La Loi Travail s’invite au pénal

En plein combat de coqs entre Philippe Martinez et Manuel Valls, Pierre Gattaz s’invite aux festivités pour amener tout cet imbroglio dans les tribunaux.

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Pierre Gattaz (Crédits Yann Gourvennec, licence Creative Commons)

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La Loi Travail s’invite au pénal

Publié le 3 juin 2016
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Par Philippe Vilmain.

Pierre Gattaz (Crédits Yann Gourvennec, licence Creative Commons)
Pierre Gattaz (Crédits Yann Gourvennec, licence Creative Commons)

Voilà déjà quelques semaines que la CGT redouble d’efforts et de pneus brûlés en signe de contestation contre la Loi El Khomri, qui risque de donner un peu trop la parole aux travailleurs, petit peuple irresponsable qui pourrait quand même laisser tonton Martinez décider de ce qui est bon pour eux. Le petit Kévin, 4 ans, serait-il vraiment capable de prendre des décisions sur le budget du foyer et de les imposer à ses parents ? Soyons sérieux…

C’est pas ma faute madame, c’est lui qu’a commencé !

C’est donc dans ce contexte que notre syndicat préféré s’affiche dans tous les médias possibles et imaginables jusqu’à l’omniprésence pour crier à qui veut l’entendre et aussi, surtout, à ceux qui ne veulent pas que « C’est pas la faute à nous, c’est le gouvernement qu’a commencé ! » Ils n’ont plus le choix, ils sont acculés, leur survie en dépend, ils doivent bloquer l’économie du pays. C’est ainsi qu’au nom du sacro-saint droit de grève, ils sont dans l’obligation de mettre un maximum de boxon pour qu’enfin on les laisse légiférer à la place de l’État. Et peu importe, après tout, que la responsabilité du choix des armes revienne à celui qui s’en pare, c’est la faute à Valls. Mais au fait, le droit de grève, c’est quoi ?

Le droit de grève, c’est avant tout un droit constitutionnel. Il passe par trois points principaux : l’arrêt total du travail, une volonté collective et des revendications liées au travail. Si l’un de ces trois points n’est pas respecté, le gréviste n’est plus dans le cadre du droit et est passible de licenciement sans passer par la case Départ. Là où ça devient intéressant, c’est au niveau des obligations liées à la grève. En effet, chacun doit respecter la liberté de travail des non-grévistes. De plus, le blocage de l’accès à un site, l’occupation des locaux afin d’empêcher le travail des non-grévistes sont des actes abusifs.

Too big for jail

On se demande donc pourquoi un Gérard Filoche peut lancer sur Europe 1 que « le droit de grève c’est bloquer, si vous dites qu’on ne peut pas bloquer c’est que vous êtes contre le droit de grève», suivi dans le même discours par Philippe Martinez et tous les joyeux syndicalistes interrogés sur le sujet, dans un syndrome de Calimero généralisé visiblement très contagieux. S’agissant d’une spécialité française, on serait en droit de se dire que ce sujet n’a plus de secret pour nos syndicats, et qu’ils transgressent les lois sciemment. Pire encore, la CGT et ses amis poussent des centaines de salariés à se mettre dans l’illégalité en leur disant qu’ils en ont le droit inaliénable. Démagogie ? Quelle idée…

La CGT n’en est toutefois pas à son coup d’essai quand il s’agit de se croire au dessus des lois. Entre les CDD renouvelés 184 fois, la dilapidation de l’argent public pour le plus grand confort de son secrétaire général, divers cas de détournement de fonds et plus récemment la censure de la presse papier qui aurait l’outrecuidance de ne pas se plier à ses exigences, on va finir par croire que le parti politique syndicat de Philippe Martinez se croit « too big for jail ».

De l’eau dans le Gattaz

C’est là qu’intervient Pierre Gattaz, après une sortie très remarquée comparant la CGT à des terroristes, ce qui risque de lui coûter un procès pour diffamation. Lassé de regarder le combat de coqs entre Valls et Martinez, il a appelé ce 31 mai 2016 à des dépôts de plainte massifs contre la CGT par toutes les entreprises lésées par les blocages, au titre de l’article 431-1 du Code Pénal, qui prévoit le délit d’entrave à la liberté du travail. De quoi ajouter de l’huile sur un feu déjà bien gras.

Reste à savoir maintenant si beaucoup d’entreprises suivront le mouvement, ce qui promet d’être amusant. Si le passé a maintes fois démontré une certaine indulgence des juges contre le dinosaure syndical, une recrudescence massive de plaintes promet toutefois une excellente publicité. Dans tous les cas, la CGT est déjà trop engagée dans le mouvement pour reculer, et à trop jouer avec le feu et son pouvoir de nuisance, elle risque de plus en plus de s’y brûler les ailes.

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