Barack Obama fait une interprétation très personnelle de son bilan

Dans The Economist, Barack Obama fait son propre bilan, bien évidemment flatteur. Une voie toute tracée pour Hillary Clinton ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Barack Obama By: Marc Nozell - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Barack Obama fait une interprétation très personnelle de son bilan

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 7 novembre 2016
- A +

Par Bill Bonner.

Barack Obama
Barack Obama By: Marc NozellCC BY 2.0

Dans The Economist, Barack Obama fait son propre bilan flatteur. Dans son univers parallèle de statistiques déformées, tout va bien et il n’y a rien qu’un peu plus de dépenses publiques et de déficits ne puissent arranger lors de la prochaine crise.

Pauvre M. Obama. Il fait son apologie et nous révèle qu’il n’a rien appris pendant ses mandats à la Maison Blanche. Plus important encore, il n’a rien oublié…

Quand les idées se confrontent au réel

Toute personne ayant suivi un cursus universitaire dans les années 1960, ou après, a forcément quelques idées fumeuses.

Normalement, lorsque vous débarquez dans le monde réel et que vous gardez les yeux bien ouverts, vous apprenez comment les choses fonctionnent réellement. Mais, si après avoir été diplômé, vous passez toute votre vie dans le monde universitaire ou au gouvernement, le processus d’apprentissage s’interrompt net : « vous êtes idiot à vie ». L’apprentissage se déroule à mesure que les pensées et les actes sont testés dans le monde réel. Certaines choses fonctionnent et d’autres non. Alors, vous essayez autre chose.

Mais lorsque vous êtes coupé du monde réel par l’argent falsifié, les faux accords, les fausses connaissances, les fausses statistiques et le faux service public… vous n’apprenez qu’une seule chose : comment faire planer l’illusion.

Pour Barack Obama, l’économie est en progression

D’après la façon dont le président Obama interprète l’histoire, ces huit dernières années auraient été un Âge d’Or pour l’Amérique. Voici ce qui s’est passé dans son univers alternatif :

« … une économie en progression, et plus durable ; [15 millions] de nouveaux emplois créés dans le secteur privé depuis début 2010 ; des salaires qui augmentent, la pauvreté qui diminue, et les prémices d’une inversion des inégalités ; [22 millions] d’Américains de plus affiliés à une assurance-maladie, avec des dépenses de santé progressant au rythme le plus faible enregistré en 50 ans ; des déficits annuels réduits aux trois-quarts ; et des émissions de carbone en baisse… »

Hein ?

Ce n’est pas ce que nous avons constaté… Nous étions là, nous aussi. Et nous avons vu l’économie mondiale ralentir, alors même que les banques centrales injectaient dans le système des milliers de milliards d’argent frais falsifié. Nous avons vu que de plus en plus d’Américains avaient de moins en moins d’emplois leur permettant de « gagner leur vie ». Nous avons vu que les 5% les plus riches gagnaient plus… et que le reste stagnait ou décrochait. Nous avons constaté que les dépenses de santé augmentaient à une allure jamais enregistrée depuis des décennies.

Mais tout le monde peut cultiver ses propres faits illusoires. Avec les théories, c’est différent. Il faut que ce soit les mêmes pour tout le monde.

Hélas, le président s’accroche à ses idées naïves d’étudiant à l’université comme une star du sport, au lycée, s’accroche à son blouson Teddy.

Barack Obama et la notion de capitalisme

Quant au capitalisme, voici tout ce dont il se souvient :

« … le capitalisme a été le plus grand moteur de prospérité et d’opportunités que le monde ait jamais connu… »

Mais ensuite, il révèle qu’il ne sait pas plus ce qu’est le capitalisme qu’à son premier jour à Harvard.

« Les économistes reconnaissent depuis longtemps que les marchés, livrés à eux-mêmes, peuvent être défaillants. Cela peut se produire via une tendance au monopole et à la recherche de rentes… les entreprises ne prennent pas en compte l’effet de leurs décisions sur les autres, via la pollution, [et] la façon dont les disparités liées à l’information peuvent exposer les consommateurs à des produits dangereux ou à des assurances-santé trop coûteuses.

Plus fondamentalement, un capitalisme façonné par quelques individus ne rendant aucun compte à la majorité des autres est une menace pour tous. Les économies réussissent mieux lorsqu’elles comblent l’écart entre les riches et les pauvres, et que les bases de la croissance sont élargies. Un monde dans lequel 1 % de l’humanité contrôle autant de richesse que les 99 % restants, ne sera jamais stable… Sans la confiance, le capitalisme et les marchés ne peuvent continuer à rapporter comme ils l’ont fait au cours des siècles derniers. »

Ces « quelques individus » ne « façonnent » jamais le capitalisme. Le capitalisme, c’est simplement ce que vous obtenez lorsque vous laissez des millions de personnes libres d’échanger, sans que personne ne leur dise ce qu’elles doivent faire.

Le capitalisme revêt sa propre forme : une forme naturelle, comme une langue vivante. Elle n’est façonnée par personne en particulier mais par tout le monde.

Barack Obama veut doper la croissance de la productivité

Ensuite, Barack Obama fonce dans une ornière, en confondant les conséquences et les causes.

Au lieu de réparer le moteur, il suggère une quantité de trucs de charlatan, afin que les roues donnent l’impression de tourner :

« … pour rétablir totalement la foi en une économie au sein de laquelle les Américains travaillant dur pourraient réussir, il faut traiter quatre défis structurels majeurs : doper la croissance de la productivité, combattre les inégalités grandissantes, s’assurer que tous ceux qui veulent un emploi en trouvent un et construire une économie résiliente prête à accueillir la future croissance. »

La croissance de la productivité ? Eh ! Le gouvernement doit dépenser plus en infrastructures. Au diable la dette, on fonce plein gaz !

Les inégalités ? Augmentez le salaire minimum. Augmentez la fiscalité des riches.

Quoi ? Vous dites qu’il faut simplement prendre de l’argent à ceux qui savent comment en gagner et le donner aux gens qui ne savent que le dépenser ? Et qu’à cause de cela, les jeunes auront plus de mal à trouver un travail ?

Remède facile : il faut consacrer plus d’argent à l’éducation, à la garde des enfants, au salaire garanti.

Barack Obama et la politique monétaire

Et l’économie ? Comment on fait pour mettre la machine en marche ?

Le Grand Chef commente :

« Avec les taux bas actuels, la politique budgétaire doit jouer un rôle plus important en vue de combattre de futures crises : la politique monétaire ne doit pas supporter tout le poids de la stabilisation de notre économie. »

Nous nous y attendions. Peu importe qui remportera la Maison Blanche, la semaine prochaine, nous sommes à peu près sûr qu’une récession nous guette… de même que – c’est plus que probable – une autre crise financière majeure.

La dernière crise, en 2008, a été provoquée par un excès d’endettement dans le domaine du crédit immobilier. Et à présent, l’endettement est encore plus important.

Mais d’où est-il venu ? Ne serait-il pas temps de lever le voile ?

Le moteur de tous les maux que constate Barack Obama est le même : l’État fédéral en personne. Son argent falsifié, ainsi que la multitude de lois et réglementations qu’il impose au peuple américain, ont fait leurs ravages. Et à présent, avec les taux directeurs de la Fed proches de zéro depuis ces huit dernières années, l’économie a été égarée, déformée et affaiblie. Les entreprises américaines, à elles seules, ont vu leur endettement grimper de 100 % depuis le début de la crise.

Enfin, le président a raison sur un point. Pas sur le fait que l’État doive augmenter les dépenses et les déficits. Mais il le fera sûrement.

Avec des niveaux d’endettement déjà si élevés… et des taux d’intérêt déjà si bas… l’État n’aura pas d’autre choix. Au cours de la prochaine crise, il devra réinjecter un peu du combustible.

Attachez votre ceinture. Tenez bien votre chapeau. La balade va être mémorable !

Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

Voir les commentaires (6)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • À quelques détails près, on dirait que le texte a été écrit pour chez nous…
    Normal en même temps, les personnes au Pouvoir ont été moulées dans les mêmes années dans des idées obsoletes, et en France comme aux USA, ils n’ont rien connu du monde réel depuis des décennies…

    • D’accord avec vous, à quelques détails près:
      – Bon! C’est le discours (attendu!) de B.Obama.
      – Quel a été son « vrai » pouvoir? Il n’a pas toujours eu de majorité législative, derrière lui! Il ne partait pas du tout d’une situation identique: « démocrate », il a tenté d’introduire du « social », surtout dans les soins de santé, c’est vrai: est-il pour autant devenu un « socialiste » (version « française ») pour autant, « anti-capitaliste », avec une politique radicalement « anti-libérale »: si la réponse est oui, alors, de fat, il a échoué!
      – Franchement, je crois que les situations ne sont pas comparables, les pays, non plus! Et en politique, ce n’est pas le bilan « subjectif » d’un président encore en fonction, en fin de mandat, qu’il faut croire, mais le « bon » bilan ne pourra se vérifier que dans quelques années.
      – C’est donc un « petit coup de pouce » pré-électoral et « partisan », à H.Clinton, « en délicatesse », actuellement: il est dans son « rôle »! Pas plus!
      – Pour le reste, le libéralisme théorique français a, une fois de plus, été exposé: on attend les « travaux pratiques!

  • trés franchement , je n’ai jamais entendu un dirigeant reconnaitre qu’il s’est planté sur toute la ligne ; ils vivent dans un autre monde , et dans ce monde là , on se bouche les yeux et les oreilles sur ce qu’il se passe dans la réalité ; ce qui me gène , c’est que l’on peut se passer de ces gens là mais eux ne peuvent pas se passer de nous ; ils ont bel et bien besoin du peuple pour exister ;

    • « ces gens là » dont on peut se passer, en effet, existent sous une forme ou une autre depuis l’Empire de Sumer, au moins…
      C’est à se demander…

  • Obama a surtout fait explosé la dette américaine de manière très importante. Bien sûr, c’est pas lui qui en subira les conséquences mais les prochaines générations.
    N’oublions pas qu’obama a fortement profité du gaz schiste qui a booste aux usa la croissance et l’emploi mais il y a des chances que le gaz schiste ait des effets pervers au niveau environnementale à long terme ( je dis des chances car je ne connais pas grand chose du domaine et je n’ai aucune certitude).

  • ??? Qu’est-ce à dire? Que c’est aussi simple que votre article?

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Le « plafond de la dette »

Aux États-Unis, le montant de la dette publique que le gouvernement peut accumuler est plafonné par une limite fixée par le Congrès.

Théoriquement, le but de ce « plafond de la dette » (ou « debt ceiling », en américain) est de s’assurer que le gouvernement n’emprunte pas plus d’argent qu’il ne peut en rembourser.

Ce plafond a été adopté pour la première fois en 1917 pendant la Première Guerre mondiale, et depuis lors, il a été relevé à plusieurs reprises pour tenir compte de l'endettement croissant du... Poursuivre la lecture

ballons avec un smiley content
1
Sauvegarder cet article

Il existe un consensus académique assez général sur le fait qu’en moyenne les gens de droite tendent à être plus heureux que les gens de gauche ou pour le dire à la façon de nos amis américains :

Conservatives Are Happier Than Liberals.

Une nouvelle étude vient d’être publiée aux États-Unis qui atteste que les jeunes de gauche (liberals) sont nettement moins épanouis que les jeunes sympathisants Républicains.

Écartons d’emblée la difficulté sémantique : par libéral, en anglais américain, on désigne aujourd’hui la gauche e... Poursuivre la lecture

Dans les cercles libéraux américains, on dit souvent qu’il y a un « parti unique » (uniparty) au Congrès. En d’autres termes : il n’y a pas de différences majeures entre Démocrates et Républicains. Les deux sont partisans d’un gouvernement plus important.

Les Démocrates ne s’en cachent pas, et la dernière proposition budgétaire de Joe Biden le confirme à nouveau. L’introduction du texte contient plusieurs énormités que les vérificateurs de « faits » auraient derechef débusquées si le président avait été de l’autre parti.

Non, Bi... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles