Emmanuel Macron s’est-il trompé sur la colonisation française ?

La colonisation est-elle devenue ces derniers jours le « bloc » de la droite, est-elle devenue un tout insécable et à l’abri de toute critique, dans lequel on ne considère plus que les bonnes choses et on fait silence sur les mauvaises ?

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Emmanuel Macron s’est-il trompé sur la colonisation française ?

Publié le 23 février 2017
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Par Nathalie MP.

Emmanuel Macron s'est-il trompé sur la colonisation française ?

Les riches heures d’Emmanuel Macron semblent s’évanouir doucement. Son étoile sondagière brille moins. Après avoir atteint une seconde place manifeste dans la course présidentielle, il doit maintenant la partager avec François Fillon, non par hausse de ce dernier, mais par baisse des intentions de vote en sa faveur. 

La politique mystique aurait-elle trop duré ? C’est ce que pense Ségolène Royal. « Il faut un programme au bout d’un moment ! » aurait-elle confié en privé. Se serait-il montré trop compréhensif à l’égard des manifestants de la Manif Pour Tous, fâchant toute la gauche jusque dans les rangs qui se sont ralliés à lui après la victoire de Hamon ? Ou bien aurait-il déshonoré la France lors d’un déplacement en Algérie le 14 février dernier en parlant de « crime contre l’humanité » à propos de la colonisation ?

Tollé à droite et à l’extrême droite

C’est ce dernier point que je voudrais examiner aujourd’hui. Le tollé que sa déclaration a soulevé à droite et à l’extrême-droite fut immense et continue de retentir. Il est vrai que si Emmanuel Macron s’était borné à dire « la colonisation est un crime contre l’humanité », on aurait toutes les raisons de l’accuser de vouloir faire du racolage électoral auprès des populations françaises d’origine algérienne.

Mais cette phrase intervient dans un contexte beaucoup plus vaste. Avant d’aller plus loin, deux choses. Tout d’abord, j’aimerais bien préciser que je ne soutiens nullement Emmanuel Macron, comme en attestent les nombreux articles que je lui ai consacrés et comme devrait achever de vous en convaincre le dernier en date Avec Macron, le changement, c’est mollement ! Comme blogueuse indépendante, je ne m’interdis pas de me trouver parfois en accord avec des adversaires politiques. Et ensuite, j’aimerais vous demander, chers lecteurs, de bien vouloir regarder la vidéo ci-dessous en entier (03′ 22″) :

Je pense comme de nombreuses personnes que le terme « crime contre l’humanité » est particulièrement mal choisi. Élaboré pendant le procès de Nuremberg, le concept juridique qu’il recouvre fait bien évidemment penser à l’extermination des Juifs menée systématiquement par le régime nazi. Il est aisé de constater toute la différence entre les réalisations françaises en Algérie, incluant la construction de routes, hôpitaux, écoles etc., et l’unique issue accordée aux Juifs, c’est-à-dire l’esclavage et la mort dans des camps de concentration. De retour en France, Emmanuel Macron a admis s’être trompé sur ce point, précisant qu’il aurait plutôt fallu parler de « crime contre l’humain. » Dont acte.

On lui a aussi fait grief d’avoir préalablement tenu des propos beaucoup plus positifs sur la colonisation, comme s’il cherchait maintenant à se livrer, toujours à des fins électorales, à une concurrence victimaire en faveur des Algériens. En novembre dernier, il déclarait au Point :

« Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie. »

Cet argument anti-Macron ne tient que si l’on n’a pas fait l’effort de prendre connaissance de l’ensemble de sa déclaration. Dans les deux instances, il dit la même chose : parallèlement à la barbarie, il met en avant une autre histoire au sein de la colonisation, celle de ces hommes et ces femmes qui ont œuvré sincèrement en Algérie pour apporter notamment éducation et encadrement sanitaire :

« Il y a des hommes et des femmes qui ont voulu faire une autre histoire, il y a eu des passeurs qui portaient mieux qu’eux (l’État français et certains représentants) la colonisation. »

Enfin, chaque fois qu’il est question de colonisation, il est de bon ton de fustiger la « repentance » éternelle à laquelle on veut nous astreindre, alors que nous autres Français de 2017 n’y sommes pour rien. Mais Macron n’a pas dit cela. Analyser son Histoire sans se voiler la face, considérer les pages sombres avec autant d’attention que les pages glorieuses pour en tirer peut-être une leçon pour le futur, tout ceci est l’indice d’un pays fort et n’a rien à voir avec une culpabilité perpétuellement ressassée qui serait au contraire le symptôme d’un pays immobile.

La barbarie de la colonisation

Selon moi, le fond de la déclaration d’Emmanuel Macron lors de cette interview revient à dire que oui, la colonisation a été une barbarie, mais que parmi tous les Français envoyés en Algérie, beaucoup ont fait de leur mieux et ont mis le meilleur d’eux-mêmes au service de la colonie et des indigènes. Aujourd’hui, s’il est préférable de regarder notre Histoire en face, il n’est pas constructif de tomber dans la repentance forcenée, il faut au contraire regarder vers l’avenir pour construire une relation saine et favorable à nos deux pays :

« Il y a eu de la barbarie parce que la colonisation est un acte de domination et de non-reconnaissance de l’autonomie d’un peuple, mais en même temps je ne veux pas qu’on tombe, tout en reconnaissant ce crime, dans la culture de la culpabilisation sur laquelle on ne construit rien. Voyez, c’est ce chemin de crête que je veux que nous prenions ensemble. »

« Il y a eu des crimes commis et il faut réparer ça, c’est ce travail que je ferai. (…) En même temps, je veux construire un avenir, mais un avenir volontaire et volontariste. »

Bien sûr, Emmanuel Macron semble avoir une vision très étatiste de l’avenir entre la France et l’Algérie. En futur Président stratège, il se déclare prêt à diriger des partenariats dans tous les domaines possibles, « sur le plan académique, sur le plan économique, sur le plan énergétique, sur le plan sécuritaire ». C’est un point sur lequel je ne peux le rejoindre.

Querelle électorale

Toujours est-il que ses propos, trop légèrement écoutés, ont immédiatement été perçus comme une formidable opportunité de querelle électorale. On pourrait croire naïvement que le débat ouvert avec la campagne pour l’élection présidentielle est une occasion d’éclaircir les grandes questions qui taraudent la France aussi bien sur son passé que sur son avenir. Il n’en est rien. Les homme politiques qui se plaignent régulièrement que leurs propos sont détournés, caricaturés ou décontextualisés n’ont rien de plus pressé que de faire aux autres ce qu’ils n’aiment pas qu’on leur fasse.

C’est ainsi que Monsieur Fillon, victime lui-même d’un acharnement médiatique outrancier concernant la « brutalité » et le « catholicisme » de son programme, points sur lesquels j’ai cherché à remettre les pendules à l’heure, non content de nous avoir donné un aperçu de son niveau moral élevé sur le mode « tout le monde le fait » à propos des emplois présumés fictifs de sa femme, n’a eu aucun scrupule à entonner la chanson de toute la droite et l’extrême-droite sur le mode : c’est indigne, Emmanuel Macron attaque la France, attaque son drapeau, attaque ses militaires, attaque ses fonctionnaires et les milliers de colons qui se sont dévoués corps et âme pour l’Algérie.

Tout comme Florian Philippot et moult bonnes âmes qui se sont immédiatement senti le devoir de donner des leçons d’Histoire à l’ex-ministre de l’Économie, il ne veut retenir que la partie qui flatte notre identité nationale. Dans la foulée des propos d’Emmanuel Macron la colonisation a soudain pris une allure riante et pleine d’amour dans laquelle surnagent un compte-rendu statistique inattaquable de kilomètres de routes, d’écoles et d’hôpitaux :

« C’est un crime contre l’humanité les routes qu’on y a laissé, les écoles qu’on y a mis, les hôpitaux qu’on a construit, la langue française laissée en héritage, la culture française ? » (Philippot)

Pour Philippot, Macron manque de « colonne vertébrale ». François Fillon a repris exactement la même expression dans son interview « J’irai jusqu’à la victoire » donnée deux jours plus tard au Figaro. On se demande qui fait du racolage électoral.

Il a beau nous expliquer que l’histoire n’est pas binaire, qu’il faut la regarder avec lucidité, qu’il faut la prendre dans son intégralité, pages sombres avec pages lumineuses, ce qui est du reste exactement la position de Macron, il pense cependant qu’on ne construit pas une Nation « si on ne commence pas par présenter aux enfants, à l’école, une vision globale et positive de leur pays et de son histoire ».

Je dirais que le niveau de complexité et de détails apporté à l’enseignement de l’Histoire doit dépendre de l’âge des enfants, mais dans l’ensemble, je considère que son idée ne forge pas une Nation forte qui a réussi à surmonter ses moments douloureux pour regarder vers l’avenir avec une expérience complète, elle forge du rêve, elle forge du nationalisme.

En assistant à cette séquence passablement hystérique, j’ai eu l’impression que la droite, par pur opportunisme électoral, s’appropriait soudain le thème de la colonisation et voulait l’imposer selon les mêmes codes que ceux que la gauche cherche à imposer à propos de la Révolution française. François Mitterrand disait : « Faut-il dire, comme Clemenceau, « la Révolution est un bloc » ? J’y inclinerai, pour ma part », signifiant ainsi qu’il n’y a pas à faire le tri entre les acquis positifs (fin de l’absolutisme royal et DDHC, par exemple) et la Terreur, cette dernière étant d’après la gauche le prix à payer pour préserver les acquis positifs.

La colonisation est-elle devenue ces derniers jours le « bloc » de la droite, est-elle devenue un tout insécable et à l’abri de toute critique, dans lequel on ne considère plus que les bonnes choses et on fait silence sur les mauvaises ? La droite a toujours résisté, à juste titre, à la conception socialiste de la Révolution française, elle ne s’est jamais privée d’en condamner haut et fort la dérive sécuritaire et totalitaire. Ce faisant, elle n’a jamais eu l’impression, bien au contraire, de manquer de patriotisme parce qu’elle faisait acte de justice. Pourquoi en irait-il différemment de l’épisode douloureux de la colonisation ?

Le prétexte de la colonisation

Rappelons que le corps expéditionnaire qui débarqua à Alger le 14 juin 1830 y avait été envoyé sur un prétexte futile pour redonner du prestige au règne chahuté de Charles X. C’est du reste une motivation classique : quand ça va mal à l’intérieur, essayons de faire diversion en envoyant nos militaires faire quelques conquêtes hors des frontières. La guerre se termine en 1848 par l’annexion de l’Algérie à la France. On estime les morts à 500 000 personnes de chaque côté.

Rappelons qu’à côté des écoles etc., les indigènes d’Algérie, bien que Français, n’ont jamais eu le même statut que les citoyens Français à part entière. Ils n’avaient pas le droit de vote et devaient se plier au Statut de l’indigénat prévoyant à leur encontre 27 infractions spécifiques telles que interdiction de réunion ou interdiction de quitter sa commune sans permis de voyage. La naturalisation était théoriquement possible, mais complètement découragée :

« Un indigène vient trouver un administrateur, un maire de village et lui dit : “Je veux me faire naturaliser ”. L’administrateur ou le maire lui répond : “Qu’avez-vous besoin de vous faire naturaliser ? Vous aurez des difficultés dans votre famille, votre femme n’y tient pas sans doute, votre gendre vous cherchera des querelles. »

Rappelons que dans un grand discours sur la politique coloniale à la chambre des députés en 1885, Jules Ferry, très bien imité ultérieurement par Jaurès ou Zola, tenait les propos suivants :

« Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. »

Rappelons que de nombreuses manifestations des indigènes ont été écrasées dans des proportions sans commune mesure avec les faits initiaux comme à Sétif le 8 mai 1945 lors d’une célébration de la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie. L’enquête diligentée depuis la métropole n’a jamais pu être vraiment menée et les autorités ont fait semblant de voir dans les manifestants « des éléments troubles, d’inspiration hitlérienne ». Le nombre de morts a été évalué par la suite à 102 du côté des colons et à une fourchette de 20 à 30 000 du côté indigène.

Rappelons enfin que l’État français, sous la houlette de François Mitterrand, ministre de l’Intérieur, a institutionnalisé la torture pendant la guerre d’Algérie, provoquant du reste la démission de Pierre Mendès-France du gouvernement Mollet, car il était complètement opposé à cette politique.

Tous partisans de la colonisation

Tous les courants politiques sont mouillés dans cette affaire, de la droite sous Charles X à la gauche sous les IIIème et Vème Républiques. Pour leur part, les libéraux sont hostiles à la colonisation (à l’exception notable d’Alexis de Tocqueville), exactement pour les mêmes raisons morales que celles avancées par Macron : c’est un acte de domination et de non-reconnaissance de l’autonomie d’un peuple.

Les libéraux mettent aussi en avant l’aberration économique que cela représente. Frédéric Bastiat en a fait la démonstration limpide dans le chapitre X intitulé L’Algérie de son ouvrage Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas (1850). Ce qu’on voit, c’est la maison construite, c’est le port creusé en Algérie avec les cinquante millions de francs obtenus par l’impôt et dépensés par le gouvernement. Mais ce qu’on ne voit pas, c’est que cet argent n’est plus utilisable en France, ni par l’État, ni par le contribuable, aurait-il eu la possibilité de le garder pour faire travailler lui-même boulangers, agriculteurs etc. pour la satisfaction de ses besoins.

L’économiste Jean-Baptiste Say (1767-1832) a évolué sur la question au cours de sa vie, mais il est arrivé à la conclusion qu’aucune opération de colonisation ne saurait se comparer au libre commerce entre des nations libres :

« Les vraies colonies d’un peuple commerçant, ce sont les peuples indépendants de toutes les parties du monde. (…) Ces peuples alors deviennent pour vous des amis utiles, et qui ne vous obligent pas de leur accorder des monopoles onéreux, ni d’entretenir à grands frais des administrations, une marine et des établissements militaires aux bornes du monde. Un temps viendra où l’on sera honteux de tant de sottises, et où les colonies n’auront plus d’autres défenseurs que ceux à qui elles offrent des places lucratives à donner et à recevoir, le tout au dépens des peuples. » 

En 1952, alors que les soubresauts de la décolonisation meurtrissent la France, François Mauriac (1885-1970) se lance dans le journalisme à travers un genre littéraire nouveau, le Bloc-Notes qu’il tiendra jusqu’à sa mort dans différents journaux, dont Le Figaro et L’Express.

Comme Bernanos a dénoncé dans Les grands cimetières sous la lune (1938) le soutien de l’Église catholique espagnole aux exactions du camp nationaliste du général Franco pendant la guerre d’Espagne – et il ne s’est pas fait des amis, l’écrivain bourgeois catholique qu’est Mauriac se dégage de tout esprit de clan pour exprimer ce que sa foi dans le Christ et son esprit de justice universelle lui commandent. Il condamne la colonisation, il condamne l’iniquité de la justice française à l’égard des indigènes, il dénonce la torture. Et il reçoit en retour des menaces de mort et une impressionnante collection de lettres d’injures anonymes .

Pour lui, même les pires horreurs du FLN ne sauraient justifier les abaissements moraux de l’État français. Il en va de l’honneur du pays. Voici ce qu’il disait, et ce sera ma conclusion en guise de justification pour cet article dont je prie qu’on excuse la longueur inhabituelle :

« Certains nous reprochent de ne mettre l’accent que sur ce qui s’accomplit d’horrible, au nom de la France, en Afrique du Nord, et de taire tout ce que nous subissons nous-mêmes de la part d’adversaires sans pitié. Qu’ils le comprennent enfin : la crise de la justice déborde largement l’Afrique du Nord. […] les tortures, la séquestration arbitraire, la loi violée par les magistrats, cette décadence effroyable de la justice chez nous concerne les Français, en dehors et au-dessus de toutes les conjonctures particulières. »

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  • A mon sens le tollé ne porte pas sur les faits ou l’interprétation historique, mais bien plus sur le fait que Macron, qui représente une nouvelle génération de dirigeants français en soit encore à ressasser ces histoires.
    J’ai l’âge de Macron, je n’ai pas connu la colonisation et lui non plus. J’aurais aimé qu’un politicien jeune nous parle de l’avenir de nos relations avec un de nos vosins plutot que de se tourner une nouvelle fois vers le passé. M’est avis qu’une majorité de français pense comme moi et que la sortie de Macron visait uniquement à séduire l’éléctorat Maghrebin.

    • La France a modifié sa propre définition des crimes contre l’humanité dans le Code pénal afin de l’adapter à celle du Statut de la CPI. Et devinez qui a signé depuis Le Lavandou, sans doute en vacances chez Carla, le 9 août 2010, la loi n° 2010-930 portant cette adaptation et redéfinissant plus largement le « crime contre l’humanité » dans son article 2 ? Nicolas Sarkozy président…
      Et on trouve en dessous les signatures de François Fillon premier ministre (ainsi que de 3 autres ministres concernés : Michèle Alliot-Marie, Bernard Kouchner, Hervé Morin)… Au lieu d’entendre Fillon déverser des cris d’orfraie bien arrangeants dans sa situation, on aurait aimé l’écouter, pour bien argumenter ses attaques, relire publiquement à haute voix la liste des 11 cas de crime contre l’humanité définis, dont au moins un est applicable à l’Algérie, ce qui est suffisant pour le caractériser… Et Bernard Kouchner, qui veut s’agripper à Macron pour obtenir quelque hochet, aurait pu au moins se fendre d’un communiqué !

  • Le problème avec la médiatisation politique est qu’elle ne retient que des bouts de phrases…

    La colonisation a été une barbarie… même fillon le disait une semaine avant.
    Et si on s’en tient à la définition, réactualisée par fillon sous la présidence Sarko, ce que la france a imposé aux territoires et populations colonisés relève bien d’un crime contre l’humanité, avec notre regard d’aujourd’hui.

    Il faut toutefois le replacer dans le contexte historique.

    Quel regard porteront nos descendants sur notre étrange passivité devant les massacres de population dans beaucoup d’endroits du monde? Le traitement réservé à ceux qui fuient ces zones invivables ?

    • De quel crime contre l’humanité parlez-vous. Quand prendra-t-on enfin conscience de ce que nous sommes d’anciens colonisés, que nous n’avons pas demandés à ces colonisateurs, dont les Arabes, de se repentir, lors même qu’ils n’avaient pas le même soin de préservation des populations locales, comme nous l’eumes avec les peuples que nous avons « envahis » . reprenez votre histoire et les chiffres de nos méfaits supposés, l’histoire de notre pays celle de la France et de ceux qui sont partis missionnés par cette dernière pour construire des routes, des hôpitaux, des aéroports, des écoles, des dispensaires; mise en culture ces territoire et assurer ainsi de quoi manger à tous. Évangéliser certes, mais sans enlever aux peuples de ces contrées leurs regards sur leurs « croyances ». tout ne fut pas idyllique , mais nous, colons, enfants et petits enfants de colons n’avons pas à rougir ni nous repentir pour cela. Pour ma part j’en suis plutôt fier.

    • ce que la france a imposé aux territoires et populations colonisés relève bien d’un crime contre l’humanité

      Non. Il y a certes eu des crimes commis en Algérie contre des personnes. Le crime contre l’humanité est une qualification juridique très particulière. Prétendre que des crimes contre l’humanité ont été commis en Algérie est une exagération abusive choquante.

      • cher @fm06, je vous invite à lire la définition de ce qu’est un crime contre l’humanité, dans le texte de la loi française, modifiée d’ailleurs par le gouvernement Fillon en 2004.

        ce qui me choque encore, c’est que les indigènes algériens, qui ont débarqué en métropole ou en Italie pour nos libérer de l’infâme occupation nazie, se sont vus refuser par la communauté « pied noir » d’être tout simplement des citoyens français à part entière.

        • Je suppose que vous faites référence à l’article 212-1 du code pénal. Selon ce texte un crime contre l’humanité relève « d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique ». Les victimes des crimes commis en Algérie sont des personnes. Il n’y a pas eu de persécution généralisée ou systématique d’un groupe de population civile.

        • cap2006: ce qui me choque encore

          C’est une partie de votre problème : au lieu d’utiliser la raison pour avoir une image nuancée comme l’est la réalité vous avez tout délégué à vos émotions.

          Prenez une heure pour lire l’histoire de la région algérienne:
          https://fr.wikipedia.org/wiki/Alg%C3%A9rie#Moyen_.C3.82ge
          Ou celle-là:
          https://fr.wikipedia.org/wiki/Esclavage_dans_le_monde_arabo-musulman

          Selon votre définition, le 98% de l’histoire algérienne est un immense « crime contre l’humanité » et il faudrait condamner à ce titre la moitié de l’arc méditerranéen, y compris une très grande partie des pays arabes et même des Algériens parce que les clans se massacraient, que les populations se mélangent et qu’il y en a toujours eu pour se ranger du côté des envahisseurs. Ce n’est pas possible. C’était une autre époque, on ne peut pas faire deux poids deux mesures et il faut bien se garder de juger l’histoire, surtout quand on ne connaît qu’un millionième des faits qui sont en plus fortement politisés dans un contexte idéologique tendu.

          ce qui me choque encore, c’est que les indigènes algériens, qui ont débarqué en métropole ou en Italie pour nos libérer de l’infâme occupation nazie, se sont vus refuser par la communauté « pied noir » d’être tout simplement des citoyens français à part entière.

          C’est pour cela que nous sommes libéraux: les états ont tendance à écraser et piétiner les individus et ils le font d’autant plus qu’ils sont gros.

  • La naturalisation des algériens découragée par la France ? Le refus est d’abord venu des musulmans par refus du droit civil français qui allait avec.

    • parfaitement exact. les indigènes avaient le choix entre accepter les « règles » Françaises, et avoir ainsi le droit de vote, ou conserver leur statut en matière de mariage, tribunaux, prédominance du religieux sur le civil…auquel cas ils ne votaient pas. D’autres « colonisateurs », Arabes ou Ottomans ont pris moins de gants avec les indigènes de l’Algérie, et pourtant, je n’entend personne en faire reproche à Erdogan ou aux Saoudiens…

  • Largement d’accord avec cet article et son argument principal sur l’absence déplorable de subtilité dans ce débat. Mais la suggestion que l’on ne devrait parler de crimes contre l’humanité que pour des crimes d’extermination est fausse. Le lien Wikipedia que vous donnez clarifie d’ailleurs ce point: « L’article 7 du Statut de Rome donne la liste des crimes de droit commun qui sont des crimes contre l’humanité dès lors qu’ils sont commis sur ordre « dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique dirigée contre toute population civile » : meurtre ; esclavage ; déportation ; emprisonnement abusif ; torture ; abus sexuels ; persécution de masse ; disparitions ; apartheid, etc ». Comme vous le notez aussi dans votre blog, la France a utilisé la torture de manière systématique en Algérie. Dans son « Crimes Against Humanity » (A beginner’s guides, Oneworld, Oxford), Adam Jones prend la colonisation française en Algérie comme étude de cas dans son chapitre sur la torture.

  • J’ai apprécié votre article, étant moi-même français et de descendant de français d’outre-mer. Je suis du même avis que Mr Macron, cela ne veut pas dire que je n’aime pas mon pays. La colonisation, je ne l’ai pas vécu, je n’ai été géré par aucun autre code ou règle que ceux de mon pays. Depuis quelques années, je suis intéressé par l’histoire de la Guadeloupe et des autres îles des Antilles française, je ne cherche la repentance de personne, mais je trouve normal que ces faits historiques soient mieux appris à l’école, pas que les bons côtés mais aussi les côtés plus sombres.
    J’appreci vos valeurs qui me réconcilie un tout petit peu avec la politique, une personne d’un bord qui ne dévalorise pas tout ce que dit les paroles de ceux qui ne sont pas du sien, tout en étant lucide sur son propre camp.

  • Les libéraux hostiles à la colonisation et à l’esclavage? Prétendre cela est faire montre d’une ignorance de l’histoire et des textes des auteurs. Je vous invite, vous qui êtes ouverte à la critique, à lire notamment « contre-histoire du Libéralisme » de Domenico Losurdo ou « Lumières et esclavage. L’esclavage colonial et l’opinion publique en France au XVIIIe siècle » de Jean Erhard. Voltaire, opposé à l’esclavage, faisait lui-même l’apologie du colonialisme (colonies avec lesquels il commerçait) pour justifier le droit inaliénabilité de la propriété terrienne des aristocrates, dont il était, et renvoyant les autres à aller coloniser les terres vierges d’outre-mer (en chassant les indigènes).

    • – Je ne qualifierais pas Voltaire exactement par le terme libéral.
      – « Les libéraux hostiles à la colonisation et à l’esclavage » : Je n’ai pas parlé de l’esclavage, mais c’est vrai dans l’ensemble, et c’est totalement vrai des exemples que je donne. Mais il y a effectivement des exceptions notables. J’ai cité Tocqueville, qui était d’ailleurs plutôt contre l’esclavage, à condition qu’on dédommageât les ex-propriétaires d’esclaves. Mais sur la colonisation, hélas, il était franchement horrible, et je le dis en respectant tout à fait les mentalités de l’époque (une objection qu’on m’a faite) puisque voici une citation où il prend justement le contrepied de certains de ses contemporains, ce qui montre que la mentalité de l’époque n’était apparemment pas entièrement colonialiste :
      « J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. » (Alexis de Tocqueville, Travail sur l’Algérie. Oeuvres complètes, Pléiade);
      – J’ai bien indiqué que dans cette histoire de colonisation, tous les courants politiques ont été impliqués.

  • L’auteur déclare pour absoudre Macron « parallèlement à la barbarie, il met en avant une autre histoire au sein de la colonisation,.. »

    Les mots ayant encore un sens, contrairement à ce que l’auteur soutient, Macron ne place pas en parallèle les 2 volets, mais il déclare globalement la colonisation comme une barbarie et la qualifie de crime contre l’humanité, tout en convenant que tout ne fut pas négatif. Il ne met pas donc ni « en avant » ni en parallèle une histoire positive de la colonisation, mais il met au contraire en avant la catégorisation de crime et de barbarie, et en arrière tout le reste dont l’auteur semble faire usage pour se rattraper aux branches…

    Il reste que faire le procès de l’histoire en plaquant des catégories et des jugements de l’époque contemporaine sur des morceaux et des concepts sélectivement choisis est un jeu pervers, parfaitement antilibéral en ce qu’il juge des groupes humains entiers et non des individus, et totalement stérile dans le cadre d’un débat présidentiel au XXIe siècle.

    Pour prétendre à la fonction « suprême », Macron ferait mieux de remplir le vide de son programme présidentiel, et de nous expliquer comment il peut déclarer un patrimoine personnel quasi nul après avoir gagné quelques millions d’euros sur les dernières années, au lieu de perdre son temps à susciter des polémiques stupides sur l’histoire de France entre 1830 et 1962.

    • LGML: Il reste que faire le procès de l’histoire en plaquant des catégories et des jugements de l’époque contemporaine sur des morceaux et des concepts sélectivement choisis est un jeu pervers, parfaitement antilibéral en ce qu’il juge des groupes humains entiers et non des individus, et totalement stérile dans le cadre d’un débat présidentiel au XXIe siècle.

      +1
      Et c’est d’autant plus pervers que le fond est idéologique et politique, donc prétexte à tous les pires révisionnismes militants.

      • « faire le procès de l’histoire en plaquant des catégories et des jugements de l’époque contemporaine sur des morceaux et des concepts sélectivement choisis est un jeu pervers »:
        1. Ca vous pose un problème le livre noir du communisme ? On y plaque la mentalité contemporaine sur des concepts sélectivement choisis ?
        2. En ce qui concerne les opinions de l’époque de la colonisation, elles étaient loin d’être homogènes sur le sujet, voir citation de Tocqueville que j’ai postée plus haut (il s’en prend à des hommes qui étaient contre les procédés employés par Bugeaud pour soumettre l’Algérie).

  • Je trouve quand même curieux qu’un candidat à la présidentielle aille critiquer le pays dont il entend prendre les rennes à l’étranger, dire que la démarche me paraît inopportune est un doux euphémisme. Quant au débat sur la colonisation, je préférerais que les politiciens le laissent aux historiens et qu’ils nous expliquent plutôt à qu’ils comptent faire s’ils sont élus. En gros, je préfère qu’ils nous parlent de l’avenir, pas d’un passé plus ou moins (et c’est souvent moins) maîtrisé.

  • humour involontaire
    il y’a eu la barbarie de la colonisation…. 1/ l’Algérie été créée par la France
    2/ avant 1830 ,cette bande d’Afrique du nord qui allait de la Tunisie au Maroc s’appelait la…Barbarie d’ou les pirates…barbaresques et oui le passe temps de ces braves gens était ,entre autres, de capturer femmes enfants et hommes jeunes, en bonne santé pour les vendre sur les marché aux esclaves ;les vieux eux étaient tués.
    A quand de la repentance dans l’autre sens?

  • Que Macron ait tort ou pas sur la nature de la colonisation française de l’Algérie est un faux problème. Il a le droit de dire ce qu’il veut aux algériens de sa position sur cette colonisation, grand bien lui fasse. Le problème réside plus dans le fait que l’on ne sait pas qui parle : est ce Mr Macron individu , ou est ce Mr Macron futur président de la France . Ce n’est pas pareil .
    Par ailleurs quel est son objectif ? Mr Macron n’est pas président de la France , il ne peut donc parler en son nom.Sa position de candidat est donc ambigüe et peut porter à confusion. Mr Macron est en campagne , ses propos sont donc à interpréter dans ce contexte . Il est à mon sens bassement en train de draguer les voix des bi nationaux . Pas de quoi pavoiser .
    Si Mr Macron voulait vraiment oeuvrer pour la réconciliation des peuples, ce qui serait soit dit en passant une excellente chose, il aurait sans doute sur un sujet aussi délicat pesé ses mots , été plus mesuré , mais voila , cela aurait été moins « vendeur » , moins efficace .
    A mon sens, ce qu’à fait Mr Macron, qu’il ait raison ou tort sur le fond, est de jeter de l’huile sur un feu déjà bien fourni. C’est irresponsable.
    Cet avis est partagé par bien d’autres que moi qui pourtant voulaient voter pour lui.

  • ce sujet est traité par tous les partis politique et, laissons a chacun son propre jugement . en ce qui me concerne, je n’ai nullement l’intention de m’en vouloir des actes de mes grands parents et autres ancêtres . et, je pense même que cela a contribué a la grandeur de notre pays. puis de toutes façon , on n’a pas fait que des mauvaises choses… je vois plutôt les déclarations de macron comme du racolage politique, essayant de se mettre en poche l’électorat nord-africain.

  • Encore un pensum.
    Macron est l’aboutissement le plus pur du progressisme, l’homme est particulièrement intelligent. Il rejette le FN, et a de facto tourné le dos aux électeurs de ce parti. Sa déclaration est purement politique et les mots choisis, il a ainsi donné indirectement et à distance des gages à l’électorat musulman qui avait voté Hollande en 2012 et qui a été déçu par moi Président. La tactique est remarquable car Macron s’évite de parler d’islam, le sujet qui fâche, il laisse aux autres le soin de se dépêtrer avec ce sujet.
    A l’opposé, Fillon a tenté un coup de barre grossier à droite (n’est pas Buisson qui veut).
    Mélenchon ne pipe mot car encore terrorisé par son discours sur l’immigration à Marseille qui l’avait fait chuté de 10 points dans les sondages en 2012.
    Hamon à quant à lui la même clientèle que Macron à la différence qu’il assume totalement le message et s’adresse directement à l’électorat musulman.
    Macron est l’inventeur de la politique New Age, il n’a pas besoin de programme puisqu’il a endossé celui du progressisme et du libéralisme, il s’adresse alternativement à toutes les « minorités » qui composent notre société atomisé.
    Pour le reste de l’article, notre toutologue de service serait fort inspirée de ne pas aborder des sujets qu’elle ne maîtrise absolument pas ! On ne remplace pas des années à étudier l’histoire par un cour de rattrapage wikipédia.

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