Trading Haute-Fréquence : à la recherche de la vitesse de la lumière

Retour sur un phénomène d’ampleur : l’importance du développement des infrastructures et la course effrénée à la vitesse dans le monde de la finance.

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Bourse - NYSE Euronext - the trading floor at euronext - Credits Perpetual Tourist (CC BY-NC-SA 2.0)

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Trading Haute-Fréquence : à la recherche de la vitesse de la lumière

Publié le 19 janvier 2016
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Par Thomas Renault.

Bourse - NYSE Euronext - the trading floor at euronext - Credits Perpetual Tourist (CC BY-NC-SA 2.0)
Bourse – NYSE Euronext – the trading floor at euronext – Credits Perpetual Tourist (CC BY-NC-SA 2.0)

En juin 2010, la société américaine Spread Network a inauguré un nouveau câble de fibre optique reliant Chicago au New Jersey (sur une distance de 1330 kilomètres), pour un coût total d’environ 300 millions de dollars. L’objectif : relier les serveurs de la bourse de Chicago à ceux du NASDAQ (dans le New Jersey, à quelques kilomètres de Wall Street) en moins de 13 millisecondes aller-retour, pour permettre aux traders haute-fréquence de profiter de potentielles anomalies sur les marchés. Pour vous donner une idée, 13 millisecondes pour 2660 kilomètres (aller-retour), cela fait donc une vitesse d’environ 200.000 kilomètres par seconde : une vitesse proche de la vitesse de la lumière. Derrière cette anecdote, se cache un phénomène qui a pris une ampleur considérable depuis une vingtaine d’année : l’importance du développement des infrastructures (câbles sous-marins de fibre optique, antennes-relai micro-ondes…) et la course effrénée à la vitesse dans le monde de la finance.

Supposons qu’un investisseur souhaite vendre un actif financier X au prix de 10$ à Chicago, et qu’un autre investisseur souhaite acheter ce même actif financier au prix de 10,01$ à New York. En tant que trader, vous avez alors devant vous une opportunité d’arbitrage (une anomalie) : vous allez pouvoir acheter l’actif X à 10$ Chicago pour le revendre à 10,01$ New York, en empochant alors 0,01$ sans risque. Le problème, c’est que vous n’allez pas être le seul à essayer de profiter de cette anomalie : pour gagner, il faudra que vous soyez le plus rapide. Le plus rapide à détecter l’anomalie bien évidemment, mais aussi le plus rapide à transmettre les différents ordres d’achat et/ou de vente. La transmission d’information d’un point A à un point B répond alors à des questions « physiques » et le système utilisé à une importance cruciale.

Dans l’exemple de Spread Network, un investissement en fibre optique de 300 millions de dollars a été réalisé pour gagner 0,0000015 secondes par rapport à l’infrastructure précédente, principalement en allant « le plus droit possible » dans la montagne et sous les rivières afin de réduire la longueur du câble et accélérer la vitesse de transmission de l’information. L’image suivante, extraite de l’excellent article « Raging Bulls: How Wall Street Got Addicted to Light-Speed Trading » , montre la différence entre le câble datant des années 1980 et initialement mis en place pour la télécommunication (en rouge, passant Pittsburgh sur une distance d’environ 1000 miles) et le câble de Spread Network installé pour le trading haute-fréquence (en vert, sur une distance plus courte d’environ 825 miles).

 

ff ragingbull map

 

Mais la course à la vitesse n’est pas terminée ! Plus récemment, une autre entreprise (McKay Network) a installé des antennes spécifiquement pour les traders haute-fréquence sur une vingtaine de tours entre Chicago et New York pour assurer une communication via micro-ondes et diminuer la vitesse d’un aller-retour entre les deux villes à environ 9 millisecondes (avec cependant le désavantage d’être sensible aux conditions météorologiques, une bonne tempête et le système de transmissions d’ondes dans l’air peut avoir quelques problèmes – voir aussi « The Microgeographies of Global Finance: High Frequency Trading and the Construction of Information Inequality » et « Flash Boys – A Wall Street Revolt« ).

Au passage, et bien que cela ne soit pas le thème de cet article, il serait intéressant de considérer la « valeur sociale » d’investissements de centaines de millions de dollars en infrastructures uniquement dans le but de gagner 0,000003 secondes dans l’exécution d’ordres financiers (et du « gâchis de capital humain »). Cette activité est créatrice de « valeur privée », que ce soit pour les entreprises réalisant les infrastructures (faisant payer l’utilisation) ou pour les traders haute-fréquence (exploitant les anomalies sur le marché), mais la « valeur globale » est cependant plus douteuse (pertes pour les « low-frequency traders » et les investisseurs « naïfs », manipulations de marchés…).

« The greatest tragedy of high-frequency trading may simply be the wasted capital, both physical and human, in the quest for arbitrage profit. The $300 million cable from Chicago to New York added no tangible societal benefit despite its price tag. Wall Street firms have accelerated their recruiting of the best academic and technological talent in the country in order to run HFT groups, often siphoning these employees from universities and productive businesses. » The Rigged Market: A Review of Flash Boys , Harvard Political Review, 2014

 

« A well-functioning economy needs the correct allocation of talent. The last thing we need is for the next Steve Jobs to forgo Silicon Valley in order to join the high-frequency traders on Wall Street. That is, we shouldn’t be concerned about the next Steve Jobs striking it rich, but we want to make sure he strikes it rich in a socially productive way. » « Defending the One Percent », Greg Mankiw, Journal of Economic Perspectives, 2013

 

trading haute fréquence rené le honzecBref, retournons à nos infrastructures. Il y a une vingtaine d’années, la place financière de Zurich (Suisse) se situait presque au même niveau que Singapour en ce qui concerne le volume de transactions sur le marché des changes. Désormais, le montant des transactions est presque deux fois supérieurs à Singapour. Pourquoi ? Dans un article très récent, Eichengreen & al., (source : « Cables, Sharks and Servers: Technology and the Geography of the Foreign Exchange Market », 2016, NBER) mettent en avant la géographie comme l’un des facteurs explicatifs de la montée en puissance de Singapour (et de Londres et de Tokyo) par rapport à Zurich. Mais quel est le point commun entre le Japon, le Royaume-Uni et Singapour ? Et bien ce sont… des îles ; tandis que la Suisse est un pays enclavé, n’ayant pas d’ouverture sur la mer. Étant donné qu’il est beaucoup plus facile (et moins coûteux) de mettre en place un système de câbles sous-marins qu’un système terrestre (enfouissement des câbles et autres contraintes), Zurich a eu du mal à s’imposer face à Singapour en tant que place financière offshore sur le marchés des changes.

 

« Submarine fiber-optic cables have formed the backbone of the internet for almost three decades. They have given a competitive advantage to financial centers bordered by the sea, like Singapore, over centers located in landlocked countries, like Zurich. […] Digging trenches, tunneling through natural obstacles and obtaining transit rights from property owners are costly and difficult (as colorfully recounted by Lewis 2014) – more costly and difficult than laying cables on the seabed. » – Eichengreen & al., 2016

 

En analysant l’effet de la mise en place d’infrastructures de câbles sous-marins reliant différentes zones géographiques (le premier câble ayant été inauguré en 1988, reliant New York à Paris, et financé par AT&T, France Télécom et British Télécom… voir : « Submarine Cable Map » ), les auteurs du MIT et de la BCE confirment que le monde est devenu « Flashier », c’est à dire que la vitesse joue un rôle de plus en plus important et que l’analyse des infrastructures permet d’expliquer (en partie) le développement des différentes places financières dans le monde.

 

Submarine Cable Map

submarine-cable

 

Conclusion : Dans un monde où le coût des infrastructures technologiques diminue très fortement dans le temps (loi de Moore), il aurait été possible d’imaginer une plus faible concentration géographique des activités financières avec la diminution des coûts fixes (« flatter world »). Mais en réalité, le système financier devient au contraire « flashier » ! La vitesse d’exécution est devenu la clé … Pour un gain privé très clair (et à la rigueur un effet positif sur la liquidité des marchés…), mais avec une « valeur sociale globale » clairement plus discutable.

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  • « Au passage, et bien que cela ne soit pas le thème de cet article, il serait intéressant de considérer la « valeur sociale » d’investissements de centaines de millions de dollars en infrastructures uniquement dans le but de gagner 0,000003 secondes dans l’exécution d’ordres financiers (et du « gâchis de capital humain »). Cette activité est créatrice de « valeur privée », que ce soit pour les entreprises réalisant les infrastructures (faisant payer l’utilisation) ou pour les traders haute-fréquence (exploitant les anomalies sur le marché), mais la « valeur globale » est cependant plus douteuse (pertes pour les « low-frequency traders » et les investisseurs « naïfs », manipulations de marchés…). »

    En plus que leur activité en elle même aide à la stabilisation des prix, le HFT paye le R&D de nouvelles technologies qui seront dans nos ordinateurs quelques années plus tard. Récemment on peut par exemple penser au NVDIMM.

    • Exact,
      Contrairement aux mécènes urbaines le HFT est profitable, donc socialement utile, sauf quand il sert à des manipulations ou autres qui sont illégales quelque soit la vitesse de passage des ordres.
      En fait le grand mouvement contre le HFT est surtout issu de deux sources : les anti capitalistes qui y voient un super diable (par ce qu’ils n’y comprennent rien et pensent que c’est difficile à taxer), et les banques n’ayant pas la bonne technologie parcequ’elles sont « jalouses » et pensent que si elles ne peuvent pas avoir une grosse part du gâteau alors personne ne devrait en avoir.

      Mais hors conduite non éthique, plus de HFT et du HFT plus rapide ça équivaut à des marchés plus efficients et plus liquides. Donc à des prix plus juste et plus justes à tout moment.

      • Merci pour cette explication. Je vois que je ne suis pas le seul que le concept fumeux de « valeur sociale » a fait flipper.

      • légendes urbaines au lieu de mécènes ?

      • @ Franz

        « Mais hors conduite non éthique, plus de HFT et du HFT plus rapide ça équivaut à des marchés plus efficients et plus liquides. Donc à des prix plus juste et plus justes à tout moment. »

        N’est-ce pas un peu « vite dit »?

        « un prix plus juste à tout moment », avec un « moment » qui risque de durer moins longtemps qu’un battement de cil! Et dans une devise dont la valeur est tout aussi variable!

        Difficile de prétendre que le HFT ne rend pas le marché bien plus volatile!

        On peut craindre aussi que les « petits » (parfois « gros ») porteurs (qui, d’une certaine façon, « nourrissent » les traders) se détournent de la bourse, eux qui, ne jouant pas mais conservant leurs actions à plus long terme, sont de vrais « investisseurs » dans l’économie réelle, quand la durée moyenne de conservation d’une action par un trader était dite de 22 secondes! (La Tibune 13/07/2011).

        « Hors conduite non éthique »: argument théorique (et ironique?) car difficilement contrôlable en pratique, a posteriori!

        C’est donc un progrès technologique indéniable. Sur le plan « humain », globalement, les conséquences me semblent clairement plus discutables et, probablement, pas encore toutes connues.

        • « On peut craindre aussi que les « petits » (parfois « gros ») porteurs (qui, d’une certaine façon, « nourrissent » les traders) se détournent de la bourse, eux qui, ne jouant pas mais conservant leurs actions à plus long terme, sont de vrais « investisseurs » dans l’économie réelle, quand la durée moyenne de conservation d’une action par un trader était dite de 22 secondes! »

          Si vous investissez à moyen ou long terme vous n’êtes pas concerné pas les micro variations. C’est deux choses différentes. Vous vous pariez que X va monter dans l’avenir, le HFT s’assure que X vaut le même prix à New York et à Chicago.

          • Vous me rappelez ces cas (il y en a eu plusieurs) où des employés indélicats détournaient quelques centimes de chaque transaction dont ils s’occupaient: ça ne se remarquait pas mais comme c’était leur job, ça faisait de belles sommes relativement rapidement.

            Il en va de même de cette « fraude » sur les taux des prêts inter-bancaires d’il y a quelques années où ce sont les troisième et quatrième chiffres après la virgule qui étaient manipulées mais vu les sommes concernées, ça faisait rapidement beaucoup: ces vols (c’est bien du vol!) se faisaient évidemment sur le dos d’un « pigeon » victime.

            Dans le HFT, c’est la succession d’achat et de vente qui influence (par rapport à un « low frequency trading ») d’une manière inconnue, mais sans rapport avec la réalité économique sous-jacente, l’évolution des cours.

            EN THÉORIE, laisser jouer ces financiers dans un vrai casino, entre eux, serait sans doute plus « correct ». (Quand on voit le chiffre d’affaire de la « Française des Jeux », ils auraient de l’avenir!)

            Il faudra tout de même un jour s’intéresser au fait de la concentration de la richesse mondiale dans un pourcentage de « mains » toujours moins nombreuses.

            En caricature, il est licite de se demander si la puissance d’un groupe comme Goldman-Sachs a non seulement une légalité (Il a déjà été sanctionné) mais aussi une utilité économique quelconque: en Europe, on sait déjà que leurs camouflages de la comptabilité grecque fut nuisible alors que le groupe ne s’est évidemment pas privé d’en profiter en jouant sur les conséquences prévues de longue date sur l’€.

            Est-ce anormal que j’ai une confiance très limitée dans l’oeuvre de M.Draghi comme dans celle de J.C.Trichet?

            Ce n’est plus de la liberté vu que le bénéfice se fait en nuisant!

            Il faut choisir!

            • « leurs camouflages de la comptabilité grecque fut nuisible »

              Qui etait le plus nuisible dans l’histoire, GS ou le gouvernement Grec?

      •  »
        Mais hors conduite non éthique, plus de HFT et du HFT plus rapide ça équivaut à des marchés plus efficients et plus liquides. Donc à des prix plus juste et plus justes à tout moment.
         »

        c’est vrai que gagner gagner 0,000003 secondes dans l’exécution d’ordres financiers, ça va tout changer.
        perso, je ne vois pas ce que ce « gain de temps » va apporter dans « des prix plus justes », au niveau macro économie.

        • « Difficile de prétendre que le HFT ne rend pas le marché bien plus volatile! »

          Pourquoi ? La volatilité est liée à l’ampleur des oscillations, pas du tout à leur nombre. Une corde tendue vibre facilement à haute fréquence, mais s’écarte bien moins de la ligne droite qu’une corde détendue.

          Et il n’y a bien entendu avec le HFT aucune raison que le cours aille s’égarer loin de la valeur de juste équilibre entre l’offre et la demande : celui qui voudrait acheter trop bon marché ou vendre trop cher se trouve instantanément devancé par un concurrent qui fait une meilleure offre. En revanche, en son absence, celui qui vient répondre à une offre d’achat ou de vente se trouve pendant une durée plus ou moins longue en situation de monopole, avec tous les excès qui en découlent que les libéraux connaissent bien.

          • Vous rigolez? Vous savez quand même qu’un mouvement d’achat ou de vente peut « s’organiser », les suiveurs ne manquant pas à la bourse, ce qui amènera la valeur au prix désiré pour l’inverse: acheter bon marché ou vendre cher!

            La bourse ne rapporte aux financiers que lors de mouvements (hausse ou baisse, cela n’a pas d’importance, si on joue bien avec les put et les call! Une valeur que personne ne vend ni n’achète ne sert à rien à un spéculateur!

            Sauf si il devient capable de « créer le mouvement »! Et Personne ne dit que les algorithmes n’y parviendront pas, à créer le mouvement, si ce n’est déjà fait. Il suffit d’être le plus rapide!

            Ce qui confirme que ce sont bien les premiers qui ont profité de cette vitesse supérieure qui en ont tiré le plus plus grand bénéfice, plus cela se disperse, moins le bénéfice de cette vitesse rapporte, c’est évident (à algorithmes équivalents).

            Et ce jour-là, ben oui, un financier pourra faire crouler une entreprise réelle.

        • Ça ne changera rien dans l’entreprise sous-jacente, c’est clair, quoique si le système déconne (comme c’est déjà arrivé! voir « flash krach » du 06/05/2010!), Il n’y a plus qu’à suspendre les cours quand « la fiction dépasse la réalité ».

          Pour le reste, oui, ça compte entre organismes-traders: en effet, d’abord l’article montre bien le problème entre Zûrich et les places boursières plus proches de câbles marins (Londres, New York et Singapour).

          D’autre part, il a été calculé que le HFT a bien rapporté à ceux qui y ont eu accès, les premiers, mais que ce bénéfice diminue, évidemment, au fur et à mesure que d’autres y ont accès: « Comme les stratégies THF sont de plus en plus utilisés, il devient de plus en plus difficile pour le THF d’être rentable. Les bénéfices provenant de THF aux États-Unis ont diminués à partir d’un pic d’environ 5 milliards de dollars en 2009, à environ 1.25 milliard de dollars en 201215.  »

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Transactions_%C3%A0_haute_fr%C3%A9quence

          Alors oui: à l’instant « X » (mais ça ne va pas durer plus qu’une fraction de seconde!) est le prix … qui ne tient plus compte de la réalité de l’entreprise ni d’une devise quasi aussi virtuelle car d’autres joue sur sa valeur de la même façon!

          Donc progrès technologique, oui, pour le reste …?

        • « perso, je ne vois pas ce que ce « gain de temps » va apporter »

          Il y a de grandes chances que beaucoup de gens dans les ministeres soient comme vous (et moi par la meme occasion dans ce cas precis) : c’est bien la raison pour laquelle il est important de laisser la liberte aux individus d’investir la ou bon leur semble, a leurs risques et perils.
          Quand on est passe du courrier transatlantique par bateau au telegraphe, je suis convaincu que des financiers y ont trouve des opportunites d’arbitrage tandis que les Parisiens recevant annuellement une carte postale de leur oncle d’Amerique se demandaient bien ce que pouvait apporter l’installation du telegraphe…

  • D’après Jean Marc Vitori : il existe une solution très simple pour réduire l’influence du trading haute-fréquence qui consisterai à éliminer l’estimation des valeurs aux centième après la virgule.
    Personnellement le jugement empirique devrait être pertinent au final.
    Si le système était aussi mauvais que les médias nous le présentent, c’est donc tous les jours que l’on devrait voir systématiquement des crac boursiers et des faillites en cascades.
    Le gros défaut reste que la visibilité du marché pour le petit porteur s’éloignera de plus en plus d’une appréhension bon père de famille.

    • Je ne vois pas pourquoi on aurait des cracs boursiers tous les jours.
      Même s’ils n’étaient pas très futés (supposition), ils le seraient suffisamment (sélection naturelle) pour percevoir les problèmes à court terme : relation directe cause => conséquence.
      Il y a énormément de décisions prises (à tous les niveaux, et tous les jours) qui sont intéressantes à court terme, mais néfastes à long terme. => prêt subprimes (avant immobilier, maintenant voitures)

      • « prêt subprimes »

        = Intervention de l’état pour favoriser l’acquisition de logement par des ménages insolvables.

        • absolument pas. l’etat n’y est absolument pour rien, d’ou sortez vous cela ?

          un prêt subprime est délivré par les banques, entités privées jusqu’au dernier centime. bons nombres d’acteurs de ces banques se sont faits de juteuses primes et sont montés en responsabilité, quand leur remplaçant se sont casser les dents en récupérant des maisons invendables.

          il faut savoir qu’aux USA, ce n’est pas ton salaire qui détermine tes taux de remboursements, mais tes précédents remboursements. c’est une méthode de pense complètement différente de chez nous. une personne qui rembourse régulièrement tous les mois peut s’endetter à hauteur de 80% de ses revenus sans problèmes.
          mais quand l’effet subprime rencontre l’effet crises systémique, forcement, c’est la catastrophe.

    • Le gros défaut pour le petit porteur est le soupçon, pas forcément injustifié, que ça génère. Son intermédiaire aurait beau jeu de se porter contre-partie de son ordre et de gratter un petit bénéfice en le faisant exécuter pour son propre compte à un cours plus favorable.
      L’autre gros défaut, que nous Français connaissons mal parce que nos marchés ne fonctionnaient pas comme ça, est que le teneur de marché est souvent remplacé par la « vibration » du HFT. Le teneur de marché propose une fourchette bid-ask autour de ce qu’on peut estimer être le cours d’équilibre, et se porte contre-partie des ordres qui arrivent tant qu’ils ne dépassent pas un certain volume, en décalant sa fourchette en conséquence. Du coup, le petit porteur est raisonnablement certain d’être exécuté pour la quantité affichée au cours affiché. Avec le HFT, le petit porteur se retrouve fréquemment avec des exécutions partielles incomplètes, ce qui peut être gênant.

  • C’est un peu idiot d’investir des sommes folles pour s’approcher de la vitesse de la lumière pour faire des profits, alors qu’un petit délit d’initier permet non pas de s’en approcher, mais de la battre : http://www.motherjones.com/kevin-drum/2013/09/somebody-stole-7-milliseconds-federal-reserve .

    Ah oui, pardon, j’oubliais, après enquête, il a été conclu que rien d’illégal n’avait eu lieu ce jour là…

  • Mais pourquoi le THF existe-t-il ?
    * parce que des robots peuvent le faire, et mieux que les humains ; rien à dire.
    * parce que les couts et surtout les risques ne sont pas assumés. On a donc 100, 1000 robots qui voient l’arbitrage, et un seul, le plus rapide, qui emporte l’affaire, mais en attendant les 99 ou 999 autres robots on lancé, A CRÉDIT, leurs ordres d’achats et de vente qui n’aboutiront pas, et le système est remplis d’ordre représentant 1000 fois le volume réel d’achat, et plusieurs fois la capacité financière réels des gens qui laisse leurs robots lancer les ordres bien au delà de ce qu’il peuvent vraiment assumer.
    Le THF est un pur produit du « too big to fail » et de l’irresponsabilité générale.
    Résultat ?
    * un banal échange avec un écart de 1 entre l’offre et la demande, au lieu d’une seul transaction à 0.5, se transforme en 100 micro-transactions de 0.01 chacune
    * le volume des échanges monte à plus de 100, au lieu de 0.5.
    * le nombre d’intervenants est lui aussi multiplié par 100 (pas tout à fait 100 car les mêmes reviennent plusieurs fois , et parfois des deux coté de la barrières : tantôt acheteur, tantôt vendeur), et si un seul déconne, tout tombe à l’eau
    * la volatilité, qui est lié au volume d’argent échangé et au nombre d’intervenants, devient stratosphérique (on a l’équivalent financier de la « catastrophe ultraviolette » des physiciens)
    * le système de trading coute plus cher, il ramasse la quasi totalité de l’écart initial (le vendeur touchera 0.01 là oû avant il touchait 0.5, idem l’acheteur payera 0.99 au lieu de 0.5)
    * mais ça ne lui profite même pas : pour rester dans la course, il faut faire le genre d’investissement délirant dont l’article parle.
    * le peuple ne comprend pas et estime que tout cela est du délire mégalo de financiers tous fous; l’image de Lafinance est salie, une fois de plus.

    Et tout ça pourquoi, comment ? grâce à du crédit gratuit illimité , que même si tu fais défaut ou si tu fais le Kerviel, c’est pas grave, le contribuable paiera…

    Le THF généralisé (il a peut-être son utilité quelque part, je n’en sais rien, mais à ce niveau, c’est impossible) est un symptôme.

    • Comme je l’ai dit plus haut, la volatilité ça n’est pas ça. La haute fréquence ne fait peur qu’à ceux qui veulent avoir le temps de compter sur leurs doigts.
      Le système de trading ne ramasse rien du tout que le teneur de marché ne ramassait pas auparavant. La transaction ne s’est jamais faite à 0.5, elle se faisait à 0 ou à 1, et le montant des bénéfices du HFT est, à quelques $ près, le montant des bénéfices que faisaient les teneurs de marché. J’avais vérifié. Donc pour le petit porteur, il n’y a aucune différence avec le système antérieur. Pour l’investisseur moyen, il y a un peu moins de coût (il est exécuté à de meilleures limites), et un peu plus de peine avec les ordres servis partiellement seulement. Pour le teneur de marché, il y a la dure nécessité de devoir se mettre à une technique moderne et compétitive au lieu de rester dans la négociation à l’ancienne, en gros c’est comme les chauffeurs de taxis.
      Le peuple est manipulé par des gens qui lui expliquent que c’est mal. Il ne comprenait pas plus avant, et l’image de la finance n’en est salie que dans les pays soviétisants.

      Le THF est une affaire de courtiers (et d’informaticiens). Il rend les marchés plus efficaces, les investisseurs et les traders sous-traitent cette partie et ne s’en occupent pas. Seuls les propagandistes y ont vu une occasion de susciter des peurs irrationnelles et d’en tirer parti.

      • « Le THF est une affaire de courtiers (et d’informaticiens). Il rend les marchés plus efficaces,  »

        Je ne suis pas certain de la fin de la phrase.
        J’avais lu il y a quelques annees, que certains « robot traders » sont de redoutables joueurs de poker: presenter un ordre et l’annuler la miliseconde suivante (en esperant qu’il ne passe pas, le risque est calcule) dans l’espoir de detraquer les autres robots et de pouvoir ensuite beneficier de l’anomalie de marche.
        Pas sur que j’appellerais cela de l’efficacite.

        • Ne vous identifiez pas à l’un ou l’autre des robots, ne cherchez pas à juger leur comportement sur des critères de moralité individuelle humaine. Qu’ils négocient aimablement ou qu’ils bluffent, ce qui se passe dans l’arène fermée où ils se battent ne transpire pas à l’extérieur, et l’important est que votre ordre à vous soit exécuté dans les meilleures conditions possibles, c’est cela l’efficacité.

          • Je ne m’identifie nullement a ces robots et comme vous, je m’en fous de ce qu’ils font.
            Par contre, je trouve que depenser des sommes folles pour des « combats d’AI », ca ne me semble pas tres efficace, voila tout. Mais chacun fait ce qu’il veut avec son temps et son argent.

          • +1 BABA
            Je comprend plus facilement qu’on dépenses des milliard en jeux video, que des centaines de millions pour rapporter de l’argent via un gain de vitesse de microfraction de seconde.
            Tant que « ce qui se passe dans l’arène fermée où ils se battent ne transpire pas à l’extérieur », c’est leur affaire.
            Malheureusement, l’expérience prouve que ça devient facilement la notre sans qu’on nous ait rien demandé, parce qu’ils ont pris des risques qui dépassaient leur capacité de les assumer.

    • Au contraire, si vous revendez plus vite, vous avez besoin de moins de capitaux. Et vous pouvez faire plus d’affaires, des bonnes. En somme l’argent circule plus vite. Et en principe, vous achetez pour le compte d’un tiers qui devrait fournir le capital.

  • Trading haute fréquence ou la propagation de la connerie humaine à la vitesse de la lumière.

    • ce n’est pas de la connerie humaine, ce sont les règles du marché, les mêmes règles que n’importe quel autre marché.
      ce sont les acteurs qui sont devenus d’une rapidité incompréhensible à l’échelle humaine.

  • La prochaine fois ils devront investir dans la fibre creuse s’ils veulent encore gagner du temps.

  • Le THF est une conséquence de la réglementation débile aux Etats Unis apparu dans les années 2000 suite à un problème avec les specialistes.
    En effet, et sans rentrer dans les détails, la loi impose aux courtiers de fournir un prix officiel à leur client s’ils traitent sur plusieurs bourses. Hors ce prix est diffusé tellement lentement que l’on peut sans problème arbitrer sans risque le flux du client par rapport au cours réel.
    De plus, si le volume du THF est si important, c’est d’abord qu’il n’y a plus aucun volume « naturel » sur les bourses. Ceci est notamment du aux nouvelles réglementations ubuesques qui permettent d’avoir un levier infini face à un emprunt grec et un levier de 2 au maximum face à une action liquide.
    Les stratégies THF sont dans leur immense majorité ultra simples : on ne peut effectuer des calculs. compliqués en quelques microsecondes. Il s’agit 9.9 fois sur 10 d’arbitrage pur : on vend d’un coté et on achète de l’autre avec un impact nul.
    En plus, il ne faut pas non plus diaboliser cette pratique comme le font les médias: le THF a des avantages et des inconvénients. le problème est juste beaucoup plus complexe qu’il en a l’air et on ne peut pas l’enlever de son contexte. Dans certaines circonstances, le THF peut avoir des conséquences sur la stabilité des marchés financiers. Hormis les aspects purement techniques liés à des stratégies de trading portant par exemple sur la hausse recherchée de la volatilité, ou d’autres aspects très techniques, le risque principal au niveau global est celui du risque systémique et de l’instabilité du système. Pour certains, le THF est une mutation nécessaire pour s’adapter à l’écosystème des marchés financiers, mais il s’agit également d’une innovation qui accroît le risque de crise financière. mais le THF a trois avantages:1. Augmentation de la liquidité
    La multiplication des ordres passés permet d’assurer la plus grande liquidité sur l’ensemble des types d’actifs, ce qui est fondamental pour le bon fonctionnement d’un marché. De plus, le THF présente l’intérêt de ne pas être soumis aux aspects psychologiques des opérateurs de marché. Typiquement, dans le cas où plus rien ne va sur les marchés, au lieu d’adopter un comportement moutonnier de panique ou « d’exubérance irrationnelle », les ordinateurs vont d’eux-mêmes s’arrêter et attendre le retour à la normale.
    2. Baisse des spread
    En d’autres termes, le spread, qui est l’écart entre le prix acheteur et le prix vendeur, est mécaniquement diminué grâce à la hausse de la liquidité engendré par le THF.
    3. Les marchés peuvent être plus efficients
    En effet, les algorithmes peuvent détecter des anomalies de marché que les humains ne peuvent pas voir du fait de leur capacité cognitive et de calcul limitée. Dès lors, il est possible de réaliser des arbitrages entre différentes classes d’actifs (actions, obligations…) et places boursières (Paris, Londres, New-York) de façon à ce que le prix d’équilibre se réalise sur les marchés boursiers. vouloir la réglementer ou l’interdire n’aurait aucun effet sauf si on agit au niveau mondial (chose très peu probable). une réglementation aurait des effets contre-productifs. trop de régulation équivaut à moins d’échange, et donc moins de circulation du crédit, ce qui renchérit mécaniquement le coût de ce dernier, avec in fine un accès aux capitaux plus coûteux pour les entreprises, avec des répercussions sur le marché du travail et des biens et services.

    • Excellent. Rien à rajouter.

    • Je ne penses pas que l’interdiction (ou la réglementation !) du THF est la solution. Par contre je pense qu’il faudrait supprimer les conditions artificielles qui permettent au THF de prendre une place démesurée, hors de sa niche naturelle où il rend service.
      Vous avez cité plusieurs de ces conditions
      * réglementation imposant un prix officiel
      * effet de levier sans limite
      * « too big to fail » qui permet de gagner tant que le système tient, et de ne pas perdre si jamais il craque.

      Une fois le THF remis dans sa niche, on lui payera peut-être du matos qui lui réduise son lag d’une poignée de microseconde, comme dans un vulgaire jeu video. Ou pas…

      • Dans ce cas, pourquoi ne pas coter les actions qu’une seule fois par jour ? (ou deux ?) De cette manière, à l’instant donné, l’offre rencontre réellement la demande, bien mieux qu’en « marché continu »… Je sais bien : il y a des tas d’objections à cette suggestion, mais à vrai dire, je n’ai jamais vraiment été convaincu par celles-ci.

    • @Arnaud
      Tout d’abord, merci pour ces précieuses informations. Ne connaissant pas le domaine, je cherche à comprendre les mécanismes.

      J’aime bien aussi relativiser les propos, ou comprendre les réelles portées : parmi les avantages du HTF, ce que je ne conteste pas, quel est l’apport de « gagner 0,0000015 secondes » parmi tous ce que vous avez dit ? que peut on lisser sur des prix déjà totalement lissés ?

      étant progressiste, j’estime qu’ils payent une évolution technologique qui aurait mis bien plus de temps à apparaître. Mais à ce jeux de la course à la technologie pour remporter le meilleur marcher, ne risque t il pas à terme une concentration des acteurs, car tout passera par le bot le plus rapide ?

      • Les prix sont très loin d’être lissés. En particulier au moment des annonces, mais pas seulement, il peut y avoir de gros écarts instantanés entre deux places de cotation, ou entre deux valeurs dont les cours sont censés être liés. Les cours n’apparaissent lissés que parce que le HFT est là, supprimez-le et vous aurez des sauts brutaux et considérables.
        Quant à la concentration des acteurs, je ne vois pas de raison. Pour qu’un acteur devienne dominant avec de meilleures performances que tous les autres, il lui faudrait développer ses propres lignes et ses propres puces, ce qui aurait un coût démesuré et un côté stupide : il gagnerait bien plus à revendre sa technique qu’à entretenir son monopole. Dans l’affaire, celui qui n’a pas la technique de pointe est éliminé, mais tous les autres se valent à peu près, et c’est dans la détection et l’évaluation des arbitrages possibles que va se faire la différence, arbitrages qui sont souvent des combinaisons bien plus complexes que la simple différence de prix entre deux places pour une valeur et dont les possibilités sont a priori en très grand nombre.
        ABC Arbitrage explique sur son site assez clairement, je trouve, son métier :
        http://www.abc-arbitrage.com/profil/metier/
        Un point important est que chaque opération d’arbitrage doit faire l’objet d’une évaluation des risques, qui sont bien plus nombreux qu’on ne l’imagine.

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