Par Mathieu Vasseur.
Najat Vallaud-Belkacem est « très en colère » contre le Pape. Le successeur de Saint-Pierre morigéné par la sémillante Garde Rouge du progressisme-pour-tous : tout là-haut, le Bon Dieu s’en arrache les poils de la barbe.
Il plait pourtant, le Pape François. Question de personnalité d’abord : simple, ouvert, chaleureux, quel contraste avec son prédécesseur rébarbatif et apprêté !
Question d’idéologie surtout. Ce Pape n’hésite pas à mouiller sa soutane jusqu’aux genoux. En deux encycliques, Evangelii Gaudium et Laudato si, il a envoyé un signal urbi et orbi : habemus sinistrem Papam (nous avons un Pape de gauche). De même que les grands hôtels diffusent dans leurs ascenseurs une musique agréable et insignifiante, sitôt-entendue-sitôt-oubliée, le Pape François flatte l’air du temps avec une pensée peu exigeante mais bien sympathique. Un christianisme d’ascenseur en quelque sorte.
Le Pape François dénonce le libéralisme
De Mélenchon à Le Pen, de Sanders à Trump, en passant par Theresa May, la dénonciation du libéralisme (forcément « ultra ») est devenue le pont aux ânes de la bien-pensance contemporaine. Là ou Jean-Paul II défendait vigoureusement la propriété privée et la liberté d’entreprendre, François n’éprouve que méfiance pour le marché, et place toute sa confiance dans l’État salvateur.
« Certains défendent encore les théories de la « rechute favorable », qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde. Cette opinion, qui n’a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant. » (Evangelii Gaudium).
Les théories de la « rechute favorable » ? Ne cherchez pas : il n’existe pas de « théorie de la rechute favorable ». Il s’agit d’une traduction maladroite de l’anglais « trickle-down economics », sobriquet accolé au libéralisme économique par ses opposants. Par ce terme péjoratif, le Pape démontre qu’il entend disqualifier le libéralisme avant même d’en avoir débattu. Prétendre que le libéralisme « exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique » est un contresens absolu, puisqu’au contraire, la « main invisible » repose sur le postulat que les acteurs économiques ne suivent que leur propre intérêt.
Le Pape est sensible à la pauvreté sans en regarder les causes
Le Pape François est sensible à la pauvreté de son continent d’origine, l’Amérique latine. Et qui sont les responsables de cette pauvreté ?
« Le nouveau colonialisme a plusieurs visages (…). Parfois, il a l’influence anonyme des veaux d’or que sont les entreprises, les organismes de crédit, certains traités de libre échange et l’imposition de mesures d’austérité qui obligent toujours les travailleurs et les pauvres à se serrer la ceinture. »
Hugo Chavez n’aurait pas dit mieux, et voyez vers quel sommet de prospérité il a guidé son pays.
Le Pape François est partisan de l’acceptation de la décroissance :
« une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties. »
Par ce raisonnement, il commet l’erreur de considérer la « croissance » comme simple consommation accrue de ressources naturelles (lesquelles sont effectivement limitées), et non pas comme progrès scientifique et technique (illimité). Il y a autant de musique dans un iPod d’aujourd‘hui que dans le tourne-disque d’antan avec sa pile de vinyles sur une étagère, pourtant la consommation de matières premières nécessaires à sa production est infiniment moindre.
Le Pape dénonce le progrès technologique
Le progrès technique, d’ailleurs, il faut s’en méfier :
« On ne doit pas chercher à ce que le progrès technologique remplace de plus en plus le travail humain, car ainsi l’humanité se dégraderait elle-même. »
Il y a deux siècles déjà, les canuts de Lyon détruisaient les machines à tisser qui leur prenaient leur travail… Mais justement :
« La croissance de ces deux derniers siècles n’a pas signifié sous tous ses aspects un vrai progrès intégral ni une amélioration de la qualité de vie. »
Espérance de vie en France en 1810 : 37 ans. Aujourd’hui : 82 ans.
L’argument-maître des anti-libéraux, c’est la protection de l‘environnement. Mais justement, ne pourrait-on pas utiliser les mécanismes de marché pour lutter contre la pollution, selon le principe du pollueur-payeur ? Eh bien non :
« L’environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate. »
« La stratégie d’achat et de vente de « crédits de carbone » peut donner lieu à une nouvelle forme de spéculation, et cela ne servirait pas à réduire l’émission globale des gaz polluants. »
Et pourquoi pas ? On ne le saura pas.
Le Pape est critique vis-vis de la religion catholique
Pour le chef de l’Église catholique, il semble que toutes les religions se valent. Son prédécesseur avait identifié une propension intrinsèque de l’Islam à la violence. Pour Benoit XVI, le dialogue des religions devait être franc et sans concession. Virage à 180 degrés, pour François :
« L‘idée de conquête est inhérente à l’âme de l’Islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter avec la même idée de conquête la fin de l’Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations. »
Saint Matthieu djihadiste, il fallait y penser !
« Je n’aime pas parler de violence islamique (…). Dans toutes les religions il y a toujours un petit groupe fondamentaliste (…). Il y en a chez nous. »
Ah oui, ces fameux terroristes qui se font exploser en criant « Au nom de la Vierge Marie ! »…
En fin de compte, le Coran, c’est grosso modo le Nouveau Testament traduit en arabe.
Le Pape accepte un prix pour son engagement pour l’Union européenne
Le Vatican a pour principe de refuser tous les prix et les distinctions qui lui sont proposés. Tous ? Non, pas tous. Le Pape François a décidé de faire exception pour le Prix Charlemagne, décerné par les trois Présidents de l’Union Européenne (Président du Conseil, de la Commission et du Parlement) à « des personnalités remarquables qui se sont engagées pour l’unification européenne », un mois avant le referendum anglais sur le Brexit.
Un bon Chrétien se doit-il donc d’être favorable à l‘unification européenne ? C’est plié, les Anglais iront en enfer, et ne parlons même pas des Suisses (à quand l’expulsion des gardes suisses du Vatican ?).
On peut pourtant parier que Jésus et le peuple juif auraient voté unanimement pour le « Judexit » (sortie de la Judée de l’Empire Romain) s‘ils en avaient eu l’opportunité.
Evangelii Gaudium et Laudato si ne sont pas des Encycliques, mais des Exhortations apostoliques post-synodale.
Cette précision essentielle n’enlève rien au fait que c’est la parole du Pape et de l’Eglise…
Les religieux et les socialistes ont intérêt à la misère, elle a toujours fourni le terreau propice à leur idéologie anti-individualiste, liberticide.
Oui pour Evangelii Gaudium, mais Laudato Si’ en est bien une. C’est d’ailleurs sa seconde encyclique.
Pour paraphraser un éditorialiste de Contrepoints : « Cette religion est foutue ».
Que le pape soit anticapitaliste ne me choque pas en soit. Mais en tant que dirigeant d’un grand courant religieux chrétien, il est irresponsable de ne pas considérer à sa juste valeur le poids et l’influence majeur d’une religion adverse comme l’Islam. Je comprends tout à fait que des catholiques se sentent trahis…
Soit l’auteur n’a pas tout compris au liberalisme, soit il n’a pas lu les textes du pape Francois.
Fustiger la tolérance religieuse et la liberté de pensée au nom du liberalisme est assez fort de café. Refuser la critique du capitalisme de connivence selon le même principe l’est également.
Il ferait mieux d’essayer de comprendre pourquoi la gauche est vent debout contre François avant de le baptiser pape de gauche.
C’est vrai que cette pseudo droite qui defend un programme economique soviétique et qui fait la morale a sa sauce a de nombreuses raisons de tenter de discrediter ce pape.
Le problème est justement que le pape assimile libéralisme et capitalisme de connivence…
Il amalgame tous les comportements violents, alors que ce n’est pas la même chose quand ils se réclament d’une religion ou quand ils sont des errements personnels…
Toute la première partie de Laudato Si pose question, tant les constats de la réalité semblent biaisés par l’idéologie, que ce soit sur l’environnelent, l’économie, les rapports nord-sud…).
Comment être crédible dans ces conditions?
Justement il convient de lire la deuxieme partie pour sortir de l’amalgame. Les rappels à Rerum Novarum ne laissent alors aucun doute que la critique s’adresse bien au capitalisme de connivence et non au liberalisme : principe de subsidiarité rappellé, denonciation tres forte des cartels, etc…
La premiere partie est un constat quant la seconde est un appel qui remet les choses a leur place.
Apres on peut blamer le pape de s’adresser non pas aux carholiques mais aux vulgus qui prennent les discours bien pensant comme parole d’évangile….
Vous faites une interprétation trop charitable des propos du Pape. Sa critique du capitalisme est plus fondamentale qu’une dénonciation du capitalisme de connivence. Et ses propos sur l’Islam n’ont pas de sens pour un catholique. Si vous êtes catholique, alors par définition vous considérez que votre Dieu est le seul bon et que les autres religions n’ont rien à vous apporter. Vous n’êtes pas obligé de tuer ou de violenter celui qui ne pense pas comme vous, mais vous devez au moins penser qu’ils sont dans l’erreur. Lorsque Benoît XVI, qui était moins politiquement correct, a affirmé que l’Islam n’a rien apporté au niveau religieux à part le violence, cela a été suivi presque immédiatement de… violences commises par certains musulmans. On attend toujours le moindre début de contre-argument: quel point moralement positif se trouve dans l’Islam qui ne se trouvait pas dans le christianisme?
Non justement, vous ne considerez pas que « votre » Dieu est le seul, mais qu’il n’y a qu’un seul Dieu : Dieu n’appartient a personne et lui seul possède la vérité.
C’est une manipulation politique que de pretendre le contraire.
On peut interpréter moins sévèrement les propos du Pape comme vous le faites. Mais précisément, il est regrettable que ses écrits soient ambigus. Dans un saisissant contraste avec ses deux prédécesseurs, ce pape ne paraît pas au niveau de la responsabilité de sa charge. Il ne faut pas s’étonner que de nombreux chrétiens se détournent d’un personnage qui relativise leur foi, surtout au moment où ils sont menacés d’être égorgés, brûlés vifs, crucifiés, etc. Ceci dit, il serait vain d’espérer avoir en permanence de grands papes. Le prochain aura la lourde mission de corriger le tir, notamment de décrocher la faucille et le marteau de la croix (ou Gaïa, ce qui revient au même) pour y remettre le Christ.
Je partage également votre regret sur l’ambiguïté.
François a commis un loupé au moment de son orientation professionnelle.
Il aurait du viser le secrétariat des Etats-Unis ou une mandature politique quelconque, la transcendance et la vie spirituelle parait peu l’inspirer comparativement à l’économie et à condition humaine.
Les critiques faites à l’encontre de la taxe carbonne sont légitimes.
Il existe de nombreuses entreprises telles que EDF ou Total qui vendent leurs droits à polluer sous couvert d’avoir eu une bonne allocation des ressources l’année précédente alors que dans la réalité, cette prouesse s’explique par l’intégration de sites de production fermés (donc sans émanation de GES) dans leurs calculs. Donc ils se font clairement de l’argent sur une politique qui se voulait écologique mais qui n’est devenue q’une machine à cash.
Mettre terrorisme et religion dans le meme panier. Sérieusement !!!
Le terrorisme que l’on connait aujourd’hui est le même qu’hier. Il s’agit de personne dépourvue de verve qui ne savent que faire passer leur idéologie par la force.
Ceux d’aujourd’hui ont utilise la religion ceux d’hier utilisait la politique (communisme, nazisme…)
C’est le problème de toute régulation ne provenant pas de la concurrence organique sur un marché : on peut la détourner, et in fine on la détourne toujours et toujours on constate que ce qui visait à résoudre un problème ne l’a que peu résolu et en a crée d’autres.
Ce n’est pas spécifique à la taxe carbone, cela dit, et un « marché des droits à émettre » est moins pire qu’une taxe… Alors que le pape semble préférer la taxe (ben oui, l’autre y a trop de marché, trop de gens responsables -vraiment- alors qu’avec la taxe, pas de marché et plein d’irresponsables, top).
Religion en tant qu’institution et communisme : même combat : recul des libertés individuelles !
En France l’église se fait discrète car elle est qu’elle est en position de faiblesse , mais regardez dans les pays dans laquelle elle est encore très prégnante , telle la Pologne par ex : le droit des femmes à avorter est remis en cause , par ex . Comme sous la dictature communiste de Ceausescu ! . Partout où la religion prédomine , quelle que soit cette religion , c’est plus ou moins le recul incroyable des libertés . exactement comme partout où il y la communisme , socialisme et fascisme ( termes synonymes ).
Etre chrétien, c’est être adepte de la pensée de Jésus.
Etre catholique, c’est faire partie d’une organisation avec des chefs, des sous-chefs, un super-chef suprême, doté d’infaillibilité, tout ce monde dirigeant la pensée.
On peut être chrétien sans être catholique, et trouver soi-même des réponses par la lecture directe des Evangiles et de la Bible.
Archiduc ,
En tant que catholique , je confirme que vous avez une bonne analyse ( On peut être chrétien sans être catholique, et trouver soi-même des réponses par la lecture directe des Evangiles et de la Bible.
Tout ceci est beaucoup plus simple : religion égal idéalisme égal anti réalisme, anti nature (qui n’est qu’une et n’a point de double dans un autre monde), et de ce fait anti humanisme. Nietzsche aurait dit « nihilisme ».
Et voilà l’explication de ces connivences entre un pape catholique, des idéologies marxistes et anti capitalistes. Et accessoirement antisémites puisque Marx a aussi fondé l’antisémitisme de gauche, ce qui n’est sans doute pas pour déplaire aux pourfendeurs des deicides.
Je me permets de te faire savoir que le but premier du capitalisme du liberalisme et du néo liberalisme est de tendre vers un ideal économique selon les 5 hypotheses de la concurrence pure et parfaite. Donc vouloir discréditer les religions en fonction de leurs volontés de tendre vers un ideal ne rend pas service à ton argumentation.
De plus les religions ne sont pas opposées aux capitalismes, si les USA et le RU ont dévelloppé des thèses basées sur le liberalisme c’est sur la base de la religion protestante qui est un derive du christianisme.
Heum, vous faites un mélange pas très chronologiquement correct. La concurrence pure et parfaite est une hypothèse de modélisation (simplificatrice, réductrice, irréaliste, mais bien utile pour que l’existence de solutions explicites ou à tout le moins calculables) utilisée dans les approche néo-classique. Ce qui n’a rien à voir avec le libéralisme qui est une philosophie juridique, le capitalisme qui est un mode d’organisation de la production basée sur la propriété privée des moyens de production (le plus souvent régulés par le marché). Ca n’a rien a voire non plus avec le « néo-libéralisme » qui soit n’existe pas soit est une sous école de pensée économique issue du colloque Lippmann qui est une version « socialisante » du libéralisme…
Le « protestantisme » est une famille de courants au sein du christianisme, par un « dérivé ».
L’ensemble de société contemporaines a été façonné d’une façon ou d’une autre par les religions. L’athéisme moderne étant un exemple magnifique de religion issue des approches chrétiennes (et le plus souvent catholiques), pour ne rien dire du marxisme léninisme ou de l’écologisme radical.