300 millions d’euros de scandale à l’Éducation nationale

La Cour des comptes vient de lever un fameux lièvre : depuis 2008, l’Éducation nationale s’est permis d’engloutir 300 millions d’euros dans un projet informatique qui ne fonctionne pas.

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300 millions d’euros de scandale à l’Éducation nationale

Publié le 8 mars 2017
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Par Éric Verhaeghe.

Il paraît que l’Éducation nationale n’a pas d’argent… et qu’elle s’en plaint beaucoup.

Pourtant, la Cour des comptes vient de lever un fameux lièvre : depuis 2008, ce ministère si pauvre s’est permis d’engloutir 300 millions d’euros dans un projet informatique qui ne fonctionne pas. On remarquera au passage que l’incompétence de la technostructure qui sévit dans ce ministère n’est pas liée aux majorités parlementaires : elle reste constante sous la gauche comme sous la droite.

 

L’Éducation nationale cède-t-elle trop aux SIRHEN ?

L’idée initiale était en soi absurde : alors que Bercy mettait en place un système informatique pour gérer les ressources humaines de tous les ministères, l’Éducation nationale a décidé de faire bande à part en se lançant dans le Système Informatique des Ressources Humaines de l’Éducation Nationale (le SIRHEN). Le programme initial devait coûter environ 60 millions d’euros.

Patatras ! Comme l’indique le référé du premier président de la Cour, Didier Migaud, près de dix ans plus tard, le système ne fonctionne toujours pas, et plus de 300 millions seront finalement engloutis dans le projet. Les prestataires informatiques doivent se frotter les mains.

Voici le texte du référé :

Quelle transparence pour les achats informatiques de l’Éducation nationale ?

Ce n’est pas la première fois que les achats informatiques de l’Éducation nationale posent problème.

Ce ministère n’a pas d’argent, mais il adore enrichir les grands prestataires informatiques.

Dans le cas de SIRHEN, c’est Capgemini qui bénéficie des largesses du mammouth. Il serait quand même intéressant qu’au titre de la transparence prévue par notre bloc de constitutionnalité, l’Éducation nationale fasse la lumière sur sa politique d’achat informatique. Car on se demande quand même comment de telles dérives peuvent intervenir sans que le contribuable (et les parents d’élèves) ne soient informés de l’usage qui est fait de leur argent par des fonctionnaires qui semblent avoir le goût du secret.

En tout cas, depuis dix ans, personne n’a entendu parler de sanctions qui auraient été prises pour réparer ce gâchis.

On notera ce commentaire général de la Cour :

« Le programme Sirhen a pour objet le remplacement des systèmes d’information et de gestion des ressources humaines du ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Engagé en 2007 sans cadrage technique et financier précis, le projet a rencontré des difficultés mal maîtrisées qui ont entravé son bon déroulement jusqu’à provoquer un quintuplement du coût final (de 60 millions à 323 millions d’euros), un étirement jusqu’en 2023 du calendrier global et un blocage du programme, le prestataire ne parvenant pas à livrer une version de l’outil d’une qualité apte à la prise en charge des premiers agents. La Cour constate des améliorations récentes mais insuffisantes pour redresser le projet et insiste sur l’absolue nécessité de sécuriser la conduite du programme pour atteindre un déploiement complet en 2020 dans un cadre financier strict. Elle formule trois recommandations. »

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  • le software aurait probablement été fait pour 200 € par un étudiant en une semaine.

    • Impossible : toute la difficulté d’implémentation d’un tel logiciel vient de la nécessaire prise en compte de la complexité kafkaïenne des différents statuts et des différentes exceptions liées à différents types de personnels, dont personne n’est à ce jour capable de saisir tout le sel.
      Avant de mettre en place un logiciel censé centraliser quoi que ce soit, il faut commencer à s’attaquer à ce maquis. Le problème étant qu’il est le siège d’innombrables petits fiefs et baronnies qu’il est impossible de remettre en cause sans provoquer la paralysie du pays.

      • oui, mais c’est loin d’être juste cela.
        avec 300 millions il y a de quoi faire…
        l’incompétence et la malhonnêteté des prestataires qui engagent des chômeurs non-informaticien qui ont reçu trois jours de formation pour les facturer en tant qu’expert, participe grandement a la non-réussite de ce genre de projet.

  • Cela ne devait pas être très agile comme développement.
    Sinon ce genre de problématiques il y a Listo.pro

  • On pourrait accuser le prestataire..,mais tout le monde sait qu’il est très difficile de satisfaire un client ne voulant pas que l’on se mêle de ses petites affaires internes.

  • Bah, vu que personne ne parle des 21 millions gaspillés par notre capitaine de pédalo hollandais, pour quelle raison s’inquiéterait-on de 300 millions ❓ Une paille ❗ Et plus c’est gros plus cela passe ❗

    • @MichelC
      Seulement 21 millions € !!
      Si les médias avaient fait leur boulot, on aurait parlé de gaspillage intensif toutes les semaines depuis mai 2012 etnotre Cap’tain pédalo en auraient eu des rougeurs. Et puis, quand on est à 2000 milliards dette (au minimum), 300 millions c’est de la monnaie. Qui se soucie d’avoir perdu 5 centîmes ?

      • Ah, si notre capitaine de pédalo hollandais me donnait un million d’Euros, j’arrêterai de cracher dans la soupe (y en aura moins :mrgreen: ) et je ne dirais que du bien de lui et de son équipe 🙂
        Et cela ne serait que 1/2.2E6 de la dette officielle, une paille et d’autant plus que la réelle est de 5E6.

  • Pendant des années il nous a été rabâché qu’il fallait utiliser des logiciels libres, dans l’éducation nationale il utilise M$, n’y aurait-il pas des petits arrangements entre coquins ?

    • @Maurice
      L’EdNat utilise un logiciel libre : LibreOffice. C’est libre c’est marqué dedans ! hahahaha !

  • dilapidation de l’argent public….comme d’hab….

  • Vous oubliez de dire que SIRHEN n’est que le dernier mort née d’une longue liste de projets informatiques de l’état stratège.
    Il y eu LOUVOIS pour la paie des militaires, puis devant ce beau fiasco, ils ont fait tapis avec ONP pour la paie de tous les fonctionnaires. Ce qui fait monter la perte cumulée à un milliard € d’argent gratuit des contribuables.
    Le mieux maintenant c’est qu’ils continuent à travailler avec des fiches bristoles amoureusement rangées dans des boites à chaussures, ça nous coûtera moins chère

    • Sans oubliez les hôpitaux… Des centaines de millions en frais informatique depuis 20 ans, avec les 3/4 des projets qui n’aboutissent jamais.
      Aucune sanction interne, vu que tout les recrutements et promotions se font au copinage, on va pas s’engueuler entre amis quand même,
      aucun changement de prestataire, parce que vu la facturation j’imagine que c’est des bons amis aussi…
      donc tout va bien on continue comme ça parce que c’est merveilleux.

    • Oui, certainement, mais au moment où la fièvre de l’informatisation battait son plein dans les années 2000, il n’y a pas que les administrations qui ont fait les frais de logiciels foireux, les entreprises ont fait les mêmes erreurs, des milliers de start-up ouvraient aussi vite que d’autres mettaient la clé sous la porte.
      Faut-il pour pour autant remmettre en cause l’informatisation des admninistrations et présenter cela globalement comme un échec ?
      Dans d’autres admninistrations comme les impôts, d’autres logiciels ont permis de diminuer le personnel de moitié.

  • Le bon côté des choses à voir est que devant l’incapacité de l’état à gérer correctement son IT me rend encore plus optimiste quand à sa réelle capacité à jouer au big brother à travers la surveillance massive de nos communications électroniques. Tiens d’ailleurs on n’entend plus beaucoup parler de ces fameuses boites noires qui auraient dû être installées pour tous nous surveiller. Du vent tout ça !

    • Ne vous inquiétez pas, certains projets sont prioritaires par rapport à d’autres, et beaucoup plus suivis…

      • Oui effectivement, quand c’est pour nous taper du fric, là ils savent faire. Mais quand je vois parfois le delta qui peut exister entre leur intention et ce qu’il est réellement possible de faire, là je ne m’inquiète pas outre mesure 🙂

      • @Angrys
        « et beaucoup suivis… » Oui, suivis avec l’argent des contribuables, utilisé comme défibrilateur.

        @Waren
        Nous taper du fric ils savent faire, même quand c’est très compliqué.
        Certains sujets ne sont hélas jamais enterrés. Ils sont mis dans un placard, quelqu’un les dépoussière et ils reviennent tout fringants.
        Quant à la capacité à jouer à Big Brother, c’est comme vouloir attraper une mouche qui vole au-dessus d’un bol de soupe avec des baguettes. Il est possible d’attraper quelque chose, mais après beaucoup de temps et pas forcément la mouche.

  • La bonne nouvelle, c’est que si l’Etat est incapable de faire réaliser un logiciel de paie, on n’est pas prêt de voir arriver un clone de la NSA.

    • @Stéphane Boulots
      « on n’est pas prêt de voir arriver un clone de la NSA. » Clair ! Il ne reste plus à l’Etat que les bonnes vieilles fiches bristol à classer dans des armoires murales en ferraile, façon Stasi. Cependant, il a eu une lueur d’espoir : les radars peuvent maintenant sanctionner les distances de sécurité, les téléphones, et les ceintures non-bouclées. « Impossible, n’est pas français ! » Enfin, plutôt : « Infaisable n’est pas dans le vocabulaire de l’Etat français ! »

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