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/emmanuel-macron-un-putsch-du-cac-192143#forum4889833

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