Grève des éboueurs : libérons la collecte des déchets !

Sommes-nous pris en otage par la grève des éboueurs publics ? Alors que les ordures s’accumulent, la nécessité de faire jouer la concurrence dans le secteur revient à l’ordre du jour.

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Grève des éboueurs : libérons la collecte des déchets !

Publié le 15 juin 2016
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Par Emmanuel Martin.
Un article de l’Iref-Europe

Grève des éboueurs : libérons la collecte des déchets !
Poubelles By: gildas_fCC BY 2.0

Dans le sillage des cheminots, la corporation des éboueurs publics s’est elle aussi mise en grève contre la loi El Khomri qui pourtant ne concerne pas directement les agents communaux. En conséquence, Paris et d’autres villes étouffent sous les ordures malodorantes. Évidemment, avec l’Euro 2016 accueilli par la France, pour les étrangers c’est l’incompréhension, surtout après les crues de la Seine de la semaine dernière. Difficile pour de nombreux Français de ne pas voir là une stratégie de prise en otage. Petit retour en arrière sur une profession dont la capacité de nuisance avec des grèves, au surplus récurrentes, est assez spectaculaire.

En 2011 c’est la chambre régionale des comptes d’Île-de-France qui remettait un rapport à la Mairie de Paris, recelant des informations assez intéressantes. En premier lieu, elle pointait du doigt un taux d’absences compressibles à la Direction de la Propreté et de l’Eau (DPE) le plus élevé de l’administration de la ville et en augmentation. Le rapport social 2012 regrettait pour sa part un absentéisme de 16 %.

Autre « spécialité », la politique de la ville en matière de promotions chez les éboueurs : « la multiplication des grades et échelons hiérarchiques » se traduisait par une proportion des agents d’encadrement du nettoiement (AEN) atteignant près de la moitié du corps des chefs d’équipe quand elle aurait dû plafonner à 20 %…

L’efficacité contestable des éboueurs publics…

poubelles rené le honzecVoilà sans doute un état de fait qui pouvait expliquer la moindre efficacité de la collecte des déchets par les services communaux en comparaison des prestataires privés : la Cour des Comptes régionale notait en effet qu’en 2007 la collecte moyenne annuelle par agent se montait à 284 tonnes, contre 570 tonnes chez les prestataires privés. Cette différence très appréciable trouve sans nul doute son explication dans les incitations différentielles fournies par le monopole et la concurrence.

Il semble donc que Jacques Chirac fut plutôt bien inspiré : alors maire de Paris, il privatisa la collecte en 1983, après une grève difficile, dans la moitié des arrondissements de la capitale, afin de casser le pouvoir de monopole des éboueurs municipaux. Aujourd’hui la moitié de Paris est confiée à Veolia (11° et 19°), Pizzorno (10°, 15°, 18°), Derichebourg (1er, 3°, 4°, 7°) et Urbaser (13°). Grâce à cette politique de privatisation, la moitié de Paris n’a donc pas à subir les encombrements et odeurs pestilentielles de montagnes d’ordures.

Marseille, comme une odeur de sardine

À Marseille aussi la profession a fait parler d’elle. Notamment parce que jusqu’en 2014, les éboueurs de la ville pouvaient profiter du système « fini-parti » qui avait été instauré dans les années 70 sous le règne de Gaston Defferre. Résultat : des journées de 3 heures de travail… et de travail mal fait ! Avec des Marseillais excédés par la saleté de leurs rues. Mais pour les éboueurs, voilà qui constituait une bonne planque comme on dit dans la région. Évidemment les salaires ne sont pas faramineux, mais le temps libre dégagé permettait de faire des gâches à côté (du travail au noir), sans compter les multiples avantages d’employé de la ville.

En janvier 2015 les éboueurs marseillais avaient quelque peu lassé la population. Leurs revendications concernaient des créations de postes mais aussi, et sans doute surtout, une réaction face à l’usage des GPS sur les camions par la ville : car ce système permet de contrôler indirectement les temps de pause. Et la pause c’est sacré à Marseille ! Mais sans doute un peu trop : en cinq mois le système avait permis 300 rappels à l’ordre…

Aujourd’hui ce ne sont pas les éboueurs, encartés chez Force Ouvrière, qui bloquent la ville phocéenne, mais leurs petits camarades de la CGT sur les sites de la métropole marseillaise de l’incinérateur de Fos-sur-Mer et de tri des Pennes-Mirabeau. Objectif : Loi Travail encore…

Privatiser la collecte des déchets

Le métier d’éboueur est éminemment respectable, parce qu’il est très pénible, et pas qu’à cause des odeurs, mais aussi parce qu’il est particulièrement accidentogène. Le manque de reconnaissance auprès du public dû au caractère peu ragoûtant du métier, mais aussi dans les régies du fait d’une difficile évaluation peuvent miner la motivation des agents. Pour autant, les grèves récurrentes des agents communaux pour des raisons variables donnent toujours plus de crédit à l’intérêt de la privatisation complète de ce genre de services, une thèse défendue par l’IREF et sans doute par de plus en plus de Parisiens ces temps-ci…

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  • il y a le frère d’un élu( ou ex) du sud qui est d’accord avec vous , privatisons les ordures

  • Je me souviens de vacances à Naples, il y a quelques années, ou la ville était jonchée de poubelles pleines et de t’as d’ordures. Grève des éboueurs là aussi. Mais avec un élément de notoriété publique dans cette belle ville : la lutte contre la mafia. Cette dernière « tenait » le service des enlèvements d’ordures, et montrait ainsi qu’il ne fallait pas trop lui chauffer les oreilles.
    Finalement, public ou privé, dès lors où ce service est un monopole corruptible (mafia/CGT = même capacité de nuisance pour des revendications corporatistes), le risque est majeur.
    Solution : privatisation et une police qui fasse appliquer la législation sans faillir.

  • grève des éboueurs…c’est les rats qui doivent être contents…..bonjour l’hygiène….

  • Dans mon village, on est passé il y a quelques années d’un ramassage fait par le pubic à un ramassage privé : le passage de la nuit au jour. Nous avons des camions en bon état de la ponctualité, pas de grèves. On n’est pas dans l’idéologie mais dans la gestion du concret

  • Un monde sans déchets : est-ce possible ? Selon Idriss J. Aberkane dans sa vidéo pour Trop Libre, il montre comment, en observant et en s’inspirant du modèle de la nature, l’on peut donner place à un monde sans déchets, à partir du principe de la « Blue economy ». http://goo.gl/K1ZTcl

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