Peter Thiel, esprit pionnier de l’Amérique

Peter Thiel, c’est l’histoire d’une réussite exceptionnelle. Ce libertarien fondateur de Paypal est considéré dans la Silicon Valley comme une légende vivante.

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Peter Thiel By: Luc Van Braekel - CC BY 2.0

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Peter Thiel, esprit pionnier de l’Amérique

Publié le 3 juillet 2016
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Par Damien Theillier.

Peter Thiel By: Luc Van Braekel - CC BY 2.0
Peter Thiel By: Luc Van BraekelCC BY 2.0

Il y a quelques années, j’ai eu la chance d’assister à une conférence de Peter Thiel dans un grand hôtel de Las Vegas. À l’époque il était peu connu en France. Aujourd’hui, il est reçu comme une rock-star pour la sortie de son livre, De zéro à un, sorte de guide de l’innovation. Souvenirs.

Peter Thiel, c’est l’histoire d’une réussite exceptionnelle. Diplômé de Stanford et élève du grand penseur français René Girard, il obtient un bachelor de philosophie en 1989, puis un doctorat de droit de la Stanford Law School en 1992, avant de se lancer dans les affaires. En 1996, il fonde le Thiel Capital Management, un fonds multi stratégique.

En 1999, il fonde le système de paiement en ligne Paypal avec Elon Musk notamment. En moins d’un an, trois millions de comptes Paypal sont ouverts via le site d’enchères en ligne Ebay. La société Paypal est officiellement créée en 2001 et cotée en bourse en 2002. La même année, eBay achète Paypal pour 1,5 milliard de dollars et Peter Thiel empoche 55 millions de dollars.

Selon Thiel, PayPal a été longtemps un moyen de transférer de l’argent partout sans aucune restriction. Au départ, son projet était de créer une monnaie privée. Une monnaie qui devait permettre de s’affranchir du monopole d’émission des monnaies par les États. Il a échoué là ou le bitcoin a réussi quelques années plus tard. Mais il estime que Paypal fut à ses débuts un formidable outil pour diminuer la puissance des États et pour offrir de nouvelles libertés aux populations qui pouvaient désormais faire circuler de la monnaie d’un pays à l’autre sans contrôle de change ou procédure administrative.

En 1998, il co-signe un livre intitulé Le mythe de la diversité, une attaque contre le gauchisme et l’idéologie multiculturaliste qui domine à Stanford. Il affirme que le multiculturalisme a conduit au politiquement correct et à museler la liberté de parole des professeurs comme des étudiants. En 2004, Mark Zuckerberg, étudiant à Harvard, lance Facebook et sollicite Peter Thiel, qui investira 500 000 dollars dans le projet. Il possède aujourd’hui environ 7 % de Facebook, soit cinq millions de parts et un siège au conseil d’administration.

Enfin, Peter Thiel soutient le Seasteading Institute, un projet de création de villes flottantes autonomes dans les eaux internationales. Il a investi dans ce projet déjà plus de 1,25 million de dollars. En mai 2011, il annonce la création d’une bourse de 100 000 dollars destinée aux étudiants les plus brillants de moins de 20 ans qui abandonneraient leurs études pour créer leur entreprise. Le programme rassemble déjà une centaine d’actuels et anciens boursiers dont les sociétés représentent une valorisation globale de 1 milliard de dollars.

Thiel est considéré dans la Silicon Valley et sur la scène américaine du capital risque comme une légende vivante, non pas seulement comme multi-milliardaire, mais aussi comme penseur libertarien assumé, génie de la finance et spécialiste de l’innovation (il enseigne à Standford sur ce sujet).

Lors de cette conférence à  Las Vegas, est intervenu également George Gilder, l’un des économistes de l’offre qui ont inspiré Ronald Reagan. Il a écrit quelques-uns des livres les plus influents de notre époque, comme La richesse et la pauvreté ou Microcosm : The Quantum Revolution in Economics and Technology (Microcosme : la révolution quantique en économie et dans les technologies). Il est aussi celui qui a popularisé la loi de Moore, qui affirme que la puissance des ordinateurs double tous les 18 mois tandis que les coûts diminuent de moitié.

Un constat alarmant

Au cours de la conférence, Peter Thiel s’est montré très pessimiste. Selon lui, dans de nombreux domaines, le progrès s’est arrêté à cause des restrictions abusives des gouvernements.

Il a donné toute une série d’exemples très parlants. Ainsi, depuis des centaines d’années, l’humanité a cherché à se déplacer plus rapidement – d’abord avec des voiliers plus rapides, puis avec des navires à vapeur et ensuite avec les trains, les automobiles et les avions. Il y a cinquante ans, on avait prédit que les avions commerciaux voyageraient à une vitesse de 2000 milles à l’heure ou plus. Cela ne s’est pas produit.

Le Concorde, qui est devenu le premier avion supersonique commercial en 1976, a été abandonné il y a huit ans. Les avions aujourd’hui ne volent pas plus vite que dans les années 1960 en raison de la réglementation. En outre, les fonctionnaires américains de la Transportation Security Administration (TSA) ont réussi à augmenter le temps de voyage d’une heure ou deux en ralentissant vainement le traitement des passagers dans les aéroports.

L’énergie nucléaire était censée nous apporter l’électricité bon marché. Mais les réglementations excessivement coûteuses des gouvernements ont fait grimper les prix de l’énergie, en termes réels, après des siècles de baisse.

Après les premiers alunissages, certains prédisaient qu’il y aurait des bases permanentes habitées sur la lune. Aujourd’hui, le programme de la navette spatiale a été abandonné, malgré trois décennies de bon fonctionnement, sans solution de remplacement.

Les autorisations de mise sur le marché de médicaments délivrées par la Food and Drug Administration ne cessent de baisser par rapport à ce qu’elles étaient une décennie plus tôt. Pendant ce temps, on attend la guérison promise pour le cancer, même si des progrès ont été accomplis.

Dans certains secteurs, comme l’éducation, la productivité y est même devenue négative. Il en coûte davantage aujourd’hui en termes réels pour fournir le même niveau d’éducation dans les écoles primaires et secondaires qu’il y a quatre décennies.

Une lutte titanesque pour l’innovation

George Gilder, tout en admettant la critique de Peter Thiel, est plus optimiste en ce qui a trait à la capacité des investisseurs en capital risque et des entrepreneurs à surmonter le poids des réglementations administratives.

Ce n’est pas un secret, a-t-il expliqué, que les bureaucrates recherchent le pouvoir, notamment le pouvoir de taxer et de réglementer les innovations. En conséquence, les gens ne profitent pas des avantages de la réduction des coûts permises par ces innovations. Mais il faut un certain temps à l’administration pour comprendre comment réglementer les nouvelles industries. Le secteur privé fait presque tout plus vite, moins cher et mieux que le secteur public. Et le gouvernement n’a pas encore compris comment détruire Internet et les progrès de l’informatique.

Gilder note par exemple que la loi de Moore continue de se vérifier plusieurs décennies après que Gordon Moore a décrit le processus. Tous les dix ans, nous avons vu une augmentation au centuple de la puissance des ordinateurs et une multiplication de la bande passante par 524. C’est pourquoi il est possible aujourd’hui de regarder des films sur un téléphone cellulaire.

On observe ainsi, selon Peter Thiel et George Gilder, une course de vitesse titanesque entre ceux qui tentent d’innover et les gouvernements qui cherchent à imposer des restrictions réglementaires et fiscales. Il n’est pas surprenant de constater que plus les gouvernements se développent, plus le rythme des progrès technologiques ralentit.

Les deux conférenciers ont fini par conclure d’un commun accord que les innovations technologiques constituent le meilleur moyen de prendre de vitesse les bureaucraties et de maintenir un peu de liberté et de prospérité.

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