Les drones, une guerre économique

Le drone dispose de nombreux atouts. Encore faut-il rappeler que l’engin demeure contrôlé par un homme.

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Drone credits Ministry of defence (licence creative commons)

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Les drones, une guerre économique

Publié le 2 avril 2016
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Yémen, Afghanistan, Somalie, Philippines, Pakistan, Irak… La liste est longue des pays où les drones sont présents au sein des conflits armés. Comment expliquer cet élan ? On parle beaucoup de l’intérêt des drones sur les plans militaire et humain, mais quelle est leur utilité en matière financière ? Ces technologies de pointe tendent à remplacer les soldats sur le front. Un moyen d’épargner les risques mais aussi de soutenir l’économie.

Par Arthur Vernassière.

Drone credits Ministry of defence (licence creative commons)
Drone credits Ministry of defence (licence creative commons)

Faut-il engager des troupes au sol sur les conflits actuels du Moyen-Orient ? C’est la question qui taraude les chefs d’États de la coalition internationale en Irak et en Syrie notamment. Une question qui, pour l’heure, reste en suspens.

Sur le terrain syrien et irakien, drones et avions militaires prédominent. Seuls les combattants kurdes agissent sur le plan terrestre. Hormis les raisons officielles et connues de tous comme l’intérêt humain et les risques de s’enliser dans un conflit long voire interminable, existe-il un intérêt économique, pour l’utilisation des drones, caché sous ces allégations ?

« L’objectif est de tirer le meilleur bénéfice des niches existantes », disait-on chez Dassault Aviation dès le lancement des projets de développement, en 2012, de drones de combat européens. Une phrase qui permet de comprendre l’enjeu financier que représentent les drones de guerre aujourd’hui. Les estimations présentent un marché autour de 10 milliards de dollars d’ici 2024, contre sept milliards de dollars actuellement. Le secteur est donc porteur et se voit promis à un bel avenir.

La France souhaite se positionner sur le marché

Outre les Américains qui dominent – outrageusement – le marché, devançant notamment Israël et la Grande-Bretagne, c’est la France qui désire entrer dans la danse des drones militaires avec pour objectif de « ne plus dépendre des Américains ou des Israéliens en matière de drones de surveillance », selon le rapport de l’Assemblée Nationale déposé par la commission de la défense et des forces armées sur les drones.

Ces objets volants s’avèrent parfois peu coûteux – à partir de quelques centaines de milliers d’euros pour les drones de surveillance – ce qui reste abordable si on en croît les atouts vantés sur le produit. Un drone coûte moins cher qu’un avion de chasse. Selon la Cour des comptes américaine, une heure de vol pour un drone serait, en termes de coûts, dix-huit fois inférieures à celle d’un chasseur furtif.

La défense française compte pour l’instant sur des engins de surveillance qui renseignent les forces armées mais qui ne disposent pas de force de frappe. Or, la réussite des Rafales et les ambitions de Dassault sont les symboles d’une France qui lorgne sur le marché des drones de guerre et qui souhaite s’engager en la matière.

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a d’ailleurs du mal à cacher ses volontés d’investissement sur le plan aérien et particulièrement sur les drones, qui ne consiste plus en un armement du futur mais bel et bien en un armement du présent.

Les États-Unis, maîtres des drones

Les États-Unis sont en avance en matière de drones militaires. Prôner leur utilisation sur le terrain est aussi une façon de soutenir l’économie américaine.

Derrière les éloges brossés à propos des drones, les Américains cherchent à inciter les pays à conclure des contrats d’armements avec eux. L’objectif est donc aussi d’encourager les exportations de drones américains aux nations qui cherchent à s’équiper dans le domaine.

Une volonté économique qui trouve son origine dans des convictions politiques. Parmi les promesses de campagne de Barack Obama avant son premier mandat, le retrait d’Irak et d’Afghanistan tenait une bonne place.

C’est le retour de la crainte de l’enlisement, des pertes au sol. « L’engagement au sol est toujours risqué et toujours coûteux. Il préfère s’en tenir à des frappes aériennes, aux forces spéciales et aux drones. C’est pour des raisons d’image politique. C’est très long les contre-guérillas, donc très coûteux. L’aérien convient à la mentalité américaine », analyse David Cumin maître de conférences et spécialiste des relations internationales.

Les fortes productions de drones américains et israéliens engendrent aussi des économies d’échelle non négligeables. Ce qui augmente encore un peu plus l’écart avec les concurrents internationaux qui dépendent d’une certaine manière de ces productions.

Les Européens, dont la France, aimeraient s’émanciper de cette dépendance mais ils font face à un problème majeur, celui des coûts de développement des drones. Estimés à plusieurs centaines de millions d’euros, ils freinent les investisseurs européens.

Humain et drone, quel est le plus rentable ?

L’heure est venue de comparer. L’armement « classique » est-il vraiment plus cher que le drone ?

Les faux-bourdons volants créent des économies pour la surveillance. Ils survolent les zones avec des moyens moins importants financièrement que les systèmes traditionnels de l’armée de l’air.

Mais il faut aussi prendre en compte le soutien logistique nécessaire à leur utilisation. Et là, les coûts s’envolent. Certes, le drone Predator, un drone de surveillance largement utilisé par l’armée américaine, peut voler 24 heures d’affilée mais, en régime de croisière, un drone demande l’emploi d’une quarantaine d’hommes.

Son coût d’acquisition représente aussi une part très importante du financement. En juin 2013, Jean-Yves Le Drian avait annoncé son intention d’acheter 12 drones américains pour un coût évalué à hauteur de 670 millions d’euros.

C’est donc dans les airs que les drones doivent démontrer leur rentabilité. Plus endurant, plus rapide, plus discret, capable de survoler des zones dangereuses et arides sans se faire repérer et surtout évitant les pertes humaines, le drone dispose de nombreux atouts. Encore faut-il rappeler que, la plupart du temps, l’engin demeure contrôlé par un homme.

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  • « Plus endurant, plus rapide, plus discret, capable de survoler des zones dangereuses et arides sans se faire repérer et surtout évitant les pertes humaines, le drone dispose de nombreux atouts. »

    Les drones évitent les pertes humaines… sauf quand les drones tuent des civils qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment.

  • Un drone doit finalement coûter moins cher qu’un soldat et est bien plus endurant. Partie prenante des robots qui remplacent rapidement les humains presque partout.
    Mais la vraie question devrait être , tel Molière ,  » mais qu’allait il faire dans cette galère  » ? Pour nos interventions dans les crises des pays ! Mondialisation ou intérets ?

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