Par Gérard-Michel Thermeau.

Rien de plus triste que de taper le nom d’Andrzej Wajda sur le site Amazon. La plupart de ses films sont indisponibles dans des éditions françaises. Les rares dvd proposés le sont à des prix relativement élevés.
Célébré dans les années 70-80, Andrzej Wajda (1926-2016) avait fini par être oublié par la critique française qui ne pouvait guère apprécier sa peinture critique du communisme.
La gauche bien pensante ne lui avait pas pardonné non plus Danton, inspiré de la pièce de Büchner. La révolution française n’y était guère magnifiée. La Terreur apparaissait dans toute sa cruauté. Robespierre, monstre froid, en était l’incarnation. Dans un pays qui compte tant de rues Robespierre et une société d’histoire qui entretient le culte du « grand homme » cela ne pouvait guère bien passer.
Mais Wajda y évoquait en fait la réalité du communisme : les films historiques parlent toujours du présent, jamais du passé.
Un cinéaste épique et romantique
Après une enfance heureuse, Andrzej Wajda connaît la grande tragédie qui frappe son pays avec la seconde guerre mondiale.
Fils d’un officier polonais, exécuté par lʼarmée soviétique à Katyn avec des milliers dʼautres, il rejoint encore adolescent la résistance contre les Nazis. Il fait ensuite des études aux Beaux-Arts pour une carrière de peintre puis de cinéma. Wajda réalise son premier film en 1955, point de départ d’une carrière qui s’étend sur 60 ans.
Ses premiers films importants évoquent la période de la guerre : Une fille a parlé ou Génération (1955), Ils aimaient la vie (Kanal, 1957), Cendres et diamant (1958).
Ce cinéaste épique et romantique n’était pas à l’aise dans un cinéma soigneusement contrôlé par le régime où le « réalisme socialiste » était de rigueur. Aussi s’est-il engagé aux côtés du syndicat Solidarnosc : engagement qui se retrouve dans plusieurs de ses films : l’Homme de marbre (1977), l’Homme de fer (1981), l’Homme du peuple (2013).
Il avait été élu sénateur lors des premières élections libres (1989-1991). Mais la politique ne l’a pas retenu longtemps.
Amoureux de son pays, de son histoire et de sa culture, il l’a célébré avec lyrisme dans de grandes fresques, Cendres (1965) et Pan Thadeusz (1999).
Katyn (2007), reconstitution du sinistre massacre concocté par les Soviétiques pour décapiter les élites polonaises, n’a connu qu’une sortie confidentielle.
Andrzej Wajda a reçu dans sa carrière de nombreuses récompenses internationales dont un prix spécial du jury et une palme d’or à Cannes, deux ours d’argent à Berlin et un oscar d’honneur à Hollywood.
Le film Katyn, qui conte la massacre des officiers polonais, dont le père de Wajda, par les Soviétiques a carrément été interdit en France, les distributeurs refusant de le diffuser! Il n’est sorti que dans quelques salles confidentielles. C’est dire la censure communiste qui règne dans le milieu du cinéma de ce pays!
Il n’y a pas que dans le cinéma.
Après la guerre 39/45, il y a eu “l’épuration”.
Mais les communistes et les syndicalistes n’ont pas été inquiétés pour leurs activités et “intelligence avec l’ennemi”, – Allemagne URSS- voire actions de sabotage, entre septembre 1939 et Juillet 1941..