Par Marc Crapez.

Nous n’avons pas été nombreux à prendre Trump au sérieux, à éclairer la logique à l’œuvre dans son électorat, à rectifier une partie des griefs dont il était accablé.
À tout prendre, nous préférions sa victoire à celle d’Hillary Clinton, encore plus démago.
Contrairement aux clichés clientélistes destinés à effrayer, une notable proportion de Latinos (30 %) et une certaine proportion de Noirs (plus d’hommes qu’à l’accoutumée) ont voté Trump. Parce qu’ils sont sensibles aux valeurs d’effort et à l’esprit américain. Parce que certains d’entre eux ont mis du temps à se faire accepter et trouvent anormal que les clandestins d’aujourd’hui bénéficient de passe-droits.
La propagande anti-Trump a ciblé les Latinos et les femmes supposés voter nécessairement Démocrate. Trump n’a guère été accusé de démagogie, de contradictions, de raccourcis, de propos péremptoires, de chiffres erronés, d’insincérité, etc. Pour la bonne et simple raison que ces critiques eussent pu, tout aussi bien, rejaillir sur Hillary Clinton. C’est donc l’avantage comparatif de celle-ci, censée plaire aux Latinos et aux femmes, qui a été exploité.
La démagogie, problème démocratique numéro 1
On a ainsi éludé la question de la démagogie qui reste le grand problème.
La focalisation sur la notion de populisme fait oublier que la démagogie est une corruption majeure de l’idéal démocratique. Le fait que les spin doctors puissent faire avaler des couleuvres au bon peuple contribue d’ailleurs à dévaloriser l’image de celui-ci auprès des élites. Autrement dit, c’est la réussite de la démagogie qui conduit les élites à mépriser le peuple, à le juger frileux, étroit d’esprit et populiste. Et cette invocation indue du populisme dissimule, en retour, la démagogie.
Ce mot n’appartient pas au langage de la philosophie politique classique. Il est absent des encyclopédies du XIXe siècle, époque de l’expansion démocratique. Inversement, y figuraient des vocables qui nous sont devenus totalement étrangers, tels que « anti-patriote » ou « antipopulaire » ! En outre, à cette époque nul n’aurait osé employer le terme « pédagogue » au lieu de « didactique », comme on l’entend couramment de nos jours pour désigner le discours public chargé d’éduquer les citoyens qui « votent mal ». Dire qu’il faut faire de la pédagogie, c’est juger le peuple infantile.
L’utilisation inconsidérée du terme populiste pour désigner ce que l’on appelait jadis « fonction tribunicienne » ou « vote contestataire », traduit une confiscation oligarchique de l’idéal démocratique. Le référendum est perçu comme une folie. Un commentateur exposait doctement que seuls certains sujets doivent être considérés comme « éligibles » à référendum. Terme emprunté à l’univers de la démocratie censitaire, c’est-à-dire à la préhistoire du règne de la vox populi.
Très bon commentaire.
Inutile en effet de s’acharner sur Donald Trump en le traitant de démagogue.
Car c’est l’électorat qui est sensible ou pas au discours des candidats, démagogues ou pas.
Cette sensibilité sera le curseur qui donnera le niveau de démagogie des candidats. Hillary Clinton employait également un discours démagogique, notamment en ce qui concerne les femmes et les minorités.
populiste élude la démagogie
On pourrait croire qu’il y a une erreur de frappe 🙂
populiste élu de la démagogie
Quoiqu’il en soit, c’est peut-être un peu moins inquiétant que d’être « élue de Wall street »
On verra à l’usage
Aristote avait déjà identifié la démagogie comme ennemi numéro un de la démocratie, quand à Aristophane, sa pièce « les cavaliers » est une satire de la démocratie. Bref, ce débat est vieux comme la démocratie.
http://www.universalis.fr/encyclopedie/aristophane/3-la-lutte-contre-les-demagogues/
Ceux qui en ont entendu parler ont une idée généralement et bien trop admirative de la pseudo-démocratie des Grecs anciens
Démocratie. Histoire politique d’un mot : histoire d’un malentendu
https://www.youtube.com/watch?v=KVW5ogGDlts
Pour Francis Dupuis-Déri, la démocratie n’est pas celle que l’on croit et son histoire est encore plus méconnue. Détestée et ridiculisée pendant des siècles, la démocratie était vue comme le pire des régimes pendant des générations en Occident.
On aura beau dire, on aura beau faire « Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire »(« La démocratie, malade du mensonge » du Lillois Alain Etchegoyen)
@ Thomas Davenir
» … notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français … »
Non, 3 nations, 3 systèmes politiques différents, 3 démocraties différentes, toutes 3 imparfaites! La « démocratie » reste un idéal (ni « réaliste, ni « pragmatique » ou « parfaitement applicable »). En attendant, il y a pourtant « des conditions minimales » (principes) au statut politique accepté de « démocratique » même si le « statut » est nuançable à souhait!
Tous les politiques, en affirmant qu’il servent l’intérêt de tous, mentent.
Le discours politique sincère serait de ne pas parler de peuple mais de préciser quelles catégories de la population on avantagera et quelles parties on désavantagera..Clairement c’est ce qu’ils FONT. si les politiques ajoutaient qu’ils ne savent que très mal comment la société et l’économie va réagir en réaction et à qui la situation sera profitable par la suite ça serait encore plus sincère et les rendrait modestes.
…
@ lemiere jacques
« Dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité »: nous en sommes tous, déjà … incapables!
Nous ne pouvons donc pas demander ça à ceux qui veulent conquérir nos voix! (et qui sont +/- prêts à tout pour y arriver!)
Croire un discours électoral est simplement « naïf »! Vous êtes mal payés pour le savoir!
Et promettre « Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » comme W.Churchill est assez rare!
Le système « dit démocratique » actuel: en gros, représentation populaire par des élus « souverains » votant les lois à la majorité qui seront confiées à l’exécutif, issu de la majorité, pour être fidèlement appliquées, ce dont un juge indépendant pourra décider!
Déjà tous les termes de cette définition sont sujet à discussion et à tricherie: en France, le président, chef d’état, est surtout le chef de l’exécutif « ami », devenant un personnage postiche (ou « potiche »), en cas de cohabitation, sauf dans son rôle militaire et diplomatique international alors qu’il ne peut être démis par personne, ce qui reste, « démocratiquement », pour le moins, problématique. (je passe sur la procédure judiciaire et l’indépendance de la justice).
De plus, rendons justice aux Américains: les candidats se permettent d’être éventuellement démagogues ou populistes mais personne n’a le droit de critiquer le choix du peuple souverain, sans mettre à bas la « démocratie »! Le peuple / la population n’est ni « démagogue », ni « populiste »!
Quand un politicien par bêtise ou malhonnêteté dit/écrit « La France », « le peuple », « les Français » , ce qui suit est très souvent faux.
C’est une globalisation trompeuse, comme les Arabes ou les Juifs ou les Noirs ou les Parisiens ou les Européens, etc.
C’est encore plus malhonnête quand on dit « Les Français ont élu Dupont président », alors que c’est généralement moins de 50 % des Français inscrits et a fortiori en âge légal de voter. Même s’il y a ,des abstentionnistes involontaires et des personnes âgées n’ayant plus toute leur tête
Hum … les termes démocratie et ochlocratie sont déjà utilisés par les grecs anciens, comme les pires dangers de la démocratie.
Généralement, on voit toujours le populisme du camp d’en face, jamais celui de son camp. Si le terme signifie : donner une explication simpliste à des faits compliqués, j’en ai eu un bel exemple l’autre jour de la part d’un distingué sociologue de gauche. Pour lui, si le peuple est mécontent, si la société est malade, voilà pourquoi: l’économie a mangé la politique et la finance l’économie. Et c’est tout, pif, paf, circulez, pas de discussion, ya plus rien à voir !
Souvent, le populiste, le démagogue expliquent que, si ça va mal, c’est la faute à… C’est la faute aux Allemands (Melanchon, Bartolone), aux Chinois, aux Américains, aux immigrés (Marine), à la finance internationale, ou alors à la finance internationale plus les Juifs (le chancelier Hitler), etc…
e terme signifie : donner une explication simpliste à des faits compliqués, j’en ai eu un bel exemple l’autre jour de la part d’un distingué sociologue de gauche. Pour lui, si le peuple est mécontent, si la société est malade, voilà pourquoi: l’économie a mangé la politique et la finance l’économie. Et c’est tout, pif, paf, circulez, pas de discussion, ya plus rien à voir !
Souvent, le populiste, le démagogue expliquent que, si ça va mal, c’est la faute à…
Merci pour ce bel article qui explique clairement l’incroyable propagande médiatique….
Aujourd’hui si tu n’as pas envie de vivre dans l’insécurité et la violence, que tu t’offusques que des entreprises ferment leurs usines pour les reconstruire ailleurs juste pour s’enrichir plus que de raison, que tu oses avoir peur de type qui prêchent le viol des femmes si elles ne sont pas voilées et l’extermination des mécréants, tu es un sale populiste à enfermer…
Voir Trump qu’on présente comme un fou dangereux alors qu’il dénonce les guerres impériales de son pays…et voudrait arriver à s’entendre avec la Russie…contre un Obama et une Clinton qui ont massacrés des populations entières au nom des droits de l’homme et de la démocratie bien sur.
Mais que n’entendons-nous pas ?
@ Moi pas président
Vous êtes d’un pays où le « verbe » a un poids lourd! Mais …
https://www.youtube.com/watch?v=4GILJikuSpw
Si vous ne voulez pas être malheureux, mieux vaut s’y habituer (ce n’est que mon avis!).
JUSTE UNE QUESTION
Si l’on remplace le mot « le peuple », masse homogène stupide et irresponsable, inventée par les idéologues, par « les citoyens » , individus différenciés, libres et responsables de leurs idées et de leurs votes, alors le mot « populiste n’a plus de sens, non ?
« Les citoyens », c’est toujours ultra-globalisant et trompeur.
Ils sont classables dans N groupes + 1 au moi_ns, sans compter les sous-groupes et les sous-sous-groupes
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